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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

Vous voulez simplement parler du communisme?

Alors ce blog est pour vous.

 

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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 23:52
 



Je réactive -enfin, et seuls les amateurs anglophones de jeux de cartes comprendront le rapport entre l'illustration et le Congrès du PCF- le blog pour la discussion des bases communes qui vont être soumises au vote des communistes fin Octobre (soit un temps de débat très court). Le texte de la base commune a été voté par le Conseil National les 5 et 6 Septembre, et est disponible dans le supplément de l'Humanité du 10 Septembre - et sans doute sur le site du PCF, je n'ai pas vérifié encore.
La discussion a commencé à Colombes par la réunion du 18 Septembre. Je me classe comme opposant à cette base, et j'explique, par cette lettre envoyée aux camarades de la section après la réunion, quelles en sont mes raisons.

Bonjour camarades ;

 

Jeudi 18 Septembre, nous avons eu à la section une réunion de préparation du congrès. Elle fut assez courte (de 18h50 à 20h30), et commença par la présentation de la base commune votée lors de la réunion du Conseil National les 5 et 6 Septembre. Parmi plusieurs camarades, je suis intervenu dans cette réunion de section, afin de donner mon désaccord par rapport à la base commune, et mon intention de soutenir, sauf surprise dans son contenu, le futur texte alternatif unitaire en préparation.

 

Je voudrais d’abord préciser aux camarades qu’outre la base commune, plusieurs textes alternatifs ont été annoncés :

-   un texte proposé depuis le printemps par l’association La Riposte, qui a créé un site spécifique  http://www.renforcerlepcf.com/ ;

-   un texte proposé par les militants du Rhône, lisible sur http://reveilcommuniste.over-blog.fr/article-22852946.html;

-   un texte proposé par la Gauche Communiste, connue au travers de Jean-Jacques Karman, visible sur http://gauche-communiste.org/34e-congr%E8s/34e-congr%E8s-texte-synth%E8se-G-co-07-2008.html ;

-   un texte proposé par plusieurs sections et fédérations, dont la plus connue est celle de Paris 15ème, qu’on peut trouver sur : http://vivelepcf.over-blog.fr/article-22853479.html

 

Les trois derniers textes sont en cours d’unification dans l’intention de produire un texte alternatif unitaire. La Riposte ne s’y associe pas, pour des raisons que je ne commenterai pas pour ne pas y consacrer plusieurs pages.

 

Les principaux points qui réunissent les trois derniers textes alternatifs sont :

-   la dénonciation d’une volonté de liquidation du PCF par l’actuelle direction ;

-   le retour à des fondamentaux marxistes ;

-   la rupture avec la construction européenne, le Parti de la Gauche Européenne (PGE), le retrait de l’OTAN ;

-   l’objectif de la construction du socialisme, plutôt qu’un projet « d’émancipation humaine ». Il s’agit là de reconstituer un secteur public dépassant l’ampleur de celui construit par le Conseil National de la Résistance, alors que la base commune ne parle au mieux que de reconstituer un pôle bancaire public, soit un niveau de socialisme guère supérieur à celui de l’après-guerre ;

-   la restructuration du parti pour la lutte des classes, avec le retour dans les entreprises et les quartiers populaires, et une formation idéologique marxiste pour les militants.

 

Je voudrais dans ce document, ré-expliquer les raisons qui font que je rejette la base commune. D’abord parce que le PCF me semble à une situation tout à fait critique de son histoire. Nous ne pourrons plus nous permettre une nouvelle régression aux présidentielles ; et le refus de nous présenter pour nous masquer derrière des candidatures de rassemblement factices (du type « Gauche Populaire et antilibérale », « Bouge l’Europe »..., ou encore les formules de rassemblement floues comme dans le « rassemblement antilibéral ») est autant un aveu d’échec. Depuis 2002, nous tournons aux alentours d’un million de voix dans la plupart des scrutins, quand deux millions et demi de personnes nous soutenaient en 1997. La présidentielle de 2007 nous a montré que l’on pouvait descendre encore plus bas, avec certes la pression du vote utile et la concurrence de plusieurs candidats « antilibéraux », nous laissant à 707.000 suffrages. Nous pouvons continuer à descendre.

 

Un texte positif ?

 

Certains d’entre nous approuverons dans le texte de la base commune : le fait que celle-ci ne remette plus en cause l’existence du PCF en tant que Parti Communiste, la référence au communisme, voire un début d’analyse des causes de nos échecs successifs depuis 2002.

 

Que le parti ne soit pas dissous n’est pas une source de soulagement. Il y a bien des manières de détruire le PCF, et le changement de nom ou l’autodissolution n’en sont qu’une parmi d’autres. Emmener le parti vers une nouvelle catastrophe (la dernière sans doute) en est une autre. Lorsque j’étais présent à Marseille, le 7 Juin, un intervenant a justement précisé que même si nous ne dissolvions pas notre parti, les électeurs pouvaient toujours le faire.

Quant à la référence au communisme, elle n’a aucune signification précise dans ce texte, à part les redites sur le projet « d’émancipation humaine ». La définition de base du communisme est la propriété collective des biens (de production). Même à titre d’horizon lointain, cela n’apparaît pas dans la base commune, ou sous des formes très diluées, où l’on ne sait pas si l’on veut une socialisation minoritaire de l’économie ou changer radicalement de modèle.

L’analyse de nos déboires électoraux reprend le problème de la crédibilité de nos alliances gouvernementales passées. Dénonçant la conversion au social-libéralisme du PS, des Verts et du PRG, la base commune précise que : « (pour le Parti Communiste la participation à des majorités ou des gouvernements est impossible si cela ne permet pas des améliorations réelles dans la vie de notre peuple) ». Cette phrase ne rassure en rien. Il ne faut pas caricaturer notre passé : à chacune de nos participations à des gouvernements avec les sociaux-démocrates, nous avons cru que ces améliorations de la vie du peuple étaient possibles. Ce qui est à préciser, c’est à partir de quelles limites, de quelles décisions politiques, nous n’avons plus notre place dans un gouvernement du PS. Ces précisions ne sont pas dans la base commune.

Poser en bloc le principe du refus des alliances signifie qu’entre le PCF et LO, la LCR  - NPA, il y aura moins deux doublons. Que les trotskystes se fassent concurrence sur les mêmes thèmes et discours depuis des décennies, exceptées de rares alliances (dont la dernière, en 2004, s’est finie par un 4,5% aux régionales et 2,5% aux européennes) n’est pas surprenant. Les trotskystes (et je doute que le NPA y change quelque chose) n’envisagent pas les élections comme un moyen de prendre le pouvoir, mais comme des tribunes pour « conscientiser les masses » (par des partis qui ne sont pas de masse), d’où l’intérêt de la multiplication des candidatures (quasi constante depuis 1974, sauf lorsque la LCR ne pouvait se présenter, en 1981 et 1995). Ce n’est pas la stratégie du PCF, et elle serait contradictoire avec son rôle de parti de masse.

 

J’ai pour ma part plusieurs idées sur les causes de notre échec de 2007.

 

D’abord vient le fait qu’on ne pouvait pas différencier les propositions Marie-George Buffet de celle de ses concurrents, à commencer par Besancenot. Les propositions ont un rôle crucial dans une présidentielle, par exemple les réformes proposées par Sarkozy sur les heures supplémentaires ont été couramment discutées par les électeurs. Mais il faut garder en tête que les électeurs, dans leur majorité, ne lisent pas les programmes dans les détails – les programmes politiques sont souvent rédigés de sorte à ne pas être lisibles, en assommant l’électeur sous une avalanche d’alinéas pour lui faire croire que le candidat a réponse à tout (je dis cela en pensant au programme de l’UMP en 2007). Ainsi, les différences Buffet-Besancenot-Laguiller étaient invisibles. Lorsqu’on les cherche, on trouve la question du nucléaire, le fait de savoir si le Smic doit être à 1500 euros nets ou bruts, s’il faut passer à la semaine de 32 heures ou de 30 heures… Pour beaucoup d’électeurs, la campagne de MGB a dû paraître inutile, et même en sympathisant avec le PCF, ils ont été happés par deux votes utiles : celui pour Royal (pour faire « gagner la gauche ») ou pour Besancenot (car il était le seul candidat de la gauche radicale à pouvoir espérer dépasser les 5%) ;

 

Ensuite, nous ne nous sommes pas battus contre les adversaires prioritaires. Que nous soyons hostiles à la droite est une évidence. Cela peut sembler surprenant à dire pour un communiste, mais nous avons sans doute trop discouru et fait campagne contre la droite. Par là je veux dire que nous avons oublié que la menace prioritaire pour notre existence est le Parti Socialiste. C’est bien vers lui, ainsi que vers le Front National à une certaine époque, que sont partis des millions des nôtres. Il ne s’agit pas de courir indéfiniment après nos anciens électeurs. On peut aussi se reconstituer un nouvel électorat, mais nous n’avons aucune chance de le faire au détriment de celui de l’UMP. Ou du moins, pour la minorité des classes populaires qui vote à droite, en croyant sincèrement que le capitalisme est le régime qui amène le plus de progrès social, nous ne serons jamais capables de les convaincre si nous ne pouvons déjà convaincre les travailleurs habitués à voter PS. L’argument de la crainte d’une élimination de « la gauche » au premier tour aurait dû être méprisé, car c’est au PS d’aller chercher ses voix, et non à nous de les lui rabattre. Si le PS ne passe pas le premier tour, alors c’est qu’il ne mérite pas de gagner les élections et c’est tout. Nous aurions donc clairement dû faire campagne contre la candidate socialiste, en expliquant le vide de son programme, mais surtout que si la droite mène des contre-réformes aussi dures (retraites, assurance-maladie, éducation…) c’est parce que les gouvernements du PS (que nous n’avons pas su quitter à temps) n’ont pas su résoudre les problèmes réels de notre système social. Si la droite attaque les retraites ou la santé, c’est avant tout parce qu’aucun des gouvernements précédents n’a pu assurer l’équilibre à moyen ou long terme de la Sécurité Sociale, ni la justice ou l’efficacité de ses dépenses. Il fallait faire comprendre aux électeurs qu’une victoire de Royal en 2007 aurait été une victoire de Sarkozy en 2012, avec un programme plus à droite encore. Au lieu de cela, nous avons expliqué qu’il fallait absolument battre la droite, en demandant l’aumône de quelques voix pour le PCF pour que nous puissions continuer de tirer la gauche à gauche…L’aumône a été maigre, et il ne fallait pas s’attendre à autre chose.

 

Le risque de représailles du PS (aux municipales, législatives, cantonales…) est évident. Mais les sacrifices consentis au PS en 2007 n’ont nullement dissuadé des retournements contre nous (Le Havre, Montreuil). Il n’y a sans doute qu’en faisant comprendre au PS notre capacité de nuisance que nous pouvons le tenir en respect. Sinon, nous sommes abattus à petit feu, destinés au rôle d’allié minoritaire dans toutes les villes.

 

Nous aurions également dû combattre nos adversaires qui se prétendaient sur notre gauche, à savoir appeler les français à ne pas voter Besancenot, Bové, Laguiller. L’un des drames du PCF est que, bien au contraire du portrait du parti cynique, bureaucratique et manipulateur que dressent les anticommunistes, il me donne plutôt l’impression d’un parti masochiste, absolument incapable de réagir ni même de se reconnaître comme agressé quand un coup lui est porté. Lorsque la LCR décide de présenter son candidat en dépit du « rassemblement antilibéral » sous prétexte que le PCF ne s’aligne pas sur ses positions (refus de tout accord avec le PS, refus de considérer les élections comme une manière de changer la société), alors nous aurions dû faire savoir à la LCR qu’elle était un adversaire, et que nous la traiterions comme telle aux élections. La moindre des choses aurait été d’avoir un programme nettement différent du sien (ce qui était loin d’être le cas). Nous aurions pu ensuite informer les électeurs sur la réalité des stratégies trotskystes (multiplier les candidatures et non gagner les élections), et insister sur l’absurdité du programme « antilibéral » commun à Besancenot, Bové…et malheureusement MGB. Cela ne signifie pas qu’un militant PCF ne peut pas avoir de relations cordiales avec un militant NPA, ni que les formations ne puissent se retrouver ensemble dans les luttes.

 

Vous pourrez penser que je dessine là une stratégie absurde et suicidaire du PCF « seul contre tous ». Nous devons cependant nous rappeler que les seules réussites électorales vraiment surprenantes de la Cinquième République n’ont pas été obtenues par une addition de petits mouvements comme aurait dû l’être le « rassemblement antilibéral » ou les autres projets de rassemblements dont nous parle notre direction actuelle. Nous pouvons prendre deux exemples, qui n’ont rien de commun avec nous sur le plan des idées, mais sont les seules « percées » notables des dernières décennies. Jean-marie Le Pen n’est pas passé d’un 0,74% en 1974 à 14% en 1988 en cumulant les formations et tendances d’extrême-droite existant dans les années 70. François Bayrou n’est pas passé de 6% en 2002 à 18% en 2007 par l’addition de tous les petits mouvements plus ou moins connus qui le soutenaient (outre l’UDF, CAP21, Alternative Libérale, etc…). Tant que le programme « antilibéral » restera notre aiguillon, nous pourrons tenter et retenter encore les « grandes alliances » de tout ce qui se trouve à gauche du PS et ne récolter que des déceptions. Le seul scénario crédible selon moi est au contraire le surgissement, avec un petit parti comme le nôtre, d’une bonne candidature, d’un bon programme, partant à la reconquête des électorats ouvrier et employé du secteur marchand, au détriment du PS et de ce qu’il reste du FN.

 

Pourquoi le programme antilibéral était-il mauvais ?

 

Je l’ai déjà dit, les électeurs ne lisent pas pour la majorité d’entre eux les programmes en détail. Cela n’empêche pas que la fausseté de l’analyse, des propositions du mouvement « antilibéral » (appellation suicidaire s’il en est) peuvent durablement nous couper de l’électorat. Je ne connais pas de propositions « antilibérales » (hausse nette des salaires, réduction de la durée du travail à 30 ou 32 heures…) qui aient fait l’objet de discussions enthousiastes des électeurs des classes populaires. Je me trompe peut-être en disant cela, mais aucune de ces propositions ne me semblait défendables face à des citoyens non communistes et non convaincus d’avance.

 

Le programme antilibéral se base sur une lecture biaisée de l’évolution du partage des revenus en France depuis trente ans. L’affirmation selon laquelle « les profits ont gagné 10% de la richesse nationale depuis 1980 »

- est d’une part biaisée car 1980 correspond à une période où, suite à l’inflation des dépenses de sécurité sociale, la masse salariale avait progressé au point de comprimer les profits et les dépenses d’investissements à un niveau si faible qu’il allait bientôt paralyser l’économie capitaliste. On ne peut analyser la « rigueur » de 1983 comme étant seulement une capitulation du gouvernement face aux pressions des capitalistes (spéculations contre le franc, grève des capitaux, …) car il s’agissait aussi d’une réponse à une situation largement léguée par le mandat Giscard, par un gouvernement qui n’avait pas de plan vers le socialisme ;

- est fausse car les promoteurs de cette affirmation (par exemple Yves Salesse, l’un des principaux auteurs des propositions antilibérales) citent les chiffres totaux des revenus du capital que les entreprises versent. Or, quand les entreprises versent des intérêts ou des dividendes, elles le font tant à des entreprises qu’à des particuliers. Il y a des échanges de revenus du capital entre entreprises, ce qui fait que si l’on veut mesurer le revenu extorqué par les propriétaires privés aux travailleurs, il faut faire la différence entre les revenus du capital que les entreprises versent (en « emplois » dans les comptes de la Nation de l’Insee) et ceux qu’elles reçoivent (en « ressources » dans les mêmes comptes). Le total est alors nettement plus faible, et le chiffre de 160 milliards d’euros avancé par les antilibéraux comme le surplus de profit gagné par les capitalistes depuis trente ans est en fait la somme totale de leurs profits.

 

C’est là toute la faille du projet « antilibéral » : croire que, devant l’ampleur surestimée des profits capitalistes, il suffirait de taxer ceux-ci pour obtenir la hausse des salaires, la baisse du temps de travail, le maintien de la retraite à 60 ans, etc…

En fait, il y a fort à parier que beaucoup des propositions « antilibérales » n’ont rencontré que scepticisme de la part des travailleurs. Les 35 heures (annoncées pour créer 700.000 emplois, quand aujourd’hui des économistes se battent pour savoir si elles en ont créé ou maintenu 300.000) ont laissé beaucoup de désillusions, tant sur leur efficacité à créer de l’emploi qu’à préserver le bon fonctionnement de l’entreprise. Qu’elles n’aient pas été appliquées sur les entreprises de moins de vingt salariés, ou négociées contre de la flexibilité (sans quoi les capitalistes auraient pu riposter par d’autres suppressions de postes ou des refus d’investir) ne change pas grand-chose à l’affaire.

 

Des camarades ont été stupéfaits de constater, après les résultats des élections de 2007, que les travailleurs n’avaient pas plébiscité le Smic à 1500 euros. Là encore, pas de mystère : des millions de salariés des PME savent que dans les faits leur employeur n’a pas les moyens de leur assurer un tel salaire, et que cette mesure –le Smic à 1500 euros immédiatement- provoquerait sans doute la faillite de leur entreprise, et le chômage pour eux. Aussi je dois avouer ma perplexité lorsque je vois le PCF proposer, comme riposte à la hausse des prix, la hausse généralisée des salaires et pensions, sans établir aucun lien entre ces mêmes salaires et l’inflation susdite. La hausse des salaires n’est pas inflationniste si elle est conjointe à des gains de productivité importants ou si l’on constate un niveau très élevé de profits. Les gains de productivité sont faibles, les profits très faibles dans de nombreuses petites entreprises. Le programme antilibéral (comme le discours actuel du PCF) manquait de préciser comment il effectuerait le transfert entre les dizaines de milliards d’euros de dividendes versés par les entreprises du CAC40 jusqu’aux salaires des smicards des PME. Le prélèvement fiscal des hauts profits pour ensuite subventionner les salaires dans l’ensemble de l’économie aurait généré deux failles : dissimulation des profits et grève des investissements par les grandes entreprises, utilisation des subventions par les PME pour financer des emplois à faible productivité, qui ne vivraient que par la subvention et ralentiraient l’économie.

 

Je ne cherche pas à dire qu’il n’y a rien à faire face à la puissance des capitalistes. Ce qui est impossible, c’est de croire qu’un vaste programme de taxations et de règlementations économiques pourrait assurer la pérennité de nos acquis sociaux. Si nous voulons d’un autre mode de vie que celui que nous réservent les capitalistes,  nous devons à la fois : proposer des mesures applicables directement dans l’économie de marché actuelle, et une expérimentation de socialisme dont le but serait d’édifier une autre économie, pas de ponctionner massivement les capitalistes en leur laissant la propriété des capitaux. S’il s’agit de prendre 160 milliards d’euros aux ménages capitalistes, pourquoi pas, mais puisque cela revient à prendre l’ensemble de leur profits, alors il faut abolir en peu de temps la propriété privée des entreprises au-delà d’une certaine taille (on ne collectivisera jamais une entreprise de moins de dix salariés). Dans des entreprises collectivisées, on peut récupérer les ressources pour financer les emplois, salaires et pensions voulues. Ce n’est pas possible en se contentant d’accroître la pression fiscale des entreprises privées, sauf à chercher une catastrophe.

 

Mon texte étant déjà long de plus de cinq pages, je vais faire l’impasse sur les propositions auxquelles je pense, tant celles qui sont réalisables dans la France actuelle que celle qui nécessiteraient une majorité communiste/socialiste. Pour l’instant, au vu de ce que j’ai écrit sur le programme antilibéral, je préfère encore soutenir un texte alternatif qui exposera clairement la nécessité du socialisme, par la reconstruction d’un grand secteur public (plus encore qu’en 1945), qu’une base commune qui évoque la « conception étendue, renouvelée et démocratisée de pôles, de services et d’entreprises publics » dont on ne précise pas s’ils doivent être majoritaires dans l’économie comme devrait le proposer une base communiste.

 

La question européenne

 

Le succès stratégiques des fédéralistes européens a été de faire confondre « l’Europe » (un continent de sept cent millions d’habitants, dont la première nation par sa taille, sa population, et son sacrifice historique au XXème contre le fascisme est la Russie) avec un projet politiquement discutable de suppression des souverainetés nationales. Beaucoup de camarades, après des années de « pédagogie européenne», confondent le fédéralisme européen et l’internationalisme ouvrier.

 

Il faut cependant se rappeler que nous ne devons au fédéralisme européen :

-         ni la paix : la paix entre la France et la République Fédérale Allemande vient du contexte de guerre froide, et surtout de l’effondrement de la capacité de chacune de ces nations à dominer l’Europe après 1945 ;

-         ni la démocratie : toutes les dictatures d’Europe qui ont disparu après 1945 sont tombées d’elles-mêmes, de l’intérieur. Si des pays qui ont déjà une base de démocratie interne – telle la Turquie- ont fait des avancées pour espérer entrer dans l’UE, aucune dictature n’est tombée pour les beaux yeux de Bruxelles ;

-         ni la prospérité économique relative de l’Europe d’après-guerre : si la construction d’une zone de libre échange a facilité le développement des économies européennes, elle s’est largement faites sur des accords unanimes et d’autres zones de libre-échange existent à travers le monde, sans projet d’état supranational ;

-         ni des réalisations techniques telles qu’Airbus, commencé avec les britanniques avant leur entrée dans la CEE.

 

Il n’y a rien que nous devrions au fédéralisme européen que nous n’aurions pu obtenir par une des diverses formes de coopération libre entre états : accords signés à volonté (ceux qui le refusent ne participent pas), délégation temporaire de souveraineté, fonctionnement par « cycles » permettant à une nation de s’exclure pour jusqu’à la prochaine échéance si elle le souhaite.

 

L’UE serait le seul moyen de retrouver une puissance sur la scène internationale. Au contraire, les élargissements successifs de l’Union en ont fait une génératrice de faiblesse. Sept nations réunissent les trois quarts de la population de l’Europe hors Russie (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Ukraine, Espagne, Pologne). Pourquoi sommes-nous 27 ? L’appartenance à l’UE n’est nécessaire à aucun pays pour rester une démocratie, ni échanger avec ses voisins. Les subventions agricoles ou de développement ont été utilisées pour aspirer nombre de pays avec lesquels il aurait été possible de rester coopérants. Un petit pays entrant dans l’UE restera un petit membre, alors qu’un pays comme la Norvège peut utiliser sa neutralité pour jouer un rôle important de médiateur (au Sri Lanka par exemple dans le conflit tamoul). La seule utilité fondamentale des élargissements, c’est de rendre impossible car trop complexes les accords libres entre états et forcer le passage vers un état supranational, avec le renforcement des pouvoirs du «Parlement Européen ».

 

S’il s’agit de soutenir des « eurogrèves » et des syndicats européens, une France souveraine peut le faire. Nous n’avons, dans le rapport de forces politique actuel en Europe, aucune chance d’aboutir à une Europe socialiste, en tout cas beaucoup moins que d’aboutir à une France socialiste. Pour que les peuples d’Europe s’intéressent au socialisme, surtout après le souvenir qu’en ont laissé les régimes de l’Est, il faut d’abord qu’une nation construise un socialisme à la fois viable économiquement et respectueux des libertés démocratiques. Seule la force de l’exemple sera persuasive.

 

En conclusion :

 

La base commune est loin de proposer une analyse satisfaisante de nos échecs électoraux de 2007. Le PCF n’est pas dépassé, à condition que son discours soit différent des autres mouvements « antilibéraux », et que nous traitions le PS comme il nous traite dans les confrontations nationales. Un rassemblement avec d’autres forces de gauche ne sert à rien s’il se fait sur de mauvaises bases programmatiques et idéologiques.

 

Dans cette base commune, l’échec du mouvement antilibéral n’est pas reconnu en profondeur : tout le monde sait que le rassemblement n’a pas abouti, que les candidats de la gauche radicale ont eu des scores désastreux, mais il faut également reconnaître que l’analyse de base « antilibérale »  était fausse et les propositions ineptes.

 

Nous perdrons encore notre temps à proposer un discours sur « l’Europe sociale » aux élections européennes de 2009. Nous nous retrouverons en double (triple ?)  emploi avec le NPA et le Parti socialiste. Il est fort probable que les électeurs qui veulent réellement d’une Europe « sociale » iront voter pour le Parti Socialiste Européen, tant la gauche radicale a peu de poids au Parlement européen.

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 22:37

Un blog a publié mon programme de collectivisation.

Je préviens:

-que l'auteur du blog en question ne s'est pas concerté avec moi. Je ne lui reproche rien (mes textes sont publics) mais il n'y a pas de rapprochement entre mon blog et le sien. Sur la plupart des sujets que son blog aborde (l'immigration, la condition des femmes notamment) nous avons de profonds désaccords;

-ceux qui voudraient commenter ce programme peuvent le faire en postant un commentaire sur mon blog, dans cet article. Autant s'adresser à l'auteur directement;

-le programme en question n'est plus mon principal cheval de bataille. Ce n'est plus vraiment ainsi que je conçois la construction du communisme. J'ai écrit un autre programme, 

http://www.pourlecommunisme.com/VII%20Un%20programme%20Communiste%20-%20Programme%20alloc.pdf .

Ce programme n'est sans doute pas parfait, j'y vois déjà des améliorations, mais je le trouve plus pertinent. J'ai déjà donné les raisons de mon changement d'opinion entre les deux programmes:

http://pourlecommunisme.over-blog.com/article-7062462.html

Voilà. Que le débat s'engage si certains le veulent, mais je me fais peu d'illusions. Je n'ai jamais reçu de critiques (positives ou négatives) de ces programmes, et n'en attends pas. Je les garde en fond de tiroir, car ils constituent pour moi une boussole de ce qui est souhaitable en tant que communiste. Ca ne m'aide pas pour l'action militante, et on me reprochera sans doute -c'est déjà arrivé- de n'être qu'un scribouillard qui refait le monde en robe de chambre.

Cependant, il est absurde de se dire communiste et d'être incapable de répondre à la question : "ça se fait comment, le communisme??". Répondre: "l'URSS !" revient au suicide. Répondre "Euh..." revient à dire que quelque soit l'engagement que l'on ait, en paroles ou par des actions concrètes (soutien à des grèves, dénonciation d'expulsions, manifestation, ou - très important- diffusion de contre-propagande...) tout cela ne mène à aucun projet construit, bref, que l'on fait plus du "christianisme social" que du communisme. Je n'attaque pas là les chrétiens, je veux juste dire que sans projet concret, en n'agissant qu'au nom d'une Foi en des valeurs sociales, humaines, etc... on n'a de fait qu'un engagement religieux, même sans Dieu, pas politique.

Le discours actuel du PCF fait d'ailleurs beaucoup penser actuellement à du christianisme social, ou la critique construite (marxiste ou pas) du capitalisme et la réflexion sur son renversement ont été remplacées par une simple méfiance contre "l'argent", qui ne fait que faire redondance avec le même sentiment dans la tradition catholique.

En témoignent ces affiches:

-d'abord une (je n'ai pas l'image), dont le slogan est "nos solidarités sont plus fortes que leur égoïsme", grossièrement pompé sur la LCR (dont le recours aux bons sentiments est aussi un fond de commerce);

-une autre: "Ensemble, nous avons un pouvoir considérable"...pourquoi pas "Ensemble, tout devient possible"?



-et la dernière, clairement pompée sur les JmJ:




La seule chose que j'ai envie de prendre dans les mythes chrétiens pour l'appliquer au PCF, c'est la possibilité de la résurrection.
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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 00:04

Je ne peux que vous recommander l'article d'Edgar, bien plus que la morgue du "maître Eolas":
http://www.lalettrevolee.net/article-20424832.html


Bonne nouvelle Vendredi 13 Juin: l'Irlande a voté non !

Bien sûr, aussitôt la batterie eurofédéraliste s'est enclenchée:

- les partisans du Non irlandais sont un ramassis de quasi-fascistes, anti-avortement, anti-immigrés, anti-fiscalistes, ils auraient menti sur tout pendant la campagne, désinformant les malheureux citoyens irlandais sur la réalité de ce formidable projet qu'est la construction de l'empire européen... Sur ce point, la morgue des partisans du oui a au moins le mêrite de rappeler que les motivations du Non irlandais sont très différentes du Non français de 2005. Au non "antilibéral" français a succédé un non plutôt conservateur, favorable à une économie de marché faiblement imposée, telle qu'elle existe en Irlande. Le Non néerlandais -appuyé par la critique de l'euro- comme un très probable Non britannique en cas de référendum -qui n'aura pas lieu, puisque Westminster vient de ratifier le traité de Lisbonne- auraient été eux aussi forts différents. Le seul message commun des "Non" est qu'ils estiment que puisque le fédéralisme européen ne respectera pas le modèle national, puisqu'il risque de leur imposer une majorité hostile à leurs propres valeurs, alors ils préfèrent refuser ce traité. Et les nonistes ont parfaitement raison. Cela n'a rien à voir avec de l'égoïsme, avec un refus borné de négocier avec les autres; simplement, les irlandais ont considéré (du moins huit cent mille d'entre eux, plus un million et demi d'abstentionnistes qui ont pensé aussi que même si le Non l'emportait, l'Irlande ne s'en porterait pas plus mal) que l'Irlande n'avait pas besoin d'entrer dans l'Empire. Que son modèle, malgré des ralentissements comme en connaissent tous les pays, fonctionnait correctement, qu'ils n'avaient pas besoin d'être "protégés dans la mondialisation" par l'UE (de toute façon, la menace "ultralibérale", comme quoi la mondialisation amènerait, sans supranationalisme européen "protecteur", à l'effondrement de nos acquis sociaux, est largement un dragon imaginaire, cf. l'article 
http://pourlecommunisme.over-blog.com/article-6633352.html ). Que leur neutralité leur allait, que de toute façon, un irlandais soucieux d'aller se battre pour la paix, la démocratie ou toute autre cause qui lui semble juste peut très bien aller s'engager dans l'armée britannique ou fédérale américaine comme tant d'irlandais par le passé.

Il peut paraître étrange qu'un communiste ait ce jugement bienveillant par rapport au modèle irlandais. Et pourtant, devrions-nous dire aux irlandais que leur modèle est mauvais, et qu'ils devraient adopter le nôtre, ou celui de l'URSS? Si je suis communiste, c'est en partie en m'appuyant sur des faits concrets (la construction d'un secteur public et d'une sécurité sociale en France, par exemple), que j'approuve en les trouvant largement perfectibles, mais aussi sur des projets encore non testés à ce jour (cf. les programmes sur mon site). Je ne suis pas un défenseur jusqu'au-boutiste du "modèle français", et ne demande à aucun autre peuple de l'adopter. Les irlandais préfèrent le leur, ils préfèrent surtout qu'on ne leur impose pas, au nom d'une quelconque harmonisation (comme celle de l'impôt sur les sociétés voulue par la France), ce qu'ils ont à faire chez eux;


-ensuite, ces salauds d'irlandais auraient osé voter Non alors qu'ils ont été gavé de subventions! Cet argument de maître-chanteur dévoile bien le niveau de truanderie morale des européïstes - et qu'ils sont très mal placés pour dénoncer la malhonnêteté qu'ils attribuent aux nonistes (qui est réelle pour certains nonistes cependant). D'abord, soulignons que l'Irlande n'a jamais signé de traité en vertu de quoi elle recevait des subventions européennes contre l'obligation de se soumettre au fédéralisme européen, quand celui-ci voudrait prendre une tournure plus avancée que ne l'était la CEE. Ensuite, l'argent des subventions, l'Irlande le rend et le rendra largement par ses échanges commerciaux: maintenant que l'Irlande est un pays riche, de par les exportations que les autres européens peuvent y faire, elle est une source de revenus. L'Irlande n'est donc pas le pays qui "se tire avec le fric en faisant un bras d'honneur à l'Europe"; l'Irlande reste intégrée au marché européen, elle est toujours joignable pour le commerce, la diplomatie, les échanges culturels et scientifiques. Seulement, c'est un état souverain;

-ces crétins d'irlandais auraient cru - et effectivement, c'est ce qu'on peut lire sur le site de l'association Libertas (
http://www.libertas.org/), que le vote Non amènerait à meilleur traité, alors que cet argument avait déjà été servi en France contre le traité de Rome, et avait justement mené au traité de Lisbonne! Personnellement, cet argument ne me fait ni chaud ni froid, puisque je ne veux pas qu'on renégocie un traité européen quelconque, je souhaite que l'ébauche d'Europe fédérale s'effondre. Il faut cependant réaliser qu'un certain nombre d'électeurs du Non en Irlande -comme en France- ont cru à ce "Non pour un meilleur traité". En 2005, on pouvait éventuellement croire cet argument; mais en 2008, les irlandais, qui ne sont sans doute pas moins informés que les autres peuples, ont largement eu le temps de voir ce que signifiait "renégocier un traité" pour les chefs d'Etat européistes tels que Sarkozy ou Merkel: reprendre l'ancien traité, remanier son contenu pour brouiller les pistes, proclamer, comme Sarkozy l'a fait en février 2008, que la partie du Traité de Rome concernant les institutions faisait consensus (sur quoi se basait-il pour dire cela?), que seule la partie III de l'ex-TCE était mauvaise, et ensuite passer sur le choix des électeurs en faisant voter un parlement. L'affiche de Libertas que j'ai copié en tête de mon article indique que les irlandais étaient parfaitement au courant de cela. Et donc, même si des nonistes -dont Libertas- ont cru à un potentiel "nouveau traité, meilleur pour l'Irlande et l'Europe", dans les faits, ils aboutissent au blocage de cette négociation. Il faut alors raisonner en marxiste et voir que l'action des irlandais doit être évaluée par sa conséquence réelle, non par les motivations autoproclamées des électeurs.

Dans les faits, les irlandais ont bloqué la construction du fédéralisme européen. Ils vont obliger les gouvernements européens (dont aucun n'a été élu uniquement pour faire "avancer l'Europe") à entamer des discussions avec le gouvernement irlandais, pour que celui-ci accepte de vendre le vote des irlandais contre quelques concessions décidées par des parlementaires -qui là encore n'auront pas été mandatés précisément sur ces questions-, ou même à pratiquer la guerre d'usure contre les citoyens en les faisant revoter.

Quoiqu'il arrive, même si l'on oblige l'Irlande à revoter et que le oui passe, cette victoire n'aura pas la valeur de celle du Non le 12 juin 2008, car une victoire lors d'un second vote serait une victoire de la pression. Une seconde victoire du Non serait à l'inverse beaucoup plus forte. Le vote Non, quelque soit ses motivations et la qualité des arguments, est un vote libre, qu'on ne fait pas pour que le pouvoir nous laisse enfin tranquille.

Au passage, j'ajoute qu'il est tout à fait contre-productif de se foutre du résultat de ce référendum, en se disant "de toute façon, le Système finira par effacer le vote irlandais". Quand bien même ce scénario se réaliserait, il nous prouverait -encore- la nature antidémocratique du fédéralisme européen (qui suinte déjà par tous les pores à entendre les réactions européistes: "plus de référenda nationaux! Un référendum paneuropéen !!!" ... un référendum européen aurait en effet l'intérêt d'éluder la question de la souveraineté des nations, donc à régler la principale question avant même le vote).

En raisonnant en marxiste encore, on constate que si les irlandais ne se réclament pas majoritairement de la sortie de l'Europe fédérale, c'est à cela qu'ils ont oeuvré, puisqu'ils ont voté pour une Europe qui leur ressemble, et qu'ils n'auront pas (tout comme l'Europe-sociale-qui-ferait-contrepoids-aux-USA dont rêvent les altereuropeistes français). Si c'est cette tendance de l'histoire qui continue, alors les irlandais finiront par être gagnés à l'idée qu'il vaut mieux pas du tout d'Europe fédérale, rester à l'Europe-marché et à leur neutralité. Bien qu'il ne soit pas un vote contre l'UE en tant que telle, le vote des irlandais sert donc concrètement nos positions d'anti-fédéralistes, pas celles des partisans de l'"Autre Europe".

Donc encore merci, peuple d'Irlande.

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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 23:54

(Ce débat entre délégués des sections du PCF s'est tenu le 7 Juin dans la cité phocéenne; je publie le CR remis à la section de Colombes)

 Premier atelier : le projet communiste

 

Il commence sous les auspices d’Olivier Dartigolles, qui s’en tient notamment à l’idée que les propositions de la campagne de 2007 se tenaient et se tiennent toujours, et qu’il leur faut davantage d’explication et de promotion. D’autres intervenants prirent ensuite la parole pour exprimer qu’il n’y avait selon pas de projet « bouclé » possible, ou que la tâche des communistes était avant tout de répondre à des projets concrets (plusieurs exemples de lutte contre la crise du logement d’intervenants franciliens, ou sur la crise pétrolière, avec notamment l’instauration du prix maximal à la pompe et le développement de la recherche publique énergétique). Des propositions réformistes se font entendre : pour un autre fonctionnement de l’Union Européenne, et de la Banque Centrale Européenne notamment.

 

C’est alors que Jean-Jacques Karman intervient pour rappeler qu’il existe, dans le PCF, des camarades pour qui il n’est pas tant question d’améliorer le fonctionnement de l’Union Européenne que de la quitter. Il s’ensuivra au long de la journée plusieurs renvois, entre ceux qui approuvent Karman et ceux qui leur répondent qu’  « on ne quitte pas le capitalisme en quittant l’UE ».

 

Revint également plusieurs fois l’évocation de la crise –ou des crises- du capitalisme, considérée comme une crise du procès de production capitaliste, et opposé à l’absence d’analyse de notre part sur les échecs connus dans le bloc de l’Est, et d’un projet communiste dont il a été rappelé à diverses reprises qu’il se devait aussi de « faire rêver » les individus, pas seulement se présenter comme une cure aux maux du capitalisme. A titre personnel, je note qu’on a ici beaucoup navigué dans des redites, ce qui n’empêcha pas quelques surprises : ainsi, Patrice Cohen-Séat annonça des progrès et « avancées » dans la remise en cause de la « conception du communisme ». A moins de prétendre –courageusement- à un succès de la « Mutation », il aurait fallu expliquer aux camarades quels étaient ces avancées…Une intervenante ne tarda pas à demander au même orateur, d’un part en quoi il pouvait évoquer la question du nom du parti –qu’elle pensait réglée depuis l’Assemblée extraordinaire de Décembre- et si lesdites « avancées » dans la « conception du communisme » répondaient aux questions suivantes : au pouvoir, mènerions-nous une politique de nationalisations/ collectivisation /socialisation /appropriation sociale (rayer les appellations non voulues) ? Allions-nous nous opposer aux directives européennes ?

 

En opposition avec ces directives appuyées par les gouvernements européens, un autre camarade demande à ce que l’on sorte de l’économie de marché de larges fractions de notre activité, de l’eau au gaz (à défaut de mettre l’une dans l’autre). La question des ressources fait s’exclamer un camarade physicien que l’on devra expliquer ce qui est désigné lorsque l’Humanité publie des articles sur le « nucléaire propre » (à supposer que l’actuel serait évidemment sale ?), ou comment l’on estimerait faire « rouler des trains avec des éoliennes ». La décroissance est, sans plus de détails, rejetée dans quasiment toutes les interventions qui abordent le sujet écologique, bien qu’un intervenant hors parti précise que nul ne prétend faire revenir les humains à l’âge de pierre. Des intervenants de l’Essonne ont repris l’un des thèmes déjà développés dans le Parti sur la nécessité de soutenir le logiciel libre comme moyen de production et d’échange alternatif.

Peu avant la fin de la mâtinée, Pierre Laurent insiste sur la nécessité d’occuper la voie qui reste ouverte entre l’extrême-gauche et le PS, citant à l’appui le débat opposant Olivier Dartigolles et François Sabado paru dans l’Humanité du 8 Juin …

 

Second atelier : quels rassemblements ?

 

            L’après-midi a montré que le rassemblement « antilibéral » de 2006 a laissé des orphelins et des nostalgiques, et ce sans fossé de génération ou d’origine géographique. Un des premiers intervenants a déclaré que la question de la dissolution du PCF ne nous appartenait même pas, puisque de toute façon c’est le peuple qui déciderait de nous dissoudre ou pas ; qu’il fallait refuser la notion d’  « éducation populaire » employée par les orateurs de l’estrade, car les communistes n’étaient pas là pour ‘éduquer les masses’ (ce qui venait en contradiction avec l’une des interventions de la matinée, dont l’auteur regrettait l’époque où le parti savait former des cadres pour s’adresser à la classe ouvrière). La faillite de « l’antilibéralisme » a également laissé de profondes déchirures dans certaines sections, comme en a témoigné un camarade francilien.

 

            Cependant les critiques de l’antilibéralisme sont toujours sur place : les jeunes communistes des Bouches-du-Rhône ont pointé la contre-productivité de la « stratégie d’effacement au sein des collectifs antilibéraux » du PCF. Cependant, ils appellent toujours de leurs vœux l’ouverture à d’autres tendances, telles que « l’altermondialisme » (sans délimitation donnée à cette catégorie).

 

            Le « débat » (prenant parfois des tournures assez décourageantes, comme lorsqu’une intervenante lit platement au pupitre de l’estrade un texte qui reprend toutes les expressions dont un camarade venait de montrer les incohérences dix minutes auparavant) continue sur la question de savoir si le Parti Communiste Français doit construire le « rassemblement des opprimés » ou bien s’il doit fédérer tous ceux qui lutte « pour l’émancipation humaine » (visée dont même Cohen-Séat avait reconnu qu’elle ne ferait du PCF qu’un parti de gauche un peu plus radical que d’autres…).

 

            Au final – et comme c’était prévisible pour une réunion de débat préparatoire-, aucune tendance ne s’est dessinée, ni en faveur de la relance du mouvement « antilibéral », ni pour faire le constat de son échec et de sa nocivité. Tout comme la mâtinée n’avait fait apparaître qu’un consensus mou sur un parti européiste, réformiste, de « transformation » (avec une bizarrerie rhétorique parmi d’autres, pour un « processus révolutionnaire maîtrisé [ ! ] de bout en bout par la population »…).

Je termine ce compte-rendu sans mauvais esprit. Si vous voulez un commentaire un peu plus teigneux, voir sur le blog de Réveil Communiste :

 

http://reveilcommuniste.over-blog.fr/article-20296097-6.html

 

 

Une intervention personnelle :

 

            Bien que non mandaté pour le faire, je dois signaler à la section mon intervention en fin d’après-midi. J’y ai évoqué la nécessité de prendre nos distances avec le programme dit « antilibéral », qui cherchait à taxer aux capitalistes les « 160 milliards d’euros » pris par eux aux dépens des salariés dans le changement du partage de la valeur ajoutée depuis trente ans. Or cette estimation de la croissance des profits est fausse, le programme antilibéral se base donc sur un capitalisme – puisqu’il n’évoque ni le socialisme, ni ses prémisses – dans lequel il n’y aurait plus de profits. Or le but du socialisme ne doit pas être de détruire le capitalisme pour réfléchir ensuite à son remplacement, mais à créer son concurrent vivant, à la suite de quoi le capitalisme peut être abattu (plutôt que « dépassé »).



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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 23:47

...et pourquoi Mélenchon a raison quand même.


Le Tibet "historique" tel que revendiqué par le "gouvernement en exil" du Tibet (www.tibet.com

1er Juin 2008:
Vous pouvez prendre connaissance des positions de Jean-Luc Mélenchon sur son blog, afin de savoir réellement ce qu'il dit, et pas ce qu'on en dit. Notons que Philippe Val s'est encore illustré dans Charlie Hebdo, en affirmant que Mélenchon s'insurgeait contre ceux qui critiquaient la Chine au prétexte que la Chine est souveraine chez elle et que la souveraineté primerait sur tout chez Mélenchon. Or c'est absolument faux, Mélenchon s'est avant tout indigné que la dénonciation du régime chinois se fasse au profit du "gouvernement en exil" plus que réactionnaire du clown en toge aussi dénommé "Dalaï-Lama".

http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=589

12 juin 2008 :

Pourquoi Mélenchon a raison

Le monde entier a semblé redécouvrir la "cause tibétaine" avec les affrontements à Lhassa en Mars dernier. En passant sur de nombreux truquages (scènes d'émeutes réprimées par des policiers au Népal, et reprises par des journaux occidentaux comme ayant eu lieu en Chine, civils protégés par la police chinoise mais présentés comme agressés par eux, etc..., et autres entourloupes que vous pouvez voir sur:
http://fr.youtube.com/results?search_query=shame+on+western+medias&search_type=&aq=f ).
La perturbation du passage de la flamme olympique en France(perturbation qui en soi ne me choque pas, cf. infra) qui s'ensuivit fut l'occasion d'une démonstration de "solidarité" pour le peuple tibétain opprimé.

Dans ce concert , Jean-Luc Mélenchon a voulu porter la contradiction, parfois à tort (notamment en évoquant le racisme anti-chinois concernant les manifestants pro-tibétains, argument injurieux et impertinent s'il en est...), mais aussi avec une motivation profondément juste, qui était de poser les questions suivantes:

-devons-nous réellement considérer le Tibet comme une nation indépendante occupée et colonisée par la Chine?
-faut-il vraiment soutenir le "gouvernement" en exil du Dalaï-Lama? Faut-il entretenir des liens avec celui-ci?

Les défenseurs du "roi des moines" arguent couramment sur le fait que le Dalaï-Lama:
  - ne voudrait pas l'indépendance du Tibet, seulement l'autonomie;
  - voudrait une constitution démocratique pour le Tibet.

Les citations que Mélenchon fait de la charte des tibétains en exil pour une constitution du tibet sont réelles. Le régime revendiqué par le Dalaï-Lama est celui d'une pseudo-démocratie avec un monarque libre de renverser l'assemblée et de bloquer ses décisions.
De surcroît, le Tibet revendiqué sur le site du gouvernement du Tibet en exil (
www.tibet.com), est bien, non pas la seule province autonome chinoise du Tibet, mais les trois provinces "historiques" du Tibet, Amdo, Kham et U-Tsang (cf. carte en haut de l'article), qui débordent largement sur des territoires dont la population n'est aujourd'hui très majoritairement plus tibétaine, et ce du fait d'une forte
immigration chinoise.
Autrement dit, les manifestants pro-tibétains se battent pour une nation qui, géographiquement, n'existe pas. On me répondra
certainement que ce constat pourrait aussi servir à dire que, du fait de la colonisation israélienne en Cisjordanie, on
pourrait nier la nation palestinienne.
Ce n'est pas le même cas. Les palestiniens, qui ont déjà pu s'exprimer par des votes, n'ont jamais dit qu'ils souhaitaient
devenir israéliens. Les tibétains, eux, ou plutôt les citoyens chinois vivant dans les provinces du Tibet, du Qinghai, du Gansu ou du Sichuan, n'ont eux pas la possibilité de s'exprimer sur la question d'un Tibet indépendant. Ce qui devrait amener à la conclusion qu'on ne sait en réalité nullement si les habitants de ces régions souhaitent leur indépendance. Et que le problème concernant le Tibet n'est pas en fait un problème tibétain, mais chinois. La question réelle, c'est celle des droits de l'Homme et de la démocratie en Chine. Si celle-ci devenait une démocratie, peut-être le projet de l'indépendance tibétaine serait-il balayé par les urnes. Alors pourquoi des manifestants contre le régime chinois - et beaucoup de médias- ont-ils axé leurs protestations sur la cause "tibétaine"? Pourquoi avoir pris parti pour le mouvement du Dalaï-Lama, plus proche de la théocratie que de la démocratie?

Alors qu'il ne viendrait à l'idée de personne de remettre en cause aujourd'hui la présence de dizaines de millions de descendants européens en Amérique du Nord, que le fait de considérer les israéliens comme des colons vous exposera à de sérieuses accusations d'antisémitisme, au nom de quoi se scandalise-t-on de la présence, sur le Tibet "historique" d'un nombre de chinois supérieur à celui des "vrais " tibétains (à noter que la charte des tibétains en exil prévoit que la nationalité tibétaine sera accordée aux tibétains vivant sur le territoire historique comme à ceux en exil et par le droit du sang, quid des "colons" chinois?)? La réalité est que le Tibet était une nation non-viable, qui n'était pas en mesure de se maintenir face à de plus grands voisins, tout comme la Corse ou la Bretagne. Aujourd'hui, les habitants de ces régions conviennent pour la majorité d'entre eux de rester dans la France. Je le répète encore, ce ne sont pas les nations qui sont égales entre elles, mais les individus. Ce qui doit être exigé de la Chine, c'est la reconnaissance des droits individuels pour ses 1,3 milliards d'habitants, pas de reconnaître une "nation tibétaine", à la suite de quoi, la faim d'exotisme oriental étant calmée chez les occidentaux, nous continuerions de vaquer à nos occupations, en lisant de temps à autre le rapport d'Amnesty International sur la Chine.


...et pourquoi je suis pour le boycott des JO de Pékin


Et c'est justement parce qu'il y a un problème chinois concernant les droits humains que nous devrions boycotter ces olympiades. Il y a l'argument repris par certains comme quoi "en 2001, NOUS avons donné les jeux aux chinois alors que nous savions qu'il ne s'agissait pas d'une démocratie, donc NOUS ne devons pas changer d'avis en 2008". C'est dans ces moments-là qu'on doit détester les "ON" et les "NOUS". Le gouvernement français de 2008 n'est plus celui de 2001. Nous [la France, par la voix de son gouvernement] sommes parfaitement autorisés à revenir sur notre adhésion à la décision du CIO d'accorder les jeux à Pékin.

Mais nous devrions aussi boycotter ces jeux pour une raison plus globale: tout simplement parce qu'il faudrait cesser de participer aux Jeux Olympiques, et ce définitivement.
Ces jeux présentent une vision du sport comme étant la recherche de la performance absolue, l'exhibition de quelques athlètes qui sont nés avec des capacités extraordinaires - qui les ont certes travaillées, mais qui n'auraient rien fait avec un physique banal- et qui vont à l'encontre du véritable intérêt du sport, qui est éducatif et sanitaire. Le sport n'a d'intérêt et ne doit être promu que comme discipline où l'on recherche la performance relative et non absolue. Le but est que chacun fasse le mieux qu'il puisse faire - sans risquer un inutile épuisement - par rapport à ses capacités. De ce point de vue, un unijambiste qui fait le marathon de New York en 48 heures réalise un exploit sportif. Mais aucun médium n'en tiendra compte.

Pendant que quelques surhommes et surfemmes accompliront leurs exploits à l'écran, plusieurs centaines de millions de spectateurs ne feront pas de sport, quand ils ne nuiront pas à leur santé avec le régime pizza-cacahuètes du télespectateur. Et, en fin de compte, rien ne prouve que l'image des champions olympiques soit réellement déterminante dans l'engouement sportif des simples mortels que nous sommes. Il ne s'agit bien entendu pas de proscrire toute compétition sportive, mais de cesser de voir comme une grande fête mondiale ("c'est l'humanité qui triomphe" était un slogan des JO de Sydney) ce qui n'est au final qu'un meeting sans intérêt pour le plus grand nombre, et autour duquel tournent les enjeux politiques les plus sordides (mise à profit des JO de Berlin de 1936 par Hitler, boycotts occidentaux de Moscou en 1980, puis de Los Angeles par le bloc de l'Est en 1984) et le recours au dopage.

Voilà pourquoi la France ne devrait plus envoyer de délégation aux JO, ou du moins pas avec des fonds publics. Et pourquoi il n'y a pas de raison de s'attendre à ce que ces Jeux servent à "un monde meilleur", qu'ils aient lieu en Chine ou ailleurs.

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 23:39

On commence avec Mai 68, et l'article que Jérôme Métellus a rédigé pour La Riposte:

http://www.lariposte.com/La-revolution-de-Mai-68-1021.html

 

Une petite évocation des maos français, pour la provoc, juste histoire de me faire taxer d'amalgame entre le mouvement de mai 68 et sa composante de fous furieux maoïstes. Car quand on lit l'article de La Riposte, on se dit qu'il n'y a pas qu'avec les maoïstes qu'on aurait pu avoir chaud aux fesses en 1968 (le "on" désignant la grande majorité des français, y compris les ouvriers grévistes, pas seulement les capitalistes)...


      L’article de Jérôme Metellus que je vous ai indique en lien il y a deux semaines a le mêrite de rendre justice à la grande grève ouvrière de l’époque, la plus grande que la France ait connu, passée aujourd’hui sous silence par de nombreux médias qui ne retiennent que le côté baba-cool, estudiantin, festif, sexuel de l’évènement. Bref, comme le dit fort justement Metellus, « apparemment, 10 millions de travailleurs ont fait grève et occupé leurs lieux de travail pour qu’enfin les garçons puissent aller rendre visite aux filles, dans les résidences universitaires ! ». C’est en effet bien tout ce qui arrange, tant les recycleurs commerciaux de mai 68 (on vend difficilement des t-shirts, des émissions, des films, en hommage à une grève ouvrière) que ses détracteurs (un Finkelkraut ou un Luc Ferry vendra davantage de livres contre la « pensée 68 » - la diversité des courants de l’époque fait sans doute de cette expression une chimère- que contre une grève massive de prolétaires).

 

 

Là où Metellus commence à aller dans le vague, c’est lorsqu’il dit que les capitalistes craindraient à nouveau une mobilisation de type mai 68 aujourd’hui. Non pas que cela soit impossible (celles de 1995 et de 2003 montrent qu’une mobilisation de masse est toujours possible). Cependant, les dernières grandes mobilisations furent défensives, contre des projets du gouvernement, pas pour conquérir de nouveaux droits salariaux comme en 68 ou même renverser le pouvoir. De ce point de vue, la fragilité de la croissance par tête et des gains de productivité, en plus de la désunion du salariat ouvrier, rendent peu probable une grève offensive de l’ampleur de celle de 68. S’il y a une chose que des capitalistes ‘intelligents’, comme le dit Metellus, ont à craindre, c’est plutôt que la politique de Sarkozy ne re-déclenche des mouvements de défense massifs. Le dernier grand exemple, celui de la mobilisation anti-CPE, a aussi illustré la tendance à la désunion du mouvement des étudiants et salariés dès lors que l’objectif premier (le rejet du CPE) fut atteint (et que le CNE resta intact).

 

Sans vouloir reprendre dans le détail la chronologie du long article de Metellus, on constate qu’il égrène les évènements « révolutionnaires » dans son article, des mouvements où se mêlent solidarité envers des étudiants victimes, revendications salariales et refus de De Gaulle (grève générale du 13 mai), puis « l’embrayage » entre le 13 et le 21 mai, et toute une série de mouvements traduisant bel et bien une effervescence dans le pays, mais qui ne prouvent certainement pas que la volonté d’une révolution socialiste par tous les moyens ait été présente chez la majorité de la population. Ainsi l’auteur va jusqu’à incorporer dans la « fièvre révolutionnaire » la demande de certains catholiques de voir remplacer les messes par des débats !

 

Et là où Metellus dérive, comme sans doute ont dérivé nombre de « révolutionnaires » de l’époque, c’est lorsqu’il assimile la réaction d’une minorité (ceux qui crient « Adieu De Gaulle ! » à l’annonce du plébiscite proposé par celui-ci) à une supposée volonté populaire de chasser le Général du pouvoir. Est ensuite évoquée, de la façon la plus bonhomme et sans commentaire,  le fait que des ouvriers des imprimeries auraient pu bloquer la consultation en refusant d’imprimer des bulletins de vote (méthode qui n’est pas sans rappeler les velléités de certains postiers qui, en avril 2002, prétendaient refuser de distribuer les professions de foi de Le Pen pour le second tour ; quoique l’on pense de Le Pen, ces prétentions – non réalisées sans doute- restaient scandaleuses).

 

Que le PCF se soit trompé en disant que la situation n’était pas « révolutionnaire », alors qu’elle l’était pour certains, est une chose. Prétendre sans retenue aucune que les dirigeants de la CGT et du PCF n’avaient qu’à ‘ramasser’ le pouvoir est également une erreur. Dans tout l’article, Metellus ignore, ou tient pour quantité négligeable, le fait qu’une large fraction de la population n’ait pas participé aux évènements, qu’une partie des dix millions de grévistes du 21 mai auraient pu se retourner en cas de tentative de prise illégale du pouvoir, que l’on puisse à la fois faire grève pour des revendications salariales et ne pas vouloir le départ de De Gaulle (ou même que l’on puisse être communiste et respecter De Gaulle, ce qui existait pourtant à l’époque). Le barrage de l’armée est évoqué comme un château de cartes, comme dans la suite de l’article, où un parallèle plus que frauduleux est établi avec la révolution russe de 1917 :

 

« Dans toutes les révolutions, des voix s’élèvent pour tenter d’effrayer la classe opprimée avec le spectre de la violence. C’était exactement l’attitude de Kamenev et Zinoviev, à la veille d’Octobre 1917. Mais au premier choc, les forces « considérables » à la disposition des ennemis des bolcheviks se sont littéralement évanouies. Il est clair qu’il en aurait été de même, en Mai 68. »

 

Ceci ignore complètement que l’appareil d’Etat tsariste s’est d’abord incliné sous une révolution ‘républicaine’ qui ne suscitait pas encore de guerre civile car, hors des tsaristes, aucune tendance politique n’était exclue de ce nouveau régime, puis, au fur et à mesure de l’année 1917, l’état russe se disloqua sous le coup de la pression militaire allemande, puis de la décapitation du pouvoir par un mouvement anti-guerre, les bolcheviks, en Octobre-Novembre. En 1968, la France n’était pas en guerre, ni contre l’Allemagne, ni en Indochine ou en Algérie. Et il ne suffira pas d’évoquer les doutes de Massu, ou la publications de quelques tracts révolutionnaires dans l’armée pour prouver la ‘contamination révolutionnaire’ des troupes. De même, que des soldats refusent de tirer sur des grévistes ne signifie pas qu’ils auraient refusé de tirer sur des putschistes. Car une prise du pouvoir par des « coordinations de comité de grève » (qui n’auraient jamais représenté la majorité des français) s’appelleraient bel et bien un putsch.


Et surtout, Metellus
omet complètement, en plus de l’armée et de la police, la possibilité d’engagement de civils de droite, ou même de gauche réformiste, contre cette éventuelle prise du pouvoir. Les combattants des armées blanches de 1918 n’étaient pas tous d’anciens soldats tsaristes ; les combattants vendéens de 1793 étaient tout sauf des combattants formés.

 

Si Metellus dit que la prise du pouvoir par les grévistes était possible en 1968, il ne peut cependant avancer qu’elle n’aurait pas été sanglante. Ni encore tirer une boule de cristal pour dire que « le renversement du capitalisme, en France, ne déboucherait pas sur un régime de type stalinien : les travailleurs français n’accepteraient pas d’étouffer sous une chape de plomb bureaucratique ». Les marins de Kronstadt non plus, n’auraient sans doute pas voulu d’un régime autoritaire.

 

Au final, l’auteur peut bien écrire que : « ce n’est pas l’armée qui a sauvé le capitalisme français, en Mai 68 : ce sont les dirigeants de la gauche et des syndicats » ; mais de quoi la France fut-elle sauvée ? D’une nouvelle expérience désastreuse, sans contrôle démocratique, qui aurait pu générer sur une ruine de la France, et l’opprobre générale portée sur le communisme en France?

 

Le plus amusant reste la fin de l’article, sur le reflux. Metellus y argue que, par la faute des dirigeants de la gauche française, fut perdue « la possibilité – qui a été gâchée – d’en finir définitivement avec le capitalisme français, ce qui aurait complètement bouleversé le cours de l’histoire mondiale. » Comment un marxiste, qui sait très bien – et qui l’écrit à plusieurs reprises – que les conquêtes ouvrières ne sont jamais définitives, peut prétendre qu’un renversement du capitalisme aurait pu être définitif ? Les cas chinois, soviétiques, et tant d’autres, montrent que le capitalisme ne meurt jamais (le communisme non plus ceci dit). Le capitalisme français aurait toujours pu renaître de ses cendres après un éventuel échec d’un socialisme soixante-huitard. Echec qui aurait eu des chances de se produire, non pas parce que le socialisme serait voué à l’échec, mais parce que son instauration en dépit de la volonté majoritaire n’aurait pu mener, tôt ou tard, à un pouvoir coupé du peuple, qui aurait recentré sur lui les prérogatives économiques tel l’état soviétique, et qui aurait dû gouverner contre le peuple pour perdurer. Il n’y a nul anticommunisme dans ce que je viens d’écrire : il reste toujours une voie, la victoire démocratique, majoritaire et sincère du socialisme.

 

Mais l’avis des citoyens exprimé par un vote intéresse peu certains marxistes. Notamment ceux qui, comme Metellus, sont capables d’écrire que, lorsque les ouvriers de Billancourt huaient les propositions du patronat rapportées par Séguy, « même si les travailleurs n’en étaient pas forcément conscients, ils huaient à la fois les directions syndicales et le patronat, qui formaient un seul et même bloc opposé à la conquête du pouvoir par la classe ouvrière». Plus besoin de dire ce que vous pensez, Metellus le traduit pour vous. Peut importe que cela vous paraisse fidèle ou non. Ce traducteur n’est d’ailleurs pas à un illogisme près, en concluant sur les élections législatives anticipées de 1968, largement gagnées par la droite :

« Un élément décisif de l’équation fut la campagne électorale menée par la direction du PCF sous la bannière de « l’ordre » et de « la loi ». Dans ce domaine, de nombreux travailleurs ont préféré l’original – « l’ordre » gaulliste – à la copie communiste. »

Donc les travailleurs ont quand même voté pour l’ordre, qu’il soit gaulliste ou communiste, mais ils voulaient quand même la révolution. Allez comprendre.

 

Certes, on dira que mes arguments n’ont rien de très neufs, ce sont ceux de la direction du PCF depuis 1968. Et bien justement, cette direction du PCF, je la remercie de ne pas avoir voulu le bain de sang il y a quarante ans, comme de  n’avoir pas lancé une révolution violente en 1945. Après tout qui sait ? Si cette ‘révolution’ avait été lancée, peut-être les leaders autoproclamés auraient-ils fait tomber leur massue sur les trotskystes, et n’y aurait-il eu plus aucune liberté pour une association telle que La Riposte dans cette France-là…

 

 

 

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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 00:53


           Le 22 mai, l’Assemblée Nationale a voté la « reconnaissance » des langues régionales dans la Constitution. Un « grand progrès » pour certains, une émulation de la diversité, et j’en passe. Au lieu des beaux discours assoupissants sur la nécessité de soutenir ce « patrimoine », je vous donne un lien vers un article du sénateur Jean-Luc Mélenchon, diffamé par un de ses « camarades » du PS de la fédération du Finistère. Le crime de Mélenchon ? Avoir osé rappeler qu’il n’y avait pas une mais plusieurs langues bretonnes, qu’on ne saurait pas laquelle il fallait « sauvegarder », et surtout d’avoir rappelé qu’un dictionnaire unifié du breton avait été rédigé en 1942 par un collabo des nazis. L’essentiel de l’intervention de Mélenchon au Sénat le 13 mai pour dénoncer cette charte européenne des langues régionales fut axée sur le fait que la France est déjà, selon lui, très ouverte aux langues régionales, l’enseignement de celles-ci pouvant être compté comme une option au bac, et qu’on n’avait donc pas besoin de cette charte.

 

http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=592

 

D’abord, je voudrais remercier Mélenchon de s’opposer, une fois de plus, à une déferlante de panurgisme politique (d’autres diraient de «pensée unique», ou de « politiquement correct », mais ces termes ont peu de sens pour moi, voir ici : http://pourlecommunisme.over-blog.com/article-4785832.html). Il est l’un des seuls à ne pas trouver « formidable » la « reconnaissance » (comme s’il y en avait eu besoin) du breton, basque ou corse dans la Constitution.

 

Je suis également défavorable à cet amendement du 22 mai, à cette charte européenne des langues régionales, mais sur une position plus radicale que celle de Mélenchon. Ma position n’est pas de dire que la France a fait déjà assez d’efforts pour les langues régionales, elle est de dire : « Faut-il vraiment faire un effort pour ces langues ? ».

 

Il est stupéfiant de voir tant d’énergie, de salive et d’encre dépensées au nom de la « protection » des langues « menacées ». Comme si des langues pouvaient avoir des droits ! Ce sont les individus qui ont des droits, pas les langues, ni les cultures. Il n’y a aucune raison de donner des « droits » à la langue bretonne, basque ou autre. Ni même au français. La langue française n’a pas de droits particuliers, elle a un statut particulier qui est d’être la langue de la République, c’est-à-dire la langue qui permet à chacun des habitants de notre pays de pouvoir être compris et communiquer en tout point du territoire avec un seul idiome.

 

En dehors de cela, la langue française n’a pas de droits, ou n’a pas à en avoir. Comme pour toute les langues, si plus personne ne veut la pratiquer, alors nul n’a obligation à les maintenir « en vie ». Si la langue bretonne disparaît un jour faute de locuteurs, c’est tout simplement parce qu’elle n’intéresse personne. Au nom de quoi forcerait-on des gens à parler une langue devenue impopulaire ?

 

Persécution des langues régionales ?

 

Qu’on nous épargne l’argument de la persécution, « l’acculturation » imposée dans les provinces par les instituteurs de la République. On forçait certes les enfants à apprendre le français – ce qui est parfaitement normal -, mais personne ne s'est jamais vu interdire de parler chez lui ou entre proches la langue qu’il souhaite. Par conséquent, retour à ce que je disais plus haut : si le breton disparaît, c’est parce que cette langue n’intéresse personne. Et toutes les jérémiades des régionalistes sur « la mort des langues » doivent être considérées comme ce qu’elles sont : de lamentables demandes d’assistanat culturel.


Ajout du 30 Juillet 2008:
         
Pour répondre à certains de mes lecteurs qui ont trouvé "simple" et "dogmatique" ma position selon laquelle la langue bretonne a presque disparue plus par manque d'intérêt des populations que par "persécution" de l'état français, deux points:
           - d'après Wikipédia (oui, je sais, la référence n'est pas toujours sure, j'en cherche d'autres), la chute de la pratique du breton s'est surtout produite après la seconde guerre mondiale, soit après les soixante-dix ans de politique "d'éradication" du breton (1870-1945, soit également l'époque des trois guerres contre l'Allemagne, où l'apprentissage forcé du français fut l'un des piliers de la survie nationale). Quelles en furent les causes? 1) Le breton comprend plusieurs variantes orales qui faisaient que, sauf à être alphabêtisé et lettré en breton, les habitants de la Bretagne butaient sur des diffiultés de compréhension d'un bout à l'autre de leur région, ce qui n'était pas le cas avec le français. Les brittophones assurent qu'avec un travail d'apprentissage, et en s'alphabétisant en breton, ces difficultés sont surmontables. C'est sans aucun doute vrai, mais l'illetrisme était encore fort au lendemain de la seconde guerre mondiale, et sa réduction ensuite pouvait se faire en français (à l'école) comme en breton (à la maison). C'est le français qui fut choisi, car 2) au-délà de la Bretagne, le français permettait une mobilité et une promotion sociale beaucoup plus forte;
          
             - ensuite, juste à titre de question, je m'étonne que les jérémiades, pardon, les argumentaires sur "l'oppression" du breton par la République se rapportent tous à l'école. Or, selon des bretonnants (http://www.ofis-bzh.org/fr/langue_bretonne/faq/index.php#02 ), cette langue existe depuis quinze siècles. Or elle fut pratiquée par une population qui, pour l'essentiel, ne fut scolarisée à aucun moment de sa vie. Et subitement, au vingtième siècle, la possibilité de parler le breton à l'école aurait été la clé de la survie de cette langue ! 

           Si vraiment les brimades contre le breton et les autres langues régionales avaient atteint des points d'infamie comme le suggère les vaillants défenseurs de ces langages (les histoires de sabot, de fêtus attachés au cou prêtent plutôt à rire,  sans parler des pancartes "il est interdit de parler breton et de cracher par terre" dont aucun exemplaire authentique n'a été trouvé), alors l'effet inverse aurait pu se produire, à savoir la résistance de ces cultures et langues par leur transmission insitante dans le cadre de la famille. La République n'a jamais mis son nez dans les foyers pour voir quelle langue on y parlait. Les USA, pendant la WWII, firent quelques campagnes pour inciter les immigrants ou enfants d'immigrants européens ou japonais à ne plus parler les langues de l'ennemi (à savoir, pour les européens, l'allemand et l'italien, pays dont les ressortissants aux USA se comptaient par millions), mais il semble que cela soit resté au niveau de l'incitation morale, pas de la traque jusque dans les demeures privées.
Fin de l'ajout du 30 Juillet

Les langues régionales ne font pas partie du service public

 

            Le point le plus crucial dans cette question des langues régionales est : les pouvoirs publics doivent-ils financer l’utilisation de ces langues, en les enseignant à l’école, en formant des fonctionnaires bretonnants ou corsisants ? La réponse est pour moi complètement négative.

            Rappelons que les seules choses qui autorisent un pouvoir quelconque à prélever l’argent des particuliers restent la réalisation d’un service public (c’est-à-dire fourni sans discrimination) sans lequel la vie de certains individus serait trop difficile, et la réparation d’injustices sociales criantes, dans une société où plus personne ne produit tout seul pour lui seul. Or, financer des écoles Diwan ne répond à aucun besoin humain : un breton qui ne parle pas breton ne vit pas plus mal, objectivement, qu’un breton bretonnant. La « souffrance » occasionnée par « la privation de culture locale» n’est pas une plainte recevable. D’autant qu’il n’y a jamais eu besoin d’être millionnaire pour apprendre une langue, il n’y a pas de redistribution des ressources à faire pour offrir cette « opportunité » à qui que ce soit.

            Ce qu’il faut retenir de mon discours, c’est que pour qu’une langue vive, il suffit qu’elle plaise à une population, au point de continuer à la pratiquer. L’attitude de l’Etat vis-à-vis des langues, à l’exception de la langue de la République, ou des langues étrangères qu’il est nécessaire de faire enseigner, doit être l’ignorance. La République n’a pas à persécuter le breton ou le corse, mais à ignorer jusqu’à l’existence même de ces idiomes.

 

            Voilà pourquoi l’idée même d’offrir une « reconnaissance » publique à ces langues est inutile, et leur financement public serait irrecevable, car sortirait de tout intérêt public. Quand bien même 10% seulement des citoyens s’opposeraient à un prélèvement pour financer les langues régionales, cette minorité pourrait invoquer l’invalidité, l’inacceptabilité et même le despotisme d’une telle mesure, car un état qui détourne l’argent des particuliers pour autre chose qu’un intérêt général commet un abus de puissance publique, une atteinte à la liberté.

 

Faut-il que nous devenions tous anglophones ?

 

            Les hargneux régionalistes qui passeraient sur ce blog pourraient me renvoyer : « si pour toi une langue ne doit être enseignée par l’Etat que pour faciliter la communication, alors autant abandonner de suite le français et enseigner l’anglais dans les écoles, ça sera plus simple ». En fait non, pas du tout. 90% de l’humanité n’a pas une pratique réelle de l’anglais, c’est-à-dire suffisante pour tenir une discussion ou avoir des lectures élaborées. Ré-alphabétiser la population française en anglais créerait une scission entre générations et une impossibilité de communiquer durable entre jeunes et anciens (les jeunes devant en plus être bilingues pour comprendre leurs parents et grands-parents). Mais, nous dira-t-on, au bout de deux ou trois générations, le problème sera réglé.

            Et bien là encore, ce n’est pas sûr. Imaginons que tous les pays du monde décident de devenir anglophones, de la Chine au Chili. On aurait une seule langue, parlée en des lieux très différents, par des populations très diverses. Le vocabulaire évoluant très vite, et selon un rythme différent par région, une issue probable de cette situation serait l’éclatement de l’anglais en plusieurs sous-idiomes qui ne seraient plus compréhensibles entre eux. A titre d’exemple, et même s’il n’y a pas encore de scission entre l’anglais du Zimbabwe ou d’Afrique du Sud, on note déjà des différences de vocables qui permettent d’identifier l’origine des individus. L’article suivant de Courrier International donne un aperçu du mauvais usage que l’on peut en faire :

 

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=86003

 

On peut facilement imaginer que dans un monde anglophone, sur des populations aux cultures très différentes (bien moins homogènes que celles de « l’Anglosphère », soit les îles britanniques, l’Amérique du Nord, l’Australie-Nouvelle-Zélande), l’éclatement de la langue anglaise recrée de nouvelles barrières linguistiques, isolant à nouveau des centaines de millions d’individus d’autres populations, et tout serait à refaire. L’emploi d’accents, de vocabulaire nouveau ou de jargons peut rapidement mettre à terre le « rêve » de l’unité linguistique mondiale.

 

Alors la meilleure solution, pour les générations immédiates comme dans un futur plus lointain, reste encore la conservation de grandes zones linguistiques (l’anglais, le français, l’allemand, le mandarin, l’hindi…), et surtout le développement de la traduction systématique des œuvres, de la presse et de l’information entre ces zones. Puisque toutes les langues n’évoluent pas à la même vitesse, un changement brutal dans une langue n’engagera qu’un ou quelques pays. La diversité des langues assure une certaine stabilité de la communication au niveau mondial. Autant une langue unique mondiale serait coûteuse et au résultat incertain, autant le financement par les états des langues régionales est inutile.

 

           Chacun est libre de parler chez lui, ou avec d’autres particuliers, la langue qu’il veut, où il veut dans le domaine privé. Exiger des autres, simples citoyens ou agents de la collectivité, qu’ils connaissent ou financent une langue dont ils n’ont pas besoin pour communiquer est un vol et un abus de pouvoir. Les langues régionales doivent être boutées hors du champ public, et les écoles Diwan continueront à se financer de bouts de chandelles de particuliers. Il est grand temps de re-privatiser complètement les langues régionales.
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27 mai 2008 2 27 /05 /mai /2008 18:31

Cet article a été écrit le 12 mai pour le journal de la Section de Colombes du PCF, La Lettre des Communistes. Il ne paraîtra sans doute pas sous cette forme exacte puisqu'il y aurait eu des redondances dans la rédaction des différents articles de ce mois (à écrire chacun de son côté, aussi...). Pour le reste de la semaine, viendront un article sur les langues régionales, l'affaire tibéto-sino-olympique (avec plusieurs semaines de retard et c'est tant mieux), et un article sur mai 68 (il le fallait bien)...Si j'y manque, alors, promis, je me coupe la tête et pour le prouver, je poste la vidéo sur ce blog.



Annoncée sous le signe de la « rupture », la politique actuelle du gouvernement en matière de santé ressort les grosses ficelles des nombreuses autres réformes chargées de sauver l’assurance-maladie depuis plus de vingt ans. Derrière les préoccupations sur la prévention, apparaît une politique de diminution des prestations, puisque la hausse des prélèvements est inconcevable pour ce gouvernement. Il y a des points sur lesquels on ne peut mentir : la consommation de soins ne progresse pas qu’en fonction du vieillissement, mais aussi en raison du niveau de revenu des populations et du progrès médical. Il y a certes des états qui ont stabilisé leurs dépenses de santé (ceux d’Europe du Nord) mais les plus riches (Suisse, USA…) sont également ceux qui dépensent le plus. En attendant d’imiter un jour les systèmes scandinaves (où la prise en charge publique des soins est supérieure à ce qu’elle est en France),  on ne peut en aucun cas couper à une hausse des dépenses de soins nationales. Ce qui fait que les « bons » résultats de l’Assurance maladie (11 milliards d’euros de déficit en 2004, 4,6 milliards en 2007) et attribués au parcours de soins, sont accueillis avec nettement plus de froideur par la mutualité française. Bien que censées profiter du désengagement de la Sécurité sociale sur les postes qui enflent le plus (et elles vont même hériter de l’ensemble de l’optique et des prothèses dentaires), les mutuelles constatent que seule une nette hausse des cotisations leur permettra d’assurer leur équilibre.

Les mesures utilisées par le gouvernement pour réduire les dépenses de l’assurance-maladie tiennent plus de la répression de la consommation de soins que d’une incitation à réduire les soins inutiles (qui existent tout à fait). En place depuis le 1er Janvier 2008, les franchises médicales, bien que limitées à 50 euros par an et par personnes –ce qui fera soit trop peu pour être incitatif, soit trop cher pour nombre de ménages- vont encore réduire la lisibilité du remboursement des soins. Egalement en route depuis le plan Hôpital 2007, la tarification à l’activité vise à « rationaliser » l’activité hospitalière en utilisant un système de points attribués aux actes hospitaliers, par groupes de malades, et pour évaluer les dépenses hospitalières dues à chaque point. Le but étant de faciliter la négociation de moyens pour les hôpitaux qui réalisent le plus d’activité au moindre coût. L’  « activité » mesurée par des points devient ici un but de l’hôpital, tout comme le nombre d’actes pour la médecine libérale. La statistique donne pourtant les moyens d’évaluer l’effet du système de soins sur l’état de santé général d’une population, par prévention comme par des soins, et son amélioration devrait être le critère majeur de la rémunération –collective- des professionnels de santé.

Vouloir réduire des dépenses inutiles est vital quand ces dépenses pourraient sauver d’autres vies : encore faut-il viser juste, dans tous les sens du terme.

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11 mai 2008 7 11 /05 /mai /2008 23:27

Post-Scriptum du 27 mai 2008: je vous prie de m'excuser pour les fautes de français dans la version initiale de l'article, qui avait été écrit à une heure tardive, de retour de la capitale...

..sur le mouvement des travailleurs sans-papiers en Ile-de-France pour leur régularisation.

A l'heure où j'écris, il reste encore deux des vingt travailleurs de Passion Traiteur (Colombes) qui n'ont pas été régularisés, ne serait-ce que pour quelques mois, la situation devant évoluer prochainement pour ces deux personnes.

Cette semaine, 17 des vingt grévistes avaient déjà reçu un titre de séjour de la préfecture de Nanterre, qui en excluait trois au nom du refus des régularisations massives. Sur l'Ile-de-France, plusieurs centaines de demandes de régularisations ont été déposées.

Juste pour résumer mon "expérience" de la situation: alors que nous distribuions des tracts en soutien au mouvement des travailleurs sans-papiers sur le marché du Petit-Colombes, la plupart des passants acceptaient ces tracts -sans doute sans les lire pour la plupart-, à l'exception de quelques cas. Parmi lesquels:

- une dame à demi-hystérique sous prétexte qu'elle était "pas d'accord", qu'on va pas accueillir la misère du monde etc... et qu'en plus à côté de ça on ne s'était pas préoccupés d'autres travailleurs, réguliers ou pas, qui avaient travaillé toute leur vie,...sans que ça lui semble être une raison valable de ne pas gâcher l'existence des actuels grévistes;

-un immigré qui a refusé le tract après en avoir lu une ligne, en disant "ah mais moi j'ai mes papiers"...Bêtise ou égoïsme, peu importe, cela rappelle qu'il n'est pas du tout étonnant de trouver parmi les anti-immigrationnistes des immigrés de longue date, des naturalisés récents, qui, tout heureux de leur nouveau privilège, veulent en restreindre l'accès aux nouveaux arrivants;

-et le plus beau, un beauf qui commence par lire le tract, puis s'insurge:
"Quoi, vous pensez pas qu'il y en a assez comme ça? [fait-il en levant les yeux vers les badauds, qui sur ce marché étaient très cosmopolites...] Vous voulez payer les impôts que je paie pour eux?".
J'aurais pu lui répondre que je paie moi aussi des impôts et cotisations; mais j'ai préféré lui dire que justement, ces sans-papiers là travaillent, paient des cotisations [en utilisant de faux codes de sécurité sociale, parfois plusieurs par personnes], mais n'ont droit à aucune prestation en retour [à l'exception de l'aide médicale d'état, dont ils auraient pu bénéficier sans avoir un emploi].
Appréciant moyennement ma réponse, le beauf répond:
"Lorsqu'il y aura la guerre civile, je viendrai vous voir, car ce sera vous le responsable".
Plus rien à répondre.
Peu importe qu'aucun pays démocratique n'ai connu une véritable guerre civile due à une minorité immigrée (contrairement à ce que certains ont dit, le conflit du Kosovo n'est pas dû à une immigration albanaise récente, et la Serbie n'était pas un exemple de démocratie). Peu importe de savoir, si une guerre civile devait surgir, qui en serait les déclencheurs, entre les immigrés ou les beaufs dans le genre de mon interlocuteur. Peu importe de savoir tout cela, puisque de toute façon on vous a déjà dit que les communistes sont des assassins et des fauteurs de guerre...me voici donc pleinement communiste.

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6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 23:37

En attendant un prochain article sur le mouvement de grève des travailleurs sans-papiers (dans la semaine, si, sinon vous avez le droit de m'envoyer des mails piégés, avec de l'anthrax et tout...), je donne en lien ce clip réalisé par Jin, vendéen d'origine hmong du Laos (le monde est petit), que je connais personnellement.


Les provinces de Xomsomboun (13) et Borikhamxay (14) sont celles où seraient réfugiés, en pleine forêt, plusieurs milliers de hmongs.

http://fr.youtube.com/watch?v=u7DgzDridxU

A titre personnel, je n'écoute pas de rap, hip hop, etc... Vous pensez ce que vous voulez de cette chanson, du fond musical, des paroles... mais il est vrai que le sort des Hmong du Laos est très peu médiatisé.

Pour résumer: les Hmong sont un peuple du Sud de la Chine et de la péninsule indochinoise, notamment du Laos. Pendant la guerre d'Indochine puis du Vietnam, nombreux furent les Hmong qui se battirent avec les forces françaises, puis avec les USA et le Vietnam du Sud. Depuis la défaite du Sud-Vietnam, et l'arrivée du Pathet Lao au pouvoir à Vientiane (capitale du Laos) porté par l'armée vietnamienne en 1975, des dizaines de milliers de hmong ont fui hors du Laos, vers les Etats-Unis, la France, en Thaïlande. Mais des milliers d'entre eux seraient encore en fuite à travers les jungles laotiennes, poursuivis par l'armée du Laos. Les rapports d'Amnesty International font état de nombreuses allégations de tirs, meurtres, persécutions physiques contre les hmong, faits auxquels le pouvoir laotien n'oppose que dénégation.

De nombreuses photographies ont été réunies par l'américain Roger Arnold sur la situation des hmong en 2006, et sont visibles sur http://www.worldpicturenews.com/web/SearchResults.aspx .

Entendons bien que par cet article, je ne veux nullement dire que la France avait raison d'intervenir en Indochine, qu'elle aurait dû battre le Vietminh, ou encore qu'il était justifié d'intervenir en Indochine pour arracher la moitié Sud du territoire vietnamien. Encore moins qu'il était justifié que les USA ne s'acharnent à défendre jusqu'en 1973 ce pseudo-état, qui, ne devant sa survie qu'à la protection étrangère, ne pouvait pas être une démocratie. Au contraire, la fameuse "théorie des dominos" comme quoi l'abandon du Sud-Vietnam signifierait la chute de toute l'Asie du Sud entre les mains du "Communisme" a au contraire mené, par l'engagement militaire même des USA, à la déstabilisation puis la perte même du Laos et du Cambodge par le camp occidental.

Ceci ne permet en rien d'ignorer les méfaits commis par le régime nord-vietnamien (entre autres la liquidation, reconnue par le régime, de 15.000 à 50.000 personnes lors de la réforme agraire de 1956, ou des milliers de civils tués lors de l'offensive du Têt en 1968), et cela n'empêche pas de dénoncer le sort réservé à des milliers de hmong dont la majorité n'étaient pas même nés en 1975.

Ajoutons aussi que dans son morceau, Jin ne fait preuve d'aucune rancoeur, ni contre la France, les USA; il dénonce évidemment les agissements du régime laotien, mais ne fait pas de récupération idéologique (le terme communisme ou communiste n'est jamais entendu).

Je poste aussi cet article au cas où quelqu'un voudrait m'apporter la "lumière", et me prouver que je serais une fois de plus manipulé sur mes bons sentiments, que tout ce qui est dit sur le calvaire des hmong du Laos ne serait que propagande contre le régime laotien, propagande impérialiste et capitaliste bien sûr...Je rappelle au passage que le Laos a suivi la voie de son "grand frère" vietnamien en pratiquant "l'ouverture au marché" depuis la fin des années 80...

 Il y a cependant deux points que j'aimerais rajouter (aujourd'hui dimanche 11 mai 2008):

- la population hmong au Laos est estimée à plus de 400.000 personnes. Ceux réfugiés en forêt, selon Roger Arnold, seraient 12.000. Où vivent donc tous les autres? S'ils sont en paix, alors pourquoi parler de génocide (terme qui désigne la destruction intentionnelle de tout un peuple; ou en très grande fraction)? Ceci dit sans vouloir relativiser le sort de ceux qui sont effectivement persécutés;

-dans le reportage de Roger Arnold, est évoqué un projet visant à renverser le régime laotien, qui a été finalement déjoué et jugé aux USA même, en 2007. Ce projet réunissait un ancien général hmong réfugié en Californie (le général Vang Pao), et 9 autres conspirateurs, dans le but de fournir des armes à une nouvelle "armée secrète de la CIA" (cf. http://www.worldpicturenews.com/web/SearchResults.aspx , deuxième ligne de clichés). Relancer une guerre civile ne me semble en aucun cas être une solution pour le peuple laotien... 


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