Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

Vous voulez simplement parler du communisme?

Alors ce blog est pour vous.

 

Communisme communiste révolution réforme capitalisme libéralisme argent entreprise impôt état France Europe URSS Chine USA Monde PCF NPA LCR LO UMP PS Modem élection Buffet Besancenot Laguiller Bové Marx

Rechercher

Archives

24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 21:19

Puisque nous parlions d’immigration dans les commentaires du précédent article, j’en profite pour annoncer la tenue d’une conférence sur ce thème.

Vendredi 29 Janvier, à 19 heures, aura lieu à la Bourse du Travail de Gennevilliers (rue Lamartine), près de la station des Agnettes (ligne 13), une conférence sur l’immigration et les sans – papiers.

Elle est organisée par les jeunes communistes du Nord des Hauts-de-Seine.

Les grandes questions/thématiques autour desquelles tourneront le débat (qui comptera plusieurs vidéos et interventions) seront :

- Aspect, causes des migrations ;

- Comment sont traités les étrangers (particulièrement les sans-papiers) en France et dans d'autres pays ;

- Comment les intégrer en France? Qui doit-on intégrer? A quel niveau? (rapport aux régularisations, aux attributions de nationalité, de droit de résidence...) ;
- Quels solutions internationales, nationales?

- Comment lutter pour ses idées? (des associations seront présentes).

 

Je préviens certains de mes lecteurs : non, il ne s’agira pas de critiquer toute limitation donnée à l’immigration. Je voudrais donner les chiffres suivants, issus de l’INED (Institut National des Etudes Démographiques).

migrantsINED

 

Source : INED 2010

  On peut aussi reformuler les arrivées par origine ainsi :

 

diagrammecircu-copie-1

         Certes, ce ne sont que les entrées officielles qui sont recensées, je ne peux rien savoir sur les clandestins. Que peut-on voir ? Qu’il y a environ 200.000 entrées chaque année. Mais très divisés sur le plan de leurs origines. Quoi de commun entre les immigrés originaires d’Europe, donc, Albanie, Kosovo et Bosnie exceptés issus de pays de culture chrétienne et globalement riches (29% du total sur le diagramme circulaire), les immigrés venus d’Afrique ou de Turquie (48% du total, eux-mêmes hétérogènes), les chinois (aujourd’hui 10 000 par an, en pleine croissance) ?

Une autre dimension de l’immigration est son rôle sur la natalité nationale. J’avais déjà abordé le problème dans un article de Janvier 2009. Je contestais l’idée qu’il n’y avait pas de hausse de la natalité chez les français natifs, mais je n’y niais pas la très forte natalité (d’environ 3 à 4 enfants par femme) chez les immigrants africains. Là encore, les immigrés sont très divisés : les japonais, chinois, américains, européens ou turcs n’ont certainement pas la même natalité que les entrants africains.

C’est un fait important à savoir, car si la proportion d’immigrés dans la population résidente en France semble stable à moins de 10% (ce qui en soi ne dit rien sur la population issue de l’immigration), en revanche, parmi les naissances, leur poids est au moins double : près de 20% des naissances en France impliquent un parent étranger. Et il ne s’agit là que des étrangers, pas des immigrés (plus nombreux).

En conclusion de ces faits, notons que :

1)      Beaucoup de pays nous envoient très peu de migrants. Est-il justifié d’appliquer une politique de quotas pour quelques milliers de réfugiés afghans, ex-yougoslaves, caucasiens (dont les tchétchènes), ou d’autres pays ravagés par des guerres longues, tels le Congo ? De ces pays nous parviennent quelques milliers de personnes chaque année. Nous pourrions très bien nous passer d’expulsions. Comme nous pourrions nous en passer pour les Comores, pays de 700.000 habitants seulement, et où la séparation avec Mayotte et le durcissement des visas provoque des drames par milliers.

2)      S’il y a des pays avec lesquels nous pouvons réguler l’immigration, il s’agit surtout de pays de l’ancien empire africain de la France. Mais gardons à l’esprit que les départs sont très loin de relever d’un simple désir de voyage. Très souvent, on migre sans en avoir aucune envie.

Voyons maintenant l’immigration du point de vue des migrants eux-mêmes.

Je donne donc quelques témoignages de migrants, reformulés à la première personne, car ils seront peut-être diffusés lors de la conférence du 29 Janvier. Ils donnent un aperçu de la diversité des situations évoquée plus haut. Ces témoignages sont issus de la Cimade, ou d’autres sites (on peut par exemple en trouver sur amnesty.org).

 

Témoignages de migrants

Mademoiselle Z – Mayotte

            Je suis née il y a 13 ans à Mayotte. L’île est restée française depuis 1975, alors que les Comores devenaient indépendantes. Ma mère est née aux Comores, mais vivait à Mayotte depuis 19 ans, avec ses six enfants, dont plusieurs sont français. Son mari vivait à Mayotte depuis 40 ans.

            Ma mère a été arrêtée en Novembre 2009, et expulsée vers Anjouan, ile des Comores. Je suis parti avec elle, et j’ai été confiée à ma grand-mère. Mais nous avons décidé de repartir aussitôt à Mayotte, ma mère et moi.

            Le Jeudi 27 Novembre, onze personnes sont admises à l’hôpital de Mayotte. Elles sont rescapées du naufrage de notre embarcation. Je fais partie de ces rescapés, mais pas ma mère.

Mayotte fut membre des Comores jusqu’à l’indépendance de l’archipel en 1975. Les habitants de l’île votèrent alors leur maintien dans la République Française. Des dizaines de milliers de comoriens tentent depuis de migrer vers Mayotte. Le gouvernement Balladur (1993-1995) a instauré une exigence de visas (dits « visas Balladur ») pour se rendre sur Mayotte. Ces visas entrainèrent une immigration clandestine croissante, dans des conditions meurtrières. Des milliers de gens ont perdu la vie par noyade en voguant d’une île à l’autre, et Mayotte réalise une forte fraction des quotas d’expulsion et de reconduites aux frontières fixées par le ministère de l’immigration.


Monsieur S – Bosnie-Herzégovine

            Jusqu’à 1993, j’étais gérant d’un centre commercial, à Vitez, en Bosnie-Herzégovine. La guerre m’a séparé de ma famille. J’ai été détenu dans un camp, torturé, et libéré par l’action de la Croix-Rouge. Je n’ai pas retrouvé ma famille après la fin de la guerre en 1995. Par contre, j’ai découvert ma maison occupée par un militaire vétéran.

Je suis alors devenu réfugié à Kakanj, en Serbie. J’ai tenté plusieurs fois de revenir à Vitez, retrouver ma famille et mon foyer, en vain. J’ai dû revenir en Serbie, et j’y ai pris des coups. On m’a refusé l’accès aux soins.

            En 2007, j’arrive en France et demande l’asile. Ma requête est rejetée, l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) ne considérant pas que j’aie subi en Bosnie et en Serbie des persécutions suffisamment grave pour valoir l’asile en France. Je tente un recours.

            En Novembre 2007, je suis interné au Centre de Rétention Administrative de Lyon. Je me bats avec les policiers le jour de mon expulsion. Je suis condamné à trois mois de prison et deux ans d’interdiction du territoire.

Mais le verdict final de ma procédure d’asile n’était pas encore tombé, et avait été repoussé au mois de Janvier. Le 17 Janvier 2008, je suis enfin reconnu réfugié par la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA).



Monsieur X – Ghana

J’étais fermier au Ghana, et j’élevais des chèvres avec ma femme, mon fils et ma mère. Mon village fut subitement massacré par des voisins. J’ai tout perdu, famille et biens.

            Je suis alors parti vers Kuwasi, la deuxième ville du pays. N’ayant plus rien, je tente alors ma chance vers l’Europe. On me conduit au Mali, puis en Lybie, puis je traverse le Maghreb vers Ceuta et Melilla, les enclaves espagnoles sur la côte marocaine.

            J’ai vécu six mois de clandestinité en Espagne, mais c’est la police française qui m’a arrêté en Automne 2009. N’ayant jamais été à l’école, je ne peux communiquer avec la Cimade qu’avec le peu d’anglais que je connais.

            Je parle le twi, dialecte ghanéen. Ce n’est pas la langue que l’on parle à Accra, la capitale. Je n’y connais personne. C’est pourtant là-bas que j’ai été expulsé en Octobre 2009, l’OFPRA considérant que je ne suis « pas personnellement en danger » dans mon pays.



Monsieur W – Afghanistan

            J’ai 22 ans. Je vivais à Ali Khan Khil, près de Kaboul. Mes trois frères étaient boulangers à Bagram. Pendant la guerre civile, avant 2001, cette ville était un point très disputé sur la ligne de front entre les talibans et l’Alliance du Nord. Lorsque la ville fut reprise pour la troisième fois par les talibans, mes frères ont été forcés à dénoncer les combattants de l’Alliance du Nord. Après 2001, ceux qui avaient été arrêtés et torturés par les talibans décidèrent de se vanger contre leurs délateurs.

            Avec mes frères et le reste de la famille, nous avons fui en Iran. Mon petit frère, ma mère et mo n oncle tentèrent un retour en Afghanistan. Mon oncle a été tué, mon petit frère est revenu en Iran. A Bagram, les membres de notre famille feront pour longtemps encore figure de traîtres.

            Mes frères décidèrent de rester en Iran. Je tentai ma chance pour la France, en vue d’obtenir l’asile. Je suis resté travailler clandestinement en Grèce pendant plus de deux ans, supportant plusieurs arrestations par la police. Au bout de deux ans et demi, j’arrive à Paris début Octobre 2009. Mon voyage m’a coûté 6 500 euros.

            Au bout de deux jours d’errance à Paris, la police m’arrête, et je suis interné au CRA de Vincennes. Les gens de la Cimade pensaient que mon formulaire de demande d’asile aurait une réponse positive.

            J’ai fait partie des trois afghans expulsé depuis la France vers « leur pays » en Octobre 2009.

 

Monsieur Y – Algérie

            Je suis né comme sujet de l’Empire français. J’ai fait mon service militaire en 1961, à Verdun. Un an avant que mon pays de naissance devienne indépendant. Je suis revenu en France pour y vivre en 1986. Je vis avec une française. J’ai toujours eu une carte de résidence.

            J’ai commis une erreur qui m’a valu d’être arrêté et condamné en 2005. J’ai écopé d’une interdiction définitive du territoire français (ITF), malgré mes vingt ans de présence en France. Cette ITF est juridiquement illégale.

            En prison, je reprends mes études d’histoire. Je me passionne pour la France, pour la guerre d’Algérie aussi. Je ne reçois que des notes positives sur mon comportement en détention et pendant mes formations.

            Finalement, c’est pour raison de santé que je suis libéré du Centre de Rétention Administrative. Ma carte de résidence n’est valide que jusqu’à Septembre 2009. Cela fera 23 ans que je serai en France. Mais il suffira d’un contrôle de police pour y mettre fin.

 

Monsieur G – Mali

Je suis né vers 1948 au Mali, dans une fratrie de huit enfants dont deux filles. Je ne suis pas allé à l’école, et ai passé mon enfance en tant que cultivateur.

J’ai voulu tenter l’aventure de l’émigration à 21 ans. A l’époque, émigrer en France, c’était un voyage temporaire, de 2 à 3 ans. Le luxe apparent, surtout au niveau vestimentaire, de ceux qui en revenaient en tentait plus d’un. Ma famille était divisée sur la pertinence de mon départ.

Je me suis d’abord rendu à Kayes, la grande ville de l’Ouest du Mali, puis vers Dakar, au Sénégal. J’y suis resté trois ans, ouvrier de chantier ou sur des marchés de poissons.

C’est en 1972 que je suis allé à Paris. Ne parlant pas français, je n’ai pu répondre aux questions de la police. J’ai été renvoyé à Dakar. Je suis alors reparti sur un vol vers Tunis, puis Francfort, puis Rome, puis Nice. J’avais alors épuisé l’argent que ma famille m’avait confié pour mon voyage. Heureusement, un nouveau mandat de mes parents me permit de reprendre la route vers Paris. Sans carte de résident, j’ai d’abord vécu en foyer. Je suis devenu blanchisseur, ai pris des cours du soir, et ai remboursé mes frais de transports.

J’ai envoyé entre le tiers et la moitié de ce que je gagnais au Mali. J’ai fait venir mon épouse en 1991, car je n’avais de toute façon pas assez de vacances pour aller la voir régulièrement. Nous avons eu cinq enfants.

Les travailleurs maliens en France ont permis beaucoup de réalisations au Mali : des écoles, des centres de santé. Il n’y a pas si longtemps, les enfants de mon village devaient parcourir 17 kms pour se rendre à l’école. Maintenant, elle est dans le village.

Malheureusement, les sommes que nous envoyons ne sont pas entièrement investies, et passent trop souvent dans les dépenses courantes. Pour ma part, j’aimerais me construire une résidence à Kayes, ou à Bamako, la capitale, pour ma retraite.

Mais d’autres maliens ont réussi des réalisations sans émigrer. Aujourd’hui, je dis aux jeunes maliens de ne pas venir en France. La France est devenue très dure avec les étrangers, surtout ceux qui sont en situation irrégulière, ce qui arrive de plus en plus souvent.


Partager cet article
Repost0

commentaires

8
Que doit-on retenir du projet de loi « Asile et immigration » actuellement en discussion en commission au Parlement ?Un ensemble de dispositions administratives(raccourcissement du délai de recours et suppression de son caractère suspensif)multiplient les difficultés d'accès au droit d'asile.Il s'agit clairement de multiplier les déboutés du droit d'asile et de faciliter leur expulsion.Le gouvernement français actuel entend restreindre plus encore le droit d'asile à celles et ceux qui pourraient en être bénéficiaires malgré le droit français (constitution)et international (convention de 1951 et le protocole de 1967 notamment).Selon M.le ministre de l'Intérieur il convient de faire face à ce qu’il appelle une « submersion »,une « invasion ».Rappelons à M.Coullomb que 32 000 personnes ont bénéficié du droit d'asile en France en 2017:il paraît difficile de parler d' « invasion » dans ces conditions.Pourtant 32 000 bénéficiaires du droit d’asile c’est encore trop,il convient donc de réduire ce chiffre.Dans le même temps le gouvernement français entend faire croire que la France serait un pays appliquant une politique « humaniste et ferme ».C’est une supercherie car tout contredit ce qui est affirmé en boucle.Pour s’en convaincre il suffit de s’intéresser à la récente crise diplomatique franco-italienne (minimisée et tue en France) :la politique française en matière de gestion des flux migratoires est devenue agressive et inhumaine bien loin de la réalité désormais obsolète d’une France terre d’asile.M.Coullomb devra admettre que sa politique ne fait que renforcer la peur du migrant et rend le travail des juges et des avocats plus difficile encore.M.Coullomb c’est le « grand n’importe quoi ».
Répondre
N
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> Je vous sais très occupé mais j'ai pris connaissance d'une interview de Michèle Tribalat concernant son dernier livre sur l'immigration. Or certains de ses propos contredisent vos arguments (sur la<br /> question de l'immigration et de l'évolution des salaires entre autres). L'article donne aussi des liens vers divers textes sur la question. Voici le lien:<br /> <br /> http://action-republicaine.over-blog.com/article-michele-tribalat-sur-l-immigration-nous-n-avons-pas-le-gout-de-la-verite-47629749.html<br /> <br /> Votre avis sur les arguments présentés par cette démographe m'intéresserait.<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> je vais faire mieux que lire l'article que vous citez (en fait j'ai déjà lu l'entretien ailleurs), je vais acheter demain le livre de Tribalat.<br /> <br /> Je vous répondrai ensuite.<br /> <br /> Mais pour ce qui est de mes arguments contredits, elle semble plutôt confirmer l'un des risques que je soulevais dans mon précédent message, à propos des naissances et mariages "mixtes" : "parmi<br /> les français(es) avec qui les étranger(e)s ont des enfants, il y a sans doute des immigrés de première ou deuxième génération qui ont été naturalisés. Le "brassage culturel" occasionné par le<br /> couple mixte est donc assez discutable". Et pour ce qui est de la concentration des immigrés de première à troisième génération sur certains endroits du territoire, j'ai déjà évoqué ce<br /> problème.<br /> <br /> Mais si effectivement, les chiffres des flux d'immigration donnés par l'INED sont faux, et c'est bien ce que Mme Tribalat semble dire, alors je corrigerais mon article. Mais je ne peux être aussi<br /> bien renseigné que les démographes.<br /> <br /> <br />
N
<br /> Meuh non, je ne suis pas vexé. Je te connais, Stoni, ainsi que ton ironie mordante. Et puis un hyperréaliste radical doublé d'un écrivain ne peut pas être complètement mauvais...<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Bah je disais pas ça méchamment, je trouvais la formulation mignonne ! Pardonne-moi si je t'ai vexé.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> La dissertation est un excellent exercice, intellectuellement plus stimulant que les QCM proposés par nombre de systèmes éducatifs dans le monde...<br /> <br /> J'ai fait beaucoup de dissert' et je ne renie pas ma formation. Il est de bon ton, paraît-il, de fustiger les dissert', exercice vain et futile aux antipodes des préoccupations du populo et<br /> des prolo.<br /> <br /> <br />
Répondre