Il y a une semaine, le 10 Février, à Bagnolet (93), dans la rue Victor Hugo, un squat a été rapidement évacué par la police au petit matin. Les habitants, sans-papiers pour la plupart, n’eurent pas le temps d’emporter leurs affaires avant que le bâtiment soit muré. Et des bulldozers sont venus détruire l’immeuble dans la journée.
L’immeuble était devenu la propriété de la municipalité (PCF) de Bagnolet, qui demande sa destruction depuis des années. En Février 2009, la justice a accordé à sa demande. Mais ce n’est qu’en ce mois de Février 2010, alors que le plan grand froid a été réactivé, que la préfecture a procédé à l’expulsion.
Dès l’évacuation, les habitants de l’immeuble (une quarantaine de personnes) se sont rendus devant la mairie de Bagnolet, qui ne les a pas reçus, et n’ont pu être accueillis dans un gymnase municipal. C’est du moins la version que le Droit au Logement répand sur son site.
Mais contrairement à ce qui y est écrit, la mairie a proposé des solutions d’hébergement, dans des hôtels des communes aux alentours. Mais l’offre a été refusée par les évacués, qui après deux nuits dans la rue, ont trouvé asile dans les locaux de la Confédération paysanne.
Dès le départ, cette affaire évoque les situations conflictuelles récurrentes que les mairies PCF ont eu avec les immigrants, que ce soient dans les foyers de travailleurs immigrés ou les squats. On peut penser à la grève des loyers dans les foyers dans les années 70, où le bulldozer contre un foyer en construction à Vitry sur Seine au début des années 80. Ces faits sont à prendre avec le recul nécessaire, et j'y consacrerai un article prochainement.
La municipalité, même si elle se défend (par un communiqué sur Elunet), a quand même eu une attitude surprenante. Comment imaginer qu'elle n'ait pas été au courant de la date de l'expulsion, et n'ai donc pas permis aux squatteurs de partir avec leurs biens (en louant un garde meuble) ? Pourquoi n'a-t-elle pas accepté qu'ils se réfugient dans un gymnase ? Pourquoi pas d'offre de relogements avant même la destruction ?
Le PCF a condamné l'expulsion, mais le maire de Bagnolet (Marc Everbecq, qui n’a pas daigné parler de l’affaire sur son blog ) va-t-il rendre compte de ses actes devant le Parti, au vu des interrogations mentionnées plus haut ? Je sais: il est l'élu de ses administrés et non un élu du Parti, nous ne sommes plus à l'époque où un maire PCF était aux ordres du national... Mais de telles affaires, surtout avant une élection, peuvent affecter l'image du PCF, d'autant que c'est davantage médiatisé que les actions que nous menons, PC comme JC, aux côtés des sans-papiers en lutte.
L’affaire de Bagnolet expose donc, avec une tournure assez grave, le problème de la relation entre le Parti et les villes PCF. Sur ce sujet, j’aurais plutôt une ligne « centraliste » : un maire PCF engage toujours l’image du Parti. Toutes les municipalités devraient rendre compte de leurs actions, mais aussi de leur gestion au jour le jour, afin de casser les idées (vraies ou fausses, je ne sais malheureusement) qui courent sur les villes communistes (sureffectifs de fonctionnaires, amis du Parti bénéficiant généreusement du logement social, subventions abondantes à des associations d’utilité discutable, influence abusive des syndicats…). Les villes sont la vitrine concrète du Parti. Nos élus sont notre principale différence (et fondamentale) avec les gauchistes qui ignorent tout de ce qu’est la gestion d’une collectivité.
Un maire qui déshonore les principes et l’image du Parti, que ce soit par des actes comme ceux de Marc Everbecq, ou par une utilisation indélicate de l’argent du contribuable (donc des travailleurs), doit risquer l’exclusion du Parti. Et si la section locale lui reste solidaire, le Parti peut décider la dissolution de ladite section. Après tout, en fin de 2009, le tout jeune Parti de Gauche n’a-t-il pas donné un précédent avec la radiation totale de sa fédération des Hauts-de-Seine ?