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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 16:53

 Phobiques des articles longs, fuyez !

 

                Aujourd'hui, je me décide à publier sur mon blog un projet qui me tenait à cœur depuis l’hiver dernier, et qui s’insérait spécialement dans les luttes. Ces fameuses luttes, les luttes du monde du travail comme on a l’habitude de dire, la raison d’être du mouvement ouvrier et communiste. Ces luttes dans les entreprises, dans lesquelles les communistes doivent revenir et s’impliquer, comme je l’ai fréquemment entendu aux réunions, locales ou nationales, dans les congrès, sur le Net…

 

Mon problème est que je fais partie des millions de travailleurs et de citoyens qui vivent hors du champ de l’action. Pas hors de la lutte des classes, non. Mais hors du champ où les salariés peuvent s’organiser pour résister à des licenciements, à une réforme, à l’exploitation. Pendant le mouvement contre la réforme Woerth-Fillon, des citoyens ont rejoint les piquets de grève et les blocages de raffineries, de dépôts d’essence, pendant que les caisses de grève se mettaient en place et que des partis organisaient des caisses de solidarité. Simple effet d’annonce, penseront ceux qui considèrent que les syndicats ne sont faits que pour canaliser la contestation – point de vue à prendre en compte, pour ne pas dire plus. Organiser une chaine de solidarité lors d’un grand mouvement national, ça ne change pas forcément la donne, ça permet de dire que l’on s’est bougé, un peu, beaucoup… Et au final ça laisse à nombre de gens l’impression que ni la syndicalisation, ni l’inscription à un parti politique comme le PCF (mais ça vaut aussi pour le NPA, le PG, LO…) ne sont utiles.

 

                Dans le courant de l’hiver 2009-2010, je me suis décidé à proposer aux JC de ma fédération, et en premier lieu ceux de mon union de ville du Nord des Hauts-de-Seine, un projet de caisse de solidarité permanente envers les luttes. A l’époque, j’avais principalement en tête le cas des Continental, auxquels on aurait pu verser un soutien pour leurs démêlés judiciaires, ou encore les Molex, qui reçurent des dons (désolé pour le terme un peu « caritatif », mais dans les faits c’est cela) de toute la France en 2009. Il s’agissait pour moi de redonner un sens profond au fait d’être communiste et militant, de consacrer du temps hors de chez soi, à aborder la foule, distribuer des tracts, faire des quêtes (re-désolé pour le terme…), ou des « activités financières » (dans le jargon militant, ça ne désigne pas les affreux en costards-cravates qui fréquentent la City, mais tout ce qui peut amener des fonds au mouvement). Et ce sens, c’est justement d’avoir, collectivement, un pouvoir d’action sur la réalité.

 

                Le but de ce long article va être de présenter le contenu de ce projet, et son histoire au cours de l’année 2010, relativement entrecoupée par d’autres actualités. Dans cet article, je publie plusieurs textes dont un qui est une présentation personnelle faite aux camarades (texte qui m’appartient et n’engage que moi), deux articles soumis à la fédération des Jeunes Communistes des Hauts-de-Seine dans le but exprès d’être diffusés au plus grand nombre, et un troisième qui n’a pas encore été validé, et dont je ne prétends nullement qu’il représente l’opinion fédérale. Cet article doit servir à faire connaître ce projet, attirer sur lui observations, contacts, critiques…bref tout ce qui peut aider à le construire.

 

                Le principe du projet aurait été de créer un organe permanent qui récolte des fonds, s’informe sur les luttes en cours, et permet à tout donateur de s’exprimer (par exemple sur un forum) et de voter pour choisir l’affectation des fonds. S’informer, récolter, délibérer. Dans l’absolu, une sorte d’assurance embryonnaire contre le risque de devoir lutter pour ses droits – car on passe rarement à la grève par plaisir – en sachant qu’on aura une chance d’être aidé rapidement, même quand le conflit est trop rapide pour qu’une caisse de grève se monte. Vous allez me dire, la solidarité financière, chaque section du Parti la pratique régulièrement. Mais il s’agit là d’un projet national, disposant de ressources plus élevées, et immédiatement disponibles pour un conflit au surgissement tout aussi immédiat. Des caisses de grève, des syndicats en ont aussi, tels que la CFDT par exemple. Sauf que les syndicats 1) ne consultent pas régulièrement leurs adhérents sur l’usage à faire de ces caisses, alors que dans le projet qui m’anime, la discussion et une démocratie à délibération rapide entre tous les contributeurs est un axe central ; et 2) les syndicats ne touchent pas tout le monde, loin de là, très loin de là même dans une France qui ne compte que 8% (ou encore moins, mon chiffre date…) de syndiqués.

 

                J’ai commencé à parler de ce projet à mes camarades de l’Union de Ville Nord du 92 dès le début de 2010. Rapidement, le principe leur a paru intéressant, même si des interrogations demeurent sur des points cruciaux. Comme par exemple, le fait que cet organe de solidarité permanente soit interne au Mouvement des Jeunes Communistes de France, ou ouvert à des personnes extérieures ; si les votes sur l’affectation des fonds devaient être réservés aux seuls JC ou à tous les donateurs. Mon idée originale portait sur la seconde option, mais mes camarades m’ont conseillé de réserver le projet au périmètre JC, pour qu’on ne perde pas le contrôle d’un projet qui, bien mené, pourrait rapidement convier beaucoup de monde, ne serait-ce que parmi les militants de gauche.

 

                Afin d’expliquer plus en détail le projet, je leur ai fait la présentation suivante à mon union de ville, via un Power Point, dont le texte était le suivant :



 

Projet de soutien matériel et permanent aux luttes

Une mécanique à mettre en route

 

Il s’agit de reconnecter le militantisme JC aux luttes réelles dans le monde du travail, aux luttes de classes.

Et de faire repartir le mouvement qui a perdu des militants récemment, en gagnant contacts, sympathisants et si possible adhérents.

Il s’agit d’organiser un soutien permanent et régulier des JC aux mouvements de luttes (grèves, occupations d’usines, batailles juridiques…) dans les entreprises.

Ce soutien peut être financier (versements de dons réguliers ou ponctuels), ou matériel (diffusion de tracts de soutien, d’articles etc…).

Ce projet se décompose en trois activités, plus l’activité de médiatisation de ces activités:

                1ère activité: (s’)informer, prendre contact

                2ème activité: se concerter, échanger, décider

                3ème activité : réunir des moyens, soutenir

…et se faire connaître, appeler à la participation.



 

Première activité : informer et contacter



 

La première activité consiste à prendre des infos sur les  luttes :

                               - dans la presse militante, dont l’Huma;

                               - dans la presse (Net compris) en général;

                               - par le biais des blogs / sites militants et syndicaux.

 

Les objectifs sont :

                    

                - informer les camarades, en publiant sur le blog JC92;

                - obtenir des informations pertinentes :  ne pas se contenter d’un alignement de titres, d’articles et de brèves sur les mouvements sociaux, avoir des infos qui changent réellement nos connaissances sur les actions possibles :

                         Par exemple, remarquer les reprises d’usines comme à Dreux  chez Philips…

                         … ou comment les divisions syndicales font échouer une lutte…

                       …ou se demander quel rapport à l’action violente (ou qualifiée comme telle par les médias) adopter: ce que l’on risque après une séquestration, un affrontement avec la police, une occupation illégale…

 

- prendre contact avec les luttes :

                          Si possible avec les salariés s’ils s’organisent par eux-mêmes et publient leur actualité via un blog (cas des salariés de Continental Rambouillet en 2009);

                           soit par les unions locales syndicales, lorsqu’elles existent;

                           soit par les sections PC et JC les plus proches.

 

                - faire des propositions:

                          de soutien par l’information: diffuser des articles sur nos blogs JC;

                        de soutien financier : demander quels sont les besoins:                              

         

           - y a-t-il des besoins de fonds à titre alimentaire (pour aider les salariés en grève à tenir le coup);

                         - à titre juridique (frais d’avocats, d’expertise pour faire des contre-propositions aux attaques patronales);

                          - pour du matériel spécifique à la lutte (tentes, banderoles, tracts).

Proposer un soutien ne signifie pas l’accorder aussitôt: ce sera l’étape de la discussion, l’étape suivante.

               

                De quels moyens humains a-t-on besoin pour cette première activité?

                Une ou deux personnes pourraient s’occuper régulièrement (c’est-à-dire au moins une fois par semaine, une demi-journée ou journée) de cette activité. Cette tâche pourra ensuite être partagée entre plusieurs personnes si le projet rencontre du succès. D’autant que ces actions peuvent aussi être faites par des militants hors du 92.

  

 

Seconde activité : échanger et décider



 

Pour faire du soutien financier, nous ne sommes ni les seuls, ni les premiers. Ce rôle est déjà largement celui des syndicats, et les sections du PCF le font aussi ponctuellement.

La particularité du projet est de faire régulièrement ce soutien.
Or chaque opération de soutien doit donner lieu à un débat.

        En effet, nous avons des moyens limités, mais nous devons aussi éviter de soutenir tout et n’importe quoi.

Le principe de ce projet de soutien serait donc d’avoir un outil pour délibérer rapidement.

L’instrument le plus approprié semble être un forum de discussion.

            

            Un forum se composerait de plusieurs sections:

                               - une section d’information : pour publier les articles décrivant les mouvements en cours, et les prises de contacts;

                               - une section de discussion sur les propositions de soutien et leur pertinence;

                               - une section de délibération.

Ce forum pourrait être l’occasion de pratiquer une sorte de démocratie virtuelle rapide, fiable, efficace.

Exemple : nous avons pris contact avec les salariés de l’entreprise X. Une proposition de versement de 1000 euros a été faite sur le forum et passera au vote.

 

Comment voter ?

Plusieurs méthodes envisageables:

             - soit le vote n’est pas secret, et la méthode est très simple : chaque votant donne son choix jusqu’à l’échéance du vote;

                - soit le vote est secret, et on peut procéder par messages privés (mais le risque de manipulation des votes est toujours possible). Soit chaque votant a un identifiant connu de lui seul et des administrateurs.

Soit encore, chaque votant a un identifiant connu de lui seul et des administrateurs. A la fin de chaque vote, les administrateurs publient la liste des identifiants et de leurs votes, permettant à chacun de vérifier que son vote a été correctement pris en compte, et que le nombre de votants est bien égal ou inférieur au nombre d’inscrits.

 

Qui seraient donc les votants ?

      Le principe même du projet serait que tous les cotisants seraient votants. Par « cotisants », on entend ceux :

                         - qui ont versé directement à la trésorerie du projet de soutien (dont il sera question par la suite);

                         - qui ont versé des dons/ souscriptions à la JC (section, fédération….)

                         - et, d’office, tous les cotisants JC.

 

Qui seraient donc les intervenants?

           A priori, n’importe qui peut venir fournir des informations et débattre, même s’il ne vote pas.

Mais il faudra bien filtrer les posteurs voulant polluer ou troller un forum. Il faudrait donc appliquer une règle de X  premiers messages non trollesques pour autoriser un posteur à continuer ses interventions.



 

Une question plus importante sera: faut-il autoriser des représentants d’autres organisations politiques à intervenir, participer aux discussions, voire à des organisations – politiques, synidcales- à s’exprimer en tant que telles?

 

       Il serait contreproductif d’interdire à des militants syndicaux ou à des personnes extérieures au JC de venir s’exprimer et informer.

           De toute façon, cette activité de soutien ne peut éviter les controverses idéologiques et pratiques (controverses sur l’action d’une centrale syndicale par exemple).

Mais toutes les discussions générales commentant ou critiquant la ligne politique des JC, du PCF, ou de telle ou telle organisation syndicale doivent être reléguées sur une section à part du forum, et ne pas venir polluer les fils d’information ou de délibération.

 

                De quels moyens humains a-t-on besoin pour cette seconde activité?

Une personne au moins pour administrer le forum, plus si l’activité prend. Comme pour l’action d’information (vue précédemment), c’est une activité lourde, qui ne demandera pas une journée entière chaque semaine, mais peu demander du temps plusieurs jours par semaine.



 

Troisième activité : rassembler personnes et moyens



 

                Le but de ce projet étant double (rassembler des personnes et des fonds), il faut envisager plusieurs actions financières possibles:

                       - vendre quelque chose au nom du soutien ou au profit de la JC (ce qui revient indirectement au même):

                                               - t-shirts;

                                               -brochures d’information

 

(Parenthèse sur les brochures d’informations :

                à ce sujet, nous devrions éditer des imprimés d’information sur le droit du travail, comme cela a été le cas dans d’autres fédérations JC [la JC13 au sujet des travailleurs saisonniers]. En plus d’informer les jeunes (ou non) travailleurs sur leurs droits, le présent projet doit également fournir des exemples de violations de ces droits dans l’entreprise capitaliste et les moyens d’y résister. )



 

                        - quêtes, comme cela est souvent fait pour soutenir les mouvements de grève (par exemple celui des salariés sans-papiers d’Ile-de-France). A la différence que chaque donateur doit être prévenu qu’en donnant, il devient votant sur le forum (à condition de donner identité et coordonnées!) , et peut participer aux délibérations, à la différence d’un don isolé à une association quelconque;

 

                        - faire des soirées soutiens spécifiquement dédiées aux luttes : oui à la biturre révolutionnaire !

 

                De quels moyens humains a-t-on besoin pour cette troisième activité?

 

Les actions financières doivent ponctuellement réunir le plus de camarades et sympathisants possibles. La tenue de la trésorerie ne nécessitera cependant qu’une personne, et l’organisation des actions pourra se faire en réunion JC et/ou à partir du forum.

 

 

Quatrième activité : diffuser



 

Les moyens de faire connaître notre action:

                                     - Obtenir des encarts/articles dans l’Huma;

                                     - …et si possible dans les journaux municipaux des villes PCF…

                                     - …ainsi que dans les journaux de sections ou de fédérations...

                                     - …sans oublier le militantisme internaute (via Facebook par exemple).

               

Fin de la présentation

 

                Qu’est donc devenu ce projet, en dehors de la controverse entre l’idée que tout contributeur devienne votant ou qu’à l’inverse seuls les JC puissent décider ? Et bien il a été proposé à la fédération des JC92, qui a accepté le principe d’un réseau de soutien aux luttes. Et ce soutien a été effectif lors de la grève des postiers des Hauts-de-Seine, notamment à Asnières-sur-Seine, dont il a déjà été fait mention sur ce blog. Postiers auxquels la fédération à envoyé une contribution comparable à celles des sections de partis politiques locaux, de plus de 100 euros.

 

                J’ai ensuite proposé de créer une liste de diffusion d’information, soit la première activité du projet dans la présentation ci-dessus, en créant, non pas le forum annoncé ci-haut qui n’a pour l’instant pas vu le jour, mais un groupe Facebook, puisque tout groupe Facebook a un (petit et peu ergonomique) espace de discussion intégré. Ce groupe, après en avoir obtenu l’accord de principe en Juin, je l’ai créé le 27 Septembre 2010. Il est à cette adresse (http://www.facebook.com/?sk=messages&ref=mb#!/group.php?gid=162981713717733). Le but de ce groupe est expliqué dans sa rubrique « infos »:



 

Informations du groupe « Les jeunes communistes du 92 soutiennent les luttes ! » 
 

Le groupe Facebook des Jeunes Communistes du 92 pour le soutien aux luttes des travailleurs se donne trois missions :

- Informer les militants, communistes ou d’autres partis, plus ou moins jeunes, sur les luttes en cours contre l’exploitation capitaliste, ou du moins contre les conditions qu’elle impose aux travailleurs ;

- Amener les militants à échanger, réfléchir ensemble pour déterminer les combats prioritaires et les moyens de les soutenir, sur les plans financier, médiatique (car Facebook est en soi un média, et Internet un support), militant ;

- Organiser ce soutien, par l’intermédiaire du MJCF 92.

Vous pourrez retrouver certains des articles de ce groupe sur le blog des JC du 92 : http://jc92.over-blog.com/ .

 

Fin des infos



 

Conformément à ce qui précède, je me destinai à publier un bulletin d’information par semaine. Ce rythme n’a pas été atteint pour des raisons que nous allons voir un peu plus loin.



 

 Au jour où je poste, 13 personnes sont membres de ce groupe, ce qui n’est pas négligeable au sein des JC92, mais pas unanime. Non pas que le principe du projet rencontre une opposition.

 

            Mais pour deux autres raisons. D’abord, parce que ma communication du projet a laissé à désirer. Ce à quoi je devrais remédier au cours des prochaines assemblées générales de la fédération. La deuxième raison est que le projet est passé au second plan avec l’actualité de la réforme des retraites. Je ne souhaitais pas que cette actualité exclue toute les autres luttes en cours. Aussi, ai-je consacré le premier bulletin au cas du groupe international Sodexo. Le bulletin fut mis en ligne le 7 Octobre :



 

Groupe de soutien aux luttes, Premier message, 7 Octobre 2010

 

Bonjour à tous,

 

Voici le premier article du groupe du MJCF92 destiné au soutien aux luttes du monde du travail.

Nous honorons notre engagement internationaliste en évoquant une campagne mondiale, qui a pour l’instant peu d’échos parmi nous (et l’actualité [op-] pressante de la réforme des retraites l’explique assez), et qui pourtant pourrait évoquer des souvenirs familiers pour des milliers de gens. Et ce car il s’agit du groupe Sodexo, le groupe qui sous-traite les services de restauration dans nombre d’entreprises, d’établissements scolaires, de maisons de retraites…et pas que cela, puisque le groupe s’est requalifié lui-même en tant que « fournisseur de solutions de qualité de vie au quotidien ».

Ce groupe, que nous croyons parfois franco-français, est en réalité l’un des plus grands groupes mondiaux, présents dans 80 pays, employant des salariés de plus de 130 nationalités, et plus de 390.000 personnes dans le monde. Ce qui en fait le deuxième employeur français et le septième employeur européen par ses effectifs mondiaux.

 

Des salariés des Etats-Unis (pays où le groupe emploie 110.000 personnes) et du Canada, réunis dans le syndicat des employés des services SEIU (2,2 millions de syndiqués), ont lancé la campagne « Clean Up Sodexo » (Nettoyer Sodexo), pour appeler à mettre fin à des pratiques qu’ils estiment généralisées dans le groupe :

 

- Les salaires très bas, au minimum légal et inférieur au nécessaire pour se procurer une assurance santé (liée à l’employeur pour beaucoup d’américains). Dans certains pays (le site de la campagne publie une vidéo sur la Colombie qui illustre ces cas), l’accès à la santé est plus qu’entravé par les salaires au rabais du groupe ;

- Les manœuvres anti-syndicales, les pressions, les interrogatoires, visant à empêcher les salariés de s’organiser pour se défendre ;

- Une qualité de service inégale et parfois déplorable, des fausses déclarations dans les services rendus aux établissements desservis (telles des écoles aux USA) ;

-Une pratique générale de la discrimination ethnique.

 

Et ce alors que le groupe prétend s’inscrire dans une démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE) valorisant la « diversité » et le « développement durable » !

Aux USA, des étudiants de plusieurs universités, par solidarité et/ou en tant que clients collectifs de Sodexo, ont organisé des boycotts et des manifestations de protestation – ce qui a valu des dizaines d’arrestations.

En France, la CGT et une délégation de la SEIU ont entamé des poursuites contre Sodexo.

En quoi cela peut-il nous concerner particulièrement, jeunes militants des Hauts-de-Seine ? En cela que le siège international du groupe se trouve à Issy-les-Moulineaux…
Nous invitons tous les camarades, jeunes camarades, et l’ensemble du public français à prendre connaissance de cette campagne via les adresses suivantes :

 

Le site de la campagne internationale (en anglais, avec quelques articles en version française):
http://cleanupsodexo.org/

Les fiches Wikipedia du groupe, en anglais puis en français :
http://en.wikipedia.org/wiki/Sodexo
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sodexo

Des articles de la CGT illustrant la solidarité de salariés français et américains :
http://cgt.sodexo.over-blog.com/article-des-salaries-americains-denoncent-des-pratiques-degradantes-48829281.html

Une dépèche de France24 citant un rapport de Human Rights Watch, organisation pourtant peu suspecte d’anticapitalisme primaire, sur les pratiques des groupes européens hors d’Europe :
http://www.france24.com/fr/20100902-entreprises-europeennes-accusees-non-respect-droit-syndical-etats-unis?gclid=CNK1u-b0paQCFZNo4woduRcr4Q

              

Fin du message

 

 

                Mais pour ne pas me mettre en décalage avec l’actualité de la lutte contre la réforme des retraites, et pour adhérer aux actions du Parti, le deuxième message, transmis le 16 Octobre aux camarades, traita directement des caisses de grèves. Avec un exemple de caisse en ligne basée à Marseille, nommée « Portail des luttes », et qui reprenait en partie l’idée que j’avais eu, le côté participatif des délibérations sur l’usage des dons en moins :

 

 

Groupe de Soutien aux luttes, deuxième message, 16 Octobre 2010


 

Comme vous le savez, le mouvement contre la réforme Woerth/Fillon/Sarkozy a pris un tour bien plus vif avec le début des grèves reconductibles dans la SNCF, la RATP , et les raffineries (celles de Donges, de Fos-sur-Mer et de Dunkerque ; au total, de quatre à huit raffineries sur les douze de France selon les sources), dans le transport routier, aérien, à France Télécom, La Poste, et dans la centrale nucléaire de Flamanville. Et bien sûr, avec la mobilisation des lycéens.

 

Le passage à la durée des grèves, face à un gouvernement qui ne veut pas céder en agitant la menace de la dégradation de la notation financière de la France, oblige à penser à l’un des côtés déplaisant de la grève : les grévistes doivent continuer à vivre pour continuer à lutter à nos côtés.

 

Une idée vieille comme le mouvement ouvrier : les caisses de grève. Des salariés, directement engagés dans le conflit ou non, pendant le conflit ou en prévision d’un conflit futur, cotisent pour alimenter un fond qui pourvoira aux frais de la grève : fournir un revenu remplaçant au moins partiellement le salaire habituel, pouvoir parer aux frais d’avocats en cas de procès…

 

Une association marseillaise, se revendiquant de n’être affiliée à aucun parti politique, a d’ailleurs créé une caisse de grève en ligne. Son fonctionnement est simple : proposer des liens vers des luttes en cours, par exemple le combat des salariés de Molex ou de Teleperformance, inviter les internautes à s’inscrire et à verser de l’argent pour la caisse de grève, et apporter une preuve du versement. Son site donne le suivi de quelques luttes, en cours ou terminées (avec des mises à jour incertaines) : http://solidarites.soutiens.org/

 

Les camarades de l’Union de Ville Nord du MJCF92 reconnaîtront peut-être-là une idée que nous avions développée entre nous. Le portail des luttes précité étant assez centré sur PACA (mais pas que), nous pourrions aussi songer à développer la nôtre. Il ne s’agit une concurrence stérile entre militants, mais le concept pourrait être encore amélioré par rapport à ce que propose le Portail des Luttes : il ne suffit pas de mentionner des luttes en cours pour les exposer à la solidarité publique, il faut encore faire circuler l’information et stimuler la discussion entre militants, afin de décider vers quelle lutte concentrer nos priorités, comme peuvent le faire des mouvements structurés comme le MJCF ou le PCF. Et ce pour une raison simple : nos moyens financier et temporels sont limités…



 

En attendant, d’autres caisses de grève se sont mises en place :


- Celle de la raffinerie de Donges (44) : http://www.7septembre2010.fr/post/2010/10/01/La-population-finance-le-blocage-des-raffineries ;

- La caisse de Solidaires du département de l’Hérault : http://www.7septembre2010.fr/post/2010/09/28/Une-caisse-de-gr%C3%A8ve-dans-l-H%C3%A9rault ;

- La CFDT a une caisse nationale de grève, comme vous pouvez le voir sur cet article (http://www.cfdtparis.com/spip.php?article18 ).

Notons, pour finir, dans le cas qui nous concerne tout particulièrement, et avec les  évènements très récents opposant des lycéens et des policiers, le soutien financier pour les frais judiciaires des jeunes, camarades ou pas, abusivement poursuivis, sera une question à soulever.

              

Fin du message



 

Je précise cependant, spécialement pour les personnes avec qui j’ai pu discuter pendant le conflit des retraites, que je ne suis pas moi-même en accord avec tous les moyens de lutte. Notamment sur la question du blocage des raffineries, dont les conséquences économiques sont graves et à double tranchant (le gouvernement pouvait jouer sur un pourrissement rapide de situation, car, contrairement à ce que certains ont cru, les sondages portant sur le blocage des raffineries ne donnaient pas une majorité de français soutenant cette opération, contrairement aux autres grèves). Mais le but de ce groupe, contrairement à mon blog, est de donner l’avis de la fédération, membre du MJCF. Je le différencie donc de mes opinions personnelles.



 

Et justement, au fur et à mesure que le mouvement de contestation se destinait à buter sur les vacances scolaires de la Toussaint, l’actualité allait passer sur la lutte contre la répression policière parfois abusive que rencontraient les manifestants, notamment lycéens. Pas pour reprendre les propos non assurés de certains contre les policiers-infiltrés-casseurs, mais pour d’autres faits plus précis survenus dans les arrestations, les gardes à vue :

 

 

Groupe de soutien aux luttes, troisième message soumis à la fédération JC92, 22 Octobre 2010

Bonsoir à tous.

 

Puisqu’il était question de solidarité financière dans le précédent message, il faut d’abord que nous soyons tous informés de ce que le Front de Gauche – donc le PCF et le MJCF – organise la solidarité financière pour les salariés en grève. Vous pouvez par exemple lire cet article de l’Huma, (http://www.humanite.fr/20_10_2010-le-pcf-organise-la-solidarité-financière-456152). La CGT a également créé sa caisse de solidarité : http://www.cgt.fr/spip.php?article37850 (avec une adresse pour les contributions, contrairement à l’article de l’Huma !).

Sinon, un autre sujet, toujours en lien avec l’actualité, qui concerne spécifiquement les jeunes.

Nous avons tous vu qu’une répression policière s’abat sur les manifestants, mais qu’il y a également des arrestations de « meneurs » en dehors des manifestations et des caméras. Avec le topo habituel : violences policières, accusations délirantes…et procès. Quand les interpellés ne passent pas en comparution immédiate, un comité de soutien peut se constituer et organiser la solidarité financière.

Quelques cas où des jeunes pourraient avoir (eu) besoin de ces initiatives :
http://www.lepopulaire.fr/editions_locales/limoges/des_militants_devant_le_tribunal_pour_enfants_pour_soutenir_le_jeune_interpelle@CARGNjFdJSsBFhgABRg-.html
http://www.antirep86.fr/2010/10/17/temoignage-dune-repression-policiere-et-judiciaire-contre-des-mineurs-lyceens-de-fontainebleau/
http://www.leparisien.fr/toulouse-31000/jets-de-pierre-sur-la-police-un-mineur-ecroue-18-10-2010-1114660.php
http://www.20minutes.fr/article/609607/lyon-la-justice-penche-manifs-lyceennes
http://www.cyril-lazaro.com/article-la-justice-condamne-nos-enfants-c-est-pas-comme-pour-les-patrons-voyous-59321610.html

Sur Lyon, les libertaires se sont déjà donnés le mot :
http://rebellyon.info/Manifs-lyceennes-la-Caisse-de.html

Il faudrait prendre l’initiative, que l'on soit JC ou pas, dans les lycées, de chercher les jeunes inquiétés par la justice, et de proposer un contact avec le MJCF.

Pour les jeunes communistes, il serait pertinent de proposer, par tracts ou affiches, une prise de contact avec les jeunes communistes pour permettre aux intéressés ou à leur proche de garder l’anonymat. Et à nous de leur proposer un soutien lorsque les accusations sont véritablement abusives.

 

Fin du message

 

                Ce message n’a pas été publié au niveau fédéral. Car il n’y a pas, pour l’instant, d’initiative nationale du MJCF ou fédérale pour prendre contact avec des lycéens poursuivis par la police, afin d’étudier les cas méritant un soutien (il ne s’agit bien évidemment pas de soutenir tout jeune devant passer au tribunal, seulement les cas qui nous paraissent injustes). Si ces initiatives ont lieu, elles seront locales. Je préviens donc clairement le lecteur que ce troisième message n’engage en rien la fédération des Jeunes Communistes du 92, tandis que les deux premiers ont été validés par elle (et peuvent donc être diffusés à souhait). D’ailleurs, si vous le lisez correctement, vous verrez que je ne prononce aucune décision au nom de la fédération, seulement une proposition (« il serait pertinent de… »).

             

Et que s’est-il passé depuis ?

           

Et bien, informé de ce que le projet avait besoin d’être réexpliqué aux camarades, j’attends la prochaine assemblée générale pour savoir si je peux le reprendre ou pas. En attendant, pour ce qui est de la lutte contre les abus de la répression, nous y réfléchissons localement, en effet.

       

En attendant, le groupe altoséquanais de soutien aux luttes est « en plan », en « stand-by » si vous préférez. Son activité de communication reprendra, je l'espère, sans doute fin Novembre.

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 00:22

halde3.pngLe dernier volet de la série sur les discriminations ethniques, après le premier article consacré aux discriminations imputées à l'Etat et aux forces de l'ordre, puis des chiffres sur les discriminations à l'emploi, et un troisième article pour savoir si l'état français tolère les discriminations parce qu'il est capitaliste ou raciste.

 

Une fausse-bonne solution : la discrimination positive ou l’impôt racial

            Outre les condamnations pour discriminations, on sait qu’une solution avancée par la gauche, d’abord aux Etats-Unis puis en France, est la discrimination positive : réserver des recrutements et des promotions aux membres des ethnies jugées défavorisées.  A compétences égales, entre un blanc et un noir, on choisit le noir. C’est bien sûr une rupture complète avec le principe d’égalité, mais après tout, nous dira-t-on, vous plaindriez-vous de ce que l’on accorde des aides sociales seulement aux plus pauvres, exigeriez-vous que l’on en verse aux riches aussi ? Non, bien sûr : mais là, chaque bénéficiaire est identifié comme ayant un handicap (la pauvreté). La discrimination positive part du principe qu’en société à majorité blanche, tout noir ou tout arabe est discriminé. Et elle en impose la facture aux blancs dans leur ensemble, du moins surtout à ceux qui sont susceptibles de manquer d’être recrutés car on leur a préféré un candidat de couleur, pour remplir les quotas. C’est d’autant plus inique que le blanc qui paie ainsi la discrimination positive sera souvent un travailleur du bas ou du milieu de l’échelle, c’est-à-dire de ceux qui encourent le risque du chômage, pas les cadres supérieurs, managers ou directeurs des ressources humaines, qui sont eux à l’abri du chômage alors qu’ils sont les principaux acteurs des discriminations.

            La discrimination positive est de fait un impôt racial (l’impôt sur le fait d’être blanc). Les partisans de cette politique se gausseront et rétorqueront que l’impôt racial, actuellement, ce sont les noirs et les arabes qui le paient. Sauf qu’il s’agit, comme nous l’avons vu dans les articles précédents, d’une action faite par des agents privés,  et probablement minoritaires. La discrimination positive serait une politique d’Etat.

Cette politique n’est pas réclamée par tous ceux qui luttent contre les discriminations, du moins pas directement. Nous avons vu que les entreprises pourraient décider de ne plus pratiquer la sélection sur les CV mais lors des entretiens d’embauche. Alors la seule solution restante pour l’Etat serait de mesurer les proportions de gens des différentes ethnies dans les embauches, et de punir si les non-blancs sont trop sous-représentés par rapport au nombre qu’ils sont parmi les candidats. En soi, réclamer une égalité des chances d’accéder à l’emploi n’est pas de la discrimination positive, surtout s’il n’y a aucun autre critère départageant les candidats de différentes couleurs…

            Mais, pour des raisons de statistique et de probabilités que nous allons voir, les entreprises pourraient être amenées à s’imposer d’elles-mêmes la discrimination positive.

            Petite expérience statistique illustrant le risque d'une "discrimination positive préventive"

             Soit un secteur où existent dix entreprises. Ces dix entreprises créent dix emplois (ce qui est déjà un beau chiffre s’il s’agit d’entreprises de moins de 20 salariés, majoritaires en France). Cent vingt candidats se présentent, dont douze noirs et 108 blancs. Ils ont tous les compétences nécessaires pour occuper ces emplois. Les entreprises vont toutes recevoir cent vingt CV par emploi (1200 par entreprise), 108  « blancs » et 12 « noirs ». Aucune entreprise n’est raciste, toutes les entreprises vont donc départager de façon aléatoire l’attribution d’un poste entre les cent vingt candidats, sans intervention de critère de race, en tirant une boule parmi cent vingt par exemple. En raison des données du problème, il y a donc 10% de chances que l’élu soit noir et 90% qu’il soit blanc.

            Faisons un tableau illustrant les différents cas : l’entreprise recrute, pour ses dix postes, 0, 1, 2 , 3 , 4,… ou 10 noirs. La formule qui calcule les probabilité (dans la deuxième colonne) est celle d’une loi statistique, dite loi binomiale où p=0,1, q=0,9 et n=10. Pour ceux qui sont absolument rétifs aux mathématiques, précisons juste que la probabilité de recruter zéro noirs est égale à 90% multiplié 10 fois par lui-même, ce qui fait 0,3487 ou 34,87%.

 

Nombre de noirs recrutés

(cas théorique) 

Probabilité d'avoir ce cas

Nombre d'entreprises dans ce cas

Nombre de noirs recrutés en réalité 

10

0,00%

0

0

9

0,00%

0

0

8

0,00%

0

0

7

0,00%

0

0

6

0,01%

0

0

5

0,15%

0

0

4

1,12%

0

0

3

5,74%

1

2

2

19,37%

2

4

1

38,74%

4

4

0

34,87%

3

0

 

Total=100%

Total=10

Total=10

 

Il y a eu 10 noirs recrutés sur douze noirs en recherche d’emploi et 100 postes, soit une probabilité d’accès à l’emploi égale à celle des blancs (et un sixième des candidats au chômage). Cette situation est donc différente de la réalité, mais on remarque quand même une chose : alors que théoriquement, on aurait pu avoir un recruté noir dans chaque entreprise, ici, en dix recrutements, 35% des entreprises n’ont sélectionné aucun noir. Et il s’agit d’une pure application du hasard, pas d’une politique raciste.

 

Maintenant, testons le cas d’un secteur où les données seraient les mêmes que précédemment, mais avec des entreprises racistes : lorsqu’elles reçoivent dix CV, un de noir et neuf de blancs, elles ne les traitent pas de la même manière. Elles sélectionnent toujours au hasard l’élu par un tirage de boules dans une urne, mais elles mettent deux boules par CV blanc et un par CV noir. Un blanc a donc deux fois plus de chances d’être élu qu’un noir, et il y a un chance sur 19 qu’un poste aille à un noir. Voyons alors le tableau :

 

Nombre de noirs recrutés (cas théorique)

Probabilité d'avoir ce cas

Nombre d'entreprises dans ce cas

Nombre de noirs recrutés en réalité 

10

0,00%

0

0

9

0,00%

0

0

8

0,00%

0

0

7

0,00%

0

0

6

0,00%

0

0

5

0,01%

0

0

4

0,12%

0

0

3

1,20%

0

0

2

8,09%

1

2

1

32,35%

3

3

0

58,24%

6

0

 

Total=100%

Total=10

Total=5

 

On a là un cas spécial : 5 noirs seulement sont recrutés sur douze en recherche, et par conséquent 95 postes sont attribués à des blancs. Le taux de chômage des blancs est de 13/108 (12%) contre 7 sur 12 pour les noirs (58%). Mais notons que 4 entreprises sur dix auront recruté des noirs, alors que précédemment, trois entreprises non-racistes n’en avaient recruté aucun.

Et si on mélange maintenant les deux populations, deux cent postes à pourvoir, 240 candidats dont 24 noirs, et que les vingt entreprises appliquent toujours leurs tirages (racistes ou non-racistes) pour déterminer l’élu parmi cent vingt candidats (ou deux cent quarante, ça ne change pas le résultat), on aura :

 

 

Nombre de noirs recrutés (cas théorique) 

Probabilité d'avoir ce cas

Nombre d'entreprises dans ce cas

Nombre de noirs recrutés en réalité 

10

0,00%

0

0

9

0,00%

0

0

8

0,00%

0

0

7

0,00%

0

0

6

0,01%

0

0

5

0,08%

0

0

4

0,62%

0

0

3

3,47%

1

3

2

13,73%

3

5

1

35,55%

7

7

0

46,55%

9

0

 

Total=100%

Total=20

Total=15

 

15 noirs auront été recrutés sur 24 (37,5% de chômage chez les noirs, contre 31/216, soit 14,35% pour les blancs). On comprendra qu’un gouvernement tente de lutter contre le chômage élevé frappant les noirs. Mais s’il s’attaque aux 9 entreprises qui n’ont recruté aucun noir, il faut savoir qu’en réalité un tiers (3 sur 9) d’entre elles sont des entreprises non-racistes. Et bien sûr, les racistes se dissimulant, les agents de l’état ne sauront pas de quelles entreprises il s’agit.

Si l’on surveille la proportion de chaque ethnie dans les recrutements, pour punir ceux qui donnent apparemment moins de chances à certains épidermes, alors les entreprises modifieront leurs comportements. Les entreprises racistes deviendront peut-être non-racistes par obligation, mais les non-racistes se mettront à appliquer un racisme inversé (donner plus de chances aux noirs qu’aux blancs) pour être sûres d’être tranquilles.

On peut tirer deux conclusions de ces exemples :

-          surveiller les proportions ethniques dans les recrutements pour punir ceux qui défavorisent apparemment certaines ethnies est abusif, car l’accusation de racisme ne sera pas nécessairement fondée même pour une entreprise qui n’embauche aucun membre d’une minorité ethnique ;

-          cette surveillance et ces punitions mèneront de fait à la discrimination positive, même si le gouvernement souhaitait simplement une stricte égalité des chances, pas favoriser les gens de couleurs par rapport aux blancs à compétences égales comme le veut la discrimination positive.

Une autre solution : le recrutement par l’étranger

            Nous voilà à la fin de la série sur les discriminations. Quelles solutions nous reste-t-il, dans ce pays qui n’est pas en soi « raciste » mais où des discriminations ethniques existent bel et bien, si l’on repousse la discrimination positive, si les testings sont d’une portée limitée, et si même le communisme n’apporte pas la garantie d’une fin des discriminations ?

            Je donne pour ma part une solution qui me paraît plus juste, plus souple, plus réaliste. Il s’agirait tout simplement, même en restant dans le cadre d’une économie de marché, de confier la direction ou la sous-traitance des recrutements à des étrangers. Concrètement, cela revient à obliger les entreprises ayant une certaine taille en nombre de salariés (plus de 20, plus de 50…seuil à définir) à recourrir à la sous-traitance de leurs recrutements auprès d’entreprises – potentiellement des entreprises collectives dans le cas du communisme – de nationalités étrangères. En clair, le plus grand nombre des recrutements en France seraient assurés par des intermédiaires dont les salariés peuvent être français, mais dont les cadres et les dirigeants seraient tous algériens, allemands, chinois, américains, turcs, sénégalais, etc… Ils recevraient les commandes de leurs clients –entreprises publiques ou privées – opérant en France, et y répondraient, en partant sur le principe que du fait même de leur nationalité, ils ne seraient pas tenter de favoriser les candidats « français de souche » (les entreprises anglosaxonnes ayant la réputation d’être moins discriminantes car plus pragmatiques dans leur recherche de salariés profitables).

            Bien sûr, tel que cela est formulé, c’est naïf : il y a des entreprises de ressources humaines en France, de travail temporaire, dont certaines sont de grandes firmes étrangères (Manpower par exemple). Mais quand une entreprise française cliente indique sa préférence pour des candidats « bleu-blanc-rouge », il n’est pas toujours facile pour le recruteur de refuser le contrat. Ce qui peut faire basculer les choses, c’est qu’il n’y aura cette fois-ci plus de concurrents de nationalité française sur le marché français ; seulement des opérateurs étrangers pour qui la France ne sera qu’un marché parmi d’autres (la loi peut l’imposer). Il sera alors plus facile pour le recruteur de refuser de pratiquer la discrimination. Il ne risquera même pas vraiment de perdre des contrats, puisque de toute façon, les entreprises françaises seront contraintes de recourir à la sous-traitance étrangère. La loi peut aussi limiter le nombre de concurrents sur le marché du recrutement, afin de créer un oligopole qui limite le pouvoir de négociation des entreprises demandeuses de recrutements par rapport aux entreprises (étrangères) se proposant de les effectuer.

            Bien sûr, ce système peut échouer. Mais il me semble nettement plus réaliste, juste et efficace que le testing généralisé ou la discrimination positive. Les seules personnes qui seraient victimes de discrimination positive seraient ici les DRH (directeurs des ressources humaines) de nationalité française, pas les recruteurs de base français, qui pourraient toujours travailler pour une entreprise étrangère.

            Cette solution ne proscrit pas le communisme : s’il y a plusieurs pays communistes dans le monde, les entreprises étrangères se chargeant du recrutement en France pourraient être des entreprises à capitaux publics / socialisés…

            …et surtout, cette méthode permettrait de changer nettement la culture du recrutement en France, et pas que sur la question des discriminations ethniques. Par exemple, le rituel de la lettre de motivation, souvent un simple exercice de baratin et d’hypocrisie ne révélant rien du talent réel du candidat, pourrait prendre fin. Les recrutements pourraient aussi ne pas se faire sur la seule base des compétences théoriques de l’individu, mais aussi de son talent relationnel et de son aptitude au travail collectif. Cette expérience, comme toute démarche scientifique, pourrait être évaluée régulièrement dans ses conséquences sur le marché de l’emploi et l’efficacité du travail en France, et être prolongée ou non.

            Le principal obstacle, dans la situation actuelle, s’appellerait Commission Européenne, qui y verrait une entrave aux règles de la concurrence…qu’un pays appliquerait en défaveur de ses propres entreprises, pour une fois. Mais c’est cette même commission qui enjoint aux états de lutter contre les discriminations au travail, donc on pourrait s’arranger…Et dans le cas contraire, nous aurions une nouvelle raison de quitter l’Union Européenne.

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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 23:41

Troisième article d'une série de quatre sur les discriminations ethniques en France. Il s'agit d'une critique et d'une alternative au discours qui fait de la France en tant que telle un pays raciste, ou parlent abusivement de "privilège blanc" comme on l'a vu dans le premier article, qui traitait des accusations faites contre l'Etat. Le second article traitait des chiffres de la discrimination à l'emploi en France

 

La confusion du privé et du public chez les "antiracistes"

Revenons à Tevanian, et sur les observations qu’il fait en matière pénale :

« Au regard de l’ampleur de ces discriminations, le nombre de condamnations annuelles est dérisoire (deux en 1992, 1994 et 1995, une seule en 1993, zéro en 1995, deux en 2001). Quant aux sanctions, elles sont on-ne-peut-plus légères, surtout lorsqu’on les mesure au préjudice causé : la privation d’un emploi. »

C’est un des ressorts du discours sur le « privilège blanc » en France : l’Etat est complice des discriminations à l’emploi puisqu’il ne les punit pas ou si peu. L’état français est donc complice du racisme, et de proche en proche raciste lui-même. Le paragraphe cité révèle aussi, dans sa dernière phrase, un des présupposé du raisonnement « antiraciste » de Tévanian & co : les entreprises commettent un grave méfait à l’encontre des discriminés, car elles auraient normalement l’obligation d’offrir des emplois.

Ce raisonnement interpelle pleinement la question du communisme :  Tévanian sait-il que la France est un pays capitaliste ? Que la plupart des entreprises sont privées ? Alors de deux choses l’une :

-          soit Tévanian est communiste, et demande donc l’abolition de la propriété privée des entreprises (revendication qui apparaît peu sur son site, nettement plus dédié à l’islamogauchisme). Alors effectivement, la propriété collective ferait de l’entreprise à la fois un bien commun mais aussi une structure chargée de répondre à des besoins collectifs. Et à ce titre, l’obligation pour elles, entre autres, de créer des emplois, sans discriminations aucune à part celles des compétences ;

-          soit alors Tévanian accepte la propriété privée des entreprises, et la question est beaucoup plus compliquée. Si l’entreprise est privée, alors d’une part les propriétaires n’ont pas l’obligation de créer des emplois (ils peuvent passer contrat avec l’Etat pour avoir des objectifs d’embauche, mais c’est tout), et ils ont le droit de choisir qui vient travailler ou non chez eux. Au même titre que personne ne vous demande qui entre ou n’entre pas dans votre appartement.

Il faut préciser que dans l’esprit d’une république capitaliste, il n’y a pas de « droit à l’emploi » au sens de ce que toute personne n’ayant pas d’emploi aurait l’obligation d’en recevoir un. Il existe un droit au travail, qui signifie que tant que vous avez un emploi, nul n’a le droit de vous empêcher de l’exercer (d’où les récurrentes discussions entre le droit de grève – dans les transports publics notamment – et le droit au travail pour les usagers bloqués). Et si vous n’avez pas de travail, nul ne peut vous interdire d’en chercher un et d’en trouver.

On peut désapprouver ces principes, et donc le capitalisme et l’économie de propriété privée. Mais ce qu’on ne peut pas faire, c’est accepter le système capitaliste, renoncer à son remplacement par le communisme et en même temps exiger des entreprises qu’elles se comportent comme des services publics. La législation anti-discrimination est donc une juridiction bâtarde dans le cadre du capitalisme : elle vient en contradiction d’un des fondements premiers de l’économie libérale.

Concrètement, que peut faire l’Etat ?

Encourager la détection d’entreprises racistes, par le biais du testing ? Le testing, c’est cette méthode qui consiste simplement à envoyer en réponse d’une offre d’emploi deux CV équivalents (personne du même âge, même niveau de diplômes, expériences professionnelles comparables, lieu de résidence et facilité de transport semblables), mais dont l’un est baptisé Jean-Baptiste et l’autre Mouloud. Cette méthode est a priori logique, mais elle demande l’envoi de plusieurs CV (sur deux CV, si Jean-Baptiste reçoit une réponse du recruteur et pas Mouloud, il peut s’agir d’un choix fait à pile ou face…). Or, rappelons que la majorité des trois millions d’entreprises qui existent en France sont de très petites entreprises, qui créent donc peu de postes par an et peuvent rester des années sans le faire.

Mais surtout, cette méthode, si elle se généralise, serait aisément parable par les recruteurs racistes. Il suffit tout simplement de convoquer en entretien aussi bien les Mouloud que les Jean-Baptiste, et d’écrémer tous les  Mouloud suite aux entretiens. C’est d’ailleurs déjà ce qui peut arriver, et le chercheur Jean-François Amadieu (qui anime l'Observatoire des Discriminations ) en a fait une hypothèse de travail. Quelle solution alors ? Que l’Etat envoie un inspecteur surveiller un entretien d’embauche ? C’est contraire à la confidentialité de celui-ci. Et quand bien même cela se ferait, outre le problème du coût public des inspections, les recruteurs feraient des entretiens clandestins (par téléphone). Il faudrait alors fliquer toutes les communications entre entreprises et chercheurs d’emploi ?

Notons que Jean-François Amadieu propose une solution bien plus angélique : « Une sensibilisation des managers à leurs préjugés peut également être menée ». Ce qui risque de ne pas mener bien loin si les recruteurs sont des racistes convaincus.

On voit que tôt ou tard, cette mécanique mène à la construction d’un appareil de surveillance et de répression qui serait à la fois contraire à la liberté de l’entreprise et très certainement inefficace car contournable de bien des façons. Un état capitaliste n’aura jamais intérêt à faire cela.

Aussi, reprocher à l’Etat de ne pas faire appliquer plus durement cette législation (jusqu’à la prison ou la privation de droits civiques, selon Tévanian) et en déduire que l’Etat est raciste puisque complice du racisme est une malhonnêteté. Si l’Etat n’agit pas, c’est parce que cette lutte le mettrait en contradiction avec ses principes, non pas des principes racistes, mais capitalistes.

Le communisme règlera-t-il ces questions de discriminations ?

            Et si les entreprises devenaient collectives, cela supprimerait-il ces discriminations ? Pas forcément, et c’est pour cela que les communistes doivent traiter le sujet plus sérieusement qu’en croyant que tout se résoudra à coup de testings et de condamnations pénales. La propriété collective crée, comme dit plus haut, un réel droit à l’emploi et une obligation pour les entreprises d’en fournir. Mais encore faut-il savoir de quelle économie communiste on parle. Si l’économie communiste que nous créons est planifiée, on pourra s’attendre, d’un point de vue purement théorique, à ce que toutes les affectations de poste soient rationnelles (la bonne personne, avec les bonnes compétences…). Ensuite, une étude a posteriori des emplois attribués permettrait de savoir si les planificateurs ont bien donné à chaque personne une chance comparable d’être admis dans un emploi dont il avait les compétences, et que le facteur ethnique ne jouait pas. Cela signifierait, non pas qu’il y aurait la même proportion de blancs, d’arabes et de noirs dans toutes les filières professionnelles, dans toutes les tranches de salaires, etc…, mais que, à compétences égales, si 10 noirs et arabes et 90 blancs se portent candidats pour un type de poste, il y a 10% de non-blancs recrutés à l’arrivée.

            Mais, comme nous l’avions vu dans les vidéos « Changer de système », le principe de l’économie planifiée repose sur la croyance en un appareil planificateur omniscient ou du moins plus savant que le reste de la société, ce qui est dans la pratique inatteignable. Des planificateurs devant programmer un grand nombre de recrutements auraient toutes les chances d’être peu sensibilisés au fait qu’un des recrutements ait été mal fait, affectant une personne incompétente à un poste. De plus, les planificateurs seraient l’objet de toutes les sollicitations et pressions, centralisant tous les risques de corruption. Alors que la multiplicité des emplois et entreprises de ressources humaines dans une économie de marché rend cela plus difficile (et un recruteur privé n’a de toute façon pas à être corrompu, puisque son métier est déjà de se vendre à ses clients).

            Si maintenant on envisage une économie communiste avec des entreprises autogérées, ou des entreprises fonctionnant en marché avec des dirigeants salariés de la collectivité, de fait le risque de la discrimination réapparait. Une entreprise auto-administrée par des salariés blancs pourrait tout à fait, au niveau de ses dirigeants ou même de ses salariés, décider de continuer à n’embaucher que des blancs. La propriété collective justifiera un contrôle et des tests anti-discriminations plus sévères que ce qui existe dans l’économie actuelle, mais avec les mêmes possibilités de contournement que j’ai décrites plus haut.

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 23:31

 

Second article d'une série de quatre sur les discriminations ethniques en France. Il s'agit d'une critique et d'une alternative aux discours qui font de la France en tant que telle un pays raciste, ou parlent abusivement de "privilège blanc" comme on l'a vu dans le premier article, qui traitait des accusations faites contre l'Etat.

 

La discrimination à l’emploi : les sources, et discussion sur les chiffres

 

               Passons à un autre volet sensible des discriminations en France (et pas qu'en France, puisque le phénomène a d’abord fait l’objet de nombreuses études aux USA et dans le monde anglo-saxon) : les discriminations à l’emploi. A ce sujet, Tévanian a titré l'article que je citais dans ma précédente publication « une discrimination systémique ». Les mots sont importants, parait-il, et bien justement, tenons compte de l’emploi du terme « systémique » : pour Tévanian, la discrimination fait système en France, ce n’est pas une « dérive » ou une exception. L’article expose des taux de chômage nettement plus élevés –le triple du taux des natifs enfants de natifs- pour les immigrés venus du sud ou de l’Est de la Méditerranée, et également pour leurs enfants. L’auteur ne distingue pas les niveaux de diplômes qui pourraient expliquer partiellement ces différences – il affirme brièvement que l’écart du chômage entre immigrés et natifs ne diminue pas avec le niveau de diplôme (affirmation qui ne fait pas l’unanimité dans les sources consacrées au sujet, comme nous le verrons).

 

               Parmi les sources qu’il cite, on peut trouver plusieurs publications dont un rapport de l’INED ou encore l’Observatoire des Inégalités ou celui des Discriminations . Dans ce deuxième article de la série sur les discriminations, je vais discuter quelque peu deux de ces sources. Pas pour faire de l’hypercritique, mais pour relever certaines erreurs que font parfois les « antiracistes ». 

 

      Première source : un rapport de l’INED de 2005

   

               Arrêtons-nous d’abord sur un rapport de l’INED, signé par Dominique Meurs, Anne Pailhé et Patrick Simon, paru en 2005 .

             

               Le rapport détaille dans un premier temps les différences de taux d’emploi pour les hommes et les femmes entre immigrés de diverses origines géographiques et ceux des français de diverses générations : arrivés en France avant l’âge de 10 ans, nés en France enfants d’immigrés, nés en France enfants de natifs. La dernière génération étant censée être la plus intégrée. En regardant les chiffres masculins (page 27 du rapport), on voit que les taux d’emplois vont de 70% pour les immigrés maghrébins à 88% pour les natifs. Pour les femmes, les différences sont plus fortes (environ 40% pour les maghrébines, 22% pour les turques, 74% pour les natives) mais il se peut que des différences culturelles non imputables à la société française (comme la proportion de femmes immigrées qui sont restées cantonnées au foyer, et donc classées « inactives ») expliquent cette différence.

            A la page 10, les auteurs affirment prendre en compte des variables autres que l’origine ethnique et qui peuvent expliquer les différences d’accès à l’emploi. Par exemple, le fait d’habiter une région à fort taux de chômage, l’âge, ou bien entendu le niveau de formation scolaire et / ou universitaire. En effet, si l’on s’aperçoit que les immigrés sont en général moins diplômés que les natifs, il n’est pas étonnant que leur taux d’emploi soit plus faible, sans qu’il s’agisse de discrimination raciste. Or, sur la question de la prise en compte des diplômes, plusieurs choses m’interrogent. On ne précise que « le niveau des diplômes » ; rien n’indique que les auteurs différencient précisément les diplômes. Car s’il s’agit de repérer les formations par un « bac, bac+1, bac+2…bac+5… » alors cela est plus qu’imparfait. Une formation de sciences humaines à bac+2 vaut nettement moins sur le marché du travail qu’un DUT prisé par les employeurs.

         Mais surtout, pour la génération 1 (ceux ayant immigré en France après l’âge de 10 ans), l’âge moyen d’arrivée est de 22,6 ans, et la moitié d’entre eux ont de 18 à 27 ans (page 14). Il y a donc un fort nombre d’entre eux qui ont des diplômes étrangers, souvent extra-européens. Comment ne pas s’attendre à ce que des recruteurs butent sur des problèmes de correspondance entre formations de différents pays ? Bien sûr, cela n’explique pas tout : le premier tableau de la page 27 montre que les enfants d’immigrés (la génération 2) n’a pas un meilleur taux d’emploi que la génération des immigrés entrés en France avant l’âge de 10 ans, et que la génération de ceux entrés en France entre 0 et 10 ans ne s’en sort pas mieux (78% des hommes ont un emploi pour les trois catégories différentes). Mais pour les femmes, la situation change : les immigrées après l’âge de 10 ans sont 48% à avoir un emploi, 62% pour celles immigrées avant l’âge de 10 ans, 67% pour les filles d’immigrées (contre 74% pour les natives filles de natifs). Or, comme l’indique l’article, ce sont les filles d’immigrés, plus que les fils, qui s’investissent dans des formations supérieures longues.

        Les auteurs de l’étude abordent ensuite la question des emplois publics, que j’avais évoqué dans l’article précédent. On lit, à la page 23, que « face à un marché [de l’emploi] discriminant, la fonction publique pourrait jouer un rôle de refuge, sinon d’exemplarité ». En clair, la fonction publique devrait permettre aux immigrés de compenser les emplois non attribués pour cause de discrimination ethnique dans le secteur privé. Ce n’est bien sûr pas un appel à la discrimination positive (dont nous reparlerons plus tard), mais le propos n’est pas pertinent quand même. Le rôle du recrutement public est de fournir aux services de l’Etat des agents ayant les compétences requises, et pas de servir d’amortisseur anti-chômage à telle ou telle catégorie de population. Si, pour des raisons de contexte social, de formation scolaire, une minorité ethnique n’a pas le même taux d’accès aux emplois publics que le reste de la population, le recrutement public n’est pas coupable pour autant. D’autant qu’il faudrait prouver en quoi les épreuves écrites et orales seraient ethniquement discriminantes.        

Les auteurs commettent même une entourloupe en écrivant que « toutes choses égales par ailleurs, la probabilité de travailler dans la fonction publique est significativement inférieure pour les immigrés, comparativement aux natifs (tableau 14). » (page 18). Or la lecture dudit tableau dément ce fait, il montre que pour les immigrés ayant la nationalité française, la proportion d’entre eux travaillant dans la fonction publique est proche de celle des français natifs pour les hommes. Et pour les femmes, la proportion de salariées de la fonction publique parmi les immigrées se rapproche de celle des natives si elles sont entrées en France après l’âge de 10 ans, et les filles d’immigrés sont encore plus proches des filles de natifs. Le principal clivage étant tout simplement d’avoir la nationalité française…

  Deuxième source : un rapport publié sur l’Observatoire des Inégalités  

               Une analyse de Noam Léandri reprend globalement les constats du rapport de l’INED, notant que « les immigrés connaissent en France un taux de chômage double, un taux de pauvreté triple, et perçoivent un salaire un tiers plus faible que celui des non-immigrés », et ce sans tenir compte des différences de qualification entre immigrés et natifs.

 

       Cette différence, Tévanian, dans l’article précité, la balaie d’un revers de main. Le fait qu’il y a moins de gens diplômés parmi les immigrés que parmi les natifs n’expliquerait rien aux différences de taux de chômage, puisque : « l’écart [de taux de chômage entre immigrés et natifs] ne saurait s’expliquer uniquement par une moindre qualification des étrangers ou des immigrés, puisque, en 2008 comme en 1999, il est encore plus marqué lorsqu’on compare les Français, immigrés et étrangers dotés de diplômes élevés». En écrivant cela, il montre qu’en plus de ne pas être un excellent philosophe, il n’est pas non plus un bon statisticien. Certes, il a raison de préciser que les écarts de chômage ne s’expliquent pas uniquement par la différence des qualifications. Mais il devrait aussi préciser que ces différences de qualifications expliquent quand même une partie de l’écart de taux de chômage global entre immigrés et natifs. Et ce quand bien même l’écart de chômage serait le même entre natifs et immigrés diplômés  que chez les non-diplômés (remarquons encore au passage que Tévanian ne prend en compte que le fait d’être diplômé, et qu’il ne se pose pas davantage de question sur la nature des diplômes), cela n’enlève pas que la différence entre le niveau de formation global entre natifs et immigrés explique une fraction non négligeable du « surchômage » immigré.

  

               Un petit exemple pour illustrer mon propos.

 

               Prenons quatre catégories de population et un taux de chômage supposé :

 

les natifs diplômés, 4% de chômage ; les immigrés diplômés, 6% de chômage ; les natifs non-diplômés, 12% de chômage, et les immigrés non-diplômés, à 18%.

 

               S’il y a autant de diplômés que de non-diplômés chez les natifs, leur taux de chômage est de 8% (moyenne de 4 et 12). S’il y a cinq fois plus de non-diplômés que de diplômés chez les immigrés, leur taux sera de 16% (moyenne de 6 et de 18% en pondérant par 5 le second chiffre). Donc on déclarera que « les immigrés sont deux fois plus frappés par le chômage que les natifs », alors qu’à niveau de diplômes égal, le rapport est de 1,5 (6/4 et 18/12) et non de 2.

 

               D’ailleurs, c’est une des conclusions que fait Noam Léandri : « Moins du tiers des écarts de salaire et la moitié de la différence du taux de chômage entre les descendants de Français de naissance et les actifs ayant au moins un parent né sur le continent africain ne peuvent s’expliquer par les écarts de niveau d’études, d’expérience ou de lieu d’habitation. » Ce qui signifie tout de même que les écarts globaux de chômage et de rémunération entre enfants de français et descendants récents de l’immigration africaine doivent être relativisés de moitié en tenant compte des niveaux de qualification et d’expérience…

  

               Sur le même site, on peut trouver des statistiques intéressantes sur le nombre de CV qu’un candidat doit envoyer pour obtenir une convocation en entretien (sans parler de réponse positive pour l’emploi). Le fait d’avoir un nom et prénom français apparaît comme nettement avantageux pour avoir un entretien pour un emploi de serveur ou de comptable (les deux professions testées par des chercheurs de l’université d’Evry). Un candidat ayant un nom à consonnance marocaine doit envoyer 25 à 50% de CV en plus, et 3 fois plus s’il a également un prénom évoquant l’Atlas. Et s’il est de nationalité marocaine (à CV comparable), le nombre augmente un peu pour le poste de serveur, mais est quintuplé pour le métier de comptable : 277 CV pour un entretien ! Cependant, le rapport précise que ce dernier écart peut aussi s’expliquer par la crainte de l’employeur de ne pas avoir d’autorisation de travail pour un salarié extra-européen.

   

               La question que je me pose est : quelle conclusion peut-on tirer de ces chiffres sur la proportion d’employeurs qui pratiquent la discrimination ethnique ? Si un candidat aux nom et prénom français obtient un entretien en envoyant 19 CV et qu’un compatriote aux nom et prénom marocains le fait en 54 CV  - le premier candidat aurait alors, en extrapolant, obtenu trois convocations pour autant d’envois -, on en déduit que sur 54 employeurs « testés », 2 font de la discrimination. Tous les autres n’ont pas répondu aussi bien au candidat typé « français » qu’au « marocain ». Mais on peut aussi faire l’hypothèse que sur trois employeurs susceptibles de répondre (les 51 autres n’ayant sans doute pas d’opportunité à proposer ou n’ont pas été séduits par les CV), deux tiers ont discriminé le « marocain ». Si les 51 autres avaient été intéressés par l’offre de compétences des CV en question, il y aurait peut-être eu aussi deux tiers de discriminants. Mais cela reste du domaine de la spéculation, centrée sur une expérience portant sur une région, quelques métiers, à une période précise. L’expérience témoigne de l’existence de discriminations ethniques, mais ne répond pas à « combien de racistes parmi les employeurs en France ? ».

 

               Et bien justement, nous verrons dans la suite de cette série que distinguer qui est raciste et qui ne l'est pas est, au niveau global, du domaine de l'impossible...

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 23:54

            

                On a vu une certaine frange de la « gauche »  - mais pas seulement à gauche - s’imaginer qu’elle franchissait héroïquement de nouvelles limites du courage en dénonçant la France comme étant en soi un pays raciste. Ou plutôt, quand bien même la France ne serait pas « par nature » raciste, elle le serait globalement, dans son état actuel. Dans cette thématique, on retrouvera, bien entendu, nos amis islamogauchistes, les Tévanian, les Bouteldja, mais aussi des gens dont le parcours politique ne s’est pas fait à gauche, tels que Patrick Lozès, président du CRAN. Vous pouvez gouter leur prose ici ou encore là. Mais surtout, le présent article sera une discussion de cet extrait d’un livre de Tévanian, extrait publé sur le site lmsi.net en 2009 .

            J'entame ici une série de quatre articles sur la question des discriminations ethniques en France, d'abord dans l'action directe de l'Etat, puis dans les discriminations à l'emploi (prochain article), le troisième article traitera du rapport entre lutte contre les discriminations et propriété privée ou publique des entreprises (donc fera directement le lien avec le communisme). Et le quatrième volet abordera les réponses concrètes que l'on peut donner à la question des discriminations au recrutement. Vous vous en doutez déjà, je ne me situe pas dans le camp des promoteur de la "discrimination positive". Et plutôt du côté "républicain", les mêmes républicains auxquels Damien Perrotin reproche de ne produire qu'un "discours pseudo-égalitariste sans la moindre portée pratique".

Le « privilège blanc » ou la question du racisme supposé de l’état français

            En entendant parler de « privilège blanc » dans certains de ces articles (auxquels on peut ajouter cette tétralogie d’anthologie de Tévanian (1)), j’aurais cru qu’il était question de l’Afrique du Sud des années 60. Mais non, et en dépit de nos proclamations constitutionnelles, la France serait donc ce pays raciste où être né blanc est un privilège. Quelle loi l’indique ? Quelle administration classe différemment ses administrés en fonction de la couleur de la peau ? Je cite précisément l’épiderme car j’avais déjà évoqué une définition du racisme, qui est une inégalité de droits sur la  base de critères de naissance propre à l’individu - l’orientation religieuse n’en fait pas donc pas partie. Il y a un racisme anti-noir, anti-arabe ou anti-blanc, antifrançais, mais pas antichrétien ou « islamophobe ».

            Alors, quelle institution incarnerait concrètement le racisme français ?

Les emplois publics réservés aux français 

            Passons d’abord sur la préférence nationale sur les emplois publics : le fait que plusieurs millions d’emplois (c’est-à-dire les emplois publics) soient réservés aux français est considéré par Tévanian comme « lepéniste ». Il est dans un sens pertinent de remarquer que les partis de gauche, qui sont les premiers à se boucher le nez en évoquant la préférence nationale, ne la dénoncent pas pour la fonction publique, et que la gauche plurielle ne l’ait pas abolie. Cependant, ça ne constitue pas une raison pour considérer ce principe comme en soi raciste. Dans un autre article, j’avais déjà écrit que le fait de réserver un emploi aux seuls détenteurs de la nationalité n’est raciste que si cette nationalité est interdite d’accès aux étrangers. Ce qui n’est pas le cas en France. Un immigré peut devenir français et ensuite passer les concours de la fonction publique. Ce qui a longtemps posé problème, c’est la limitation d’âge pour passer ces concours (45 ans), ce qui pénalisait les immigrés qui n’avaient été naturalisés qu’après l’âge de 30 ou 40 ans. Mais cette restriction d’âge a été abrogée en 2005 (cf. cette étude de l’INED dont nous reparlerons par la suite). Mais dans le principe général, le fait qu’il faille acquérir la nationalité française pour intégrer une administration n’est pas « injustifiable », contrairement à ce qu’écrit Tévanian : on a le droit de penser, sans être raciste, que ceux qui constituent l’appareil d’Etat doivent avoir fait preuve d’une volonté d’intégration à la nation française, en en prenant la nationalité. Surtout, on peut se demander ce qui se passerait si la France comptait parmi ses fonctionnaires un grand nombre de personnes ayant la nationalité d’un pays avec lequel la France se retrouvait ensuite en guerre… Pour ma part, je pense qu’admettre des étrangers dans les emplois publics ne présente pas le risque d’une « prise de contrôle de l’Etat par l’étranger » du moment que les étrangers demeurent minoritaires.

Police, justice...et papiers d'identité 

Une autre institution fait plus souvent parler d’elle : l’institution judiciaro-policière. D’abord pour son traitement de la délinquance, par sa suspicion et la « stigmatisation »  sur les populations immigrées (issues du continent africain s’entend). On repense au tollé provoqué par une petite phrase télévisuelle d’un chroniqueur du Figaro relative au taux de délinquance des noirs et des arabes en Mars dernier. Je n’entrerai pas dans le débat –explosif au demeurant, et impossible à trancher en l’absence de statistiques ethniques- sur la pertinence factuelle des propos du journaliste. Mais on doit revanche en dénier le caractère raciste – l’auteur de ces propos n’ayant jamais dit que tout noir ou arabe était délinquant, ni même que cela était le cas d’une fraction importante d’entre eux. Ceci a été admis par les moins idiots de ses adversaires. Mais ce sur quoi beaucoup ont insisté, c’est que par ses dires, le chroniqueur justifiait une atteinte aux droits de l’Homme.

            Souvenez-vous du contexte : dans un débat télévisé, le journaliste se retrouve face à des interlocuteurs qui évoquent les résultats d’une étude publiée en Juin 2009 (2) établissant que les contrôles d’identité effectués par la police parisienne sont plus de six ou onze fois plus fréquents pour les noirs et les arabes que pour les européens (« blancs »). En lisant cette étude publiée par la fondation Open Society de George Soros, je me suis aperçu de plusieurs points douteux sur le plan méthodologique,  mais ce la ne remettait pas en cause le message global de l’étude. Et celui-ci, si on le formule un peu plus rigoureusement que ne l’on fait nombre de commentateurs lors de la parution de l’étude, est : dans les grandes gares parisiennes, les personnes de type africain ou nord-africain ont effectivement nettement plus de chances d’être contrôlées que les européens, sans faire de distinction entre les âges et les sexes.

En ce qui concerne la fréquence générale des contrôles d’identité, le rapport est nettement moins concluant. Plusieurs centaines de personnes contrôlées par la police dans les gares étudiées ont été interrogées par les chercheurs auteurs de l’étude, et plusieurs dizaines ont affirmé être contrôlées plus de deux fois au cours du mois précédent. Mais, dans la mesure où ces personnes n’ont pas été prises au hasard (ce sont toutes des personnes qui venaient d’être contrôlées), elles ne sont pas nécessairement un échantillon représentatif des habitants de ce pays, qu’il s’agisse des blancs, des noirs ou des arabes. Pour ma part, en tant que « face de craie », j’ai été contrôlé moins d’une fois par an. Une personne contrôlée quinze fois plus l’aurait été…moins d’une fois par mois. Ce qui ne relève pas tout à fait de l’acte de torture ou du harcèlement policier. Qu’il existe une minorité d’individus ayant à supporter des fréquences bien supérieures de contrôles est indubitable, mais affirmer que c’est le cas de l’ensemble des non-blancs me semble largement faux – je ne connais pour ma part aucune personne qui se plaigne d’être contrôlé tous les jours ou plus, et il n’y a pas que des blancs dans mon échantillon.

            De même, rappelons aux défenseurs autoproclamés des droits humains :

1)      qu’un contrôle d’identité n’est pas en soi une agression, et que cela ne le devient que si la fréquence des contrôles devient très forte, au point d’entraver les libertés fondamentales (le droit de se déplacer, de travailler, de manifester… ), ce qui n’est pas le cas pour la grande majorité de la population, non-blancs compris ;

2)      qu’aucun citoyen, quelque soit sa couleur de peau, ne peut s’y soustraire. Et le fait que les études révèlent un traitement différent en intensité des agents de l’état entre deux populations différentes ne relève pas nécessairement de l’atteinte aux droits de l’homme, n’en déplaise à Rokhaya Diallo, du mouvement des Indivisibles . Si c’était le cas, il faudrait saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme dès que l’on constate que le nombre de policiers par habitants n’est pas le même d’un département à l’autre, le nombre de personnels éducatifs par élève n’est pas le même d’un collège ou lycée à un autre, que le nombre de soignants par patient diffère d’un hôpital à l’autre, etc…

On ne peut parler d’atteinte aux droits et de discrimination qu’à au moins deux conditions. D’abord, il faut que la différence de traitement pratiquée par les agents étatiques ne soient pas justifiées par une motivation « objective et raisonnable ». C’est l’expression utilisée en droit. Et, bien évidemment, plupart de ceux qui ont commenté l’étude ont jugé d’emblée que le fait de contrôler plus ou moins certaines ethnies par rapport à d’autres est injustifié et injustifiable. Ce qui est hautement critiquable (2). Ensuite, une discrimination institutionnelle, même fondée sur un critère à la base objectif, peut devenir une atteinte aux droits si l’intensité de l’action publique provoque les gênes évoquées plus haut, ou si au contraire son insuffisance rend le service public inopérant. Or ce n’est pas le cas ici.

Donc la réalité des « contrôles au faciès » - dont je ne nie pas l’existence statistique - ne constitue pas pour autant une preuve du caractère raciste de l’état français. Et je pense de même concernant la probable partialité ethnique de magistrats qui condamnent plus ou moins sévèrement les coupables en fonction de leur tonalité épidermique. Ce n’est pas la loi française qui est raciste, mais l’application qu’en font certains de ses agents. Aucun pays n’aura jamais de parfaits ministres.

Expulsions et conclusions de la première partie

Quant aux lois réprimant l’immigration clandestine et organisant sa répression, sans en approuver les modalités (tels les Centres de Rétention Administratifs), et tout en considérant que nombre d’expulsions sont injustes et inutiles, je ne peux pas affirmer qu’elles reposent sur une logique raciste, car j’adhère moi-même au principe selon lequel la liberté de migration a des limites, et qu’aucun pays ne peut tolérer des migrations sans entraves. Notons aussi que le clivage sur lequel fonctionnent les expulsions est celui de la nationalité, critère modifiable au cours de la vie d’une personne, et pas de critères innés comme la couleur ni même de choix tels que la religion. Un noir britannique en France est inexpulsable, pas un blanc bosniaque ; un chrétien moldave ou haïtien est expulsable, pas un musulman allemand (ou français).

Passant cela en revue, il me semble que 1) certes, il y a des tendances racistes chez une partie des agents de l’Etat en France, mais que 2) le fait de parler d’état ou de pays raciste résulte d’une conception abusive de la notion de racisme. On pourrait parler de racisme d’état si un fonctionnaire non-raciste se retrouvait, par simple application des lois, contraint de mettre le racisme en pratique. Or, même dans le cas des expulsions et des reconduites aux frontières, ce n’est pas le cas.

Et je continuerai en précisant que parler de « France raciste » est une injure au peuple français. Et oui. Car la France reste, à quelques violations de réferenda et règles électorales scabreuses près, une démocratie. Si l’état français est ce qu’il est, c’est aussi par consentement du peuple français. Et ce même en tenant compte de l’existence de la lutte des classes : les prolétaires français n’ont, actuellement, pas ressenti la nécessité de se révolter massivement contre la République (et ce quoi que pensent les quelques-uns qui voient « le peuple » dans une minorité d’émeutiers…).

 

Notes 

 

(1) Vous pouvez notamment avoir un très bel extrait de cette prose masochiste dans cette tétralogie Tévaniesque, « la question blanche », sur lmsi.net. Voici un morceau d’anthologie dans le troisième volet :

« On m’objectera le fameux mérite. Comme Alain Finkielkraut passe son temps à le répéter, cette république ne m’a pas tout donné : j’ai dû travailler pour réussir mes études, mes examens, mes concours de recrutement, ou pour écrire des livres acceptés par des éditeurs. Mais je sais aussi que pour réussir le même type de parcours, un non-blanc, comme une femme, comme un prolo, comme un homo, doit mobiliser deux fois plus de qualités individuelles. Ce qui peut se dire autrement : je dois mobiliser deux fois moins. J’ai dû travailler beaucoup pour réussir tout ce que j’ai réussi, mais deux fois moins que des prolos, des femmes ou des non-blancs.

Ou si l’on croit aux dons naturels plutôt qu’au travail : il a bien fallu que je sois naturellement doué pour réussir ce que j’ai réussi, mais deux fois moins doué que les non-blancs qui ont réussi les mêmes choses.

J’ai dû faire deux fois moins d’efforts pour réussir ce que j’entreprenais, mais auparavant j’avais déjà dû faire dix fois moins d’efforts pour seulement penser à l’entreprendre, pour m’autoriser à avoir ces aspirations. Pour s’autoriser la même chose, un non-blanc, comme une femme, un homo, un prolo, doit développer une personnalité particulière, avec des qualités ou des défauts particuliers. Il doit être tout ce que je n’ai pas eu à être : exceptionnellement intelligent, courageux, persévérant, confiant, inébranlable, ou bien prétentieux, ambitieux, arriviste, ou encore téméraire ou enfin complètement fou. Être un bourgeois blanc hétérosexuel me met à l’abri de cette folie. »

            Sur quelle base Tévanian se permet-il de dire qu’une femme, un homosexuel ou un immigré aurait dû travailler deux fois plus pour arriver au même point que lui (Tévanian a été élève de l’Ecole Normale Supérieure) ? Sachant qu’un élève de classe préparatoirequi prépare un très haut concours doit y consacrer quasiment tout son temps disponible, même si c’est un homme-hétéro-blanc privilégié, comment quelqu’un peut-il y consacrer deux fois plus de temps ? A moins que l’auteur ne raisonne pas en temps, mais en intensité de l’effort intellectuel à fournir : mais comment le mesure-t-il ?

            Ce qui fait que lorsqu’il dit qu’ « Être un bourgeois blanc hétérosexuel me met à l’abri de cette folie », je n’en suis malheureusement pas convaincu…

 

(2) Sur l’enquête sur les contrôles d’identité : il s’agit d’une étude rédigée par Fabien Jobard et René Levy en 2009. Le sujet était d’observer, sur deux semaines, des contrôles d’identité (525 au total) accomplis par la police parisienne, d’interroger les personnes qui en avaient été l'objet, et de comparer les interrogés avec la population présente dans les lieux étudiés sur une période comparable (« population disponible » ou « de référence »).

 L’étude ne porte que sur deux gares parisiennes (Châtelet et la Gare du Nord). Dans ces zones, les noirs et les arabes sont très surreprésentés par rapport à leur poids dans la population française ou même francilienne (27% de noirs et 11% d’arabes sur une population « disponible » « de référence » de 37.000 personnes dans lesdites gares).

Les chercheurs ont relevé plusieurs critères  qui pouvaient expliquer l’intérêt des policiers tels que le genre, l’âge, la tenue vestimentaire, le fait de porter un sac…

Les chercheurs ont mesuré le rapport entre la probabilité d’être contrôlé si on est noir/ arabe/jeune/homme par rapport à la probabilité pour ceux qui ont les caractéristiques contraires. Ce rapport s’appelle odd-ratio, et est souvent – trop rapidement – traduit sous la forme : « Un noir a six fois plus de chances d’être interrogé qu’un blanc » si l’odd-ratio noir/blanc vaut six.

Mais lorsque les odds-ratios sont calculés, les autres facteurs pouvant expliquer le choix de contrôle de la police (âge, genre) ne sont pas décorrélés !...Ainsi, on ne sait pas quel est l’odd-ratio entre noirs et blanc pour la même tranche d’âge et le même genre. Et ce alors qu’il est attesté que les jeunes et les hommes sont beaucoup plus contrôlés que les vieux et les femmes. Il est possible que l'écart entre blancs, noirs et arabes s'explique en bonne partie par le fait que les noirs et les arabes qui passent dans les gares étudiées sont plus souvent des hommes, plus souvent jeunes que lorsqu'il s'agit de blancs. Cependant, étant donné l'écart des fréquences de contrôles entre blancs et non-blancs, il est très probable que même après décorrélation, l’écart blanc/noir ou blanc/arabe resterait très significatif. Mais on ne sait pas si l’on ne verra pas un odd-ratio très différent entre gens de couleurs différentes si l’on séparait hommes, femmes, ou jeunes et vieux. Il se peut qu'en réalité, l'attention policère se focalise sur les jeunes hommes de couleur et que les femmes noires ou arabes ou les personnes âgées issues de l'immigration africaine soient peu dérangées.

Mais le principal problème est que les auteurs font fi de tout motif qui pourrait expliquer l’action de la police. Ils font des réflexions vaseuses sur le fait que les policiers contrôlent en fait moins les porteurs de sacs que les non porteurs, ce qui contredirait le motif antiterroriste des contrôles ! Comme si un terroriste avait pour principale activité le transport d’armes et de bombes, et non la transmission d’informations orales… Les auteurs ignorent que les policiers peuvent aussi vouloir arrêter des clandestins. Or, la probabilité d’en trouver parmi les noirs et les arabes  est supérieure à ce qu’elle est chez les blancs, pour la simple raison que plus de la moitié de notre immigration légale (et sans doute plus encore pour ce qui est de l'illégale) est africaine… Quant à la possibilité d’une surdélinquance des gens de type (nord-) africain, c’est la loi elle-même qui interdit de trancher ce débat houleux par l’absence de statistiques ethniques…

Rappelons aux bonnes âmes gauchistes qu’il ne s’agit nullement de lancer des théories sur un lien génétique entre épiderme et propension à la délinquance. Bien évidemment, ce sont des facteurs de l’ordre du vécu personnel et de la condition sociale qui expliqueront le fait qu’un individu sombre dans la délinquance, et non la couleur de sa peau. On retiendra généralement parmi les facteurs de délinquance des variables telles que l’âge, le genre, le niveau de revenu, d’éducation, le niveau d’inégalités sociales…Mais. Car il y a un mais. Si l’on se place du point de vue des policiers (ce qui est déjà trop en demander aux gauchistes) qui doivent faire des contrôles (horreur !) avec un temps et des effectifs limités, alors on s’aperçoit que certaines variables deviennent invisibles. Un policier peut voir que vous êtes un homme, que vous êtes apparemment vieux ou jeune (mais c’est plus flou), mais il sera incapable de voir directement si vous êtes pauvre (il y a des gens pauvres mais coquets, des gens riches et négligés), et encore moins votre profession ou niveau de diplôme. Par contre, le type physique se voit assez rapidement. C’est pour cela que, pour ma part, si une surdélinquance était constatée chez certains groupes ethniques, sans accréditer nullement une théorie raciste de la délinquance, et bien je n’en voudrais pas aux policiers de faire du « profilage ethnique ».

Notons au passage que je suis moi aussi victime d’une discrimination. En tant qu’homme, je dois payer ma cotisation automobile plus chère qu’une femme (alors que cette discrimination tarifaire est peu pratiquée en assurance santé, où les femmes coûtent notoirement plus cher aux complémentaires que les hommes). Cette discrimination est fondée sur une constatation statistique largement documentée : les hommes ont plus d’accidents (et plus graves) que les femmes. Et là, aucune association ne demande la levée de cette discrimination…

Je terminerai en considérant que ce qui m'a fait halluciner dans la controverse "zemmourienne", c'est que beaucoup de gens se sont déchaînés contre les propos d'un journaliste ou les contrôles des policiers, mais très peu ont fait remarquer que le véritable enjeu serait de faire reculer la délinquance... 

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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 00:17

Je poste un article que j'ai écrit pour le blog des Jeunes Communistes du 92 et paru il y a plusieurs jours déjà.

Ces temps-ci, j'écris peu d'article car je m'investis davantage avec ma section JC dans le suivi des luttes de terrain (comme celle de l'hôpital public Louis Mourier de Colombes). Je reparlerai des développements de ce sujet sous peu.

 

 

Depuis le 26 Avril, les salariés de plusieurs agences de La Poste se sont mis en grève en Hauts-de-Seine : Chatillon, Clamart, et Asnières-sur-Seine. A l’origine, l’une des nombreuses mesures destinées à « rationaliser » le service postal, la suppression de tournées dans le cadre du plan « Facteurs d’Avenir ». Au total, dans le cas asniérois, sur 49 tournées effectuées dans la ville, 4 sont menacées. Un mouvement de grève massivement suivi par les salariés s’en est ensuivi.

 

           On est là bien loin de la suppression des gaspillages chers aux sujets populistes de TF1 ; loin du bureau de poste rural qui ne fonctionne que deux heures par jour. Nous sommes dans une agglomération de plus de 80.000 habitants, et où trois des quatre tournées supprimées concernent les quartiers populaires du nord de la ville. On est aussi dans l’illustration d’une réalité de ce que devient un service public national et de ses supposés privilèges : La Poste est un grand employeur de contrats précaires. L’entreprise tente d’opérer des rotations de facteurs sur plusieurs tournées dont celles qu’ils ne connaissent pas, et essaie de miner la grève en faisant remplacer les grévistes par des précaires d’autres communes.

 

           Les salariés mobilisés ont investi le siège départemental de La Poste à Nanterre le 10 Mai. Plusieurs grévistes ont par la suite fait l’objet de sanctions, de blâmes, allant jusqu’à la menace de pertes d’emplois. En réponse, le Vendredi 21 Mai, plusieurs centaines de postiers des Hauts-de-Seine ont manifesté devant le siège de La Poste, rue Vaugirard à Paris, à deux pas de la gare Montparnasse, puis l’ont occupé. Et ils recommencèrent une semaine plus tard, le Vendredi 28 Mai. Cernés par plusieurs cars de police, sans vivres depuis onze heures du matin, ils ne sont partis que dans la nuit, après avoir tenté de faire reculer la direction nationale du courrier et la direction des Hauts-de-Seine.

 

           Un mouvement de solidarité des forces de gauche d’Asnières (PCF, MJCF, NPA, PS, Verts) s’est constitué en comité de soutien. Une caisse de grève pour soulager les salaires perdus dans un conflit qui dure depuis la fin Avril a été créée, hébergée par SUD.

 

(Pour contribution : SUD POSTE 92, mention solidarité 92 au dos, à retourner au 51 rue Jean Bonal 92 250 – La-Garenne-Colombes).

 

           Les militants de l’Union de Ville Nord (Colombes-Asnières sur Seine-Gennevilliers-Clichy) du MJCF92 sont aux côtés des grévistes pour diffuser les tracts, et vous invitent à la solidarité avec les salariés du service public. Et ce alors que d’autres luttes contre les économies de bout de chandelle déguisées en « rationalisation » ont cours : dans la ville voisine de Colombes, ce sont les personnels soignants et non-soignants de l’hôpital public Louis Mourier qui se battent contre la suppression du service de médecine nucléaire ou encore la privatisation du service de sécurité – incendie.

 

          Pour toutes ces luttes qui se relient, nous invitons les jeunes, sympathisants, adhérents ou non, à rester à l’écoute des appels à la solidarité qui viennent de partout, de l’industrie, des services publics, de l’ensemble du salariat frappé par la crise et la rigueur.

 

Revue de presse :

 

Bataille socialiste


Le Point


La Nouvelle République


Le Parisien

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 09:32

Un nouvel article bref (j’espère que les lecteurs reconnaîtront la concision dont je fais de plus en plus souvent preuve) pour évoquer un sujet local : la lutte des personnels de l’hôpital Louis Mourier de Colombes.

                Dans le cadre d’un plan élaboré par le ministère de la Santé visant à regrouper les services de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris à douze centres hospitaliers, l’établissement de Colombes devrait perdre des effectifs et des services, tels le service de médecine nucléaire, pendant que d’autres services sont privatisés (ce qui serait le cas de la sécurité – incendie). Des réductions d'effectifs touchant le centre d'IVG aurait déjà été annulée suite à la mobilisation des salariés.

                Une réunion publique avait lieu Jeudi 27 au soir, au cours desquels les personnels en grève, aussi bien soignants qu’ouvriers, ont pu donner leur point de vue. Outre le refus de la suppression, à terme, et sur l’ensemble de l’AP-HP, de plusieurs milliers d’emplois et de la fermeture de centaines de lits, ce sont surtout les conditions de travail qui ont été illustrées.

                Le rythme est de plus en plus tendu : des salariés travaillent douze heures par jour trois jours d’affilée, les hôpitaux sont incités à faire sortir les patients le plus tôt possible dans le cadre de la tarification à l’activité (T2A). Un long témoignage d’un ouvrier de l’hôpital donne un éclairage plus concret des conséquences du resserrement, année après année, de leur budget annuel, qui les laisse sans moyen dès le mois d’Octobre, avec un matériel au rabais. Ses collègues et lui avaient dû renoncer à l’étanchéité de terrasses situées juste au dessus d’une maternité... et ce malgré les week-end qui sautent, les congés et jours de RTT non pris et qui s’entassent dans les bien connus Compte Epargne-Temps (dont l’inflation chez les personnels hospitaliers soulèvera soit une bombe financière, puisque ces journées non prises peuvent théoriquement s’échanger contre monnaie, soit, imaginons-le, vers une annulation pure et simple de ce repos auquel les salariés ont droit)…

                Loin de moi cependant l’idée de simplifier la question hospitalière, et de me contenter de ce que j’ai entendu au cours d’une réunion politique. La question du regroupement des services hospitaliers est ancienne, et s’appuie non seulement sur des considérations budgétaires, mais aussi médicales. Sur les blocs opératoires, il est maintenant connu que lorsqu’un petit bloc (dans un petit hôpital de province par exemple) opère peu fréquemment, le risque d’accident et d’échecs opératoires augmente. Cela s’applique à d’autres domaines, comme me le rappelait un collègue (et non confrère) médecin qui me citait le  New England Journal of Medicine publiant une étude sur 7000 hôpitaux américains concluant qu’à moins de 500 infarctus traités dans l’année, un établissement voit la mortalité à trente jours après admissions des patients augmenter par rapport aux établissements à plus forte activité. Bien sûr, le fait d’avoir moins d’hôpitaux qui traitent plus de cas fait immédiatement penser au risque d’une plus grande distance de transport. Mais mon collègue considère que cela n’est pas gênant tant que les ambulances dûment équipées interviennent à temps.

                L’idée d’une réorganisation et d’une rationalisation des moyens hospitaliers ne me semble pas scandaleuse en soi. Mais cela ne signifie pas nécessairement la diminution du nombre d’emplois mobilisés, tant les services aux personnes dépendantes sont appelés à croître à l’avenir. Et, pour revenir au témoignage de l’ouvrier hospitalier mentionné plus haut, rationalisation n’est pas non plus synonyme d’économies de bouts de chandelle.

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 23:03

          Un fait qui répond quelque peu à l’expulsion du squat de la rue Victor Hugo à Bagnolet. Le 8 Avril, une cinquantaine de personnes ont été expulsés d’un immeuble appartenant à GDF à Gennevilliers. Les mêmes occupants, qui sont des immigrés africains dont une partie sans-papiers, avaient déjà quitté un immeuble de GDF à Paris en 2004, pour résider à Gennevilliers. L’expulsion de ce mois, contrairement à celle de  Bagnolet, n’était nullement demandée par la municipalité, mais par la préfecture.Dans le cas de Bagnolet, la mairie ne pouvait ignorer que l'expulsion allait avoir lieu, et pouvait au moins préparer le relogement, surtout du fait qu'un an s'est écoulé entre la validation de la demande d'expulsion par les tribunaux et l'expulsion proprement dite, où les squatteurs ont perdus des biens. De plus, l'expulsion avait eu lieu en plein mois de Février.

            Dès l’expulsion du 8 Avril, plusieurs sans-papiers furent arrêtés. Si certains ont été libérés depuis, tous restent en attente de relogement. Et depuis le 8 Avril, cinquante personnes dont une dizaine de ménages avec enfants dorment à ciel ouvert rue Marcel Lamour, devant l’hôtel de ville de Gennevilliers.

            L’association Droit au Logement s’est  vite emparée du sujet, en plaçant des tentes qui furent retirées par la police aussitôt. Un comité de soutien s’est organisé (1), et des manifestations ont déjà eu lieu, comme celle du 18 Avril. Sont demandés : la libération de tous les arrêtés, le relogement des expulsés, la scolarisation sur Gennevilliers des enfants (qui sont actuellement sur Epinay-sur-Seine).

            Ce cas pose tout de même problème car Gennevilliers est une municipalité PCF. Ma première réaction fut d’abord de rencontrer les expulsés, et de les interroger sur leurs contacts avec la mairie. Ils déclarèrent ne pas avoir été reçus par l’équipe municipale. Puis j’ai interrogé les camarades de la mairie. Loin d’être inactive, la mairie s’est investie pour obtenir la libération de plusieurs des sans-papiers. Mais que faire pour que ces cinquante personnes ne dorment plus dehors ?

            Pourquoi la municipalité ne propose-t-elle pas des tentes ? Pourquoi pas un gymnase (comme celui dans lequel se tenait le congrès du MJCF, du 16 au 18 Avril justement) ? Et bien c’est justement l’une des perversités du jeu politique dans lequel s’opposent municipalités, conseils généraux, préfectures et donc Etat. Le piège est simple : dès que Gennevilliers aura confié un toit, si provisoire soit-il, fait de tentes ou dans un gymnase ou salle des fêtes, alors les instances départementales et étatiques considérerons l’affaire réglée et prise en charge par la ville. Ensuite, la municipalité ne peut trouver un logement en dur à titre exceptionnel à cinquante personnes alors que trois mille demandeurs de logement attendent depuis des années que leur dossier soit traité sur Gennevilliers.

            Cela n’empêche pas la pétition du DAL de dénoncer en creux une absence de soutien municipal dans une pétition. C’est pourquoi les jeunes communistes envisagent de diffuser une autre pétition ou tract rétablissant quelques pétitions sur les faits suivants :

-          le caractère illusoire de la loi DALO (droit au logement opposable) ;

-          l’utilisation que l’Etat fait de la spéculation sur le logement vacant dans le cadre du Grand Paris.

              Le ou les documents, qui seront rédigés collectivement, seront publiés ou mis en lien dès que possible.

(1) Joignable via l’Association des travailleurs maghrébins de France (26 rue Dupressoir à Gennevilliers, atmfgennevilliers@ymail.com , 01 47 91 32 22)

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 22:27

       Il y a une semaine, le 10 Février, à Bagnolet (93), dans la rue Victor Hugo, un squat a été rapidement évacué par la police au petit matin. Les habitants, sans-papiers pour la plupart, n’eurent pas le temps d’emporter leurs affaires avant que le bâtiment soit muré. Et des bulldozers sont venus détruire l’immeuble dans la journée.

       L’immeuble était devenu la propriété de la municipalité (PCF) de Bagnolet, qui demande sa destruction depuis des années. En Février 2009, la justice a accordé à sa demande. Mais ce n’est qu’en ce mois de Février 2010, alors que le plan grand froid a été réactivé, que la préfecture a procédé à l’expulsion.

       Dès l’évacuation, les habitants de l’immeuble (une quarantaine de personnes) se sont rendus devant la mairie de Bagnolet, qui ne les a pas reçus, et n’ont pu être accueillis dans un gymnase municipal.  C’est du moins la version que le Droit au Logement répand sur son site.

       Mais contrairement à ce qui y est écrit, la mairie a proposé des solutions d’hébergement, dans des hôtels des communes aux alentours. Mais l’offre a été refusée par les évacués, qui après deux nuits dans la rue, ont trouvé asile dans les locaux de la Confédération paysanne.


       Dès le départ, cette affaire évoque les situations conflictuelles récurrentes que les mairies PCF ont eu avec les immigrants, que ce soient dans les foyers de travailleurs immigrés ou les squats. On peut penser à la grève des loyers dans les foyers dans les années 70, où le bulldozer contre un foyer en construction à Vitry sur Seine au début des années 80. Ces faits sont à prendre avec le recul nécessaire, et j'y consacrerai un article prochainement.

       La municipalité, même si elle se défend (par un communiqué sur Elunet), a quand même eu une attitude surprenante. Comment imaginer qu'elle n'ait pas été au courant de la date de l'expulsion, et n'ai donc pas permis aux squatteurs de partir avec leurs biens (en louant un garde meuble) ? Pourquoi n'a-t-elle pas accepté qu'ils se réfugient dans un gymnase ? Pourquoi pas d'offre de relogements avant même la destruction ?

      Le PCF a condamné l'expulsion, mais le maire de Bagnolet (Marc Everbecq, qui n’a pas daigné parler de l’affaire sur son blog ) va-t-il rendre compte de ses actes devant le Parti, au vu des interrogations mentionnées plus haut ? Je sais: il est l'élu de ses administrés et non un élu du Parti, nous ne sommes plus à l'époque où un maire PCF était aux ordres du national... Mais de telles affaires, surtout avant une élection, peuvent affecter l'image du PCF, d'autant que c'est davantage médiatisé que les actions que nous menons, PC comme JC, aux côtés des sans-papiers en lutte.

      L’affaire de Bagnolet expose donc, avec une tournure assez grave, le problème de la relation entre le Parti et les villes PCF. Sur ce sujet, j’aurais plutôt une ligne « centraliste » : un maire PCF engage toujours l’image du Parti. Toutes les municipalités devraient rendre compte de leurs actions, mais aussi de leur gestion au jour le jour, afin de casser les idées (vraies ou fausses, je ne sais malheureusement) qui courent sur les villes communistes (sureffectifs de fonctionnaires, amis du Parti bénéficiant généreusement du logement social, subventions abondantes à des associations d’utilité discutable, influence abusive des syndicats…). Les villes sont la vitrine concrète du Parti. Nos élus sont notre principale différence (et fondamentale) avec les gauchistes qui ignorent tout de ce qu’est la gestion d’une collectivité.

       Un maire qui déshonore les principes et l’image du Parti, que ce soit par des actes comme ceux de Marc Everbecq, ou par une utilisation indélicate de l’argent du contribuable (donc des travailleurs), doit risquer l’exclusion du Parti. Et si la section locale lui reste solidaire, le Parti peut décider la dissolution de ladite section. Après tout, en fin de 2009, le tout jeune Parti de Gauche n’a-t-il pas donné un précédent avec la radiation totale de sa fédération des Hauts-de-Seine ?

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 21:19

Puisque nous parlions d’immigration dans les commentaires du précédent article, j’en profite pour annoncer la tenue d’une conférence sur ce thème.

Vendredi 29 Janvier, à 19 heures, aura lieu à la Bourse du Travail de Gennevilliers (rue Lamartine), près de la station des Agnettes (ligne 13), une conférence sur l’immigration et les sans – papiers.

Elle est organisée par les jeunes communistes du Nord des Hauts-de-Seine.

Les grandes questions/thématiques autour desquelles tourneront le débat (qui comptera plusieurs vidéos et interventions) seront :

- Aspect, causes des migrations ;

- Comment sont traités les étrangers (particulièrement les sans-papiers) en France et dans d'autres pays ;

- Comment les intégrer en France? Qui doit-on intégrer? A quel niveau? (rapport aux régularisations, aux attributions de nationalité, de droit de résidence...) ;
- Quels solutions internationales, nationales?

- Comment lutter pour ses idées? (des associations seront présentes).

 

Je préviens certains de mes lecteurs : non, il ne s’agira pas de critiquer toute limitation donnée à l’immigration. Je voudrais donner les chiffres suivants, issus de l’INED (Institut National des Etudes Démographiques).

migrantsINED

 

Source : INED 2010

  On peut aussi reformuler les arrivées par origine ainsi :

 

diagrammecircu-copie-1

         Certes, ce ne sont que les entrées officielles qui sont recensées, je ne peux rien savoir sur les clandestins. Que peut-on voir ? Qu’il y a environ 200.000 entrées chaque année. Mais très divisés sur le plan de leurs origines. Quoi de commun entre les immigrés originaires d’Europe, donc, Albanie, Kosovo et Bosnie exceptés issus de pays de culture chrétienne et globalement riches (29% du total sur le diagramme circulaire), les immigrés venus d’Afrique ou de Turquie (48% du total, eux-mêmes hétérogènes), les chinois (aujourd’hui 10 000 par an, en pleine croissance) ?

Une autre dimension de l’immigration est son rôle sur la natalité nationale. J’avais déjà abordé le problème dans un article de Janvier 2009. Je contestais l’idée qu’il n’y avait pas de hausse de la natalité chez les français natifs, mais je n’y niais pas la très forte natalité (d’environ 3 à 4 enfants par femme) chez les immigrants africains. Là encore, les immigrés sont très divisés : les japonais, chinois, américains, européens ou turcs n’ont certainement pas la même natalité que les entrants africains.

C’est un fait important à savoir, car si la proportion d’immigrés dans la population résidente en France semble stable à moins de 10% (ce qui en soi ne dit rien sur la population issue de l’immigration), en revanche, parmi les naissances, leur poids est au moins double : près de 20% des naissances en France impliquent un parent étranger. Et il ne s’agit là que des étrangers, pas des immigrés (plus nombreux).

En conclusion de ces faits, notons que :

1)      Beaucoup de pays nous envoient très peu de migrants. Est-il justifié d’appliquer une politique de quotas pour quelques milliers de réfugiés afghans, ex-yougoslaves, caucasiens (dont les tchétchènes), ou d’autres pays ravagés par des guerres longues, tels le Congo ? De ces pays nous parviennent quelques milliers de personnes chaque année. Nous pourrions très bien nous passer d’expulsions. Comme nous pourrions nous en passer pour les Comores, pays de 700.000 habitants seulement, et où la séparation avec Mayotte et le durcissement des visas provoque des drames par milliers.

2)      S’il y a des pays avec lesquels nous pouvons réguler l’immigration, il s’agit surtout de pays de l’ancien empire africain de la France. Mais gardons à l’esprit que les départs sont très loin de relever d’un simple désir de voyage. Très souvent, on migre sans en avoir aucune envie.

Voyons maintenant l’immigration du point de vue des migrants eux-mêmes.

Je donne donc quelques témoignages de migrants, reformulés à la première personne, car ils seront peut-être diffusés lors de la conférence du 29 Janvier. Ils donnent un aperçu de la diversité des situations évoquée plus haut. Ces témoignages sont issus de la Cimade, ou d’autres sites (on peut par exemple en trouver sur amnesty.org).

 

Témoignages de migrants

Mademoiselle Z – Mayotte

            Je suis née il y a 13 ans à Mayotte. L’île est restée française depuis 1975, alors que les Comores devenaient indépendantes. Ma mère est née aux Comores, mais vivait à Mayotte depuis 19 ans, avec ses six enfants, dont plusieurs sont français. Son mari vivait à Mayotte depuis 40 ans.

            Ma mère a été arrêtée en Novembre 2009, et expulsée vers Anjouan, ile des Comores. Je suis parti avec elle, et j’ai été confiée à ma grand-mère. Mais nous avons décidé de repartir aussitôt à Mayotte, ma mère et moi.

            Le Jeudi 27 Novembre, onze personnes sont admises à l’hôpital de Mayotte. Elles sont rescapées du naufrage de notre embarcation. Je fais partie de ces rescapés, mais pas ma mère.

Mayotte fut membre des Comores jusqu’à l’indépendance de l’archipel en 1975. Les habitants de l’île votèrent alors leur maintien dans la République Française. Des dizaines de milliers de comoriens tentent depuis de migrer vers Mayotte. Le gouvernement Balladur (1993-1995) a instauré une exigence de visas (dits « visas Balladur ») pour se rendre sur Mayotte. Ces visas entrainèrent une immigration clandestine croissante, dans des conditions meurtrières. Des milliers de gens ont perdu la vie par noyade en voguant d’une île à l’autre, et Mayotte réalise une forte fraction des quotas d’expulsion et de reconduites aux frontières fixées par le ministère de l’immigration.


Monsieur S – Bosnie-Herzégovine

            Jusqu’à 1993, j’étais gérant d’un centre commercial, à Vitez, en Bosnie-Herzégovine. La guerre m’a séparé de ma famille. J’ai été détenu dans un camp, torturé, et libéré par l’action de la Croix-Rouge. Je n’ai pas retrouvé ma famille après la fin de la guerre en 1995. Par contre, j’ai découvert ma maison occupée par un militaire vétéran.

Je suis alors devenu réfugié à Kakanj, en Serbie. J’ai tenté plusieurs fois de revenir à Vitez, retrouver ma famille et mon foyer, en vain. J’ai dû revenir en Serbie, et j’y ai pris des coups. On m’a refusé l’accès aux soins.

            En 2007, j’arrive en France et demande l’asile. Ma requête est rejetée, l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) ne considérant pas que j’aie subi en Bosnie et en Serbie des persécutions suffisamment grave pour valoir l’asile en France. Je tente un recours.

            En Novembre 2007, je suis interné au Centre de Rétention Administrative de Lyon. Je me bats avec les policiers le jour de mon expulsion. Je suis condamné à trois mois de prison et deux ans d’interdiction du territoire.

Mais le verdict final de ma procédure d’asile n’était pas encore tombé, et avait été repoussé au mois de Janvier. Le 17 Janvier 2008, je suis enfin reconnu réfugié par la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA).



Monsieur X – Ghana

J’étais fermier au Ghana, et j’élevais des chèvres avec ma femme, mon fils et ma mère. Mon village fut subitement massacré par des voisins. J’ai tout perdu, famille et biens.

            Je suis alors parti vers Kuwasi, la deuxième ville du pays. N’ayant plus rien, je tente alors ma chance vers l’Europe. On me conduit au Mali, puis en Lybie, puis je traverse le Maghreb vers Ceuta et Melilla, les enclaves espagnoles sur la côte marocaine.

            J’ai vécu six mois de clandestinité en Espagne, mais c’est la police française qui m’a arrêté en Automne 2009. N’ayant jamais été à l’école, je ne peux communiquer avec la Cimade qu’avec le peu d’anglais que je connais.

            Je parle le twi, dialecte ghanéen. Ce n’est pas la langue que l’on parle à Accra, la capitale. Je n’y connais personne. C’est pourtant là-bas que j’ai été expulsé en Octobre 2009, l’OFPRA considérant que je ne suis « pas personnellement en danger » dans mon pays.



Monsieur W – Afghanistan

            J’ai 22 ans. Je vivais à Ali Khan Khil, près de Kaboul. Mes trois frères étaient boulangers à Bagram. Pendant la guerre civile, avant 2001, cette ville était un point très disputé sur la ligne de front entre les talibans et l’Alliance du Nord. Lorsque la ville fut reprise pour la troisième fois par les talibans, mes frères ont été forcés à dénoncer les combattants de l’Alliance du Nord. Après 2001, ceux qui avaient été arrêtés et torturés par les talibans décidèrent de se vanger contre leurs délateurs.

            Avec mes frères et le reste de la famille, nous avons fui en Iran. Mon petit frère, ma mère et mo n oncle tentèrent un retour en Afghanistan. Mon oncle a été tué, mon petit frère est revenu en Iran. A Bagram, les membres de notre famille feront pour longtemps encore figure de traîtres.

            Mes frères décidèrent de rester en Iran. Je tentai ma chance pour la France, en vue d’obtenir l’asile. Je suis resté travailler clandestinement en Grèce pendant plus de deux ans, supportant plusieurs arrestations par la police. Au bout de deux ans et demi, j’arrive à Paris début Octobre 2009. Mon voyage m’a coûté 6 500 euros.

            Au bout de deux jours d’errance à Paris, la police m’arrête, et je suis interné au CRA de Vincennes. Les gens de la Cimade pensaient que mon formulaire de demande d’asile aurait une réponse positive.

            J’ai fait partie des trois afghans expulsé depuis la France vers « leur pays » en Octobre 2009.

 

Monsieur Y – Algérie

            Je suis né comme sujet de l’Empire français. J’ai fait mon service militaire en 1961, à Verdun. Un an avant que mon pays de naissance devienne indépendant. Je suis revenu en France pour y vivre en 1986. Je vis avec une française. J’ai toujours eu une carte de résidence.

            J’ai commis une erreur qui m’a valu d’être arrêté et condamné en 2005. J’ai écopé d’une interdiction définitive du territoire français (ITF), malgré mes vingt ans de présence en France. Cette ITF est juridiquement illégale.

            En prison, je reprends mes études d’histoire. Je me passionne pour la France, pour la guerre d’Algérie aussi. Je ne reçois que des notes positives sur mon comportement en détention et pendant mes formations.

            Finalement, c’est pour raison de santé que je suis libéré du Centre de Rétention Administrative. Ma carte de résidence n’est valide que jusqu’à Septembre 2009. Cela fera 23 ans que je serai en France. Mais il suffira d’un contrôle de police pour y mettre fin.

 

Monsieur G – Mali

Je suis né vers 1948 au Mali, dans une fratrie de huit enfants dont deux filles. Je ne suis pas allé à l’école, et ai passé mon enfance en tant que cultivateur.

J’ai voulu tenter l’aventure de l’émigration à 21 ans. A l’époque, émigrer en France, c’était un voyage temporaire, de 2 à 3 ans. Le luxe apparent, surtout au niveau vestimentaire, de ceux qui en revenaient en tentait plus d’un. Ma famille était divisée sur la pertinence de mon départ.

Je me suis d’abord rendu à Kayes, la grande ville de l’Ouest du Mali, puis vers Dakar, au Sénégal. J’y suis resté trois ans, ouvrier de chantier ou sur des marchés de poissons.

C’est en 1972 que je suis allé à Paris. Ne parlant pas français, je n’ai pu répondre aux questions de la police. J’ai été renvoyé à Dakar. Je suis alors reparti sur un vol vers Tunis, puis Francfort, puis Rome, puis Nice. J’avais alors épuisé l’argent que ma famille m’avait confié pour mon voyage. Heureusement, un nouveau mandat de mes parents me permit de reprendre la route vers Paris. Sans carte de résident, j’ai d’abord vécu en foyer. Je suis devenu blanchisseur, ai pris des cours du soir, et ai remboursé mes frais de transports.

J’ai envoyé entre le tiers et la moitié de ce que je gagnais au Mali. J’ai fait venir mon épouse en 1991, car je n’avais de toute façon pas assez de vacances pour aller la voir régulièrement. Nous avons eu cinq enfants.

Les travailleurs maliens en France ont permis beaucoup de réalisations au Mali : des écoles, des centres de santé. Il n’y a pas si longtemps, les enfants de mon village devaient parcourir 17 kms pour se rendre à l’école. Maintenant, elle est dans le village.

Malheureusement, les sommes que nous envoyons ne sont pas entièrement investies, et passent trop souvent dans les dépenses courantes. Pour ma part, j’aimerais me construire une résidence à Kayes, ou à Bamako, la capitale, pour ma retraite.

Mais d’autres maliens ont réussi des réalisations sans émigrer. Aujourd’hui, je dis aux jeunes maliens de ne pas venir en France. La France est devenue très dure avec les étrangers, surtout ceux qui sont en situation irrégulière, ce qui arrive de plus en plus souvent.


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