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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

Vous voulez simplement parler du communisme?

Alors ce blog est pour vous.

 

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 17:53

COMPLOT VIEUXEn raison de la grande longueur des articles de ma série sur les retraites, je décide de tout rediffuser en 11 articles de plus petite taille, à raison d'un article par jour. Ce qui me donnera l'occasion de mettre à jour mes propos, sources et références.

 

Je donne vie à ce qui était un serpent de mer sur ce blog : le fameux article sur les retraites que je devais rédiger…depuis les débuts de ce blog, il y a bientôt trois ans et demi. Puisqu’après 2003 et 2008, nous voilà repartis pour un tour, je propose un tryptique d’articles sur le plan suivant :

1)      Des rappels sur le système de retraite, ses modalités, le problème des retraites et le projet du gouvernement

2)      Des commentaires sur les réponses des partis de gauche, des syndicats, et de la droite

3)      Mes propres propositions…

Pour rédiger cet article, je me baserai sur deux rapports du Conseil d’orientation aux retraites (COR) datés de 2010 le rapport sur les modalités d’organisation du système (1) adopté le 27 Janvier 2010, et le rapport sur les prévisions financières des régimes de retraites français adopté le 14 Avril (2).

 

Les régimes de retraite en France

             La France se distingue de la plupart des autres pays développés par l’éclatement des régimes de retraites qui partagent la population. Au total, ils sont une trentaine, dont certains ne concernent qu’une entreprise (la Banque de France, ou le port autonome de Strasbourg). Globalement, il y a quatre grands groupes de régimes : celui des salariés du secteur de droit privé (dit régime général), celui des artisans et commerçants, celui des exploitants agricoles, des professions libérales, et des salariés de la fonction publique. En raison de la montée du salariat, les régimes des non-salariés ont un rapport entre le nombre de retraités  par actif. Parmi les régimes de la fonction publique, on trouve les nombreux « régimes spéciaux » qui ont, pour les plus célèbres d’entre eux (celui des cheminots ou de la Ratp) également un grand nombre de retraités, et qui devraient donc décroître nettement à l’avenir, en plus de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite qu’ils ont connu en 2007.

Le système par répartition en France : annuités et points

             Le système français comprend plusieurs étages : un régime de base, un régime complémentaire, et des systèmes d’épargne individuelle. Pour les salariés du secteur privé, les systèmes de base fonctionnement sur le mode de l’annuité. C’est-à-dire que la pension est calculée sur le mode suivant :

             Pension = taux de liquidation* Coefficient de proratisation * salaire de référence

             Où le taux de liquidation est une proportion du salaire de référence, qui est de 50% (pour le régime de base) chez les salariés et non-salariés du secteur privé, et davantage dans les régimes spéciaux. Le coefficient de proratisation est la proportion de la durée nécessaire à l’obtention des pleins droits que le pensionné a validés en cotisations. C’est-à-dire, actuellement, les 160 trimestres (40 annuités de cotisation), déjà en vigueur dans le secteur privé avant 2003, et sur lesquels ont été alignées les retraites du secteur public (hors régimes spéciaux) cette même année. Pour obtenir le taux-plein, il faut également avoir atteint 65 ans, sauf dans certaines professions de la fonction publique.

             Le salaire de référence est le salaire moyen des 25 années où la rémunération du cotisant était la plus élevée. Dans les années 80, seules comptaient les dix meilleures années.

             Les retraites complémentaires, qui s’ajoutent au régime de base, fonctionnent sur le système des points. Par exemple, pour la caisse d’assurance-vieillesse des professions libérales (CNAVPL), les cotisants obtiennent des points en fonction de leurs revenus soumis à cotisation (ce qui n’est pas forcément l’ensemble de leurs revenus, puisqu’il y a des plafonds au-delà desquels on ne compte plus le revenu du cotisant). Les professions libérales sont classées en deux tranches de revenus, et plus vous approchez du maximum de votre tranche, plus vous vous approchez du maximum de points alloués à cette tranche. Le principe d’un système à points est que votre pension sera la multiplication du nombre de points que vous avez gagné par une valeur de service, paramètre modifiable par votre régime complémentaire.

Notons que pour les professions libérales, le système de base est également en points, contrairement aux salariés du privé, du public (fusion des systèmes de base et complémentaire), et des artisans et commerçants.

Un système redistributif ?

             La fonction première d’un système de retraite n’est pas d’être redistributif, c’est-à-dire de réduire les inégalités de revenus entre les cotisants d’une même génération. Au contraire, en partant sur les bases explicitées plus haut, plus on a un revenu élevé, plus la pension sera élevée. De plus, plus l’on vit longtemps, plus on profitera du système de retraite. Autrement dit, dans un pays où les femmes vivent huit ans de plus que les hommes (mais gagnent moins) et où les cadres vivent plusieurs années de plus que les ouvriers, le système fait une redistribution des hommes vers les femmes et des ouvriers et employés vers les cadres ou professeurs. Sur ce point, le système de retraite serait donc anti-redistributif. Ce n’est pas juste pour information que je note ce point : en effet, le caractère anti-redistributif que peut prendre l’assurance-vieillesse en France peut servir d’argument aux partisans de la capitalisation, système où chacun financerait « sa » propre retraite (conception extrêmement discutable comme nous le verrons dans les articles suivants).

             En réalité, le système français n’est pas « contributif » (c’est-à-dire que chacun reçoit en pensions une valeur proportionnelle à la valeur de ses cotisations). Plusieurs dispositifs font effet de redistribution, comme les annuités accordées aux mères, la prise en compte du chômage indemnisé, ou l’existence de minima dans les régimes général et de la fonction publique (sans même parler des minima vieillesse, qui rémunèrent à hauteur du seuil de pauvreté les séniors qui n’étaient pas cotisants). Mais, plus généralement, un système de retraite peut être contributif (proportionnalité entre versements et pensions) et redistributif (s’il existe plusieurs catégories de cotisants, et que, cas théorique, si chaque euro de cotisation versé par un ouvrier lui amenait plus de pension qu’un euro versé par un cadre).

             Mais le constat est que malgré cela, le système de retraites favorise tout de même en priorité ceux qui ont gagné le plus et vivent le plus vieux…Alors qu’après tout, une fois la carrière terminée, les retraités de toutes professions peuvent être pareillement utiles à la société. Mais passons.

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 23:58
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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 23:57
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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 23:55
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 18:47

        Je poste un article sur une proposition inscrite dans les programmes de plusieurs listes Front de Gauche aux régionales 2010. Je ne dit pas que j’approuve sans faille ce projet, mais il me semble digne d’être présenté.


Investissements et intérêts

Avant de partager la richesse, il faut la créer. C’est ce que les partis de droite ne cessent de répéter en réponse à leurs adversaires de gauche.

Ainsi, les droitiers mettent-ils en avant leur version des causes du chômage : des salaires trop élevés, trop rigides puisqu’on ne peut descendre en dessous du SMIC, trop de réglementations du travail, trop de limites au temps de travail…

C’est oublier un coût qui pèse sur les entreprises, et en particulier les investissements : celui de la finance, via les intérêts. Sur le long terme, les entreprises sont censées être en besoin de financement. C’est-à-dire qu’elles disposent, après rémunération de leurs salariés, des impôts sur la production, et en ménageant une part de leurs revenus pour rémunérer les actionnaires, de moins de budget que ce qui serait nécessaire pour investir. Parmi les investissements possibles, l’entreprise peut réaliser un investissement intensif (améliorer son niveau technologique pour produire plus avec autant de personnel et de ressources que par le passé), ou extensif (construire un nouveau site, ouvrir un nouveau service, créer de nouveaux postes). Le gain qu’une entreprise peut espérer de son investissement dépend à la fois de la croissance du chiffre d’affaires que l’investissement peut lui rapporter, mais aussi, en négatif, du coût des emprunts qu’elle aura à contracter.

Elle peut encore décider de placer son argent, et de devenir elle-même un créancier. C’est ce qui tend à se produire lorsque la rémunération des placements, par l’intérêt, monte, tandis que l’investissement devient de plus en plus coûteux et incertain, puisque justement un taux d’intérêt croissant réduit les gains de l’investissement.

Or, qu’a-t-on depuis le début des années 80, plus précisément depuis le « tournant de la rigueur » de 1983 ? Une montée de la rémunération du capital, une hausse de la part du revenu des entreprises prélevé par les propriétaires, et une moindre part des salaires.

Cette politique, mise en place par le gouvernement socialiste, pouvait se justifier à condition que la part croissante des profits serve à financer de nouveaux investissements. Ce qui s’est passé dans les années 80. Mais pas dans les années 1990. Pendant plusieurs années de cette décennie, les entreprises ont été en situation d’autofinancement et même plus : elles disposaient de plus de revenus que nécessaire pour financer leurs investissements. Ou, vu sous un autre angle, les entreprises sous-investissaient.

A la même époque, sous le gouvernement Balladur, était menée la politique dite du « franc fort ». Il fallait que le franc conserve un taux de change relativement stable avec le Deutsche Mark. Or, pour éviter qu’une monnaie se déprécie, il faut soit que le pays fasse plus d’exportations que d’importations (sa monnaie est alors fortement demandée), soit que le taux d’intérêt dans les prêts de cette monnaie soit suffisamment élevé pour que des détenteurs de capitaux du reste du monde soient intéressés à prêter dans cette monnaie.

Pour maintenir la parité du franc avec le mark, les taux intérêts étaient restés à un haut niveau en France pendant la décennie 1990. D’où de plus faibles investissements, de faibles créations d’emploi, le maintien du chômage de masse qui se creusait depuis les années 70. 

       
     Quelques statistiques, mais avant cela quelques définitions :

Définitions statistiques sur les ressources des entreprises

  

        La valeur ajoutée brute (VAB) d’une entreprise est la différence entre la somme de ses ventes (son chiffre d’affaires) et les consommations intermédiaires qu’elle aura dû effectuer. Par consommations intermédiaires, on entend toutes les dépenses matérielles (électricité, matières premières, outils…) mais pas les salaires ni les intérêts des emprunts, ni les impôts sur la production.
         Une fois que l’on retire à la VAB les salaires (avec les cotisations sociales en plus), et les impôts directs sur la production, on obtient l’excédent brut d’exploitation (EBE) qui correspond grosso modo à la marge de l’entreprise.

        L’entreprise utilisera une partie de son EBE pour faire des investissements, c’est-à-dire créer du capital productif : soit en agrandissant ses sites, en en créant de nouveaux, ou en se dotant de nouveaux équipements qui permettront de produire plus sans employer plus de monde ou utiliser plus de ressources. On appelle cette dépense la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF).

        Voyons d’abord comment ont évolué les marges des entreprises depuis 60 ans. Il s’agit ici des sociétés non financières, ce qui exclut les entreprises détenues par une seule personne (entreprises individuelles, rares parmi les grandes entreprises), et les sociétés financières (banques, assurances, gestion de portefeuille, etc…).

 

 

Graphique-EBE-copie-1.jpg


Source : INSEE 2009


        On constate qu’après un recul dans les années 70, les entreprises ont rétabli leurs marges à environ un tiers de leur valeur ajoutée brute depuis le milieu des années 80, après le « tournant de la rigueur » de 1983.

        Voyons maintenant ce qu’elles ont fait de ces marges :

 


Utilisation-marge.jpg
Source : INSEE 2009

 

       On voit que la part de l’investissement (FBCF/EBE) recule nettement sur 60 ans. La part des impôts a été stable, avec une baisse en 1993 (année de récession). La part des revenus de la propriété (dividendes, revenus de terrains ou de gisements, intérêts reçus) augmente globalement, malgré des reculs (à la fin des années 90). Mais cette catégorie « revenus de la propriété » doit être précisée : il s’agit de revenus nets, car les entreprises reçoivent des dividendes et des intérêts d’autres entreprises (en France ou à l’étranger) à qui elles ont fait des prêts ou acheté des parts de capital. On doit donc faire la différence entre les revenus de la propriété que les entreprises versent et ceux qu’elles gagnent : cette différence a été prélevée par les capitalistes sur le travail au sein de l’entreprise, sur la valeur ajoutée.

       Maintenant, distinguons les intérêts (rémunération des créanciers) et les dividendes (revenus des propriétaires de l’entreprise). Contrairement aux dividendes, les intérêts sont à considérer comme des coûts pour l’entreprise :

 


grapheinterets.jpg
Source : INSEE 2009


       On voit qu’à la fin des années 70 et pendant les années 80, les intérêts ont largement dépassé les dividendes. Cette situation a pris fin à la fin des années 90, à la fois parce que le coût des intérêts diminuait, et parce que les dividendes montaient.

       On pourrait donc croire que les intérêts ne sont plus un problème actuellement, que leur coût est devenu suffisamment faible pour qu’ils ne gênent plus l’investissement. Pourtant, on constate que l’investissement baisse (en proportion de la marge) comme on l’a vu dans le deuxième graphique. Et il faut aussi voir ce que l’on appelle le besoin de financement de  l’entreprise. Nous avons vu au début de l’article que les entreprises sont en général en besoin de financement, c’est-à-dire que pour mener leurs investissements, elles empruntent et dépensent de l’argent qu’elles n’ont pas. Cette situation est viable tant que l’investissement est rentable et les taux d’intérêts raisonnables. On pourrait donc croire qu’avec la montée des dividendes et la baisse du coût des intérêts, on aurait eu un plus grand recours à l’emprunt des entreprises. Mais ce n’est pas le cas :

 

besoindefinancement.jpg
Source : INSEE 2009


       Ce graphique montre que, jusqu’au début des années 80, les entreprises avaient des besoins d’emprunts pour financer leurs investissements qui pouvaient représenter 40% de leur marge. En d’autres termes, si vous avez 100 euros de marge, et que vous voulez payer les impôts, les dividendes, vos intérêts de l’année en cours, et que vous voulez faire en plus de cela des investissements, il vous manque 40 euros. Dans les années 80 et 90, ce besoin de financement commence à se résorber : les entreprises ont pratiquement assez d’argent pour tous leurs frais, ce qui est dû à la faiblesse des investissements. Il y a même eu des années (1993, 1996 à 1999) où le besoin de financement était nul, alors que le coût des intérêts baissait.

       On voit que dans le courant des années 2000, les entreprises recommencent de nouveau à emprunter, mais on est loin des niveaux d’avant 1982. Ce n’est pas très étonnant car les petites et moyennes entreprises, qui recourent couramment à l’emprunt bancaire, doivent toujours supporter des intérêts relativement élevés, comme on le voit sur le graphique suivant :

 

 

graphetauxinterets.jpg


Source : INSEE 2009


      On voit, à droite du graphique, que les taux bancaires se sont stabilisés à 6% depuis la fin des années 90, soit bien moins que pendant les années 70 et 80, mais toujours au-dessus des taux des années 60.

     A l’inverse, il est intéressant de noter que les revenus de la propriété des entreprises, principalement les dividendes et les intérêts venant d’autres entreprises, ont fortement augmenté : alors qu’elles ne représentaient que 4% de la marge des entreprises non financières en 1949, ces sommes équivalaient à 82% de cette marge en 2008.


Les fonds régionaux pour l’emploi et la formation


      Les économistes du PCF ont donc émis l’hypothèse qu’en rendant le coût de l’emprunt plus bas pour les investissements véritablement productifs, on inciterait davantage les entreprises à ignorer la tentation des placements financiers.

      Le principe est simple : réunir dans chaque région un fond administré par la présidence du conseil régional, mais aussi par des représentants des salariés, chômeurs et entrepreneurs de la région. Son rôle serait d’abord de demander à l’INSEE une expertise régionale sur les besoins en emplois, et de définir des objectifs chiffrés de créations de postes.

      Il recevrait ensuite les entreprises candidates aux remboursements des intérêts, en retenant celles qui proposeraient les projets les plus riches en emplois durables, incluant un effort de formation et des salaires décents. Les entreprises les plus ciblées seraient les PME (entreprises de moins de 500 salariés). Une fois le projet validé, les intérêts pourraient être pris en majorité ou en totalité en charge par le fonds.

      De quels moyens les fonds disposeraient-ils ? S’ils étaient soutenus par un gouvernement, les fonds régionaux pourraient hériter de tout ou partie des dizaines de milliards d’euros de subventions aux entreprises, par exemple des 30 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales accordées chaque année aux employeurs.

       En attendant, les régions peuvent toujours utiliser les centaines de millions d’euros de soutien au développement économique que lèvent les régions (141 millions d’euros en Ile de France en 2009). Il faut savoir que si ces sommes sont utilisées pour rembourser des intérêts, elles permettraient de lever des emprunts d’une valeur très supérieure.

      En effet, si le taux d’intérêt est de 5% (pour l’exemple), alors cela veut dire qu’en offrant le remboursement des intérêts pour 100 millions d’euros, ce sont des valeurs 20 fois supérieures qui pourront être empruntées : 2 milliards d’euros, dont le remboursement s’élèvera à 2,1 milliards. Les entreprises n’auront qu’à assumer le remboursement sans intérêt, le reste étant fourni par le fond. Car les banques créent de la monnaie de toutes pièces lorsqu’elles accordent un prêt, et les fonds créés sont annulés au fur et à mesure que la dette est remboursée : il ne reste alors que les intérêts, qui rejoignent la masse monétaire en circulation. C’est donc une très grande injection de liquidités qui pourrait raviver l’activité économique.

       Un autre point qui pourrait être soulevé est l’effet d’aubaine. Qu’est-ce donc ? On appelle effet d’aubaine une situation où l’on offre une aide à quelqu’un qui promet de faire quelque chose de particulier (par exemple créer des emplois) si on lui donne cette aide, et qui accomplit réellement sa promesse, mais dont on s’aperçoit ensuite qu’il n’avait pas besoin d’aide pour le faire. Par exemple, c’est le cas d’une entreprise qui reçoit une subvention pour créer des emplois, qui les crée, mais qui avait en réalité déjà les fonds et le projet pour créer ces emplois. Dans ce cas, l’aide n’est qu’une façon de se remplir les poches (une aubaine).

       A cette faille possible, la commission économique du Front de Gauche pour la région PACA a répondu que « le dispositif du fond régional pour l’emploi et la formation (FREF) a été conçu pour empêcher l’effet d’aubaine car il conditionne le montant de l’aide au nombre de créations effectives et vérifiées de nouveaux emplois. »

      
       Conclusion : faire face aux urgences et préparer l’avenir

       Les fonds régionaux pourraient intervenir en temps de crise (locale ou nationale) pour inciter les entreprises à stopper les plans de licenciements, en proposant des prêts avec remboursement des intérêts pour soutenir les projets générateurs d’emplois. Ils pourront demander chaque année une conférence de salariés, d’élus, de citoyens pour déterminer les grandes lignes de créations d’emplois à soutenir par l’action des fonds régionaux.

 

        Quelques remarques personnelles :

        Je ne suis pas aussi optimiste que les économistes auteurs de la proposition des fonds régionaux sur la capacité à lever des fonds grâce aux prêts bonifiés (c’est-à-dire avec un taux d’intérêt diminué pour l’emprunteur). En effet, il faut se rappeler que les banques ont aussi une limite dans leur émission de monnaie / crédits. Les banques ont en effet l'obligation de respecter des ratios entre leurs fonds propres (qu’elles peuvent obtenir en convertissant une partie de leurs dépôts avec la banque centrale) et le montant des crédits qu’elles accordent. Ces ratios servent à éviter que les banques génèrent des prêts à l’infini. Ce sont donc ces ratios qu’il faut prendre en compte, et pas seulement les taux d’intérêts bancaires, pour savoir combien de crédits pourraient être accordés pour X milliards d’euros d’intérêts remboursés par la collectivité.

        Ensuite, une injection très massive de crédits dans l’économie française fait aussi courir un risque d’inflation redynamisée… On peut défendre une relance de l’inflation pour stimuler la croissance, mais avec modération, ce qui impose une nouvelle limite au projet.

        Pour finir, la citation faite plus haut de la commission économique du Front de Gauche de PACA, extraite du numéro 665 d’Economie Politique (Novembre-Décembre 2009) ne répond pas vraiment à la problématique de « l’effet d’aubaine ». Il ne suffit pas de vérifier qu’il y ait des créations d’emplois pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’effet d’aubaine. Selon la définition de l’effet d’aubaine que j’ai donné dans l’article, il faut vérifier que non seulement des emplois ont été créés, mais qu’ils n’auraient pu être créés sans l’aide.

        Mais il ne semble pas impossible que cette vérification soit faite par les assemblées d’élus, de salariés, de chômeurs etc… Aucune des limites que je viens de préciser ne me semble donc fatale au projet des fonds régionaux.

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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 23:43

Un petit article dont le principal intérêt est de ne pas me faire attaquer pour plagiat. Et pour inciter les visiteurs à (re) regarder les vidéos "Changer de système".

              Parcourant le Net, je me suis aperçu, ces derniers jours, de l’existence d’un site proposant un système alternatif au capitalisme affublé du nom disgracieux d’écosociétalisme. Déjà, à la base, je déteste le terme « sociétal ». Ce mot, sensé désigner ce qui concerne à la fois le social et le politique, n’est à mon sens qu’un pion de la « guerre du vocabulaire » (employer « charges sociales » au lieu de « cotisations sociales » pour faire passer l’idée qu’elles sont payées par les entreprises qu’elles écrasent, ou encore ressasser l’existence d’une confuse «classe moyenne »…). Et qu’en l’occurrence, « sociétal » sert à ne plus employer le mot « social ».

 

          Mais bon. Passons sur ces discussions sémantiques. Le site www.societal.org présente ce système alternatif. Et, en lisant cette page (http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=Accueil), que lis-je ? Ca ressemble, à première vue, au système que j’ai exposé dans mes vidéos « Changer de système ». Le principal défenseur de ce système, André-Jacques Holbecq, a publié en 2005 le livre « Une alternative de société : l’écosociétalisme».

          Ce qui est surprenant, c’est qu’à la même époque, je songeais déjà à deux systèmes alternatifs au capitalisme : un système de collectivisation dans l’économie de marché, et l’autre système, celui présenté dans les vidéos. J’y pense depuis 2003 pour le premier, 2004 pour le second. Et les deux programmes ont été publiés sur le site fin 2005. Je ne pouvais pas connaître l’œuvre de Holbecq.

 

Que propose l’écosocial…pardon écosociétalisme ? Sur la page précitée, on voit :

 

-          que lorsqu’un individu veut créer une entreprise, la société met à sa disposition l’équipement productif nécessaire, sous réserve de la pertinence de son projet. Ce qui ressemble à mon système, a priori…

-          qu’ensuite, lorsque vous travaillez, vous êtes rémunérés avec une monnaie créée instantanément et à usage unique (comme l’est la monnaie des particuliers dans mon système). Cette rémunération est mentionnée de façon assez floue. D’abord, (dans le troisième des quatorze points importants du système mentionnés en bas de page) on vous dit qu’elle est versée sur le principe de : une unité pour six minutes de travail. En lisant la suite, c’est un peu plus compliqué que cela, puisque votre rémunération est coefficientée en fonction de l’utilité sociétale de votre activité. Il faut donc supposer qu’une grille de coefficients est régulièrement éditée, par un organisme démocratique. On peut aussi s’attendre à ce que, plus votre activité est jugée écologique, plus elle est valorisée.

-          chaque consommation que vous faîtes (et dont il faut croire que le prix sera mesuré par le temps de travail ?) implique la destruction de la monnaie que vous dépensez. Il existe toujours des taxes sur les production, devant favoriser les plus « écosociétales », et défavorisant les autres. Le produit de la taxe sert à payer le secteur non-marchand et à fournir un revenu minimum d’existence à tous ;

-          le revenu individuel se décompose donc en un revenu minimum d’existence plus un revenu d’activité (marchand ou non). La société peut donc déterminer les inégalités sociales, soit directement dans le cas du revenu d’existence et du revenu non marchand, soit en le modulant pour ce qui est du revenu marchand.

 

Est-ce la même chose que le système que j’ai présenté ?

En fait non. Plusieurs grosses différences existent.

D’abord, dans le système écosociétal, les capitaux d’une nouvelle entreprise lui sont fournis par la société. Ce qui induirait que l’autorité sociale sache quel est le capital dont a besoin chaque entreprise. Ce qui revient déjà à une forme de planification des allocations de capitaux. Ca n’existe pas chez moi : la nouvelle entreprise dispose d’un monnaie illimitée. A elle de se procurer le capital dont elle a besoin, sachant que si elle abuse de dépenses, elle risque de se retrouver avec un solde négatif et d’être dissoute par l’Etat.

Ensuite, le système écosociétal n’a qu’une seule monnaie. Alors qu’il y en a trois dans mon système : celle des particuliers (qui est à usage unique comme la monnaie écociétale), la monnaie des entreprises (qui est virtuelle), et la monnaie utilisée pour les échanges extérieurs.

Le système écosociétal tombe de ce fait dans une erreur tragique : celle de la fixation des rémunérations du travail en se basant sur l’idée de la valeur-travail : la valeur d’une production dépend du temps de travail qui y est inclus. Sur ce point, les écosociétalistes sont plus marxistes que moi. Ce fonctionnement entraîne des failles béantes : dois-je comprendre que si je travaille à deux à l’heure, en mettant deux heures à faire ce qui n’en nécessiterait qu’une, je serai deux fois plus riche ? Ou alors, comme dans la théorie de Marx sur la valeur-travail, c’est le temps de travail « socialement nécessaire » qui sert de référence ? Dans ce cas, l’Etat devra donc avoir une grille de temps de travail nécessaire pour chaque production. Ces estimations seront sans doute inexactes, et surtout, et toutes les branches de l’économie auraient intérêt à faire surestimer le temps de travail nécessaire pour chacune de leurs activités.

D’une manière générale, la fixation des prix via la valeur-travail, ou par un système d’impôts, furent-ils « écosociétaux », risque de déboucher sur une mauvaise distribution et un mauvais fonctionnement de l’économie. Si l’état se trompe sur la valeur sociale d’une activité et lui fixe un coefficient trop bas, il se retrouve avec une chute de cette activité qui aura des conséquences graves pour le reste de l’économie. Dans mon système, premièrement, ce ne sont pas les activités qui sont coefficientées, mais le secteur auquel on appartient. On peut plus facilement frauder sur la nature d’une de ses activités que sur l’activité générale de son entreprise. Ensuite, le revenu qu’on verse à chaque individu est toujours coefficienté par la performance économique de l’entreprise, qui dépend de ventes effectuées à prix librement négociés entre vendeurs et acheteurs. Donc si l’Etat commettait une erreur en défavorisant des activités  indispensables pour le reste de l’économie, les entreprises en question pourront toujours rappeler qu’elles sont indispensables en demandant des prix plus élevés à leurs partenaires. Elles auront un fort coefficient de performance, qui contrebalancera un mauvais coefficient de secteur. Dans le système écosociétaliste, cette autorégulation n’est pas possible. De même, dans les ventes entre particuliers et entreprises, dans mon système, l’Etat peut défavoriser un bien en utilisant le  taux de conversion entre la monnaie des particuliers et celle des entreprises. L’Etat peut faire que chaque unité dépensée par un particulier se traduise en peu d’unités gagnées par l’entreprise vendeuse. Mais l’entreprise peut réagir en augmentant ses prix. Et si ce bien est réellement indispensable pour les particuliers, l’erreur de l’Etat se verra par une hausse des prix, non pas par une pénurie.

Pour finir, l’unicité de la monnaie dans le système écosociétal oblige au maintien d’un système fiscal pour financer des revenus non marchands. Ce système fiscal n’existe plus dans mon système.

 

 

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 19:53

Depuis mon retour de Cuba, j’ai lu –ou plutôt retenté de lire- deux ouvrages de Karl Marx, Salaire, Prix et Profit et Travail Salarié et Capital. Ces deux ouvrages, beaucoup plus courts et d’une lecture beaucoup moins lourde que le Capital, concentrent des thèses de Marx qui, pour l’essentiel, contiennent des intuitions justes, mais aussi des raisonnements invalides. Et je profite de l’occasion pour expliquer mon désaccord avec certaines thèses de Marx qui font que je me suis déclaré non marxiste.

Dans ces deux ouvrages, et surtout Salaire, Prix et Profit, Marx répond à des idées reçues qui couraient parmi les socialistes de son temps, y compris au sein de la Ière Internationale. Cet ouvrage est une réponse de Marx à Weston, qui tentait en 1865 de convaincre les prolétaires que les exigences sur la hausse des salaires n’aboutiraient qu’à la montée des prix. Marx lui fait une très longue et cinglante réponse, qui vise notamment à démontrer que les prix ne sont pas directement dépendants des salaires, et que les prix des biens eux-mêmes ne sont que les sommes des valeurs des quantités de travail qui ont été consommées pour produire lesdits biens.

Je vais présenter la thèse fondamentale de Marx sur le salaire et les prix, dans l’ordre inverse de celui qu’il use dans ses démonstrations, c’est-à-dire en partant de la valeur du salaire.


La valeur du travail selon Marx

Pour Marx, le travail, ou plutôt la force de travail, est une marchandise qui, comme toute marchandise, a un prix dont on constate qu’il varie dans le temps. Mais Marx constate, ou croit constater, que malgré ces fluctuations dues à des perturbations sur le marché et à la loi de l’offre et de la demande, le prix de la force de travail comme celui des autres marchandises ne fait que graviter autour d’une valeur moyenne. Par exemple, ici, une variation de prix, et sa moyenne :

 




Pour Marx, ce qui fait la valeur du salaire, c’est la quantité de monnaie qui permet, vu le niveau des prix, d’assurer la reproduction de la force de travail, c’est-à-dire la somme qui permet au travailleur de se nourrir, de nourrir sa famille (donc le renouvellement des travailleurs), de se loger, se laver tant que c’était possible, se vêtir… Marx distingue le travail qualifié de celui qui l’est moins : le travail qualifié, exigeant une formation et un entretien plus coûteux, demande un salaire plus élevé.

La théorie n’est quasiment pas démontrée factuellement par Marx dans ses deux ouvrages. I l est vrai qu’à l’époque, elle a la force de l’évidence, puisque la grande majorité des ouvriers ont juste de quoi survivre, que les capitalistes ne peuvent durablement les payer moins, et que la concurrence entre les capitalistes comprime les salaires à ce niveau de survie.

La valeur créée par le travail n’est pas à confondre avec la valeur du travail fourni, et converti en production. Ainsi, on peut prendre pour exemple l’ouvrier qui travaille douze heures et qui crée six marks de valeur de marchandises, et qui est payé trois marks. Les trois marks sont la valeur de sa force de travail, quand le travail transformé en marchandise vaut six marks. Ce qui peut aussi se traduire par le fait que la valeur du produit de cette journée de travail d’un homme aurait pu payer la reproduction de la force de travail de deux personnes. La marchandise a donc une valeur objective selon Marx. Et il en va de même pour toutes les marchandises, qui peuvent être exprimées en quantité de « reproduction de la force de travail humaine». Cette valeur sera donc partagée entre le salaire et la plus-value capitaliste.

Les capitalistes tenteront toujours de ramener la valeur du salaire à un niveau inférieur à celui de la simple reproduction de la force de travail, afin d’augmenter leur plus-value. Mais ils ne peuvent descendre très en-dessous, ni durablement, sauf à détruire par la faim leur main d’œuvre. A l’inverse, si une branche de l’industrie fait face à un déficit de main d’œuvre, le salaire peut temporairement monter au dessus de ce niveau de renouvellement de la force de travail.

Marx répond donc à Weston que si les salaires devaient monter, ce serait au dépend de la plus-value, mais cela ne provoquerait pas de hausse des prix, car les prix ont une valeur objective, qui peut bien sûr changer avec l’évolution des techniques, mais qui ne changera pas brusquement avec une hausse des salaires. Pour Marx, ce ne sont pas les salaires qui font les prix, ou du moins pas directement bien sûr. Il faut bien comprendre que lorsque nous parlons de salaires qui montent, nous entendons qu’ils montent au-delà de la valeur nécessaire au renouvellement de la force de travail d'un travailleur, et donc que si la valeur d’une journée de travail équivaut à deux renouvellements de la force journalière de travail, alors cette valeur ne sera nullement modifiée par la hausse du salaire.

De cette thèse de Marx sur les prix découlent plusieurs conjectures. D’abord, il va mesurer le taux de profit par la plus-value (part de la valeur ajoutée non reversée aux salaires) rapportée à la somme formée par les salaires plus le capital fixe, les valeurs investies dans des équipements, qui en eux-mêmes ne créent pas de valeur, puisque seul le travail humain le fait.

Le taux de profit sera calculé par taux de profit=(plus-value)/(salaires+capital fixe)

Au fur et à mesure que la concurrence s’intensifie entre les capitalistes, et que ceux-ci multiplient les investissements à un rythme qui dépasse la croissance de la population ouvrière, alors la proportion représentée par la plus-value dans l’équation du taux de profit ne peut que baisser, provoquant ainsi la baisse du taux de profit, une concurrence de plus en plus acharnée entre les capitalistes, pourquoi pas des guerres (puisque l’Etat est un instrument de la classe dominante), et finalement la chute du capitalisme par la prise du pouvoir du prolétariat.

Au passage, les prolétaires ne gagneront rien dans la hausse de la technicité de l’activité industrielle, et ne seront pas mieux payés, puisque justement, pour les capitalistes, de plus hauts investissements signifieront une pression supplémentaire sur le taux de profit, donc une compression plus grande du salaire en retour.


Critique


Les démonstrations de Marx ont ceci de positif qu’elles démontent souvent des idées qui, en 2009 comme en 1865, restent totalement erronés. Ainsi, oui, la hausse des salaires ne se transforme pas nécessairement en hausse des prix : elle peut se traduire par une baisse des marges, une baisse des bénéfices ou des investissements.

Rendons aussi justice à Marx de certaines critiques ineptes qui lui ont été faites, comme celle selon quoi la théorie de Marx ne permettrait de comprendre aucune variation de prix d’un lieu à un autre, d’un moment à un autre. Il reconnaissait parfaitement l’existence de mécanismes d’offres et de demande, mais leur attribuait une valeur limitée dans la formation des prix ; il affirmait que la valeur d’une marchandise variait si la quantité de travail nécessaire pour la produire variait. La variation de la qualité du travail, qui en modifie la valeur de renouvellement, change également la valeur des marchandises, puisque celles-ci sont exprimées dans leurs valeurs en renouvellements de la force de travail.

Cependant, dès le départ du raisonnement de Marx que je viens d’expliquer, il y a des points qui laissent songeur. Je me demande déjà pourquoi Marx se focalise, lorsqu’il regarde une courbe des prix, sur la « valeur moyenne » du prix, en considérant que les fluctuations autour de cette moyenne comme du bruit créé par des causes subalternes. Si valeur moyenne il y a, elle varie avec le temps long, et tout dépend du début et de la fin de la série statistique que l’on prend. Reprenons le graphique précédent, en calculant trois moyennes sur trois tiers de siècle pour obtenir des moyennes très différentes :

 



Plus généralement, je me demande d’où vient l’idée de parler du prix de la force de travail comme étant une moyenne, alors que ce prix peut se formuler comme un rapport entre trois facteurs : 1) la disponibilité de la force de travail ; 2) l’intensité de la recherche de main d’œuvre par les capitalistes, 3) l’abondance des biens et services que les salariés pourront se procurer avec leur salaire. La valeur monétaire du salaire sera une fonction de ce rapport, ainsi que de l’abondance monétaire dans l’économie, abondance que nous n’avions pas pris en compte, car ce qui nous intéresse, c’est le salaire réel (et pas le salaire nominal, qui croîtrait si l’on faisait tourner la planche à billet et que tous les prix étaient multipliés par deux, tandis que le salaire réel stagnerait).

Etant un rapport entre plusieurs facteurs, la valeur de la force de travail va forcément varier, mais sur un temps relativement long. Ces variations ne peuvent se confondre avec les variations d’une année sur l’autre, dues à des accidents de productions, des modes passagères, ou tel autre effet que Marx classait comme relevant de la loi de l’offre et la demande.

La théorie de l’utilité marginale explique le salaire justement par le biais d’une fonction semblable à ce que nous venons d’évoquer, où l’intensité de la recherche de main d’œuvre est assimilée à une fonction d’utilité des employeurs (c’est-à-dire une fonction qui décrit que si je peux bénéficier de X heures de travail, j’en tirerais Y de chiffre d’affaires, et ma satisfaction montera d’autant). Le salaire n’est plus censé graviter autour du renouvellement de la force de travail.

Et plusieurs faits de l’histoire économique vont contre l’idée qu’en régime capitaliste, l’employeur tendrait toujours à baisser le salaire au niveau de ce renouvellement. Par exemple, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les prolétaires ont massivement pu s’offrir des automobiles, des voyages touristiques, des téléviseurs, un certain équipement électroménager, puis des ordinateurs, des logements plus grands et plus salubres…on est depuis longtemps au-dessus du simple renouvellement de la force de travail. En effet, n’en déplaise aux misérabilistes qui pensent que les ouvriers français n’ont que leurs chaînes à perdre, nous pourrions avoir nettement moins. Nous pourrions ne pas avoir de voitures, juste des bus pour nous emmener à l’usine. Nous pourrions ne pas avoir de téléviseurs ou d’ordinateurs, juste une vague information dispensée par le patron ; nous pourrions être logés dans des cages à lapins pour juste pouvoir nous reposer entre deux journées de travail.

Des marxistes ont trop longtemps cru que ces progrès étaient seulement dus à un rapport de force favorable aux prolétaires suite à la défaite du fascisme et à la montée en puissance du camp soviétique. Pour ma part, j’y vois surtout que les capitalistes eux-mêmes ont intérêt à partager les gains de productivité s’ils veulent conserver une clientèle pour les marchandises qu’ils font produire, et ainsi continuer à faire du profit.

De même, la baisse tendancielle du taux de profit n’est pas nécessairement appelée à se réaliser. J’ai déjà écrit dans le site que quand bien même on verrait une baisse sur le temps long de la part des profits dans la valeur ajoutée des entreprises, cela pourrait aussi bien s’expliquer par le fait que les sociétés capitalistes ont vu leur part de la production nationale croître considérablement au détriment des producteurs indépendants, et parfois des administrations. Si la part de la valeur ajoutée des sociétés capitalistes dans le PIB passe de 20% à 80% et que le taux de profit des capitalistes reste le même, cela veut dire que les revenus des non-capitalistes auraient relativement décru. Ensuite, depuis trente ans, on ne constate pas de baisse des taux de profits, plutôt un rétablissement dans les années quatre-vingt suivis d’une stagnation. Selon Raphael Taller qui intervenait en tant qu’économiste au stage de Saint-Chinian, c’est une contre-tendance qui ne contredit pas la théorie de Marx.

Si le taux de profit ne baisse pas tendanciellement, alors cela remet en cause l’idée que le capitalisme soit historiquement condamné. Ce qui n’est pas un problème pour moi, puisque cela veut dire qu’il faut le faire tomber.

Il me semble pour ma part que l’explication marxiste de la valeur, du salaire et des prix n’est pas celle qui explique le mieux les faits économiques. Que d’autres théories, par exemple celle de l’utilité marginale, plus des théories ultérieures, offrent de meilleures compréhensions. Mais elles n’enlèvent rien à un fait : seul le travail crée la richesse. La part que prélève le propriétaire sur la valeur ajoutée, quelque soit la manière dont vous expliquez la formation des prix, reste de l’exploitation.


Pour mémoire (ou la culture) , exemple de la théorie marginaliste dans le cas du salaire.


Un demandeur d’emploi propose de vendre des heures de travail. S’il vend X heures de travail payée au salaire S, il fait un gain de X*S (il s’agit d’une simplification de la théorie, car normalement, l’argent a une utilité, qui est décroissante au fur et à mesure que l’on s’enrichit, et que vient réduire la « désutilité » ou perte d’utilité due au fait que l’on perd du temps libre en travaillant).

L’employeur, lui, a une fonction de production qui fait que, avec le matériel dont il dispose, s’il peut se procurer X heures de travail salarié, il fera une production, en valeur (on suppose qu’il arrivera à la vendre) de f(X) (la valeur de la production est une fonction de X). Il va devoir en revanche, pour chaque heure de travail salarié, payer S de salaire et en plus de cela C de dépenses matérielles. Par exemple, plus un routier travaille, plus il dépense d’essence. En plus, l’employeur aura des frais fixes F à assumer.

Les gains de l’employeur se mesureront par :

Gains = f(X)  - X*(S+C) – F           C et F sont considérées comme des valeurs connues, X et S ne le sont pas.

Il se trouve que la function f(X) est décroissante à la marge, ce qui signifie que chaque nouvelle heure de travail augmentera la production, mais moins que la précédente. Donc, si l’on représente f(X) par une courbe, f(X) n’a pas l’allure d’une droite, mais d’une courbe qui progresse, au fur et à mesure que X augmente, mais tend à stagner. Tandis que les frais (X*(C + S) –F), eux, continuent de progresser en ligne droite tant que le nombre d’heures de travail X augmente. Donc, il y a une certaine valeur de X au-delà de laquelle l’employeur n’a plus intérêt à acheter des heures de travail car ses gains baissent.

Plus le salaire S  offert par les employeurs monte, plus les salariés offrent de travail. On peut dire que le nombre X d’heures de travail offert par les salariés est une fonction de S : X=g(S).

Donc la fonction de gains de l’employeur s’écrirait :

Gains = f( g(S) ) – g(S)*(S+C) –F

(Désolé pour ceux qui n’aiment vraiment pas les maths, mais ça s’arrête là, je vous rassure).

Donc, le nœud du problème est de résoudre l’équation pour savoir à partir de quelle valeur de S (à quel niveau de salaire horaire), on va réussir à acheter un nombre tel d’heures de travail que, suivant les explications données précédemment, si l’employeur achète encore une heure de travail, ses gains vont commencer à baisser. On parle de « théorie marginaliste » parce que le prix d’une vente se fait au niveau où l’achat d’une unité supplémentaire ne rapporte plus d’utilité.  Le niveau du salaire se fixe là. Sauf, bien sûr, si les salariés ont considéré auparavant qu’ils avaient déjà donné suffisamment d’heures de travail, et qu’ils préfèrent disposer de temps libre. Cette dernière précision paraît complètement utopique lorsque l’on pense à la situation des chômeurs, mais sur ce sujet les marginalistes, comme la plupart des libéraux, penseront que le chômage est dû à l’Etat qui bloque le fonctionnement du marché du travail (salaire minimum, réglementations du travail, etc…).

Il s’agit là d’une théorie, datant de la fin du dix-neuvième siècle, et que les économistes ont largement complétée voire dépassée depuis. Comme dans la théorie de Marx, un employeur ne peut verser moins que ce qui permet au salarié de survivre et de pouvoir travailler le lendemain. Mais cette théorie explique aussi que le salaire puisse se trouver au-delà du niveau de subsistance.

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 22:07

Comme cela était annoncé, je consacre un article à un sujet apparemment pas très sérieux, mais qui pose une question qui l’est.

Le royaume du Bhoutan, état grand comme la Suisse et situé entre la Chine, l’Inde, et très proche du Bangladesh, fait parler de lui avec un indicateur nommé « Bonheur National Brut ».

http://www.ladepeche.fr/article/2008/11/11/490420-Asie-Bhoutan-le-pays-du-bonheur-national-brut.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonheur_national_brut

On passe sur le côté carte-postale-fantasme-zen-bons-sauvages-tibétains-qui-vivent-dans-la-misère-mais-qui-sont-tellement-heureux-car-ils-ont-la-spiritualité, et l’impression d’une resucée des mythes hippies des années 70. Non, on va plutôt s’attarder sur quelques questions de base :

Le Produit Intérieur Brut est-il un bon indicateur de richesse ? D’abord, qu’appelez-vous une richesse ?

            Ordinairement, on désigne ainsi tout bien ou service qui représente une utilité non nulle pour quelqu’un qui soit prêt à l’acheter. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est, basiquement, cela : la somme des valeurs vendues après soustraction des achats réalisés par les producteurs pour accomplir leur travail, pour éviter les doubles comptes. Une richesse, c’est donc avant tout ce qui se vend.

Il y a déjà tout une littérature critique du PIB, considérant notamment :

-          Qu’on ne compte pas le travail accompli chez soi, ou pour d’autres, sans échange marchand (le travail domestique) ;

-          Qu’on ne comptabilise pas les atteintes à l’environnement ;

-          Qu’on n’évalue pas le « bien-être social », ramenée à des phénomènes tels que l’angoisse du chômage et de la précarité ;

-          Qu’on ne compte pas les activités culturelles non marchandes ;

-          …et qu’on ne mesure pas le « Bien-être en général ».


Le bonheur, un but politique ?

     Le sujet du « bien-être » et même du « bonheur » social est même remonté jusqu’à David Cameron, tête de pont des conservateurs britanniques, et probable futur Premier Ministre.
          

      L’indicateur bhoutanais se propose donc d’évaluer le « bonheur » d’une nation au respect de son environnement, de sa « culture » (dans la mesure où j’écoute nettement plus de musique anglo-saxonne ou scandinave que française, je contribue donc au malheur de mon pays ?), et d’une « bonne gouvernance responsable » (selon des critères dont on se doute qu’ils ne sont pas du tout partisans). De multiples autres indicateurs ont été proposés pour remplacer le PIB, souvent avec des conclusions prévues à l’avance, et qui par exemple nous montrent que le bien-être social aux USA a baissé depuis le début de l’époque reaganienne, sur la pente inverse de celle du PIB… L’indicateur de développement humain, lui-même combinaison (donc forcément avec des pondérations arbitraires) du PIB, des indicateurs d’espérance de vie et d’alphabétisation est l’un des plus connus.

Que le PIB soit un indicateur très partiel ne me rend pas plus sympathiques ces indicateurs de « bien-être ». Et ce tout simplement parce que j’estime que le bonheur n’est pas une question politique.

Je m’explique : il y aura toujours des individus qui trouveront  le moyen d’être malheureux quelque soit le niveau de confort matériel qui leur est fourni (ou qu’ils ont acquis). Le but de la politique n’est pas de garantir le bonheur, mais de faire en sorte que pour chaque individu, le malheur ne soit pas une fatalité. Et la question concerne directement le communisme, car la réalisation du « bonheur » du genre humain, l’inculcation d’un « esprit d’optimisme » a parfois peuplé les discours marxistes-léninistes (voir par exemple sur cet hallucinant –et j’espère unique en France– site maoïste : http://www.contre-informations.fr/?p=544 ).


Le bonheur, un but individuel?

Je me permettrai, comme dans l’article précédent, un petit passage moral : la notion même de bonheur pour évaluer l’état de l’humanité n’est pas pertinente, tout simplement parce qu’il existe quantité d’être humains pour qui la notion de bonheur ne signifie rien, à part peut-être l’absence de malheur. Nous n’avons pas tous la même conception de notre vie : pour certains, sa qualité s’évalue comme la somme des jouissances (morales ou physiques) rencontrées dans l’existence. Cette vision est presque devenue la seule admise, tant dans l’esthétique du capitalisme où le bonheur se réalise dans la consommation, que dans la vision libertaire où la vie-jouissance est préférée à la vie-performance. L’absence de bonheur (même si l’on ne se plaint d’aucun malheur dans le même temps) devient soit un drame, soit une névrose, et le refus de le chercher une maladie mentale. Or, comme je l’évoquais plus haut, il y a eu nombre d’individus, et pas des moindres, pour qui cette notion de bonheur ne permet pas de comprendre leur vie. Prenez l’exemple de Thomas Edison, qui détient, avec plus de mille brevets déposés dans sa vie, le record (ou pas loin) des inventeurs connus à ce jour. Pourtant, une minorité seulement de ses découvertes (l’ampoule, une version améliorée du télégraphe, le gramophone, une version de la caméra inventée juste après les frères Lumière…) aurait suffit à faire de lui un homme riche. Il n’en a pas moins continué à passer sa vie à travailler, quand sa fortune lui aurait permis de profiter de bien d’autres plaisirs terrestres. Le plaisir de la recherche n’est pas forcément une explication, quand on a une idée de la somme de frustrations et d’épuisement que peut représenter la démarche d’un créateur.

 

            Il faudrait que nos psys, plutôt que de nous pondre des articles nous livrant les « secrets du bonheur » dans les grands périodiques nationaux en mal de ventes, s’aperçoivent – et nous avec, qu’une vie envisagée comme la construction d’une œuvre à léguer aux générations futures n’est pas plus gâchée qu’une vie consacrée à la recherche du plaisir individuel. Et qu’en réalité, l’histoire et l’existence même de l’humanité se comprend peu sans l’existence de ces vies-là. Or, une mesure du bonheur ne peut nullement rendre compte de cela.


Estimer les possibilités réelles, pas les achats

           
Cela ne signifie pas que je n’aie pas moi-même d’objections à faire sur le PIB.

            Reprenons à partir de « Une richesse, c’est donc avant tout ce qui se vend. ». On peut contester cette définition : si l’on achète quelque chose, ce n’est pas toujours par choix : nul n’achète la publicité, ni n’a choisi si nous développerions en majorité l’automobile individuelle ou les transports en communs ; les recours juridiques sont aussi des « créations de richesses », même si l’on s’en passerait volontiers dans beaucoup de cas. Comme pour les automobiles, diverses productions pourraient être mutualisées et nécessiter dès lors moins de production matérielle (ordinateurs, livres, disques, etc…). Dès lors qu’on achète quelque chose plus par contrainte ou par inertie que par besoin conscient, alors il ne s’agit pas nécessairement d’une « richesse ».

            On a aussi des gaspillages plus « subjectifs », car ils relèvent d’un jugement moral : est-ce une création de richesses que de construire des résidences secondaires quand des résidences principales salubres font défaut ? Que penser des émissions indigentes des chaînes de télévisions, des productions de série B dans le domaine artistique, de la surconsommation alimentaire ? En réalité, il est probable que beaucoup de gens pourraient dépenser moins, tant sur les plans alimentaire, vestimentaire, ou sur les objets de consommation courante, non pas en se privant, mais en recourant davantage à des activités communes (covoiturage dans les transports), au partage (matériel informatique), à la location…

            Le PIB restera toujours un outil comptable indispensable, mais en lui seul il apprend peu de choses sur le niveau de vie réel d’une population. Ce que j’entendrai par niveau de vie, c’est l’ensemble des actions que les individus ont la possibilité de faire dans leur existence. Par exemple, si deux personnes doivent faire dix kilomètres de trajet quotidien, que l’un le fait en automobile et l’autre en transports en commun parce qu’il n’a pas d’automobile, en y mettant le même temps et sans plus d’entraves, alors les deux sont, sur la question des transports, aussi riches l’un que l’autre, pourtant l’un des deux aura une automobile personnelle et pas l’autre, et généré de ce fait plus de valeur ajoutée. Le fait que l’un ait potentiellement la capacité de se déplacer plus librement avec son véhicule n’a pas de raison de compter dans la balance, s’il le fait rarement ou peu (et surtout on ne peut comparer un déplacement nécessaire avec un déplacement de loisir). Si une personne partage des fichiers musicaux avec une autre, elle est de fait aussi riche qu’une personne possédant les albums correspondants. On pourrait aussi mesurer la richesse vestimentaire, immobilière ou autre non pas en fonction d’objets possédés (en terme d’étendue de garde-robe ou de mètres carrés, ou du moins leurs valeurs marchandes), mais en fonction de l’utilité absolue (c’est-à-dire en retenant que la garde-robe nécessaire pour vivre, travailler, faire du sport ou supporter l’adversité du climat, et l’espace habitable nécessaire pour dormir, s’entretenir, et faire vivre un ménage…).

            En raisonnant ainsi, le fait que le PIB par habitant soit 40% plus élevé aux USA qu’en France ne signifie donc nullement que les américains vivent 40% «mieux » que nous. Et on ne parle même pas là de la qualité de vie en termes de « bonheur » ou de « bien-être », mais en termes de consommation matérielle.

De par cette mesure, l’estimation de la « richesse » serait nettement modifiée. Les partisans du capitalisme et du marché y verront là une pétition de principe : forcément, si nous vivions tous à la spartiate, beaucoup de choses deviendraient du gaspillage ! Sauf que cette évaluation de la richesse permettrait de cerner plus précisément où ce niveau de vie décent n’est pas atteint, et où il est largement dépassé. Le « surplus » entre ce que nous consommons et ce dont nous avons besoin pour vivre peut être vu comme une source de satisfaction supplémentaire, mais en diminuant des gaspillages et en réinvestissant nos efforts dans la recherche, d’autres progrès supérieurs que nous ignorons pour l’instant nous seraient disponibles.

Il ne s’agit donc nullement d’être contre le progrès et d’appeler au retour au Moyen-âge, mais de constater que si un très grand nombre d’inventions voient le jour sous le capitalisme, le trait de ce système et du marché est aussi de démultiplier les exemplaires de ces inventions, alors qu’au contraire, en économisant nos ressources (la plus précieuse étant le temps de travail humain), on pourrait allonger la liste de nos découvertes.

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 23:34

Après l'article du 28 Octobre sur les constats de la crise financière, tâchons de voir les réponses proposées par le PCF:


http://www.pcf.fr/IMG/doc/tract_crise_financiere.doc


On peut lire nota
mment ces propositions pour un "pôle public de crédit":

"
 
    Orienter l’argent vers l’économie réelle. Il faut s’attaquer aux profits qui nourrissent la  spéculation pour augmenter les salaires, retraites et allocations, défendre et développer la protection sociale, le logement, les services publics, financer l’éducation, la recherche, les investissements utiles. C’est le seul moyen pour que l’économie reparte.

·        Créer un grand pôle public du crédit. Les privatisations ont livré la quasi totalité de notre système financier aux intérêts privés. Pour financer les investissements utiles, il faut, autour notamment de la Caisse des dépôts et consignations [CDC], créer un pôle public puissant du crédit.

·        Assurer la transparence du système bancaire. L’argent géré par les banques est celui des salariés : il doit être géré de façon limpide. La monnaie et le crédit sont un bien commun, ils doivent être maîtrisés par les citoyens."

 

   On rajoutera, sans commentaires, les propos flous et désespérés sur une « réorientation » de l’Union Européenne, assortie de propos lapidaires selon laquelle celle-ci serait « esclave des marchés financiers » :

 

« Refonder l’Europe. Aujourd’hui, la Banque Centrale Européenne est l’esclave des marchés financiers. Il faut la mettre au service du développement de l’industrie et des services. Non seulement en remettant en cause son « indépendance » et ses missions, mais aussi en menant bataille pour un nouveau traité mettant fin au pacte de stabilité, au dogme de « la concurrence libre et non faussée », et au choix du dumping social et fiscal. »

 

Limites


Je suis pour ma part frappé sur deux points:
 
               -  nous sommes-nous interrogés sur le fait que les banques ont déjà été nationalisées par le passé (en 1945 et 1981), et que des pôles publics de la banque, nous en avons déjà eu? Ce qui est problématique, c'est bien sûr non pas la nationalisation des entreprises financières, mais le fait de croire qu'un tel pôle puisse réorienter l'économie dans une situation où le financement des entreprises est largement sorti des canaux bancaires, par la montée de l'investissement en actions, par l'importance d'autres secteurs tels que l'assurance? Cela peut sembler hérétique à dire dans ces circonstances, mais il ne faut pas diaboliser la finance : pour de nombreuses entreprises, le recours à une finance désintermédiarisées (donc en évitant les banques) a permis un partage des risques et une économie de coûts d’emprunts ;

- ce qui nous amène au second point : lorsque le PCF appelle à une finance publique qui privilégierait l’investissement réel, créateur d’emplois et vecteur d’investissements sociaux, il oublie que des dépenses « financières » en apparence « spéculative » ou sans création d’emploi ou de capital fixe, peuvent en réalité être déterminants pour sauver des emplois. Par exemple, une entreprise qui achète des produits financiers pour couvrir les risques de variations de prix de matières premières, ne crée pas directement des emplois mais sécurise les siens. Ou, par exemple, une entreprise qui décide d’acheter son fournisseur sera dans la même situation. Selon la politique prônée par le PCF, ces entreprises n’auraient pas de bonifications de taux d’intérêts, alors qu’une entreprise qui se risquerait dans un projet mal calculé, et en apparence créateur d’emplois, pourrait bénéficier d’avantages et aboutir à un fiasco.  On contrôle difficilement « l’effet d’aubaine », c’est-à-dire le fait qu’une entreprise touche une subvention pour créer des emplois qu’elle aurait créé de toute façon (il y a donc un gaspillage public).

L’idée de créer un « pôle public » autour de la CDC ne signifie pas non plus la nationalisation des établissements bancaires, ce qui démobilise d’autant plus certains camarades. Ajoutons que pour nationaliser, il faut encore disposer du rapport de force politique pour ne pas avoir à indemniser trop lourdement (voir pas du tout) les anciens propriétaires.


            Mes propres réponses

            Je passe à
mes propres opinions, puisqu’un commentateur me les a demandés. Suivant ce que j’ai dit plus haut, on ne supprimera jamais la finance, tant le commerce de la prise de risques qui la fonde est devenu vital pour les entreprises. Bien sûr, l’achat d’entreprises par d’autres disparaîtra dans une économie d’entreprises socialisées, mais cela est loin de réduire à néant l’activité financière !

 

Je propose simplement le changement de système économique. Utopique, infaisable ? En réalité, ça l’est bien moins que d’espérer que la France obtienne du reste du monde un changement des règles du jeu financier international. Sur mon site, je décris deux systèmes communistes dont aucun ne nécessite une révolution mondiale pour être expérimenté. Je pense surtout à celui-ci :

           

http://www.pourlecommunisme.com/VII%20Un%20programme%20Communiste%20-%20Programme%20alloc.pdf

(Attention, le site est fait pour Internet Explorer)

 

La page qui décrit ce système est longue, très longue. Il était difficile de faire autrement. Je vous propose de prendre le temps de lire cette page, tout en faisant ce petit résumé :

 

-il s’agit d’une économie où coexistent au moins deux types de monnaie : une monnaie en quantité illimitée dont disposent toutes les entreprises (qui est plus une valeur de compte qu’une véritable monnaie, puisque l’un des rôles fondamentaux de la monnaie est d’être une réserve de valeur, ce qui n’est pas le cas ici). Les entreprises échangent entre elles librement. Il existe aussi une autre monnaie, en quantité limitée et à usage unique (reproduite chaque année) que les particuliers utilisent pour payer leurs achats aux entreprises, en l’échange de quoi les entreprises valident des points de production.

La distribution de cette seconde monnaie au particulier est faite en fonction de leur secteur d’activité, de leur métier dans l’entreprise, de la productivité de celle-ci (qui est justement évaluée à l’aide des échanges comptabilisés dans la première monnaie). Vous pouvez voir la formule générale du revenu en milieu de page.

Les prix payés par les particuliers pour leurs consommations sont soit fixés par l’Etat (ce qui ne pose pas les mêmes problèmes que les fixations de prix en économie de marché, ce qui est expliqué dans le texte), soit correspondent aux prix librement demandés par les entreprises, avec un taux de conversion (puisque particulier et entreprises utilisent deux monnaies différentes).

 

-l’économie n’est nullement fermée (cf. l’annexe sur le commerce extérieur, en fin de page).

 

Je regrette le fait que cette page, aujourd’hui, soit encore d’une lecture lourde et longue. Certains points sont à améliorer, comme la présentation du site en général. Sachez en résumé que les buts du système sont :

 

- la maximisation des biens et services à disposition des particuliers et de la collectivité, avec une priorité pour les productions jugées les plus utiles, et un désavantages aux gaspillages (l’automobile par exemple) ;

- l’éradication du chômage, puisque le travail n’est plus une marchandise ;

- le contrôle directe du niveau des inégalités sociales ;

- la possibilité d’assurer une survie minimale à chacun, même en cas (non souhaité bien sûr) de récession.

 

Pour revenir à la finance, ce système ne l’éliminera pas : la question de l’épargne sera très différente (un petit chapitre y est consacré), et la possibilité que des entreprises échangent des produits d’assurance (contre les risque de prix par exemple) existeront toujours. Seulement, quand bien même des constructions financières s’effondreraient brutalement, les conséquences sur la société et la production réelle seraient bien moindres que dans une économie de marché, en raison même de la flexibilité supérieure de l’économie que je propose.

 

Pour me répéter, ce système apparemment « utopique » (qui me semble en réalité praticable en l’espace d’un an) est bien plus abordable qu’un plan mondial que la seule France serait supposée enclencher…

 

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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 23:32

           


Le but de cet article n’est pas de faire une recherche de fond sur les causes de la crise, mais de réagir à certains commentaires et explications qui y ont été donnés.

 

Quelques mises au point sur la crise

 

Chronologie

 

            L’article devant être assez long, on commence par ce résumé sur un blog socialo :

http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article1643

Donc la crise naguère connue sous le nom de crise des subprimes en 2007 (du nom des prêts à hypothèques qui avaient permis à des millions d’américains d’acquérir un logement, avant d’en être chassés), s’est étendue depuis lors, de faillites de banques en faillite de banques, secourues, nationalisées (telle Northern Rock par le gouvernement britannique) ou non (telle Lehman Brothers en Septembre, dont le lâchage fut selon certain un accélérateur de la crise), et est devenue une crise mondiale d’ampleur rare, séculaire même. La tentation de dire n’importe quoi sur ce sujet a suscité quelques précisions sur le blog – fort instructif et très recommandable, bien qu’il ne soit, et c’était prévisible, pas du tout communiste- d’Econoclaste.

 

Les mises au point d’Econoclaste

 

http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2008/10/11/1403-biais-mediatiques-dans-le-traitement-de-la-crise-financiere

            D’abord, depuis le début de cette crise, ou plutôt de son apparition médiatique, la priorité est donnée à l’actualité des marchés financiers. Les dépêches de l’AFP nous tiennent au courant depuis plusieurs semaines des mouvements de hausses et de baisses des places financières, les « plongeons » alternant avec les « envolées ». En oubliant que le principal problème risque d’être non tellement sur les bourses mais sur le marché du crédit. En 1987, une crise financière dont le montant avait été plus grave que celui de 1929 n’avait pas déclenché de récession économique, grâce notamment à une réponse coordonnée des différents états capitalistes. Aujourd’hui la récession est déjà en cours, la question étant de savoir si elle sera limitée ou de grande ampleur.

            La bulle immobilière –qui est à l’origine de cette crise et dont nous reparlerons plus bas- est un phénomène mondial, longtemps occulté par l’appellation de « crise des subprimes » (qui serait donc américaine). Cependant, contrairement aux auteurs d’Econoclaste, j’ai l’impression que cette appellation est passée de mode au profit de « la crise » tout court.

 

La « nationalisation » des banques

 

Une autre mise au point pour ce qui nous concerne, communistes. Nous avons été affectés par l’emploi récurrent du terme « nationalisations » pour parler des prises de contrôle et de capital par l’état (américain notamment) dans des sociétés telles qu’AIG, et pour d’autres établissements par le biais du plan Paulson, prévoyant de réinjecter 700 milliards de dollars dans les institutions financières. Certains d’entre nous se sont opposés à ce que l’on parle de « nationalisations » pour une opération de « socialisation des pertes ». D’autres se réjouissent que le tabou des nationalisations soit mis à mal. Je m’accorde plus avec les premiers qu’avec les seconds. En effet, les centaines de milliards d’euros mobilisés par les états occidentaux (à titre de garantie, donc non automatiquement dépensés, en ce qui concerne les plans européens) sur fond d’endettement, le seront à condition de pouvoir être récupérés par la revente des actifs suite à une ré-hausse des cours. Ce qui signifie que l’Etat US n’interviendrait pas –ou pas dans la même mesure- s’il s’agissait de garder le contrôle de ces sociétés. L’article suivant expose que, par cette revente, il pourrait même y avoir gain pour le trésor public, ce qui contredirait l’idée d’une « socialisation des pertes » (ou perte grave si les actifs sont surévalués à long terme, d’où le rejet dont a fait l’objet le plan Paulson jusqu’à ce que Bush parvienne à le faire avaliser).

http://www.telos-eu.com/fr/article/crise_de_liquidite_ou_de_solvabilite

 

Crise du capitalisme ?

 

   Bien que cela soit très tentant en apparence, il ne me semble pas pertinent de parler de « La crise » du capitalisme. Nous assistons à une crise du capitalisme. Que celui-ci soit arrivé à une crise de structure qui marque la fin de l’ère « néolibérale » comme l’écrit Jacques Sapir dans l’article suivant, c’est une possibilité (quoique discutée, cf. plus bas). Cependant, il ne faut surtout pas oublier que le capitalisme est un système très dynamique et créatif. Il peut surgir d’un pays en ruine (tel que la Russie du milieu des années 90, après la destruction de son économie planifiée), et mobiliser des ressources énormes pour son sauvetage.

Surtout, c’est une critique très précaire que de proclamer la défaite du capitalisme lors d’une crise soudaine –même si elle avait eu de nombreux prédicteurs-. Le capitalisme et l’économie de marché (qui ne se confondent pas) doivent faire l’objet d’une critique de fond, qui doit rester valable aussi bien lorsque l’on a 3% de croissance que lorsque l’on est à 3% de récession. Certains d’entre nous, communistes, passent leur temps à expliquer que le capitalisme mène à la paupérisation du salariat et à la récession. Personnellement, et c’est qui fait mon côté non marxiste, je n’y crois pas. Non pas que je nie la récession du pouvoir d’achat d’un grand nombre de français, quoiqu’il faille distinguer le pouvoir d’achat immobilisé par des dépenses fixes –logement, électricité-gaz, éducation, etc…- et les dépenses variables, et qu’il ne faille pas oublier qu’il y a encore un nombre non négligeable de français dont le pouvoir d’achat ne régresse pas, sans quoi nous serions en récession depuis longtemps, alors que ce n’était pas encore le cas l’an dernier. Cependant on ne peut nier non plus que des millions de gens ont vu leurs revenus s’accroître sur le long terme, par exemple pendant la fin des années 90 ou le début des années 2000.

Le capitalisme doit être critiqué sur le fond : il s’agit d’un système d’exploitation, de gaspillages, d’inégalités injustifiables, avec des pertes chroniques non seulement en ressources mais aussi en vies humaines (cf. le site noir du capitalisme sur mon site). Cela reste vrai en récession comme en temps de croissance. Si dans un an la crise est épongée, que restera-t-il des discours de ceux qui nous annoncent aujourd’hui la fin du capitalisme ? (Rien, et ils s’en foutront, vu qu’ils ont peu de mémoire)

 

Voyons l’analyse que fait Jacques Sapir du déroulement et des causes de cette crise (article publié sur le site de Danielle Bleitrach) :

http://socio13.wordpress.com/2008/09/22/sept-jours-qui-ebranlerent-la-finance-par-jacques-sapir1/

            Selon Sapir, la faiblesse (et même la récession) des salaires aux USA a poussé les américains a s’endetter pour maintenir leur niveau de vie, acquérir des biens immobiliers, en même temps que l’épargne atteignait un niveau historiquement bas. Ce résultat, issu d’une tendance de long terme vers la pression sur les salaires, est responsable de la bulle immobilière, aboutissant à l’effondrement (puis à la nationalisation) de Freddie Mac et Fannie Mae, établissement qui avaient à leur compte plusieurs milliers de milliards de dollars de crédit immobiliers, dont  beaucoup de créances douteuses.

 

Les réponses des libéraux

 

Si vous lisez les commentaires dans la page que je viens de vous indiquer, notamment les échanges entre Jacques Sapir et un( e) blogueur(/se) capitaliste, vous verrez que l’analyse de Sapir est encore à valider. A Sapir qui dit que le gonflement des emprunts est dû à la stagnation et même régression des salaires, le blogueur répond qu’il n’en est rien, que les faits ne vérifient pas cela puisque le patrimoine des ménages américains a tout de même fortement progressé depuis le début des années 2000. Ce à quoi Sapir rétorque que cette évaluation est gonflée en même temps que les prix immobiliers, qui vont être de façon imminente poussés à une décrue rapide (on constate déjà ici :

 

 http://mjperry.blogspot.com/2008/09/us-household-net-worth-up-by-43-since.html

 

une baisse du patrimoine des ménages entre 2007 et 2008 –regardez tout à droite du graphique-). Ceci dit, les affirmations de Sapir restent donc à valider dans un avenir proche.

 

A gauche, nous avons eu trop rapidement tendance à croire que cette crise sonnait une défaite sans appel des "libéraux". Voilà pourtant ce qu'ils répondent:


         -en réalité, la crise immobilière n'est pas due au marché privé du logement, mais à des règlementations des localités américaines (ou plutôt certaines d'entre elles, mais nombreuses) qui ont poussé à une hausse des prix, donc à une hausse des emprunts. Cette analyse est partagée par le récent prix de la Banque de Suède (dit Nobel d'économie), Paul Krugman;

 

          - c'est le gouvernement américain qui a créé la crise des subprimes en forçant les banques à accorder des crédits aux plus pauvres, en dépit des règles de prudence, sanctions à l'appui contre les banques récalcitrantes;


          - c'est un oligopole de banques adossées à l'Etat, Fannie Mae et Freddie Mac, qui ont récupéré ces créances douteuses, avec la confiance du soutien étatique, jusqu'à ce que ces établissements fassent faillite ;

 

 - et un autre fait : la FED serait responsable à la fois de la baisse de l’épargne et du gonflement artificiel du crédit, par ses taux d’intérêts très bas au début des années 2000.

En conséquence de quoi, cette crise ne serait pas celle du "libéralisme", mais de l'intervention étatique dans l'économie de marché.

Réponses aux réponses

 

On peut répondre à cela sur plusieurs points, surtout lorsque l’on est communiste.

Sur la question du crédit immobilier, les « libéraux » accusent l’état américain d’interventionnisme, en obligeant les établissements de crédit à des prêts douteux. Il ne s’agit pas là d’une façon « socialiste » de régler le problème du logement, mais au contraire fortement socio-centriste. Un véritable projet socialiste aurait consisté en la construction publique de logements pour des loyers modérés, la socialisation de fait donc d’une partie de la construction résidentielle aux USA (qui aurait donc vécu des commandes étatiques), l’administration des prix (ce qui est déjà moins socialiste puisqu’on ne toucherait pas à la propriété privée), ou encore l’achat collectif de logements. Ce dernier projet, auquel il faudra que je consacre un article, signifie que l’achat de logements dans les grandes villes ne se ferait plus individuellement (ou avec une lourde taxation) mais par des collectifs dont le but principal serait de loger tous leurs adhérents avant même de loger les demandeurs solvables.

Les conséquences de ces politiques auraient leur côté néfaste : réduction de l’offre de logements dans le cas de prix administrés, risques de lenteurs et de pertes dans le cas de construction publique (sans évoquer le coût fiscal, mais les USA ont montré avec la guerre d’Irak qu’ils étaient tout à fait capables de dépenses abyssales), et reflux de la demande de logements pour les classes aisées dans le cas d’achats en mode collectif. Cependant, dans tous ces cas, le recours au crédit pour le logement aurait été nettement plus limité pour des millions d’américains. Les réglementations et les lois de zonage qui ont poussé à la hausse des prix ont déclenché la bulle immobilière justement parce que l’état américain restait dans le cas d’une politique « sociale-libérale » visant à intervenir, « mais pas trop » dans le marché.

 

Pour ce qui est de la démocratie ensuite : des « libéraux » écrivent que, dans une société « authentiquement libérale », les municipalités n’auraient pas le droit de réglementer la construction résidentielle pour renchérir l’acquisition de logements par les nouveaux arrivants. Or le pouvoir de législation foncière est justement l’un des principaux attributs d’une commune, d’une collectivité locale en général. Tant que les USA seront une démocratie, il y aura toujours une pression d’une partie de la population pour obtenir les règlements qui les arrangent, ou le soutien financier de l’état (d’où des lois pour faciliter le crédit à une fraction de la population). Toute démocratie crée un pouvoir de la collectivité qui va chercher à s’exercer ou à être exercé, même si c’est une minorité active de la population qui s’en empare. On arrive à une contradiction inhérente au libéralisme : la démocratie limite fondamentalement le pouvoir du marché. La société « authentiquement libérale » n’existera jamais, à moins qu’il ne s’agisse du régime de Pinochet ou des cités-états du genre de Singapour, avec un parti qui se maintient perpétuellement au pouvoir… D’ailleurs les plus radicaux des libéraux ne s’y trompent pas et se déclarent antidémocrates. Il ne s’agit pas là d’une condamnation, le principe du pouvoir de la majorité souffre bien des critiques, mais d’un éclaircissement nécessaire.

 

Ce qui, au final, est fabuleux avec le « libéralisme », c’est que justement une bulle immobilière, quand bien même serait-elle due à une mauvaise législation, mais dans un seul pays (furent-ils les USA), ou plutôt certains états de ce pays (la Californie a été plus touchée que le Texas, moins réglementé), puisse dégénérer en crise mondiale. Certes, comme le précise Econoclaste (cf. plus haut) la bulle immobilière n’est pas qu’américaine. Et ne doutons pas qu’il y aura des « libéraux » pour nous expliquer que la bulle est partout due aux excès d’interventionnisme étatique et de réglementations à travers le monde développé (les pauvres, seuls contre tous…). Cependant, la question de l’endettement privé (des ménages surtout lorsqu’il s’agit du résidentiel) n’a pas la même gravité dans certains pays tels que la France ou l’Italie (pays « étatistes », non ?), plus relativement l’Allemagne, alors qu’en Espagne et au Royaume Uni la dette privée (entreprises non financières comme ménages) est très élevée. Vous pouvez voir ces chiffres dans le deuxième tableau de l’article de Sapir, ou dans l’article de François Asselineau, pour l’Union Populaire Républicaine :

http://www.u-p-r.org/ab/index.php?page=article&id=71

 

Réponses d’économistes « classiques »

 

Les libéraux les plus raides refusent que les Etats interviennent pour garantir les dépôts bancaires, ce qui est bien sûr trop interventionniste à leurs yeux, et revient à empêcher les coupables d’être sanctionnés. Position morale bien sympathique, hormis le fait que la faillite des banques créerait une crise sans fond pour le reste des économies mondiales. On est une fois de plus dans le trip « libéral » comme quoi les actes des uns n’engagent qu’eux-mêmes, et que c’est toujours un monstrueux totalitarisme que de voir la collectivité intervenir dans des affaires privées. Dans la réalité, rares sont, dans une société, les actes individuels qui n’engagent pas d’autres personnes, et souvent d’autres personnes avec lesquelles on n’a pas passé contrat, et qui ne sont pas même au courant qu’elles sont concernées !

Sur les site d’économistes « de renom », on en voit peu qui défendraient l’idée d’une non-intervention absolue des états. Cependant, comme l’a fait Econoclaste, ils précisent bien que le problème ne se réduit pas à « réglementer » les marchés financiers. Ceux-ci sont déjà très réglementés, et le volume de cette législation, en pages, n’a fait que croître dans les dernières années. Ce qui n’est absolument pas contradictoire avec la « libéralisation » : c’est justement parce qu’il y a plus d’activité privée, de concurrence et de marché qu’il y a plus de règles, quand des monopoles publics en exigeaient peu !

Pour en venir aux faits, les économistes standards demandent souvent une meilleure régulation, par un accroissement du pouvoir actionnarial, par une rémunération des traders et agents financiers sur les profits nets de chargement en fin d’exercice et non en marge brute, une information plus fiable sur les prix des actifs risqués (voir même par des acteurs publics…on tremble devant tant de bolchevisme…). La « fair value » ou valeur juste, comme méthode d’estimation des valeur des actifs se basant sur les prix de marché, est remise en cause en ce qui concerne les fonds propres des entreprises. Des « changements de politique » sont exigés en contrepartie des garanties de dépôts par les états. Pour ceux qui veulent en voir plus :

 

http://www.telos-eu.com/fr/article/crise_financiere_quel_remede_docteur

http://www.telos-eu.com/fr/article/crise_financiere_quel_remede_docteur?q=node/1250

 

La réponse « européenne »

On n’a pas échappé à l’inévitable discours réclamant un gouvernement économique européen, donc plus encore de supranationalisme, discours basé sur le fait que chaque réponse nationale à la crise serait non seulement insuffisante (certaines banques ne peuvent pas être sauvées au niveau d’une nation européenne, et moins encore lorsque plusieurs banques doivent être sauvées par un petit état, cf. l’Islande). Ce discours s’est heurté au fait que la coordination des états européens s’est finalement, après la vanité du sommet à quatre états de Sarkozy puis les retournements allemands, faite au cours de la réunion de l’Eurogroupe du 11 Octobre. Or l’Eurogroupe est une structure informelle, faite pour précéder le conseil des ministres des finances, et sans capacité décisionnelle. C’est là cependant que les principales décisions mobilisant plus de 1.400 milliards d’euros de garanties et 300 milliards d’euros d’injection de capital dans les banques ont été prises, et ce en suivant le plan d’un pays observateur, le Royaume-Uni.

Voir ci-dessous un article qui en dit un peu plus sur le plan britannique et la coordination des états, qui inclut ceux du G7 (qui ne sont donc pas tous membres de l’Union Européenne, et agissent sans autorité supranationale !) :

 

http://www.telos-eu.com/fr/article/crise_financiere_quel_remede_docteur?q=node/1257

 

Voir aussi le débat Asselineau-Baverez sur le site de l’UPR, ou encore l’article suivant d’Edgar :

http://www.lalettrevolee.net/article-24034089.html


Demain, les réponses communistes vis-à-vis de la crise...

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