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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

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Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 18:02

COMPLOT VIEUX           Passons maintenant, après l'exposé des données du problème des retraites, à l'examen rapide (mais efficace) des thèses bidons de droite sur les retraites    

            Cette partie de la série sur les retraites vise à réfuter un certain nombre de positions avancées sur les retraites, par la droite comme par la gauche. Ces réactions me sont venues en lisant des pages comme celle du député UMP Lionel Tardy (1), ou, sur le bord opposé, les argumentaires de la fondation Copernic (2) ou de Gérard Filoche et Jean-Jacques Chavigné (3).

            Je demande au lecteur d’être un peu vigilant, car certaines thèses que je réfute semblent se contredire. Cela veut simplement dire que certaines thèses sont fausses si on y adhère sans préciser de conditions ni de limites, mais que les thèses inverses sont également fausses si on les pousse à leur extrême. Par exemple, les thèses sur la croissance économique : affirmer que la croissance règle tous les problèmes est aussi faux que dire qu’on peut régler le problème des retraites sans croissance.

Erreurs de droite

            J’entame sans transition car l’article va être long. Je vais aborder quelques thèses de droite, d’abord celle sur les fonds de pension agitée par les libéraux, puis trois gros arguments avancés par l’UMP depuis 2003.

            Il n’y aura bientôt plus assez d’actifs pour financer les retraites, il nous faut un système de retraites par capitalisation

            Par opposition au système de retraite par répartition, où les actifs d’aujourd’hui paient les retraites des retraités d’aujourd’hui par un transfert direct des cotisations sociales vers les retraites, dans le système par capitalisation, chacun serait sensé financer « sa retraite ». En plaçant une partie de ses économies dans un compte qui, par suite de placements, pourrait, lors de sa retraite, lui financer une rente. Qui serait acquise de deux façons : soit les placements du retraité lui permettent d’encaisser des dividendes et/ou intérêts, soit, en revendant les titres acquis par son épargne lors de sa période active, en générant des plus-values. Les placements des épargnants sont centralisés par des institutions, dont le nom le plus connu est « fonds de pension ».

            Dans ce système, les gains des retraités étant réputés provenir de « la Bourse », il n’y aurait apparemment plus de problème dans l’augmentation du nombre de retraités par actif.

            Le problème dans tout ça ? C’est qu’il est complètement faux d’affirmer que l’on puisse financer sa propre retraite. Car qu’est-ce qu’une retraite avant tout ? Avant d’être une somme d’argent, c’est surtout la quantité de biens et de services qu’un retraité peut se procurer : donc la quantité de produits alimentaires, de logements, de voitures, de transports, de vêtements, de voyages en Thaïlande, etc… Donc il faut une production de biens et services, et les retraites sont toujours une part de cette production retranchée aux actifs pour financer les retraités. Et ce quelque soit le système de retraite.                       

            Ce qui veut donc dire qu’un système de retraite par capitalisation ne peut pas plus qu’un système par répartition ignorer le rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités. S’il n’y a pas assez d’actifs, il y a peu de production pour les retraités, et donc quelque soit la valeur nominale des retraites, leur valeur réelle baissera.

            Une autre façon d’expliquer ce fait est de dire que pour que les retraités capitalistes puissent avoir leur pension, il faut que des entreprises leur paient des dividendes, des intérêts, ou que des épargnants non-retraités (des actifs en l’occurrence) leur achètent leurs titres. Or, pour qu’il y ait des revenus du capital, il faut des travailleurs pour les produire ; pour qu’il y ait des épargnants qui achètent les titres des retraités, il faut que ces épargnants aient des revenus (d’activité…).

            Il ne s’agit pas de dire que le système par capitalisation ne peut exister (il existe, aux USA par exemple où l’épargne individuelle « génère » 34% des pensions selon le COR, ou au Japon, où ce taux est de 44%, ou dans d’autres pays comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas…). Mais il faut rappeler qu’il n’y a aucun système qui ne passe pas par un financement des retraités par les actifs. Et donc que tout système est mis en danger par une détérioration du ratio nombre de cotisants / nombre de retraités.

            Allonger la durée de cotisation, ça augmente le nombre de cotisants et baisse le nombre de pensionnés, c’est donc la meilleure solution

            Sur ce point, je vais indiquer l’argumentaire qu’ont développé Mr. Filoche et Chavigné dans le quatrième point de leur texte (3): dans notre contexte actuel de fort chômage des plus de 55 ans, augmenter l’âge du départ à la retraite, c’est effectivement créer non pas plus d’années de travail et donc de cotisations, mais aussi quantité d’années de chômage et donc de coût pour la collectivité, et pas de cotisations pour la Sécurité sociale. Selon Filoche et Chavigné, à 40 annuités obligatoires pour avoir une retraite à taux – plein, ce seraient 2/3 des salariés du privé qui ne sont plus en situation de travailler (au chômage, maladie ou invalidité) au terme de leurs annuités. Pour 41 annuités, selon les mêmes auteurs, ce seraient trois quarts des salariés qui seraient dans cette situation ! Même si cette différence en l’espace d’une seule annuité me surprend un peu, je trouve le constat plausible : allonger la durée de cotisation, dans l’immédiat, c’est surtout augmenter la proportion de salariés aux retraites incomplètes.

            Ce n’est pas en décrétant que l’on travaillera plus que cela se produira. Ceux qui sont actuellement en mesure de continuer à travailler entre 60 et 65 ans et au-delà peuvent déjà le faire, s’ils aiment leur travail, et s’ils ont la condition physique et l’énergie pour continuer. Mais des millions de salariés seront soit sans travail, soit trop usés pour pouvoir continuer. Dans ces conditions, faire de l’augmentation du nombre d’annuités nécessaires le principal levier de l’ajustement du système de retraites, c’est tout simplement miser sur la baisse des retraites. C’est, dans le court terme, une non-solution.

            Je dis bien « dans le court terme », car on peut toujours penser – et les gouvernements UMP font des initiatives en ce sens – que le marché du travail peut s’adapter aux séniors (ou plutôt le contraire) en développant des emplois de services que les plus de 60 ans pourraient continuer d’occuper jusqu’à 70 ans, en augmentant le taux d’emploi des séniors et le nombre d’emplois en général. Or il s’agit là d’un changement de contexte social (qui nécessitera sans doute un changement de système (4)), et le temps d’y parvenir, si l’on choisit l’augmentation de la durée de cotisation comme réponse principale au problème des retraites, des millions de travailleurs seront sacrifiés.

            Augmenter les cotisations, c’est baisser le pouvoir d’achat des français

            Bien sûr qu’augmenter les cotisations, c’est baisser le revenu net des cotisants…sauf si les cotisations sont prélevées sur les revenus du capital, et non sur les salaires…Mais encore faut-il que lesdits revenus du capital se soumettent à la taxation. Et là, vue l’ampleur des coûts, je suis moins optimiste que les réclamations sociales-démocrates d’ATTAC, de Copernic, du PS, du PC ou du NPA…

            Mais surtout, augmenter les cotisations, c’est aussi soutenir les pensions des retraités, ou permettre à des travailleurs de plus de 60 ans d’être retraités plutôt que condamnés au chômage tel qu’ils le sont actuellement. Or, un retraité gagne, à long terme, plus qu’un chômeur, surtout quand celui-ci arrive en fin de droits… Les hausses de cotisations ne baissent pas le pouvoir d’achat, mais le transfèrent. Après on peut toujours s’intéresser aux conséquences de ce transfert sur les comportements individuels (avec le risque d’évasion fiscale), ce qui sera vu dans la suite de cette série sur les retraites. Mais pas de péril du « pouvoir d’achat des français ». Sauf bien sûr si l’on considère que les retraités ne sont pas des français…

            Si nous ne réformons pas, nos descendants n’auront plus de retraite

            Cet argument n’est que terrorisme. Chiffrons un peu : le revenu national était en 2008 de 1950 Milliards d’euros. Même avec une croissance molle du genou de 1.8%, le PIB sera de 4000 milliards d’euros en 2050. La part que nous consacrons aux retraites était en 2008 d’environ 12.5% du PIB pour 15 millions de retraités, ce qui fait 16 250 euros par retraités (1950 milliards * 12.5% / 15 millions). Décidons de la maintenir en 2050 ce taux de 12.5% pour financer 22 millions de retraites. Chacun d’eux aura alors 4000 milliards * 12.5% / 22 millions = 22 727 euros.

            Et nous parlons ici de croissance en termes réels, donc en ôtant l’inflation. Ce calcul signifie que même si nous décidions de n’augmenter ni la durée de cotisation ni le taux de cotisation, et donc que nous choisissions intégralement la baisse des pensions relativement aux revenus d’activités, les retraites moyennes augmenteraient quand même (mais c’est une moyenne). Il ne s’agit pas de dire que tout serait rose : les retraités du futur auront peut-être des charges à supporter bien plus lourdes que ceux d’aujourd’hui, et leur situation financière sera peut-être plus délicate. Mais prétendre qu’ils n’auront pas de retraite est une supercherie.

            D’ailleurs l’argument est si grossier que personne ne devrait y avoir eu recours. C’est pourtant ce qu’a fait François Fillon en 2003, lorsqu’il a déclaré à Maxime Gremetz, qui venait d’avoir une petite-fille, que « grâce à la réforme, elle aura une retraite ». Et ben non, même sans, elle en aurait eu une. Et sans doute plus élevée en valeur que les retraites actuelles.

(1)   http://www.lioneltardy.org/archive/2010/04/16/rapport-du-conseil-d-orientation-des-retraites-cor-du-14-avr.html

(2)   http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article314

(3)   http://blog.exigences-citoyennes-retraites.net/?p=11

      (4) http://pourlecommunisme.over-blog.com/categorie-11083839.html

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