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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 18:45

Cet article fait la suite du précédent article consacré à l'impérialisme, et notamment de son annexe centrée sur le colonialisme occidental . C'est donc ici la notion d'Occident qui sera discutée.

 

            Y a-t-il une civilisation occidentale ?

    

On pourrait, comme le font certains, nier l’existence d’une civilisation occidentale. Dire, par exemple, que la France est davantage liée, par son histoire, à une partie de l’Afrique qu’à d’autres pays d’Europe, ou même aux USA ou à l’essentiel de l’Amérique latine. Mais c’est confondre des liens historiques avec une civilisation. Ce qui est sûr, c’est que l’existence d’une civilisation occidentale ne signifie nullement que les pays qui la composent doivent former une union politique ou même être solidaires entre eux, ou ne chercher leurs alliances qu’entre eux (François Ier ne s’allia-t-il pas avec Soliman le Magnifique contre Charles Quint ? La France devenait-elle alors plus ottomane qu’européenne ?).

 

Une civilisation, ce sont des langues, une vision du monde le plus souvent soutenue par une religion (mais sans que ce soit systématique, le bouddhisme n’étant pas une religion dans le même sens qu’on l’entend pour le christianisme, l’importance de la croyance et de la théologie n’était pas le même dans les polythéismes grec et romain que dans les religions monothéistes). S’y ajoute aussi une organisation sociale, certains modes de production, la considération donnée au travail dans la vie en général, l’importance de l’Etat et son organisation (il n’y a, de fait, et ce n’est pas un hasard, aucune civilisation un tant soit peu développée qui n’ait pas du tout de structure étatique, même au niveau d’une ville), l’organisation familiale, le rapport aux biens et aux êtres vivants – et donc la notion de propriété.

 

Malgré sa grande diversité interne, il existe une civilisation occidentale, sur les continents européen (jusqu’à Vladivostok), australien et américain (nord et sud, il n’y a aucune raison d’exclure l’Amérique latine de l’Occident – Chavez et Castro sont donc des occidentaux, que ça leur plaise ou non). Elle se base sur la prégnance de la religion chrétienne (ou de son héritage pour les pays les moins croyants), sur des langues indo-européennes (avec quelques minorités, basque, magyare, finnoise et baltes en Europe, ou ce qu’il reste des langues amérindiennes et aborigènes sur les autres continents). Elle a donné naissance aux formes les plus sophistiquées de l’Etat, qu’il soit centralisé ou fédéral. Elle a accouché d’une civilisation industrielle, par le marché ou la planification centrale (et souvent un mélange des deux). Le travail n’y a pas toujours été une valeur en soi, rejeté par les anciennes aristocraties, mais devenu une activité essentielle avec les révolutions industrielles, et centrale au point de devenir une mesure de la valeur de l’individu (ne pas travailler, ce n’est pas seulement avoir de grandes chances d’être pauvre, mais aussi de se désocialiser). La productivité est valorisée, le refus de la perte de temps est un réflexe généralisé – à défaut d’être systématique. L’idée de la propriété privée des sols, des biens, d’animaux est acceptée par la plupart des gens, même si un périmètre de propriété étatique ou collective l’est aussi (si le capitalisme est occidental, le communisme non primitif l’est aussi). Ce qui s’accompagne d’une vision de la société où l’individu est le sujet, avant le clan, la famille au sens large, multigénérationnelle, la tribu ou le village (même si l’esprit de clan n’a jamais disparu, et perdure plus ou moins selon les pays et régions). Aussi la famille a tendu, dès que les personnes devinrent plus mobiles en entrant dans l’âge industriel, à se resserrer autour du père de famille, l’individu central d’une société patriarcale, son épouse, et les personnes à charge dont ils ne voulaient pas déléguer la gestion à autrui, c’est-à-dire les enfants. L’idée de l’individu comme sujet de base a aussi inspiré l’idée du droit individuel, et son extension à toute la population. Aussi, après avoir reconnu des droits formels au citoyen, d’abord ceux d’une certaine classe puis tous les hommes, vint l’abolition de l’esclavage, puis l’extension de ces droits aux femmes, et la reconnaissance de droits à l’enfant.

 

Voilà les traits culturels, historiques et idéologiques qui peuvent définir l’Occident. Individuellement, beaucoup de ces traits ne sont en rien un monopole occidental. La famille chinoise, coréenne ou japonaise n’est pas si différente du modèle occidental, de nos jours. Mais c’est la conjonction de tous ces traits qui font l’Occident.

 

Toutes les civilisations se valent-elles?

 

Abordons le côté le plus polémique de cet article : les civilisations sont-elles égales entre-elles ? Ma réponse est non. Et je fais remarquer que l’idée d’une « égalité des civilisations » est déjà un parti-pris idéologique et civilisationnel : dans la civilisation occidentale telle que je viens de la décrire, c’est l’individu qui a des droits, et ce sont les individus qui ont les mêmes droits à la base. Ce ne sont pas les tribus, les nations, les cultures ou les civilisations qui en ont. Si les individus sont égaux, les cultures et les civilisations ne le sont pas. Il y a mille ans, la civilisation franque était sans nul doute inférieure aux civilisations islamiques ou chinoise. Au XVIIIème siècle, sur le plan économique et technique, la France était en retard sur le Royaume-Uni. A l’avenir, il se peut que la civilisation des continents européen et américains soit à nouveau dépassée par celle d’autre continents. Mais pourquoi cette inégalité ? Pour des raisons strictement objectives : ce sont les pays occidentaux qui ont fait le plus progresser la durée de la vie (chose la plus importante à mes yeux), qui ont poussé le plus loin la recherche scientifique (alors que l’Europe était dans un flagrant retard jusqu’à la Renaissance) et ses applications concrètes. Les nations occidentales sont celles qui ont le plus tôt mis une fin durable aux famines (avec les exceptions soviétiques ou dues aux guerres mondiales au XXème siècle). Après avoir longtemps pratiqué l’esclavage (comme le monde islamique), les états occidentaux l’ont fait abolir. Ils ont généralement mis en place des systèmes de solidarité adossés à l’Etat (Sécurité Sociale en France) qui couvrent la plus grande partie de la population (et qui sont loin d’être abolis par la « vague néolibérale », n’en déplaise aux gauchistes).

 

Mais l’autre grande force de cette civilisation occidentale, et qui balaie rapidement les objections selon lesquelles les critères que j’emploie seraient « purement matérialistes », et donc ne seraient valables que d’un point de vue occidental, c’est que justement, cette civilisation occidentale peut répandre ses atouts et en faire profiter les autres, même sans les envahir. Des pays qui n’ont jamais été des colonies européennes (le Japon), ou qui, après avoir été sous influence occidentale, lui ont tourné le dos pour un système fermé (la Chine maoïste), ont finalement décidé, non pas de copier tous les traits de la civilisation occidentale et de substituer celle-ci à leur civilisation propre, mais de prendre ce qui les intéressait le plus dans l’Occident. Ainsi le Japon est devenu une puissance industrielle depuis l’ère Meiji entamée en 1868, la Chine a-t-elle entamé son décollage depuis les années 80. Sur plusieurs aspects –urbains, économiques, techniques, familiaux- ces pays réduisent leur distance avec l’Occident, sans pour autant renoncer à leurs langues ou croyances. A l’inverse, jamais les civilisations chinoise, japonaise ou islamiques n’ont réussi à convertir des territoires aussi vastes à des traits essentiels de leur mode de vie, en dehors de la conquête. Il y a bien sûr des nuances pour l’Islam, qui avait réussi à s’étendre vers des contrées autrement que par la force (vers la Malaise et l’archipel indonésien, ou vers l’Afrique noire), mais même aux siècles médiévaux où l’écart culturel était fortement en faveur du monde musulman par rapport à l’Europe chrétienne, jamais l’Europe ne s’est vraiment transformée pour imiter ses voisins du Sud et de l’Est.

 

Doit-on condamner l'Occident?

 

C’est en ce sens que les discours anti-occidentaux me lassent profondément. Non, l’Occident n’est pas responsable de la pauvreté d’autres parties du monde. Oui, j’ose le dire, même en tenant compte des dettes du Tiers-Monde, de la Françafrique, des œuvres du FMI… Je note juste plusieurs choses dont les « alters » ne parlent jamais : aucun pays pauvre ne s’est sorti de la misère en rompant avec l’Occident, en refusant la mondialisation, les échanges, les investissements étrangers. Un grand pays, l’Inde, en a fait l’amère expérience, en se maintenant pendant plus de trente ans dans une économie fermée et bureaucratique, avant de réaliser que cette « protection » face à l’influence étrangère l’avait fait stagner dans sa pauvreté. On peut tout à fait contester le principe des dettes publiques des pays pauvres, des intérêts surtout (je l’avais fait d’ailleurs pour la France), ou dénoncer certains aspects des plans d’ajustements structurels (mais il me semble démagogique de les refuser en bloc, puisque certains états, dont la Côte d’Ivoire qui fait parler d’elle, ont réellement géré n’importe comment leurs ressources fiscales). Mais même dans le cas africain, ces faits n’expliquent pas tout : sinon, comment expliquer que l’Afrique ait connu une réelle et forte croissance depuis dix ans (voir par exemple ces graphiques, à partir de l'an 2000, pour le Nigeria, l'Afrique du Sud, la Tanzanie , le Kenya, le Ghana, le Cameroun ou le Senegal), alors que les dettes publiques n’ont pas été entièrement absoutes, et que n’ont cessé ni la Françafrique ni le « pillage occidental des matières premières » (expression fourre-tout et utilisant abusivement le terme « pillage » : quand un pays occidental achète du pétrole à un état africain, ou qu’une de ses compagnies paie un droit d’exploitation pour une ressource qu’un pays n’a de toute façon pas les moyens d’extraire seul, je ne vois pas où est le pillage). Le fait que cette croissance n’ait pas toujours eu lieu et qu’elle soit devenue durable montre qu’il y avait bien des entraves propres au continent africain et que les remèdes ne se trouvaient pas dans des dénonciations sans fin de l’homme blanc.

 

On peut aussi passer sur les récriminations contre la civilisation occidentale qui « détruit la planète », alors que ce sont justement les gains de productivité de cette société industrielle occidentale qui permettront de concilier à la fois le droit à un minimum de confort pour tous et l’économie de ressources naturelles. Alors que les pays occidentaux ont déjà décéléré (voir fait stagner) leur consommation énergétique, c’est justement grâce à son haut niveau de productivité, d'inspiration occidentale, qu’un pays comme le Japon peut secourir ses habitants victimes des caprices de notre bien-aimée Gaïa.

 

Le yéti du Choc des Civilisations

 

Le fait de parler d’inégalités de civilisation ne doit en aucun cas être vu comme une incitation à des guerres de conquêtes ou d’oppressions : si l’on reconnaît que les individus ont des droits égaux, alors tuer ou violenter pour imposer une civilisation devient inadmissible (même si, comme la première partie de l’article l’expliquait, les affrontements – violents ou non- entre états seront toujours inévitables, mais ça n’est en rien propre à l’Occident). D’autant qu’une civilisation peut s’étendre par simple persuasion (et nous avons vu que la civilisation occidentale sait le faire). Parler d’inégalité de civilisation ne signifie même pas qu’il faille vouloir l’affrontement entre les civilisations. De toute façon, invoquer la théorie du « Choc des civilisations » me semble plus être une tarte à la crème de la critique des USA qu’une véritable analyse de l’action des pays occidentaux : quand l’OTAN soutient des rebelles libyens ou que Sarkozy soutient le musulman Ouattara contre le chrétien Gbagbo, où est le « choc des civilisations » ?

 

Conclusion: l'Occident en héritage

 

En conclusion de cet article, je dirai juste que la civilisation occidentale est un héritage et une œuvre dont l’ensemble de l’humanité doit se réjouir. Ceux qui vivent en Occident n’ont pas de raison d’en être fiers, puisque la plupart du temps ils n’ont que le mérite d’y être né (c’est mon cas). Mais, plutôt que de l’accabler de reproches le plus souvent déplacés et infondés, cette civilisation doit être une source d’inspiration et d’approfondissements, pour les occidentaux comme les non-occidentaux. Et la réciproque peut exister aussi, même si, pour couper à la démagogie, j’estime que la civilisation occidentale actuelle transmet davantage de savoirs aux autres civilisations que l’inverse. Et ce sera peut-être le contraire dans les siècles futurs.

 

Je termine en disant, pour ceux qui s’étonneraient de trouver un tel article sur un blog communiste, qu’il est temps que les « camarades » qui font la confusion absurde entre le combat du capitalisme contre communisme et le « combat » de l’Occident contre le reste du monde reviennent à la raison, s’ils le peuvent encore. Pour développer le socialisme, il faut une société industrielle. Beaucoup de nations du Tiers-Monde en sont incapables. Un pays comme Cuba peut construire des hôpitaux et des écoles, mais plus difficilement échapper à la pauvreté, dont les pressions américaines ne sont qu’une des causes. Le mieux que l’on puisse leur souhaiter est le développement de cette société, fut-ce par la mondialisation capitaliste, pour ensuite affronter le capitalisme au sein de chaque pays, et pas affronter « l’Occident ».

 

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commentaires

T
Je fais un petit coucou, 5 ans après ...
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D
Et bien j'espère que ces 5 années ont été heureuses pour vous. Meilleurs voeux pour les prochaines !
T
<br /> <br /> Certains pays qui ont été férocement colonisés par le Japon, s'en sortent relativement bien, je pense aux "dragons asiatiques", d'autres peu ou pas colonisés, comme le Libéria ou l'Ethyopie, sont<br /> dans des états calamiteux !<br /> <br /> <br /> La colonisation a eu des conséquences terribles pour les populations autochtones, mais, depuis, de l'eau a suffisamment coulé sous les ponts pour ne pas tout mettre sur le dos de l'Occident !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> oulala, quel gloubiboulga, que fait donc ce lien pour ce site sur un site sérieux comme Réveil Communiste ?<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Pourriez-vous préciser un tant soit peu votre pensée?<br /> <br /> <br /> Je vous préviens de suite: vous n'aurez pas de réponse avant deux semaines.<br /> <br /> <br /> <br />