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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

Vous voulez simplement parler du communisme?

Alors ce blog est pour vous.

 

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5 janvier 2007 5 05 /01 /janvier /2007 00:05

Je fais une pause dans la critique du programme du PS pour réagir aux cris d’orfraie poussés par d’éminents droitiers suite aux propos de François Hollande dans le Monde en début de semaine. Le secrétaire du PS y parlait en effet de revenir sur les baisses d’impôts des gouvernements de droite depuis 2002, de lever de nouveaux impôts tels que la CSG-retraite…

 

« Hollande se moque du monde », tonne Alain Lambert, ancien ministre du Budget, qui conclue un billet sur son blog en dénonçant un refus de l’économie moderne et mondialisée. Thierry Breton se dit « effondré », considérant que toute nouvelle hausse des impôts réduira le pouvoir d’achat des français. Bayrou a envie de « se mettre la tête entre les mains » et de se demander « dans quel monde » vivent ceux qui proposent plus d’impôts.

 

Et bien ils vivent tout simplement dans un monde où l’on sait que les dépenses sociales vont augmenter, en premier lieu les retraites et les dépenses de santé.

 

Il faudra payer plus pour les retraites, et plus encore si les français en font le choix

 

-la réforme Fillon n’assure de toute façon pas le financement des retraites. Le maintien du taux de remplacement actuel de l’ancien salaire en ne faisant que repousser l’âge du départ à la retraite obligerait à travailler jusqu’à plus de 65 ans, voire 68. Et le plus insupportable dans cette réforme Fillon qui a « sauvé les retraites », est qu’on n’a pas demandé aux français s’ils souhaitaient cotiser plus ou travailler plus longtemps. La première solution a été mise en poche immédiatement par le gouvernement, au nom du « pouvoir d’achat » (contestable, voir plus bas), et de la défense de nos entreprises (tout aussi contestable). Le premier devoir d’un gouvernement démocrate pour la question des retraites serait de consulter les français sur cette alternative : repousser l’âge de la retraite ou cotiser plus.

 

Les cotisations sociales sont payées par les salariés, pas par les entreprises

 

Il serait évident qu’accroître les cotisations sociales diminuerait la marge des entreprises, réduirait les bénéfices, les investissements, etc… C’est faux. Il suffit de constater, à la lecture des chiffres de l’INSEE, que depuis le milieu des années 70 les cotisations sociales ont beaucoup augmenté (et notamment sous Giscard, plus que sous les gouvernements PS, n’en déplaise à Lambert), et que, depuis 1980, on observe une baisse de la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée des entreprises tout en augmentant le taux de cotisations sociales. Il est vrai qu’en 1980, la part des salaires était très élevée, et les investissements étaient réduits à peau de chagrin ; mais cela ne change rien au fait que depuis vingt-cinq ans, c’est la part des salaires nets qui a été réduite par les cotisations sociales, et pas la marge des entreprises. Mais cela ne veut pas dire que les salaires nets aient perdu en pouvoir d’achat depuis ce temps (du moins en moyenne), puisque la valeur ajoutée totale était en progression.

 

Les cotisations seraient les ennemies de l’emploi ? Pas sûr…

 

Quant à l’idée selon laquelle les cotisations sociales réduiraient « évidemment » les créations d’emploi, elle n’est qu’en partie vraie. Déjà, le constat est que la France a en fait créé pas mal d’emplois depuis 1980, passant, selon l’INSEE, de 21.5 millions d’actifs occupés à plus de 24.5 millions aujourd’hui, soit un progrès de 13%, soit un bon taux au niveau européen (les britanniques sont passés de 27 millions d’emplois en 1980 à 31 millions aujourd’hui selon l’Office of National Statistics, soit le même taux de progression). Notre fort taux de chômage vient du fait que notre population active a cru encore plus vite que les emplois, alors que d’autres pays européens comme le Danemark (pays « modèle ») ont une population active stagnante.

 

Bien sûr, on pourrait peut-être créer plus d’emplois dans plusieurs secteurs si le prélèvement de la cotisation était plus intelligent. En prélevant la cotisation à taux fixe sur le salaire (45% de la masse salariale, 25% du salaire brut en cotisations salariales, 40% supplémentaires en « patronales »), on arrive à ce que certaines entreprises soient incapables d’acquitter leurs cotisations car elles dépassent, avec les autres frais, la valeur ajoutée de l’entreprise ! D’où le basculement progressif des cotisations sur un impôt exprimé en fraction du revenu (la CSG notamment). Le renchérissement de l’emploi dû aux cotisations sociales a poussé certains secteurs à accroître au maximum la productivité individuelle pour avoir à employer le moins de monde possible. Dans un sens, ce n’est pas forcément une mauvaise chose : les innovations qui permettent ces gains de productivité peuvent ensuite être diffusées dans le reste de l’économie. Renoncer à avoir l’une des productivités par tête les plus élevées d’Europe « au nom de l’emploi », en favorisant fiscalement des emplois peu productifs ne me semble pas être une bonne idée.

 

Il faut savoir que les mêmes critiques de droite qui s’effraie de la CSG (qui « frapperaient tous les revenus, y compris les plus défavorisés »), ne se gênent pas pour proposer une « TVA sociale », une taxe supplémentaire sur la consommation pour financer la protection sociale ; chacun sait que la TVA ne frappe pas les plus modestes, bien sûr…  

 

La redistribution ennemie du pouvoir d’achat ?

 

L’argument de Raffarin en 2003, repris par Breton en 2007 : une hausse des cotisations-retraite réduira le pouvoir d’achat des français. Pour les actifs qui paieront ces cotisations, c’est une perte, certes, mais progressive dans le temps ; mais pour les retraités, c’est un gain. Mais les retraités ne sont peut-être pas des français pour Raffarin et Breton…Et pourtant ils en sont, et d’autant plus que les actifs français sont les futurs retraités français. Et ils oublient aussi ce qui leur est pourtant le plus cher, la croissance : quitte à hausser de cinq points les prélèvements obligatoires pour financer les retraites, qui passeraient de 44 à 49% en trente ans, il faudrait une croissance réelle du PIB de 10 points sur trente ans (largement faisable, même à 1% de croissance réelle annuelle) pour que la valeur du PIB non prélevé par les collectivités reste la même.

 

L’impôt coûte cher ?

 

Et pourquoi une dépense publique serait-elle forcément plus couteuse qu’une dépense privée ? Comme nous l’avons déjà vu dans un précédent billet sur les dépenses publiques, le poids de l’Etat dans le PIB n’est pas énormément plus élevé en France (24% du PIB) qu’aux USA (21%) et dans la moyenne des autres pays européens (22%). Ce sont surtout nos dépenses sociales qui expliquent l’écart. Mais faut-il croire que c’est la prise en charge publique du social qui explique ces « surcoûts » ? Pour ce qui est de la santé, non : les pays qui dépensent le plus ne sont pas ceux qui ont le système le plus « étatiste ». Le pays européen le plus dépensier en santé est la Suisse, pas le Royaume-Uni avec son système de santé d’Etat, ni même la France. C’est un fait connu des économistes que la dépense de santé augmente avec le revenu, la Suisse et les USA étant des pays très riches dépensant beaucoup en santé pour des résultats pas extraordinaires. Plus la France s’enrichira (et c’est ce que souhaitent nos amis droitiers, non ?), plus elle dépensera pour sa santé, par l’intermédiaire du privé ou du public. Vous pouvez supprimer l’Assurance-maladie si ça vous amuse, et vous aurez 7 points du PIB en prélèvements obligatoire en moins, et un déficit de moins à gérer. Mais les français n’en dépenseront pas moins pour autant, réduisant le gain de pouvoir d’achat dû à une moindre fiscalité à une pure illusion.

 

 

En fait, il faudrait comprendre que réaliser une dépense par la voie publique ne coûte pas plus cher que par la voie privée, que ce soit en santé ou retraite (où, quelque soit le système, capitalisation ou répartition, ce sont toujours les actifs qui paient les pensions des retraités de leur époque). Mais ça se « voit «  plus », et se fait plus sentir. On essaie de nous faire peur avec les 370 fortunes françaises qui s’exileraient chaque année. C’est nettement moins que ce que je pensais. Et même si les exilés trimballent dans leurs valises 15 Mds d’euros, cela représente 0,15% du patrimoine net de la France. Le problème n’est pas de réduire la protection sociale ni de la contenir à tout prix, mais de rendre le système plus intelligent pour que les contribuables comprennent qu’ils ne paient pas pour rien. Cela sera le sujet des articles suivants.

 

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3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 22:05

En lisant le projet du PS, on y trouve bien davantage de vacuité et de conceptions erronées que de propos réactionnaires. Un exemple, concernant les retraites :

 

« En poursuivant la réforme «Balladur» de 1993, la loi «Fillon» de 2003 a programmé l’abaissement du niveau des retraites et n’en garantit même pas le financement. Elle sera abrogée. Son remplacement fera l’objet d’une large négociation. La retraite à 60 ans doit demeurer un droit.
Sécuriser et rendre plus juste notre système de retraite repose d’abord sur la croissance et l’emploi. Faciliter l’entrée des plus jeunes dans la vie active, ou encore organiser la seconde partie de carrière des plus âges y contribueront. C’est à ces conditions que les arbitrages pour définir les règles de partage de l’allongement de l’espérance de vie entre la durée de la vie professionnelle et celle de la retraite pourront être trouvées.
 »

 

[Projet du parti socialiste, partie II]

 

Selon Royal et ses affidés, la croissance peut nous contribuer à nous tirer du bourbier du financement des retraites au XXIème siècle. C’est sans doute faux. A priori, on peut penser que plus la croissance sera forte, plus les salaires et autres revenus du travail augmenteront, et avec eux les recettes fiscales et le montant des cotisations progresseront aussi. Mais c’est oublier que les dépenses risquent elles aussi de progresser du fait même de cette croissance. Tout dépend de l’option choisie :

1)      soit l’on décide de ne pas faire progresser les pensions des retraités actuels au même rythme que les revenus actuels du travail, et donc, plus la croissance sera forte, plus les inégalités de revenu entre retraités et actifs se creuseront ;

2)     soit l’on décide d’aligner la progression des pensions sur les salaires et dans ce cas plus la croissance des revenus du travail sera élevée, plus les pensions devront l’être aussi. Et dans ce cas la croissance n’arrange rien du tout, puisque dépenses et recettes progressent ensemble.

 

Les réformes passées (dont celle de Balladur en 1993) avaient déjà indexé la progression des pensions sur les prix, et non plus sur les salaires. Les propos de Ségolène Royal comme quoi la croissance soulagerait le problème des retraites ne seront crédibles que si elle déclare ne pas vouloir toucher à l’héritage de Balladur (ce qui n’avait déjà pas été fait sous Jospin).

Une réforme juste des retraites, permettant le maintien des pensions sans trop monter l’âge du départ à la retraite, ne peut se faire qu’avec une montée de la part du PIB consacrée aux pensions. Bien sûr, François Hollande avait annoncé cette semaine une « CSG-retraite », mais il n’est pas difficile de savoir que même en s’en tenant au plan Fillon, le financement des retraites exigeraient quand même une hausse des prélèvements. Mais le PS se refuse à annoncer que pour remettre en cause la réforme Fillon, il faudrait bel et bien une montée nette des prélèvements obligatoires de plusieurs points du PIB.

Le programme du PCF n’est bien sûr pas parfait, mais prévoit au moins la réalité que je viens d’évoquer :

 

« Le financement de ces mesures [relèvement des retraites, abrogation de la loi Fillon] peut être assuré par une nouvelle politique d’emplois et une mise à contribution des revenus financiers du capital, notamment des entreprises, au même taux que les salaires. »

 

http://www.pcf.fr/spip.php?article227

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 janvier 2007 2 02 /01 /janvier /2007 21:23

 

J’ai reçu aujourd’hui un texte de l’Union des Révolutionnaires Communistes de France (URCF), condamnant l’exécution de Saddam Hussein.

Le texte dit entre autres :

 

« L’URCF condamne la mise à mort du président irakien Saddam Hussein, par l’administration Bush et ses agents compradores locaux. Ce simulacre de justice illustre la réalité d’une guerre colonialiste conduite pour le seul profit du complexe pétrolier par les impérialismes américains et britanniques.

 »

« Le président Saddam Hussein a refusé de plier devant les diktats des grandes puissances et d’obéir aux intérêts des magnats de l’OPEP. Nationaliste, il fit preuve parfois d’anticommunisme et commit des erreurs préjudiciables à son pays. Nous partageons cependant  l’analyse de Lénine selon laquelle, dans certaines circonstances de la lutte anti-impérialiste, la  cause de la bourgeoisie nationale dans les Etats opprimés s’avère infiniment plus juste en défendant l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays que  celle des  dirigeants sociaux-démocrates des pays capitalistes qui conduisent les guerres de conquête comme le travailliste Blair, laquais de Bush pour satisfaire les intérêts boursiers de l’oligarchie financière ou celle de « communistes » (révisionnistes en fait) qui misent sur l’appui des puissances impérialistes pour leur « mission ». »

 

Je précise mes positions :

 

-sur la peine de mort : je suis contre en temps de paix. Mais pour un type comme Saddam, je n’ai pas envie de m’indigner.

 

-sur Saddam Hussein : les « révolutionnaires » de l’URCF ne pourront rien changer au fait que Saddam fut responsable, par sa guerre contre l’Iran, par la répression des kurdes, des chiites, par les centaines de milliers de disparitions sous son régime, d’au moins un voire deux millions de morts (ce dernier chiffre venant du Livre Noir de Saddam Hussein).

 

Il est tout à fait juste de rappeler les complicités occidentales vis-à-vis du régime baasistes, mais ça ne retire rien à la criminalité de celui-ci. L’URCF a donc raison de dire que l’Irak était un pays opprimé, mais par Saddam en premier lieu.

 

-sur la guerre d’Irak : fallait-il donc envahir l’Irak pour mettre fin à ce régime ? Quelle autre solution, disaient en 2003 les partisans de la guerre ? Et bien déjà, les USA et leurs alliés auraient pu mentionner de véritables prétexte, comme le caractère sanguinaire du régime irakien, plutôt que des mensonges sur des armes de destruction massive (ADM), qui, même si elles avaient existé, n’auraient pas vraiment menacé l’Occident. En effet, une guerre bactériologique ou même nucléaire lancée par l’Irak aurait rapidement conduit à l’emploi d’autres ADM, mais occidentaux ceux-là, sur Bagdad. Le risque de diffusion des armes par et pour des mouvements terroristes est un risque nettement plus sérieux, mais les liens supposés entre Saddam et Al-Qaeda semblent avoir été infirmés.

 

Les états occidentaux, à travers l’OTAN ou les Nations-Unies, auraient donc pu négocier avec l’Irak sur la question des droits humains, en exigeant l’abolition de la peine de mort (mais il est vrai qu’une telle demande serait surprenante venant de Bush), l’ouverture des prisons à des inspections, l’instauration d’un état de droit, quitte à devoir laisser Saddam Hussein dans un rôle monarchique à pouvoir réduit. Bien sûr, pour que ces négociations aient un sens, il fallait menacer l’Irak d’invasion, et la France aurait dû mobiliser des troupes dans le Golfe pour contribuer à la pression sur Saddam (mais la mobilisation n’est pas la guerre).

 

Au lieu de cela, pendant des mois de l’hiver 2002-2003, ont circulé des missions d’inspections sur des ADM évasives, Bush s’énervant que les missions ne puissent chercher ce qui n’existait pas. Et finalement, lorsque les inspecteurs commencèrent à faire état d’une plus grande coopération des irakiens, les USA et leurs alliés prirent l’initiative du conflit, sachant qu’ils ne décrocheraient pas le mandat onusien pour partir à l’assaut.

 

Je suis donc resté contre la guerre d’Irak, non pas parce qu’une guerre est forcément mauvaise (je suis plus mitigé vis-à-vis de la guerre d’Afghanistan, car autant on peut négocier avec un homme ayant des intérêts matériels comme Saddam, autant on ne peut pas négocier avec le fanatisme des talibans). Mais parce que l’on n’avait pas procédé de sorte à éviter le plus de morts possibles, en essayant de mettre fin aux crimes massifs de Saddam sans devoir lancer l’assaut. Bush Junior et ses alliés se sont donc bel et bien rendus coupables de milliers de morts, mais ça n’exonère pas d’être prudent vis-à-vis des chiffres.

Le bilan de trois ans de conflit en Irak

Une étude par sondage faisait état il y a quelques mois de la mort de 600.000 personnes en trois ans. Dès les mois qui suivirent le conflit, des sources de l’armée britannique témoignaient de 20.000 à 30.000 morts irakiens au cours de trois semaines d’un conflit qu’on avait cru « propre et rapide ».

 

On ne peut pas être sûr du chiffre de 600.000 victimes, d’autres estimations ayant fait état de 200.000. Ces morts ne sont pas tous dûs à l’action directe de l’armée US et de ses alliés, loin s’en faut. La dégradation des conditions sanitaires et économiques y est pour beaucoup, mais surtout le terrorisme permanent, les règlements de comptes entre personnes et communautés, ont déjà fait des dizaines de milliers de victimes et contribuent aussi largement au chiffre global. Aussi, quand l’URCF écrit :

 

« Mais un peuple libre ne saurait tomber ! Depuis, une large résistance irakienne à l’occupation porte des coups militaires de plus en plus rude à l’armada américano-britannique, l’obligeant à l’envoi de troupes supplémentaires malgré les recommandation de plusieurs experts américains liés à l’administration de Bush senior qui recommandait pourtant  un « désengagement » mais ce serait un aveu trop cuisant d’échec pour l’hôte de la maison blanche ! 

»

…ils oublient complètement que beaucoup des « résistants » irakiens ne sont tout bonnement que des terroristes, menant un combat moyen-âgeux anti-chiites ou anti-sunnites, ou tout bonnement islamistes, et qu’avec l’arrivée de ce genre de gens au pouvoir l’Irak ne risque pas de connaître la paix. A côté des « coups militaires » portés à « l’armada américano-britannique », il y a aussi des dizaines et des centaines de morts hebdomadaires qui étaient simplement des civils passés au mauvais endroit, jugés par leurs assassins comme étant de la mauvaise religion ou ethnie.

 

 

 

Condamner Bush et Blair est certes juste au regard de ce que j’ai écrit plus haut, mais décrire Saddam en combattant « anti-impérialiste » (lui qui avait déclenché une guerre contre l’Iran) et confondre des terroristes avec des résistants n’a pas grand-chose de « progressiste ».

 

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2 janvier 2007 2 02 /01 /janvier /2007 01:35

Après près de deux mois d’inactivité (partielles, révisions, militantisme IRL, on ne se refait pas), je remet à jour ce blog.

Le projet de « candidature antilibérale » a échoué, Marie-Georges Buffet sera la candidate du PCF. En lisant mon billet contre le « programme antilibéral », vous pourriez penser que je m’en réjouirais. En fait, j’ai soutenu le rassemblement jusqu’à son terme en Décembre, en étant d’abord opposé à une candidature Buffet lorsqu’elle fut proposée en Juin, puis, lorsque les militant durent voter pour proposer MGB comme candidate du rassemblement, j’ai voté pour car les alternatives s’appelaient Gremetz et Karman. Puis, lorsqu’il fut évident que la candidature Buffet ne ferait pas « consensus », j’ai voté, lors du vote de la mi-décembre, pour son retrait. Mais 81% des camarades en décidèrent autrement, et je préfère suivre le parti.

Ce blog, pour autant que je puisse le mettre à jour, soutiendra donc la candidature de Marie-Georges Buffet à la présidentielle. Ce sera rude. Mais au moins la rupture du « rassemblement » permet maintenant de dire ce que je pense de nos « partenaires » :


L’attitude de la LCR


Bien avant que le PCF se fasse accuser de « noyauter » les collectifs antilibéraux, la majorité de la LCR avait déjà quitté le rassemblement, et soutenu la candidature Besancenot. Celui-ci annonçait qu’il pourrait joindre le rassemblement si un accord « clair » sur les alliances et la stratégie lui était fourni. Un accord « clair », en langage LCR, ça veut dire « pas d’alliances avec le PS, pas même pour le PCF ». Déjà, on voit mal comment faire une alliance avec un mouvement qui se permet de donner des ordres au PC. Mais surtout, il est temps de rappeler ce qu’est la LCR.

Je rappelle que hors de la présidentielle de 2002, avec le score pathétique de Hue (qu’il va falloir éviter à Buffet), la LCR n’a pas devancé le PCF au cours d’une élection (que ce soient les régionales où les listes indépendantes du PCF ont fait des scores respectables, ou les européennes où la grande alliance LO-LCR s’est effondrée à 2,9%). La LCR est de plus une petite formation politique, et le million de voix de Besancenot en 2002 n’a pas permis à la Ligue de dépasser les 4000 adhérents.  Bref, la « puissance électorale » de la LCR ne tient qu’à la bonne tête de Besancenot aux présidentielles, alors que les candidats PCF sont souvent moins « sexy » ; dans les autres consultations, la LCR retrouve son poids réel, c’est-à-dire très faible.

On voit donc mal pourquoi le PCF aurait dû accepter de sacrifier ses élus, maires ou députés, en renonçant à toute alliance avec le PS, pour les beaux yeux de la LCR. J’entends déjà la critique : « Vous renoncez à la lutte des classes au profit de la lutte des places … ! »…Il faudrait rappeler à certains à quoi sert un siège de député ou de conseiller régional ou municipal.

Le grand argument de la LCR et de LO pour justifier leur refus d’alliance avec le PS, c’est que la participation du PCF au sein de la gauche plurielle n’a pas empêché les privatisations de Jospin, entre autres. Ils oublient que, sans participation au gouvernement, la LO-LCR a encore moins de chances de peser sur les décisions ; car il y a toujours un moyen pour cela, c’est de quitter le gouvernement. C’est parce que le PCF ne l’a pas fait avant 2002 qu’il a subi la débâcle aux présidentielles. Mais avant de quitter un gouvernement, il faut d’abord y entrer. Avant de rompre des alliances avec le PS, il faut d’abord les avoir conclues.

Cela, la LO-LCR ne le comprendront jamais, eux qui pensent que « seuls la lutte paie », donc que seules les grèves, manifestations et autres mouvements sociaux pourront améliorer le quotidien des travailleurs voire amener à la révolution. Je ne tomberai pas dans l’extrême inverse en disant que seule la participation au gouvernement paie, ce serait un déni d’histoire, mais sans gauche au pouvoir les mouvements sociaux ne triomphent pas : la réforme Juppé de 1995 fut apparemment retirée pour être appliquée à partir de 1996 ; la mobilisation de 2003 a échoué face à une droite déterminée à faire passer sa réforme ; le CPE n’a été vaincu que parce que le gouvernement n’y tenait pas énormément, préférant sauver son CNE et n’étant pas soutenu par l’ensemble des experts ni de la droite. Bref, la rue seule, ça ne marche plus. En nous cantonnant dans l’opposition, nous ne pouvons rien apporter aux travailleurs, sinon un vote défouloir. 


L’attitude vis-à-vis du PS


« Ouais mais quand même…on va pas s’allier avec Ségolène ? » Royal ne peut sans doute pas rêver mieux que d’une « gauche radicale » qui ne donnerait pas de consigne de vote au second tour, sachant que les électeurs d’extrême-gauche voteront pour elle quand même (sauf si elle est éliminée avant…), puis que cette gauche radicale refuse de se « corrompre » en négociant des sièges de députés voir des postes au gouvernement. Ainsi la candidate du PS, si elle devient présidente et gagne les législatives, aura son gouvernement 100% social-libéral, et même pas besoin d’offrir une loi de modernisation sociale au PCF puisqu’il n’y aurait plus que le PS et des satellites PRS ou MDC au gouvernement. Et après Besancenot et Laguiller pesteront contre le règne du « social-libéralisme », auquel ils auront contribué.

Il ne s’agit pas d’avoir vis-à-vis du PS une attitude de gamin béat (et toujours rester dans les jupes de maman Royal) ni d’ado rebelle (s’allier ? Jamais !), mais une position réfléchie, conditionnée :

1)       Si le PS est dans l’opposition (et a fortiori la gauche radicale), on s’allie avec lui tant que son programme et sa ligne restent moins à droite que celles de l’UDF et de l’UMP  (et ça me semble encore le cas), sinon refus d’alliance.

2)      Si le PS est au gouvernement, et s’il a gouverné en privatisant, on rompt l’alliance avec lui pour les élections à venir, ce qui n’empêche pas de se ré-allier aux scrutin suivant ; sinon on maintient l’alliance.

Ca veut dire qu’à l’heure actuelle, il faut accepter les alliances avec le PS aux législatives, là où ce sera nécessaire pour sauver des députés communistes. Si ce n’est « pas clair », merci de le signaler, ça ne me semble pas très complexe pour autant (à moins que des caractères comme « moins à droite que… » vous semblent difficiles à établir, si par exemple vous considérez qu’hors de LO-LCR il n’y a que la droite). 

En conclusion, on a vu en Décembre dernier que la « gauche de la gauche » ou celle du « 29 mai » n’existait pas. Moi qui était partisan il y a quelques mois d’une alliance avec la LCR, j’ai maintenant réalisé que nous ne sommes pas de la même gauche. Il y a ceux qui veulent appliquer une politique de gauche, et ceux qui veulent gâcher des centaines de milliers de bulletins de vote avant d’appeler à ne s’allier avec personne.

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4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 21:23

Depuis que je m’intéresse à la politique, je n’ai jamais censé d’entendre parler de « pensée unique », de « pensée dominante », et de voire passer nombre de petits « résistants » qui s’illustraient contre ce dragon du « politiquement correct ». Problème : tout le monde crie à la « pensée unique ». Selon ATTAC, les « altermondialistes », formations de la « gauche de la gauche » et une partie de la sociale-démocratie, la « pensée unique » est de droite, et c’est ce qui explique que nous ayons vu se succéder les réformes de flexibilisation du marché du travail, des marchés financiers, les privatisations, etc…

 

Mais combien d’autres écrivains de droite, de sites web libéraux ou d’extrême-droite nous entretiennent à leur tour sur la « bien-pensance gauchiste », la « pensée unique socialiste » dénoncée par Sarkozy ou De Villiers (le fait que Sarkozy soit le n°2 du gouvernement en dit long sur le réel pouvoir de cette « pensée unique »). C’est ce qui expliquerait que la France soit « irréformable », que les formations « libérales » fassent de mauvais scores électoraux (Madelin fit moins de voix que Laguiller en 2002), car les français seraient anesthésiés par la propagande anti-libérale. D’ailleurs, la presse française n’est-elle pas entre les mains de la gauche ? Les enseignants et journalistes ne sont-ils pas tous de gauche ? Et les artistes, c’est pire : connaissez-vous un artiste qui ose se dire de droite ?

 

Alors : 

 

Sommes-nous sous la dictature intellectuelle du libéralisme ?

Sommes-nous sous la dictature intellectuelle de la gauche ?  

Ou encore…ni l’un ni l’autre ?

 
Les facs rouges, c’est où ?

Il serait une évidence que l’enseignement français est aux mains de gauchistes soixante-huitards et que toute personne qui y professerait des idées de droite serait viré en peu de temps. J’ai lu des bouquins qui nous décrivaient en effet des établissements scolaires où, en vertu des idées de Mai68, il n’y avait plus aucune autorité ni discipline, les élèves n’apprenaient rien et n’étaient sanctionnés de rien, et j’ai entendu des politiciens appeler au retour des « notations chiffrées », de la dictée, du redoublement, des sanctions…

 

Je ne peux donner que mon expérience personnelle, qui ne vaut que pour elle-même, mais puisque c’est mon blog elle y a sa place.

Bref, au cours de ma carrière étudiante, je n’ai  pas vu ce spectacle d’un enseignement entre les mains des gauchistes, et il me semble avoir « échappé » à l’éducation soixante-huitarde qui prétendument règne ailleurs. Mais ça reste une expérience personnelle.

Je me demande comment j’ai fait, mais je n’ai jamais vu ces écoles soixante-huitardes. J’ai commencé ma scolarité dans une école « de quartier », rien de bien huppé, mais où j’ai toujours fait des dictées, reçu des notes chiffrées, où l’on redoublait à moins de 10 de moyenne et était puni en cas d’injure à un enseignant. Pareil au collège et au lycée.
 

 Quant aux opinions des enseignants, elles étaient très peu perceptibles pour les élèves au collège. Au lycée, j’ai eu effectivement quelques enseignants très impliqués à gauche. Mais dans un enseignement de Sciences Economiques et Sociales il n’y a de toute façon pas de neutralité politique possible : un professeur de SES de droite aura la même latitude pour présenter ses opinions. Mais lorsque Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour de la présidentielle de 2002 (j’étais en Terminale), les mêmes enseignants gauchistes nous ont déconseillé de manifester, considérant que l’on ferait mieux de réviser notre baccalauréat. La plupart des élèves ont manifesté spontanément – et pour manquer des cours pour nombre d’entre eux.


Après le bac je fais une première année de géographie dans l’antenne universitaire de La Roche sur Yon : les opinions politiques des enseignants me sont restées secrètes ; quant aux syndicats étudiants, ils comprenaient une section UNI (droite) assez active de par ses collages, et une UNEF pépère.

 Puis, 2003-2005, je fais double-cursus sciences humaines –sciences économiques à Poitiers, inscrit dans deux facultés à la fois. En Sciences Humaines, je constate que tous les enseignants ne sont pas de gauche, qu’ils ne soutiennent pas l’activisme de certains syndicats étudiants (notamment la lutte contre la réforme LMD, véritable flop). Un seul enseignant de géographie évoque les théories de Lénine, mais c’est un « point de détail » de son cours.


 
En fac d’économie, je m’attendais à trouver l’antre d’ultralibéraux que décrivent certains gauchistes comme Bernard Maris. La réalité est plus mitigée. Les enseignants de sciences économiques, chargés de TD ou maîtres de conférences, sont en général des modérés, dont les opinions varient du centre-gauche à la droite dure. Un seul enseignant nous a dit qu’il était un « ancien marxiste », et il fallait surtout retenir le « ancien ». Dans son cours d’histoire des théories économiques, sa présentation des thèses de Marx se finissait par une démolition de la théorie marxiste de la valeur. Un chargé de TD de Microéconomie nous apprend qu’en supprimant le salaire minimum, on pourrait réduire le chômage (enfin « selon la théorie classique »), mais quelques états d’âmes sociaux-démocrates lui font dire que « c’est quand même pas souhaitable que des gens travaillent pour 2000 FF par mois ». Lors des premiers cours d’économie générale, l’universitaire nous dit que le marché libre n’est pas la jungle, et nous expose des séries de cas abstraits comme quoi il vaut mieux soutenir l’offre que la demande. Le cours de Microéconomie commence par une « démonstration » du « Trop d’impôt tue l’impôt », en guise de justification de la baisse de l’Impôt sur le Revenu du gouvernement Raffarin. En seconde année, un enseignant de Macroéconomie nous propose carrément son programme économique à la dernière page de son polycopié. On y lit entre autres : suppression du SMIC, désindexation des salaires par rapport à l’inflation, hausse du temps de travail, privatisations générales…


 
On peut penser ce que l’on veut de ces thèses, mais à chaque fois que j’entends parler des « facs rouges » ou de l’enseignement supérieur français phagocyté par les « gauchistes », je me dis que Poitiers ne doit donc pas être en France.


Quant aux « syndicats étudiants », le droitiers dénonceront bien sûr la domination de syndicats de gauche comme l’UNEF. En oubliant qu’à côté de cette « domination », il y a surtout une très forte abstention aux élections étudiantes, une indifférence assez générale face aux formations politisées, qui permet à quelques groupes minoritaires de donner l’illusion d’une coloration politique aux campus…


Les médias gauchistes ?

Passons au cas national. Que n’entend-t-on sur la domination des médias par la gauche, dans un pays où paraît-il, les journalistes seraient presque tous de gauche…Je voudrais juste renvoyer à quelques chiffres, donnés par l’OJD sur les tirages de la presse nationale . 
 

http://www.ojd.com/engine/adhchif/adhe_list.php?mode=chif&cat=1771

 Quand bien même il serait vrai que 90% des journalistes seraient de gauche (et qu’appelez-vous la gauche ? Si vous êtes d’extrême-droite, l’UMP est de gauche…), l’important est de connaître l’influence de chaque « camp ». Et quand on regarde les chiffres de l’OJD, quelques rappels s’imposent : des revues déclarées à droite font chaque jour ou semaine des centaines de milliers d’exemplaires vendus, et sans doute encore plus de lecteurs :

 Le Point fait 380.000 exemplaires par semaine en 2005, l’Express 430.000, Valeurs Actuelles 75.000, Le Figaro 320.000 par jour et Les Echos plus de 110.000 par jour. Ces journaux se réclament clairement du libéralisme économique, et malgré leur « ouverture éditoriale », sont très largement à droite…sauf bien sûr si vous raisonnez d’un point de vue d’extrême-droite.

 Et en face, il y a quoi ? L’Humanité, moins de 70.000 exemplaires ? Libération (centre-gauche) à moins de 140.000 ? Le Nouvel Obs est l’un des rares périodiques un peu de gauche (modérée) à dépasser les 500.000 exemplaires.

 Je ne vais donc pas dire qu’en France la presse serait exclusivement de droite –ce serait mentir de beaucoup-, mais c’est un fait que la droite en France peut parfaitement s’exprimer et dispose d’un arsenal médiatique tout à fait conséquent pour le faire. Si les idées de droite ne triomphent pas comme le souhaiteraient leurs défenseurs, c’est avant tout parce qu’elles n’apparaissent pas justes pour un grand nombre de français.

 On aurait pu traiter le cas d’autres médias –la télévision notamment. A l’heure actuelle, en veille de campagne présidentielle, les chaines télévisées françaises publiques ou privées peuvent davantage se faire reprocher de focaliser le débat sur deux candidats plutôt que de privilégier le PS ou l’UMP uniquement.
 

Conclusion


 Je ne sais pas s’il existe un « complot des médias », mais si c’est « la gauche » qui le dirigeait pour manipuler les français contre la droite, alors elle s’y prend fort mal, vu la puissance de la presse droitière actuelle. Et encore, je n’ai même pas évoqué l’importance des groupes financiers de l’armement ou du bâtiment dans la possession de ces médias, jusque dans le capital de l’Humanité.

 Mais pourquoi cet acharnement de tant « d’intellectuels », d’écrivains et plumitifs en tout genre, à dénoncer le « politiquement correct », la « pensée unique », et ce même lorsqu’ils soutiennent un camp comme la droite dite « modérée » qui n’est absolument pas privée d’accès aux médias ?

 J’avance une explication toute simple : beaucoup d’intellectuels en mal de notoriété se rêvent en dissidents et résistants ; à droite, on s’imagine écrivain de samizdat dans le dernier pays « communiste » d’Europe, résistant à une mystérieuse domination bolchevique mais sans Armée Rouge ni Tchéka. A gauche, on se rêve en Che Guevara face aux polices mentales –et physiques aussi- des forces du Capital –qui elles ne relèvent pas de l’invention. Seulement voilà : la France est de fait un pays relativement ouvert, des flots de bouquins de droite comme de gauche peuvent s’y publier. Et c’est déplaisant pour nos résistants en plume. On peut ajouter le fait que pour certains, le fait que l’adversaire existe est déjà une oppression : on se plaint d’être dominé parce qu’on est pas ultra-dominant soi-même.

 Le jugement que je porte vaut aussi pour nous, communistes. Si nous faisons d’aussi mauvais résultats électoraux, c’est davantage de notre faute que d’un quelconque complot médiatique. Nos divisions, l’incohérence d’une partie de notre discours, plusieurs décennies passées au service de l’URSS, tout cela n’est à imputer qu’à nous-mêmes. La droite n’a à l’heure actuelle pas besoin de s’acharner sur nous, nous nous neutralisons très bien tout seuls.

 

 

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22 novembre 2006 3 22 /11 /novembre /2006 22:01

Il était important pour moi de poster cet article.

 

Salvador Allende, président du Chili de 1970 jusqu’au 11 Septembre 1973, date de son renversement par Pinochet, est resté une figure mythique pour la gauche occidentale, et une partie de la gauche latinoaméricaine. De nombreuses rues françaises portent son nom, en souvenir de celui que l’on considère comme le premier président socialiste élu, renversé par le fasciste Pinochet alors qu’il était censé diriger pacifiquement son pays.

 

Pourtant, la réalité fut plus compliquée. Par simple souci d’information, je suis allé voir ce que la droite pensait de cet homme et de son gouvernement. Et là, on s’en doute, le son de cloche est différent. Peut-être pas au point de justifier l’action de Pinochet, mais pas loin pour certains.

 

En clair, pour les anticommunistes, Allende était un crypto-dictateur qui menait son pays à la ruine alors qu’il n’avait pas été élu réellement démocratiquement. Les critiques qu’ils lui portent contiennent une part de vérité, néanmoins à relativiser car les anticommunistes mentent souvent par omission.

 

Voir :  

 

http://es.wikipedia.org/wiki/Salvador_Allende (en espagnol, article de meilleure qualité qu’en français ou anglais, point de vue partagé et nuancé)

 

ou, si vous avez les nerfs plus solides :

 

http://www.liberte-cherie.com/a819-Allende_etait-il_le_petit_saint_que_les_communistes_en_ont_fait_.html?q=allende

 

 

 

Les anticommunistes disent :

 

·        Qu’Allende n’aurait pas été élu démocratiquement pour réaliser le socialisme ; 

Il est vrai qu’en Septembre 1970, la coalition de gauche de l’Unité Populaire conduite par Allende n’obtint que 36.6% des suffrages exprimés, et que, suivant la Constitution chilienne, Allende ne devint président qu’avec l’accord des députés de la Démocratie-Chrétienne. L ’Unité Populaire n’a donc jamais eu qu’une majorité relative au Chili. Il est vrai également que les programmes électoraux de l’Unité Populaire comme de la Démocratie-Chrétienne étaient seulement des programmes de gauche réformiste. Mais contrairement aux anticommunistes qui en concluent qu’Allende n’a pas été élu pour faire passer son pays au socialisme, on peut répondre deux choses :

-   d’abord qu’un gouvernement élu n’est pas obligé d’appliquer la politique qu’il a promise. Ce que je viens d’écrire est certes provocateur, et  en disant cela j’ai en tête ce qui se passe aujourd’hui en Hongrie où le premier ministre Gyurcsany a reconnu avoir menti aux électeurs. Mais la constitution d’un état démocratique autorise normalement un parlement à voter des lois auxquelles ne s’attendaient pas les électeurs, qui pourront toujours dire ce qu’ils en pensent aux prochaines élections (ils peuvent tout à fait approuver ce changement de politique) ;

-   ensuite qu’Allende n’a pas eu la chance de connaître les joies de la démocratie à la française. Dans notre bel hexagone, l’UMP a empoché la moitié de l’Assemblée Nationale avec 36% des suffrages exprimés aux législatives en Juin 2002 (abstention : 38%), soit sensiblement le même score que l’Unité Populaire en Septembre 1970 au Chili. Aujourd’hui, la France est gouvernée par un parti qui a reçu les voix d’un peu plus d’un tiers des exprimés, et moins du quart des inscrits. Avec la Constitution française, Allende aurait pu avoir un Parlement conforme à ses souhaits et gouverner beaucoup plus légalement.

Il n’en reste que dans la réalité, Allende n’a pas eu la majorité de l’Assemblée chilienne, et que celle-ci a rapidement manifesté son désaccord lorsque le Président a entamé la « transition vers le socialisme » : pour réaliser son projet, Allende a fait le choix de gouverner par décret, contre l’accord du parlement dont il déniera de plus en plus les prérogatives. Il aurait pu choisir d’attendre d’être majoritaire.

 

 

 

  • Que la politique économique d’Allende a ruiné le pays ;  

Allende a mis en œuvre dès 1971 une politique de réforme agraire radicale, de nationalisation de la majorité de l’industrie, en particulier du cuivre, et de relance monétaire et des salaires. La politique de socialisation, face à un Parlement hostile, ne put qu’avoir lieu par décret, par réquisitions suite à des troubles sociaux dans les entreprises. En 1971, le Chili connut une bonne année économique : la sous-utilisation des capacités économiques permit à la hausse des salaires d’être efficace, et le pays connut une croissance de 8%, avec une inflation basse. Mais dès 1972, les choses s’inversèrent :

 

- la relance monétaire se transforma en inflation, qui culmina au taux officiel de 342% en 1973, inflation à laquelle le gouvernement répliqua par le contrôle des prix, générant le marché noir ;

 

 - les industries nationalisées virent leur production baisser ; les grèves et la paralysie du pays qui allèrent croissantes, l’inflation, le marché noir et la désorganisation des réseaux économiques peuvent en partie expliquer ce phénomène, mais il est fort probable que les dirigeants nommés par l’état chilien à la tête des entreprises en un temps très court aient été réellement incompétents. De toute façon les dirigeants d’entreprises nationalisées ne pouvaient être responsabilisés de leur gestion, puisque pour cela il faut qu’ils aient des comptes à rendre devant une délégation démocratiquement désignée. Or, la coalition d’Allende étant minoritaire, et vu qu’il n’y avait pas eu de vote des salariés chiliens sur la collectivisation parallèlement aux élections parlementaires, il était facile de gager que tout compte-rendu des directeurs d’usines nommés par Allende aurait été une occasion pour l’opposition de descendre le gouvernement ;  

 

- dès 1972 les pénuries se répandirent, entrainant des manifestations de « casseroles vides », la grève de plusieurs corporations dont les camionneurs : même en pointant une éventuelle participation de la CIA , l’ampleur de l’affrontement social qui eu lieu au Chili est sans aucun doute largement d’origine interne, et l’opposition à Allende spontanée.

 

 

 

 

En 1972, le Chili connut une récession de 2.5% du PIB par habitant, et une récession de 6.5% en 1973. Mais il ne faut pas s’arrêter aux chiffres globaux, car le Chili comme ailleurs est un pays dont la population se divise en classe sociales. La prise en charge de l’approvisionnement des bidonvilles par le gouvernement, le montage de réseaux ouvriers de production et de distribution des biens, ont fait que tout le pays n’a pas vécu la crise de la même manière. En mars 1973, alors que le pays était globalement en crise, 40% des suffrages exprimés des chiliens se portaient sur l’Unité Populaire aux élections parlementaires (le score de l’UP fut de 43%, mais des rumeurs de fraudes portant sur 3 ou 4% des bulletins courent, selon J.F. Revel ; je ne considère pas feu l’académicien comme une référence en termes de vérité, mais par prudence voire par masochisme je préfère voir à la baisse le score de l’UP).

 

Ces faits sont aussi à mettre en comparaison du « miracle néolibéral » qu’aurait connu le Chili sous l’administration de Pinochet et des Chicago boys. Le Chili a certes connu des années de forte croissance depuis 1975, mais entrecoupées de deux années de sévères récessions du PIB par tête, pires qu’en 1973 : -12% en 1975, -11% en 1982. Et surtout un fait sur lequel les néolibéraux sont peu bavards : le Chili actuel est un pays très inégalitaire, où les 10% de chiliens les plus riches engrangent 47% des revenus en 1998, ce qui fait que le revenu moyen dont disposent les 90% restant est nettement moins flatteur que ce qu’annonce le chiffre global (un PIB par habitant supérieur à 10.000 $ en parité de pouvoir d’achat pour les comparaisons internationales, au début des années 2000).

 

Source des chiffres cités : http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMPays?codePays=CHL&grandesRegions=100&annee=2000&codeStat2=x&mode=carte&langue=fr&afficheNom=aucun

  

 

·        Qu’Allende serait responsable indirectement de plusieurs centaines de meurtres ; 

La violence politique a incontestablement existé au Chili sous le gouvernement d’Allende, notamment avec les actions du MIR (Movimiento de la Izquierda Revolucionar ), qui, pendant la réforme agraire entre autres, ont procédé à de nombreux meurtres. Les « libéraux » de Liberté Chérie imputent plusieurs centaines d’assassinat à cette organisation. Mais là où ce sont les anticommunistes qui abusent de l’ignorance des gens, c’est lorsqu’ils oublient de dire que le MIR n’avait pas attendu l’arrivée d’Allende à la Présidence pour se mettre à tuer. Le MIR a commencé sa période terroriste dès le milieu des années 60, pour ne l’achever qu’au milieu des années 90 (voir : http://www.tkb.org/Group.jsp?groupID=220 ). Soit trente ans de faits d’armes, alors que l’Unité Populaire n’a gouverné que trois ans, et que si Allende peut être accusé de ne pas avoir fait punir les assassins du MIR, ça ne fait pas de lui et de son « régime » le commanditaire des meurtres. Sur le lien concernant Allende sur Wikipédia en espagnol, il est plutôt question de cent morts dus à la violence politique sous le gouvernement d’Allende (« La violencia callejera se volvió cada vez más intensa, acercándose a la barrera de los 100 muertos por violencia política durante el gobierno de Allende”). Mais il faut remarquer que la violence politique ne fut pas due qu’à l’extrême-gauche: des mouvements de droite comme Patria y Libertad ne se sont pas fair prier non plus pour passer au terrorisme contre-révolutionnaire; en juin 1973, ce mouvement participe à une tentative de coup d’état plus tard nommée « tanquetazo » qui fit 20 morts.

 

Il serait bon de préciser aussi que plusieurs pays d’Amérique latine, qu’on ne peut pas considérer comme des dictatures, connaissent aujourd’hui même des cas de violations des droits humains permanents et nombreux. Au Brésil, des centaines de meurtres seraient commis par la police et d’autres groupes de « sécurité » dans l’indifférence du gouvernement ; en Colombie, les militaires et paramilitaires sont certes aux prises avec la guérilla des FARC, mais cela ne justifie pas l’indulgence du gouvernement de droite quant aux nombreux meurtres que ces (para)militaires commettent chaque année. Il ne s’agit pas de dire que les exécutions seraient pardonnables en Amérique latine car elles feraient partie du « folklore » ; leurs auteurs doivent être condamnés, mais ce n’est pas parce que ces crimes ont lieu que l’on peut dire pour autant que la Colombie d’Uribe, le Brésil de Cardoso ou de Lula, ou encore le Chili d’Allende sont ou furent des dictatures.

 

Voir les liens d’Amnesty International sur le Brésil et la Colombie  :

http://web.amnesty.org/report2003/col-summary-fra

http://web.amnesty.org/report2004/col-summary-fra

http://web.amnesty.org/report2005/col-summary-fra

http://web.amnesty.org/report2003/bra-summary-fra

http://web.amnesty.org/report2004/bra-summary-fra

http://web.amnesty.org/report2005/bra-summary-fra

 

 

 

·        Qu’Allende préparait l’instauration d’une dictature marxiste ;

 

Gouvernant contre son Parlement, avec une aile extrémiste violente, la coalition d’Allende a multiplié les entorses à la Constitution chilienne. Et en Août 1973, les députés de l’opposition votèrent une déclaration énumérant les violations de la constitutions qu’ils lui reprochaient, à commencer par la négation du rôle du Parlement, le refus de se plier aux verdicts judiciaires, les atteintes à la propriété privées, la tolérance de milices armées, avec des armes et instructeurs reçus du bloc de l’Est par l’intermédiaire de Cuba, la mise en cause des libertés d’expression, avec des cas d’arrestations arbitraires et de tortures sur des journalistes, le favoritisme envers certains magasins pro-gouvernementaux dans le contrôle des prix…

 

Que répondre ?

 

Certaines « violations » d’une constitution d’un état capitaliste, du point de vue d’un communiste, sont tout à fait compréhensibles :

      -on ne peut pas socialiser les entreprises en indemnisant les anciens propriétaires, du moins en totalité, car cela revient à acheter la fin de l’exploitation capitaliste, et surtout ces entreprises peuvent déjà être considérées comme l’œuvre de leurs salariés et donc leur revenir ;

      -la prise de contrôle des medias peut dans une certaine mesure se comprendre. Dans un pays comme la France , ceux-ci sont de plus en plus au main de groupes financiers, qu’on ne peut sans doute pas accuser de donner des ordres aux journalistes, mais ceci entraîne sans doute l’autocensure des mêmes professionnels de la presse. Dans le cas d’un gouvernement socialiste, même parfaitement majoritaire et légal, il serait tout à fait convenable d’imposer aux principaux journaux télévisés ou à des organes de presse sous contrôle public de réserver une partie de leur temps ou publication au point de vue des différents partis ;

      - il serait tout à fait nécessaire, dans l’hypothèse d’un tel gouvernement, qu’il cherche à se protéger d’un coup d’état en fractionnant l’armée pour mettre des officiers fidèles dans l’une des deux armées, tout en laissant l’autre armée « multipartite ». Prendre le contrôle de toute l’armée au profit d’un parti, c’est la dictature ; ne pas avoir de forces armées acquises au gouvernement, c’est du suicide.

 

Mais Allende est sans doute allé bien au-delà des cas que je viens de citer. Bien sûr, comme je l’ai dit plus haut, on n’est pas obligé d’être d’accord avec tout ce qui est dit dans la déclaration des députés chiliens, sur le caractère scandaleux ou pas des violations de ladite constitution. Et ces faits, même s’ils sont vrais et très condamnables pour certains, ne font pas du Chili d’Allende une dictature (ou alors le Brésil de 2000 et la Colombie de 2006 le sont aussi).

 

      Quant aux milices armées qui commençaient à s’entraîner au Chili là encore je ne peux approuver la condamnation des anticommunistes. Ceux-ci s’appuient sur l’existence de ces milices et sur des citations guerrières de membres de l’UP pour avancer que la gauche marxiste chilienne se préparait à « écraser dans le sang » la colère du peuple chilien « opprimé ». Sauf que pour « écraser dans le sang » une révolte, il faut avoir le contrôle sinon l’indifférence de l’armée, sans quoi on risque de la trouver sur son chemin. La tentative de coup d’état de Juin 1973, les renversements de gouvernements de gauche dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et d’une manière générale l’hostilité d’une fraction de l’armée au socialisme avaient depuis longtemps fait comprendre à la gauche chilienne que l’armée n’était pas dans son camp, et que pour se protéger de cette armée il serait nécessaire de constituer ces milices. En réalité, Allende refusa même de distribuer des armes aux militants de gauche qui en réclamaient.

 

Au terme de leur déclaration d’Août 1973, les députés chiliens de l’opposition majoritaire appelèrent les forces armées à venir « sauver la Constitution  » des affres du socialisme. Les anticommunistes en concluent que les militaires putschistes voulaient donc « sauver leur pays ». Mais là encore ils effectuent un biais, et oublient de préciser qu’après cette déclaration parlementaire, Allende chercha à trouver une issue favorable à la crise nationale en préparant un plébiscite sur sa personne (qui, en cas d’échec –probable- aurait pu mener à sa démission). Mais la gauche de l’unité populaire (le MIR et le parti socialiste entre autres) refusa ce projet, tandis que le PC chilien s’y déclarait favorable. C’est donc un point qui ne peut être passé sous silence : Allende ne contrôlait pas vraiment sa coalition hétéroclite, et était réellement dépassé par son aile gauche. A l’annonce du projet de plébiscite, les partisans du MIR cessèrent d’appeler Allende « camarade » (compañero) pour passer à « Monsieur » (señor).

 

            L’avenir le plus probable du Chili sans le coup d’état de Septembre 1973 aurait sans doute été une guerre civile. Mais, malgré le fait que les marxistes chiliens aient fait fréquemment référence à une telle guerre, on ne saura jamais qui aurait pris l’initiative de la déclencher.

 

            Si Pinochet était intervenu le 11 Septembre 1973 pour faire désarmer le MIR et contraindre le gouvernement à se conformer à la Constitution , voire pour faire de nouvelles élections, alors il aurait pu passer pour un défenseur de la démocratie. Et là où l’argumentation anticommuniste se mord la queue, c’est qu’on voit mal pourquoi les putschistes de droite n’ont-ils pas relancé des élections alors que, paraît-il, le peuple chilien en était venu à haïr la politique d’Allende.

 

 

Quelles leçons tirer de l’expérience du gouvernement d’Allende ?

 

            Il faut renoncer à un mythe : Allende n’a pas été le premier président élu pour réaliser un programme socialiste. Mais l’expérience de son gouvernement n’illustre en rien la soi-disante théorie anticommuniste comme quoi le socialisme, même en commençant légalement, devrait fatalement devenir dictatorial pour contenir la colère des populations excédées par les pénuries. Et ce pour la simple raison que le cas d’Allende ne répond ni à la première ni à la seconde des conditions qui auraient été nécessaires pour appuyer une telle théorie :

 

            -la politique d’Allende n’était pas légale, même d’un point de vue moral j’approuve certains points ;  

 

            -elle n’a pas débouché sur une dictature, quoi qu’en disent les anticommunistes. Dans une dictature, l’opposition ne peut pas être majoritaire aux élections comme en mars 1973 et détenir la majorité du Parlement (qu’il soit respecté ou pas), les opposants ne peuvent pas faire grève et manifester contre le Président. Et surtout, dans une dictature, le gouvernement contrôle de près l’armée.

             Quant au pinochetisme, il reste une exemple fort de ce que l’anticommunisme, lorsqu’il n’est pas sûr de gagner les élections (sinon pourquoi ne pas en avoir refait après Septembre 1973 ?) ne tient plus tellement à la démocratie.  

 

            Quant à la politique économique d’Allende, elle renforce une idée que j’avais déjà évoqué dans mon site : même si la propriété des entreprises devient collective (ce qui ne signifie pas forcément étatique), il ne vaut mieux pas que le gouvernement cherche à organiser lui-même la production. La priorité est d’abord d’instaurer chez les salariés la conscience de leur propriété, et leur faire adopter le comportement du salarié-électeur, vigilant vis-à-vis des élus chargé de la gestion des entreprises. Mais comme je l’ai écrit plus haut, une telle responsabilisation des décideurs était très difficile dans le contexte rencontré par Allende (et largement dû  son choix d’agir en minorité).  

 

            Les politiques de relance monétaire et le contrôle des prix qui en résulta fut également très discutable, et ce n’était pas une conséquence logique de la collectivisation.

 

            Au final, l’expérience « allendiste » illustre que le socialisme peut être voulu par des une fraction importante de la population (35% à 40% est déjà un beau score), mais il faudrait un soutien encore plus important pour pouvoir construire une économie collectivisée responsabilisée et viable.  

 

Or, question ouverte: comment espérer obtenir une telle majorité politique si la population n’a pas déjà vu un exemple de socialisme réussi ?

 

 

 

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8 novembre 2006 3 08 /11 /novembre /2006 20:57

C’est bien connu, la France est une championne des dépenses publiques, des prélèvements obligatoires, et ce poids de « l’Etat » est, c’est évident, la cause de nos mauvaises performances économiques.

Avec une dépense publique égale à 53% du PIB, « nous » travaillons en réalité à moitié « pour l’Etat », ce qui fait même de la France un pays « socialiste », le dernier d’Europe bien entendu ! 
 

Et si notre pays est « étouffé », « tué » par cette dépense publique, la faute en est bien entendu à mettre sur ces salauds de fonctionnaires, cette caste (ou nomenklatura) privilégiée qui vit sur le reste du pays.

Juste quelques données :

 

 

http://img225.imageshack.us/my.php?image=tabledppubliqu2003nz9mntb8.jpg


En consultant ce tableau, on fait quelques « découvertes », qui devraient n’en être pour personne :  

1)  Oui, la France fait partie du haut de tableau pour ce qui est des dépenses publiques. Mais les suédois sont encore plus « socialistes » que nous. J’aurais pu ajouter qu'un pays comme la Pologne, plus vaste pays de cette "Nouvelle Europe" acquise à "l'ultralibéralisme", a toujours des dépenses publiques montant à 43% de son PIB...la Pologne serait donc presque à moitié "socialiste"! Lech Walesa, réveille-toi!

2) Cependant, et là encore ça devrait n’étonner personne, la majorité de nos dépenses publiques sont en fait des dépenses de protection sociale. L’Etat français, collectivités territoriales incluses, ne coûtait à notre pays « que » 24,2% de son PIB, en 2003. J’ai calculé la moyenne de l’Europe des 24 (les 25 sans la France ), et on y constate que nous ne sommes qu’à 2,1 points de PIB de différence. Et face à deux champions non-européens du « libéralisme », les USA et le Japon, la différence est en réalité plus proche de 3,2 et 1,6 points. Certains diront assurément : « mais deux ou trois points de PIB, c’est énorme ! ». Certes. Mais le « surcoût » de l’Etat français n’explique qu’une minorité de l’écart entre les niveau de dépenses publiques français vis-à-vis de celui américain ou japonais ; 20% de l’écart entre la dépense publique française et américaine est due à l’Etat français. Même vis-à-vis du Royaume-Uni, notre Etat n’explique que moins de 40% de la différence de dépenses publiques. Il n’y a que vis-à-vis du « modèle » allemand, qui a en réalité un état plus « light » que les USA, la GB ou le Japon, que notre « surdépense » publique française serait due à l’Etat.

Voyons donc où se déroule l’essentiel : sur les 17,7 de PIB de dépenses publiques que nous réalisons en plus que les américains, 14,5 viennent de nos dépenses sociales. On peut établir un constat proche par rapport au Japon, moindre par rapport au Royaume-Uni. 

 

Ce « surcoût social »s’explique un peu par les dépenses santé, mais il faut prendre des pincettes avant de comparer : apparemment, la France dépense 1,3 points de PIB de plus que les USA, en dépense publiques. Mais la santé US est largement privée (56% des dépenses de santé sont privées aux USA, 23% en France), et les dépenses de santé sont en réalité nettement plus élevées aux USA (15% du PIB en 2003, 10% en France). Si les USA se décidaient à faire prendre en charge par la collectivité 77% de leurs dépenses de santé, comme en France, mais sans ajouter 1 cent de plus au total de leur dépenses de santé publiques ou privées, les USA devraient rajouter 5 points à leurs dépenses publiques (ce qui signifie que leur taux de dépenses publiques est biaisé à la baisse). Comparer brutalement les dépenses publiques US et françaises n’a donc pas de sens, il faut d’abord s’assurer que les mêmes services et la même prise en charge sont fournis dans les deux pays.

Une remarque aussi : la protection sociale est une opération de distribution, non de production ; derrière ce truisme, il y a le fait que les 29% du PIB en dépenses sociales que réalise la France ne constitue en rien une économie de propriété collective/publique. La France et la Suède ne sont donc évidemment pas des pays « socialistes », sauf à hauteur de ce que pèse réellement la machine administrative, soit 24% de l’activité en France et 26% en Suède.

Passons au procès, maintenant, et voyons qui sont les salauds qui coulent notre pays à force de dépenses publiques :  

 

-          nous avons vu que la santé coûte plus cher en France que dans d’autres pays (mais pas aux USA, en Allemagne pour des raisons de réunification, en Suisse aussi) ; il y a sans aucun doute des gaspillages dans la dépense sanitaire française. Mais c’est une grande partie de notre population qui « bénéficie » ou « cause » ces gaspillages. Le fait que nous abusions de médicaments ou d’actes médicaux inutiles n’enlève rien au fait que c’est nous, patients, qui suscitons ces dépenses ; et comme la plupart des dépenses de santé, justifiées ou pas, viennent des plus de 60 ans et des moins de 10, on a trouvé les premiers coupables : salauds de vieux et de gamins !

-          notre système de retraite « coûte cher » aussi (à titre personnel, je le considère comme un choix de société plutôt qu’un coût, mais bon). Là encore, on pourra dire que les retraités de la fonction publique ont de trop bonnes pensions, qu’en plus ils vivent longtemps et cotisent moins que les autres. Mais quand bien même vous leur couperiez un peu les vivres, pourquoi réduire globalement le niveau des dépenses de retraite en France ? De toute façon, nous savons que le nombre de retraités va augmenter. Même en réduisant les pensions de certains, même en allongeant la durée de cotisation de 5 ans, les économies réalisées sur une partie des retraités pourraient au mieux servir à équilibrer le système. Les dépenses de retraite ne redescendront donc pas en France, même en « égalisant » le système, et privatiser les retraites n’y changerait rien car la retraite par capitalisation oblige quand même à prélever sur les actifs pour financer les retraites (bientôt un article sur le sujet). Une fois de plus, salauds de vieux !

-          Nos dépenses de chômage et de politique de l’emploi sont un peu plus contestables cependant. Ce n’est pas le fait de consacrer 2% du PIB à indemniser les chômeurs qui est contestable, c’est la « politique de l’emploi » à base de subventions accordées à des entreprises dont l’effet sur l’emploi est douteux. Mais remarquons une chose : ces entreprises qui profitent de l’argent public gaspillé en subventions sont aussi…des contribuables. Les entrepreneurs sont les premiers à dire que ces subventions ne servent à rien et ne font que perturber le fonctionnement de l’économie de marché, très peu poussent cependant leurs convictions « libérales » jusqu’à refuser ces aides. Mais puisque la dépense publique est le crime, et que ceux qui en profitent sont les coupables : Salauds de chômeurs et d’entrepreneurs ! 

 

-          Viennent ensuite les allocations familiales, l’assurance-invalidité, la maternité, etc…Salauds de parents et d’invalides !!!  

Le but de cet article ironique n’était pas de dire si la dépense publique est justifiée ou pas, si elle a ou non un effet négatif massif sur la croissance. En partant du présupposé –auquel je n’adhère pas en fait-, que la dépense publique est un mal, et que certains en profitent, on en arrive cependant au constat que, relativement aux autres pays, ce n’est pas tant la machine d’Etat qui « nous étrangle » sur le plan financier, mais les « coupables » sont en fait une grande partie des français. On peut certes dire que l’entrepreneur, le cadre ou l’ingénieur de 30 ou 40 ans, qui n’est jamais malade, qui n’a pas d’enfants (ce qui n’est cependant pas bon pour le pays), qui travaille beaucoup paye beaucoup d’impôts et de cotisations et bénéficie peu de la dépense publique. Mais il sera un jour un retraité, qui vivra plus longtemps que les autres en moyenne (sauf s’il meurt violemment), qui finira en mauvaise santé ; il aura peut-être des enfants, qui lui apporteront peut-être peu d’allocations familiales mais iront, comme la grande majorité des enfants français, passer une partie au moins de leur scolarité dans le public, et engendreront des dépenses, même si une partie relève du gaspillage.  

Mais pour les vieux, les enfants, les chômeurs ou ceux qui l’ont été, les parents, les invalides, et j’en passe :  

Salauds de français qui abusent de l’argent des français !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 19:09

Il y a quelques temps, a eu lieu sur ce blog un court échange suite à un article sur l’emploi, échange que vous pouvez lire en commentaires de cet article. Il y a été question d’Alstom et du marché des trains franciliens.

Je pense qu’être communiste n’empêche pas d’être relativement ouvert à l’échange international, et que des entreprises collectivisées de différents pays peuvent échanger par delà les frontières. Le fait que le canadien Bombardier jouisse d’un quasi-monopole chez lui ne justifie pas que nous ayons à pratiquer nous aussi le protectionnisme, qui est un sale coup à faire aux travailleurs de l’étranger, alors que sur le fond les délocalisations et la concurrence extérieure ne sont que marginalement responsables du chômage français.

 

Les slogans tels que « produire français, consommer français », ou les raisonnements comme quoi « vivre et travailler au pays » signifierait forcément « produire pour le pays et dans le pays» (alors qu’on peut travailler pour l’exportation), relèvent pour moi de l’une des pires époques du PCF. Ces slogans n’ont pas empêché le déclin du parti, ils ont juste préparé idéologiquement une partie de nos militants et électeurs à rejoindre dans les années 80 le Front National.  

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 novembre 2006 6 04 /11 /novembre /2006 23:10

Bon, allez, un billet plus court cette fois-ci…

 

En visitant le site des jeunes communistes (auxquels je n’appartiens pas, il n’y a pas de JC dans ma fédération, celle des Deux-Sèvres) sur :

 

http://www.jeunes-communistes.org/site/art.php?id=897

j’ai trouvé ce tract sur la défense des services publics. A la deuxième page, les rédacteurs du tract écrivent, comme source de financement pour relever les services publics : « Il faut reprendre l’argent qui dort et les bénéfices boursiers (plus de 100 milliards d’euros en 2006), ces milliards des capitalistes qui passent au-dessus de nos têtes… ».
 

Quelques précisions :


1) avant de parler d’un revenu quelconque des capitalistes, il vaudrait mieux mentionner une source comme l’INSEE par exemple, qui publie les comptes nationaux, les derniers en date étant ceux de 2005 :

http://www.insee.fr/fr/indicateur/cnat_annu/base_2000/cnat_annu_2000.htm;

2) Ensuite il faut se rappeler qu’avant de prélever des fonds pour financer des achats réels (c’est-à-dire du matériel pour les services publics par exemples) ou des emplois supplémentaires, il faut être sûr que ces fonds correspondent à une création réelle de marchandises. Lorsque l’on redistribue le revenu national, il faut s’assurer que le total des  revenus que l’on donne à chaque secteur (comme par exemple les administrations) correspond à la valeur des marchandises disponibles ;

3) Or c’est là que le bât blesse avec les « revenus/bénéfices boursiers » : c’est que des milliards, dizaines de milliards d’euros voire plus encore peuvent circuler dans la sphère d’échange de titres, de dérivés, de produits financiers servant à s’assurer contre les risques concernant d’autres produits financiers…et ne jamais servir à acheter un quelconque bien ou service réel.

 Mais si l’on s’amusait à « prendre l’argent où il est », « à la Bourse » (en sachant que cette monnaie est de toute façon très largement scripturale), pour l’utiliser pour financer des services publics, on risque de ne rien faire de mieux qu’utiliser la planche à billets.

Donc avant de s’extasier sur les centaines de milliards d’euros qui « volent » dans la sphère financière, il faut se rendre compte qu’ils n’ont probablement aucun rapport avec des « richesses » (mot à valeur subjective, je le met toujours entre guillemets) réelles.

 

Je ne veux pas dire pour autant que toute la finance ne crée rien, qu’elle ne sert à rien : elle a un rôle important dans l’allocation des ressources qui permettent à des activités « concrètes » d’exister alors qu’elles n’auraient jamais vu le jour sans un financement accessible.


Non pas qu’il n’y ait pas de ressources à redistribuer. Les profits des capitalistes existent, bien entendu. Mais pour les estimer, il faut utiliser les comptes nationaux de l’INSEE, notamment les comptes des sociétés, non financières surtout, et regarder, en catégorie « Comptes d’affectation des revenus primaires ». Et on voit que les entreprises distribuent mais aussi reçoivent des revenus de la propriété, et donc seule la différence entre ce qu’elles reçoivent et ce qu’elles distribuent a une chance de finir dans les poches des ménages capitalistes (voir aussi les comptes des ménages.

  
 Rappel : Revenus de la propriété des ménages en 2005
(en mds d’euros,
INSEE, Comptes de la Nation)

Dividendes : 59,3  Intérêts : 37,9  Revenus attribués aux assurés : 38,2

(et une quinzaine de milliards d’euros aux propriétaires de logements privés loués).



 

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2 novembre 2006 4 02 /11 /novembre /2006 14:52

J’écris ce billet à titre de présentation, mais aussi un peu pour donner un contre-exemple à ceux qui pensent que « ouais, bon, t’es coco parce que t’es jeune, plus tard tu verras… ». Combien de fois ai-je lu des textes de droitiers qui racontaient qu’ils avaient été de gauche voire communistes étant jeunes, puis qu’ils avaient « découvert les crimes du communisme », puis « l’incurie des économies administrées, jusque dans l’administration à la française », et qu’alors, ils avaient « ouvert les yeux », s’étaient tournés vers le « libéralisme », pour ne plus en démordre.

 

Et bien mon expérience est totalement inverse.


Quand j’étais plus jeune, j’étais vieux dans ma tête


Je me suis intéressé à la politique dès l’âge de 10-11 ans, et me souviens encore du jour de la première élection à la présidence de Jacques Chirac, en 1995. A l’époque, j’étais de droite. Mon père est médecin généraliste libéral, et lui aussi avait été de gauche étant jeune, soixante-huitard, avait voté Mitterrand en 1981, et avait été déçu au point de virer à droite, voire très à droite ensuite. Alors autant vous dire que je n’ai jamais ignoré les discours sur les « fonctionnaires feignants », les impôts trop élevés, la sur-administration de la France, et même de temps à autres les immigrés-qui-viennent-profiter-de-nos-largesses-sociales. N’ayant pas souvent eu d’excellentes relations avec mes professeurs, j’étais encore plus disposé à écouter le discours contre l’Etat, contre la fonction publique.

 Je n’avais pas davantage de sympathies pour le communisme. Quand fut paru « Le Livre Noir du Communisme » en 1997, je fus d’emblée partisan de ses thèses. Les communistes ne valaient pas mieux que les nazis, ils tuaient les « bourgeois » comme les nazis tuaient les juifs. Je me rappelle avoir même pensé qu’il fallait d’urgence envahir Cuba pour libérer son peuple du dernier « dictateur communiste ».

Mais il y avait cependant quelque chose chez moi qui faisait que je n’avais jamais été libéral pour autant. J’étais frappé que dans notre pays, plusieurs millions de personnes soient au chômage, et qu’en guise de solution, il aurait fallu « attirer les investisseurs » (je ne savais pas alors que la France attirait déjà beaucoup les investisseurs étrangers, ce qui ne résorbait pas le chômage pour autant). Je n’admettais pas que pour régler nos problèmes internes, il eût fallu se plier aux intérêts de personnes (physiques ou morales) privées et étrangères. Il y avait bien un moyen de remettre au travail les français par nous-mêmes, que diable ! Mes opinions n’en sont pas restées là, mais j’ai toujours conservé cette idée qu’il est inadmissible de confier notre avenir au « jeu des agents privés », en sachant que ceux qui décideraient de notre avenir ne seraient pas « tout le monde » (et là dessus, j’ai bien été confirmé, le « capitalisme populaire » est une farce), mais une minorité d’individus mieux dotés que les autres. Et je ne croyais pas non plus que les individus les plus riches soient les plus méritants.


Un déclic signé Gilles Perrault


Vers 14 ans, suite à de mauvaises discussions sur le Net, mes certitudes s’étaient en bonne parties effondrées, et je me suis retrouvé apathique pendant quelques temps. J’avais gardé mes idées d’antan sur certains sujets, comme l’anticommunisme. Et c’est au cours d’un été, 1999 je crois, que j’ai lu –ou plutôt relu- un article de Gilles Perrault paru dans Le monde Diplomatique en Décembre 1997. Vous pouvez le trouver sur :

 http://www.monde-diplomatique.fr/1997/12/PERRAULT/9660.html

 Dans un passage de l’article, Perrault s’en prend à la comparaison que dresse Stéphane Courtois (maître d’œuvre du Livre Noir) entre le « crime de race » nazi et le « crime de classe » imputé au communisme.

 «  Il [Stéphane Courtois] introduit donc le concept d’un « génocide de classe » qui serait l’exact équivalent du « génocide de race ». L’imposture intellectuelle sidère par son audace. Aux yeux des nazis, un Juif restait de sa conception à sa mort défini par sa judéité. Un bourgeois dépouillé de ses biens sort de la bourgeoisie. La Révolution française a voulu, et dans une certaine mesure accompli, la liquidation de l’aristocratie en tant que classe, ou caste. Mais les « ci-devant » dépossédés de leurs titres et privilèges n’étaient pas automatiquement promis à l’échafaud, où ils furent moins nombreux à monter que les ouvriers ou les paysans. »

Lors de ma première lecture de l’article en 1998, je ne compris pas les arguments de Perrault. Lorsque je relus l’article en 1999, ce fut le choc. Effectivement, on peut supprimer une classe sociale sans tuer ses membres. Si plus personne ne travaille la terre, il n’y a plus de paysans. Si personne ne travaille à l’usine ou n’a de boutique, plus d’ouvriers et de commerçants. Si plus personne n’a de capital productif privé, alors il n’y a plus de capitaliste, même sans tuer qui que ce soit. A l’inverse, un nazi considère le Juif comme indéfectiblement juif. Le seul moyen de supprimer une race dans l’optique nazie est de tuer tous ses membres, et c’est qui fut tenté par la Shoah. J’ai passé une nuit entière à essayer de batailler contre l’argumentation de Perrault. Mais si, il doit bien y avoir un moyen de montrer que les communistes veulent forcément exterminer les « bourgeois », puisque apparemment ils l’avaient fait dans les régimes de l’Est… Je devais me rendre compte plus tard que même la déportation des koulaks n’avait pas été une opération d’extermination comparable à la Shoah.


 
Ce fut la première étape de ma sortie de l’anticommunisme : le déconditionnement.

 
Auto-communisation

 
Le reste, je l’ai fait tout seul, sans aucun mentor, ni stage de formation théorique. De 1999 à 2001, j’avais cessé d’être anticommuniste, mais je n’étais pas communiste pour autant. J’avais cependant appris à faire la distinction entre l’idée communiste et les régimes qui s’en étaient réclamés. Mais je ne voyais pas, a priori, quelle nécessité on pouvait bien trouver à collectiviser ou planifier une économie.

 Puis en 2001, une brève réflexion au cours d’une heure de pause au lycée, et je me suis demandé qui pouvait bien prétendre être à l’origine de la création de la richesse matérielle. Qui, sinon le travail, la produisait ? Et quel était le rôle du propriétaire du capital ? D’avoir apporté ses machines, bâtiments, fournitures diverses ? Mais il ne les avait pas produit lui-même, la plupart du temps, il s’était contenté de régler les opérations financières qui permettaient aux travailleurs (qu’ils soient ouvriers, cadres, ingénieurs ou directeurs) de produire. Comme le disait Bernard Maris, « mettez vingt balles dans une boîte, enterrez-là, déterrez-là vingt ans après : ça fait toujours vingt balles ». Le travail seul crée la richesse, avec l’aide de la Nature. Le propriétaire du capital, en tant que propriétaire, ne produit rien. Celui qui prête de l’argent a bien entendu le droit de demander à le récupérer au bout d’un certain temps, avec même une compensation pour l’inflation pendant la période du prêt ; mais au-delà, s’il exige une rémunération nette, c’est un vol, même à 1% de la valeur ajoutée.


 Et c’est là que je me suis décidé. Les communistes avaient raison, à la base. L’exploitation existe, même si elle ne prend pas la forme d’un patron odieux en haut-de-forme martyrisant ses ouvriers. Elle existe par la simple rémunération du capital privé. J’ai ensuite dû affiner la chose : tous les salariés ne sont pas exploités au même niveau, certains sont eux-mêmes actionnaires, mais les cadres le sont nettement plus que les ouvriers, et la répartition du patrimoine financier en France est encore bien plus inégale que celle des revenus, 90% de ce patrimoine allant aux 50% de ménages français les plus aisés.


 
N’y a-t-il pas un moyen de remplacer les actionnaires privés, non pas par une planification en laquelle je ne crois pas, mais par un propriétaire démocratique, qui pourrait récupérer les bénéfices des sociétés au nom des salariés ? Plusieurs modèles se sont succédés dans ma tête. J’ai d’abord pensé à la propriété d’Etat généralisée, avant de considérer qu’il valait mieux avoir des représentants des salariés –ou même des travailleurs en général, indépendants compris- élus distincts du gouvernement. J’en suis arrivé à ce qui est publié sur mon site actuellement, en rubrique « programme communiste ».

Pour ceux qui m’accuseraient de « haine de classe », je tiens à vous dire une chose : je suis moi-même actionnaire. Mon père a tenu à placer pour nous des sommes qui seront partiellement investies en actions. Je toucherais donc probablement des dividendes venant d’entreprises pour lesquelles je n’ai pas pu fournir une once de boulot, puisque je ne sais même pas desquelles il s’agit, et que je n’ai pas besoin de le savoir. Ce qui m’a confirmé dans l’idée qu’à mon image, les actionnaires en tant qu’actionnaires sont des parasites économiques. Qui gagnent quand même plus d’une cinquantaine de milliards d’euros de dividendes par an en France. A comparer avec le coût des gaspillages publics. (Rassurez-vous, je ne resterai pas actionnaire longtemps : dès que je serai indépendant financièrement, je bazarde ce « patrimoine »)


 A ceux qui veulent m’apporter « la lumière », passez, j’ai déjà l’électricité (plus les soviets)

 


Il y a encore plein de choses à dire sur les raisons qui me font être et demeurer communiste aujourd’hui. Mais ce n’est absolument pas la peine de vouloir me « révéler » les crimes de Staline, Mao, Pol Pot, et j’en passe : c’est justement par là que j’ai commencé, quand j’étais anticommuniste sauce Courtois-Revel ! mon site parle assez abondamment des méfaits des ex-régimes de l’Est, tout en insistant bien sur les différences entre eux, ainsi que sur l’origine de la dictature dans ces états, et sur la différence de nature, d’objectifs et de méthode par rapport au nazisme.

 Ce n’est pas non plus nécessaire de me rabâcher « l’inefficacité » des économies administrées, leurs conséquences en terme de pénuries, de pauvreté, j’ai déjà lu sur ce sujet et ai exposé quelques causes de ces échecs dans la partie de mon site intitulée « Pourquoi l’échec de l’URSS ? ». La planification ne fait pas non plus partie de mon programme, car je considère qu’elle n’a pas de lien logique avec la collectivisation.

Quant aux administrations et aux entreprises publiques, j’y ai déjà travaillé deux fois. Je n’ai pas réellement assisté au spectacle de fonctionnaires payés à ne rien faire, mais plutôt régulièrement employés à des tâches d’utilité discutable. Au bout de deux semaines de travail en tant qu’ « instructeur » au Conseil Général de Vendée, on me demanda mon avis sur le service, et je répondis qu’en informatisant un peu plus on n’aurait pas eu besoin de m’employer. Je ne fus pas réembauché l’année suivante, contrairement à mon frère. Je ne suis en aucun cas un fan de l’Etat, des syndicats, de la fonction publique. Je suis tout à fait d’accord avec le principe de la responsabilisation des agents de l’Etat, de la rémunération au résultat, à condition qu’elle soit collective et non individuelle, car l’Etat n’est et ne sera jamais un employeur comme les autres, il peut très bien cacher un licenciement politique derrière un motif « d’incompétence », alors qu’un employeur privé préférera encore garder un bon ouvrier de gauche que de s’en débarrasser au profit d’un mauvais ouvrier, fut-il «jaune » et briseur de grève. Je ne suis pas « contre l’entreprise », mais je la préférerais propriété de l’ensemble de ceux qui y travaillent.

 

 Je suis communiste par conviction, et pas parce qu’un parti m’aurait séduit. Comme je l’écris dans « Misère de l’antilibéralisme », le programme du parti auquel j’ai adhéré, le PCF, me semble extrêmement mauvais, et pas communiste du tout. Denis Kessler (ancien trotskyste étant jeune, n°2 du Medef à l’époque de Seillères) disait : « Quand on n’est pas de gauche à vingt ans, c’est qu’on n’a pas de cœur ; quand on est toujours de gauche à quarante ans, c’est qu’on a pas de tête ». Dans ce cas, je n’avais pas de cœur étant plus jeune, mais, c’est étrange, les arguments des anticommunistes, même les plus-vieux-qu’on-tout-vu-tout-vécu me paraissent toujours aussi illogiques, peu en conformité avec les faits lorsqu’on creuse un peu les apparences. Je ne dois pas avoir de tête, peut-être.


 Quand les ex-communistes étaient jeunes, ils étaient cons ; ils sont restés très jeunes


Beaucoup de gens qui étaient « à gauche étant jeunes » furent en réalité des caricatures de ce qu’ils dénoncèrent plus tard : un tel adora Staline, Mao, croyaient être communistes parce qu’ils n’aimaient pas les riches, mais n’avaient même pas l’idée de ce que signifiait le mot « exploitation ». Plus tard, ils « découvrirent » les crimes de Staline, Mao, etc…, alors qu’ils n’avaient jamais eu l’idée de s’informer auparavant. Et vu qu’ils n’avaient jamais conçu le communisme comme une idée en soi plutôt que comme l’idôlatrie de tel ou tel « révolutionnaire », alors ils brûlèrent aussitôt ce qu’ils avaient adoré. Et n’avaient toujours pas davantage compris le communisme, ni dans les idées, ni même vraiment les faits.


 Mon avis ? A perdre ces « camarades » -là, nous autres communistes n’avons pas perdu grand-chose.

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