Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

Vous voulez simplement parler du communisme?

Alors ce blog est pour vous.

 

Communisme communiste révolution réforme capitalisme libéralisme argent entreprise impôt état France Europe URSS Chine USA Monde PCF NPA LCR LO UMP PS Modem élection Buffet Besancenot Laguiller Bové Marx

Rechercher

Archives

18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 19:24
[Cet article a été écrit pour la section du Parti Communiste de Niort, dont je suis membre.]

 

Dimanche 18 Novembre, plusieurs fédérations syndicales se sont réunies pour faire le point sur le mouvement de grève qui a repris dans les transports publics depuis le 14 Novembre. En même temps, plusieurs dizaines de facultés ont voté le blocus tandis que les Assemblées Générales se réunissent régulièrement dans les universités. Comme en 2006 contre le CPE, la convergence salariés - étudiants voire lycéens est possible. 

Prise d’otage médiatique

Le moins qu’on puisse dire est qu’une fois de plus, les principaux médias dispensent quasiment le gouvernement de se servir de ses portes-parole. Des éditorialistes assènent des raisonnements douteux, comme quoi l’élection de Sarkozy le 6 mai dernier rend l’opposition à son programme inacceptable. Or, une élection présidentielle ne fait que placer une personne à la tête de l’Etat, et ne valide pas son programme. La démocratie ne consiste pas à changer de dictateur tous les cinq ans, ni à débarrasser le peuple de sa souveraineté au profit de 300 députés. On ne compte plus le nombre de fois où l’on ressort la « prise d’otage des usages ». Sinistre et banal abus de langage : un otage est quelqu’un que l’on empêche de quitter un lieu et dont on menace la vie, pas quelqu’un qui se voit refuser un voyage en train.  

Réforme des retraites

Retraite à 50 ans (pour les conducteurs), durée de cotisation de 37 ans et demi, régime en déficit… Quoi de mieux pour faire approuver la « réforme » ? En oubliant que la subvention d’Etat au régime de retraite de la SNCF est avant tout due à ce qu’il y a beaucoup plus de retraités que d’actifs cheminots, ce à quoi aucune réforme ne peut remédier. Au final, diminuer les droits des cheminots et RATPistes n’aurait qu’un effet mineur sur les 3 Milliards d’euros que l’Etat verse actuellement aux régimes de ces entreprises, et l’économie sera d’autant plus faible que le nombre de leurs retraités baissera avec le temps (la SNCF a perdu une grande partie de ses effectifs depuis 50 ans). Et ce en plus du mensonge d’un taux de cotisation plus bas  des régimes spéciaux, quand la SNCF verse des cotisations élevées en tant qu’employeur avec les recettes que procurent ses salariés.


              Mais par leur simple existence, les régimes spéciaux posent une question fondamentale : ces régimes prennent en compte la pénibilité du travail accompli, ce que ne fait pas le régime général. Les conditions de travail des cheminots ne sont plus celles des années 50 ? Peut-être, mais en aucun cas les réformes envisagées par l’UMP pendant la présidentielle ne tiendront compte des conditions réelles du travail (découchés, horaires décalés, discontinus, en week-end…). De plus, accepter l’alignement à 40 annuités, puis 41 ans, revient à confirmer la « réforme » Fillon de 2003. Cette réforme considérait qu’il n’y avait pas d’autres moyens de financer les retraites qu’en travaillant plus longtemps, partait sans débat sur l’idée qu’on ne pouvait pas cotiser plus, sur une assiette plus large, par d’autres prélèvements que sur les salaires…et ce alors que les entreprises multiplient les recours aux salaires indirects (ou stock-options pour quelques uns…) pour éviter les « charges ». Accepter la réforme Sarkozy-Bertrand-Fillon revient à valider ce débat truqué.

Déni de démocratie ?

Habilement, toutes ces questions fondamentales sont cachées par le gouvernement derrière la lutte « corporatiste » des salariés des entreprises publiques. Ainsi que l’argument de la « pression exercée par une minorité » contre « un gouvernement élu ». Que les grèves ne soient agréables pour personne est une évidence (y compris pour les grévistes, non payés, n’en déplaise à Sarkozy). Avant d’opposer le droit au travail au droit de grève, remarquons que des millions de français travaillant dans le privé n’ont pas la possibilité d’appliquer le droit de grève, ni même de manifester. Et qu’il existe d’autres moyens de lutte possibles. Par exemple, que les agents de la  SNCF ou RATP fassent leur travail sans faire payer les usagers, ce qui minerait considérablement leur employeur et donc l’Etat. Mais c’est illégal. Bloquer les transports est le seul moyen de lutte disponible pour les travailleurs du rail, sans déplaire au fond à un gouvernement prêt à jouer le pourrissement.

Mouvement étudiant

De la même manière, le blocus des facs est aujourd’hui la seule arme accessible aux étudiants. Il n’y a pas de sens à ce que « ceux qui veulent étudier étudient, ceux qui veulent manifester manifestent », car cela revient à rendre l’exercice du droit de grève suicidaire, surtout dans les filières à concours ou à contrôle continu. Cela ne signifie pas que tous les étudiants opposés à la réforme Pécresse-Fillon dite de « Responsabilisation des Universités » soient partisans des blocus, craignant l’utilisation que peut en faire le gouvernement. Mais le projet est inacceptable, et ne peut passer derrière l’excuse du « il faut bien réformer à un moment, non ? ». Non, le financement des universités par le secteur privé via des « fondations » ne les rend pas indépendantes, surtout si elles travaillent avec ces mêmes entreprises. Non, il n’est pas inéluctable de monter les frais d’inscriptions en promettant des « bourses » (offertes par qui ?) et de sacrifier la démocratie étudiante au profit du président d’université et des « personnalités extérieures ». Oui, le financement des universités doit se faire par un réinvestissement de l’Etat, mais aussi des contributions des anciens étudiants, notamment pour les formations prestigieuses et aussi les grandes écoles, qui bénéficient depuis deux siècles d’une « éducation à deux vitesses ».

On ne lutte pas tel qu’on le souhaiterait, mais tel qu’on le peut.

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 10:47

Serov-Lenin-proclaims-Soviet-power.jpg
(Serov, Lénine proclame le pouvoir aux Soviets)

Ah bon ? C’était pas en Octobre 1917? Pourquoi le 90ème anniversaire aurait-il lieu en Novembre ?

Parce qu’en 1917, la Russie tout juste sortie du Tsarisme (depuis Février 1917), appliquait encore le calendrier Julien, qui « retardait » de plus d’une semaine sur le calendrier grégorien appliqué dans le reste de la Chrétienté. La Révolution d’Octobre, dans notre calendrier, commença donc le 7 Novembre 1917.

 

Bien sûr, on ne le commémore pas. Une Hélène Carrère d’Encausse y verrait même le départ d’un régime léniniste dont on préciserait le « terrible bilan : plus de cent millions de morts » (quatrième de couverture de sa biographie de Lénine). Et pourtant non, le régime de Lénine n’est pas responsable de la mort de cent millions de personnes.

 

Plutôt que de faire dans les vivas adressés au bolchévisme, je préfère répondre à quelques questions (au risque de faire redondance avec certaines pages de mon site, comme celle-là http://www.pourlecommunisme.com/Page1556.htm  )

 

La Révolution d’Octobre a-t-elle fait chuter le tsarisme ?

 

Non, le Tsar avait déjà abdiqué lors de la Révolution de Février, qui vit la proclamation de la République de Russie. Mais les forces tsaristes n’en restèrent pas là : notamment le général Kornilov, qui tenta en Juillet 1917 un putsch contre Petrograd (future Leningrad puis Saint-Pétersbourg) qui fut repoussée avec un fort concours des bolcheviks.

 

La prise du pouvoir par les bolcheviks répondait-elle à une demande populaire ? Fut-elle démocratique ?

 

Elle ne fut en aucun cas légale. Mais selon les marxistes, elle était légitimée par le fait que les délégués bolcheviks étaient arrivés majoritaires lors du congrès des délégués des soviets (assemblées locales et démocratiques qui s’étaient répandus dans toute la Russie depuis le début de 1917) en Septembre 1917. Cependant, les soviets n’étaient pas représentatifs de toute la population de la Russie. En Décembre 1917, les bolcheviks au pouvoir firent élire des députés pour une Assemblée Constituante : ils n’obtinrent que le quart des voix, la moitié des suffrages allant aux « Socialistes-Révolutionnairs » (modérés) qui ensuitent combattirent les bolcheviks pendant la guerre civile.

Dans les faits, la révolution bolchevique ne s’appuyait pas sur les souhaits de la majorité de la population de Russie (très largement paysanne). Les bolcheviks étaient peut-être majoritaires au sein de la classe ouvrière, mais je n’en ai pas les preuves. La Constituante fut dissoute en Janvier 1918.

 

Mais comment alors ne pas condamner la Révolution Bolchevique (simple coup d’état selon certains ?)

 

Parce qu’elle répondait aussi à un objectif primordial qui n’allait en aucun cas être défendu par les socialistes-révolutionnaires : mettre fin à la boucherie de la Première Guerre Mondiale. Pour Lénine et les bolcheviks, la solution au carnage qui fit près de dix millions de morts n’était pas de faire gagner le camp des « démocraties » (la France et Royaume-Uni n’étant des démocraties que dans leurs métropoles, et encore, au service des classes dominantes selon la lecture marxiste). Le but était d’enclencher une révolte du prolétariat (la classe ouvrière, celle qui vit de la vente de sa force de travail et non de sa propriété de capital) dans les principaux pays responsables du conflit (Allemagne, Autriche, France…) mais en commençant par un « maillon faible » du « monde impérialiste », la Russie. Seule une victoire révolutionnaire dans plusieurs pays européens aurait pu mettre à terre les autocraties, impérialistes et capitalistes, qui avaient engendré la guerre.

Bien que n’étant pas marxiste, j’approuve cette idée : le seul moyen d’empêcher la guerre aurait été une révolte populaire et prolétaire dans les principaux pays provocateurs du conflit (Allemagne, Autriche, Russie). Pour le cas de la France, étant donné sa faiblesse face au Reich, il aurait été plus dangereux de lancer la Révolution sans que les ouvriers allemands n’aient aussi commencé à le faire. Mais dans l’esprit des bolchéviques, la Révolution, commençant en Russie, n’allait pas tarder à se répandre en Allemagne – ce qui ne fut pas loin de se réaliser après Novembre 1918.

Que les bolcheviks n’aient pas été démocratiquement élus et majoritaires n’est pas le principal problème pour moi. Ils furent du camp de ceux qui pensaient qu’on ne pouvait pas suivre la légalité ni même la volonté majoritaire quand celle-ci a pour conséquence la prolongation d’un massacre européen qui faisait 10.000 morts par jour. Les sociaux-démocrates européens ont pensé le contraire, et se sont donc rendus complices de la Première Guerre Mondiale, ce qui à mes yeux leur retire tout droit de se considérer comme la vertu incarnée. La sociale-démocratie a elle aussi ses placards pleins de cadavres, dans des proportions qui n’ont pas grand-chose à envier au Goulag stalinien. (1)

 

Mais les bolcheviks n’ont-ils pas déclenché la guerre civile qui ravagea la Russie ?

 

Mensonge antisoviétique et anticommuniste (les deux termes n’étant pas synonymes), qu’on peut trouver, entre autres, dans le Livre Noir du Communisme. Dans la réalité, la guerre civile commença en Mai-Juin 1918, suite :

 

-A l’invasion de l’Ukraine par les allemands, en déni du Traité de Brest-Litovsk ;

-A l’insurrection des cosaques du Don, qui seront l’un des premiers relais des armées blanches (Denikine et Wrangel en Ukraine) ;

-Insurrection des « légionnaires tchèques » (prisonniers fait par l’armée tsariste dans les rangs austro-hongrois, qui marchaient vers le Pacifique, et qui se soulevèrent lorsque Trotski exigea leur désarmement), suivie de celle des « socialistes-révolutionnaires », en Volga, qui créent leur propre gouvernement en Volga.

 

          A ceux qui prétendent que ces soulèvements furent « une juste réponse face aux massacres des bolcheviks », précisons qu’au Printemps 1918, l’Armée Rouge n’était qu’un corps de 100.000 hommes, composé de volontaires, soit une force très faible pour un pays comme la Russie. Que la Tcheka, créée en Janvier 1918, n’avait au départ pas de fonctionnement centralisé ; que, selon Nicolas Werth lui-même (dans le Livre Noir du Communisme par exemple), la première véritable vague de terreur bolchevique eut lieu en Septembre 1918, soit nettement après le début de la guerre civile. Non pas qu’il n’y eut aucun meurtre commis par les bolcheviks avant cette date, mais pas de massacres planifiés qui put servir de juste prétexte aux armées blanches.

        Il suffit pour s’en convaincre de constater que la faiblesse de l’appareil militaire et répressif bolchevik était telle en Mai 1918 que, pendant plusieurs mois, les forces léninistes furent refoulées sur tous les fronts. Ensuite, les armées blanches et cosaques eurent largement l’occasion, par leurs pogroms entre autres, de montrer leur fibre « démocratique ».

        Ensuite, pour ceux qui affirment que la politique de réquisitions (et le « Communisme de guerre ») causèrent l’insurrection, rappelons que les premières vagues de réquisitions bolcheviques (qui ne faisaient que reprendre les réquisitions tsaristes) n’eurent lieu qu’à l’été 1917, et ne remplirent qu’une minorité de leurs objectifs, tout en s’accompagnant certes de tueries. Aussi, les bolcheviks n’ont jamais, de fait, interdit les marchés agricoles –c’était de toute façon impossible-, des études récentes (comme celle de Sergueï Adamets, Guerre Civile et Famine en Russie) montrant que les marchés avaient toujours fourni plus de la moitié de l’approvisionnement alimentaire des villes russes.

 

Au total, la guerre civile causa la mort, de 1918 à 1920, de près de dix millions d’habitants de l’ex-Empire russe (selon Adamets ou Andreev), la majorité étant dus aux épidémies répandues par la guerre, plus qu’aux combats (entre un et deux millions de morts), ou aux éxécutions commises par les différents camps : rouges, blancs, verts (paysans révoltés)…

 

Les bolcheviks n’ont-ils pas commis une politique de Terreur massive ?

 

Tout à fait, et elle a fait des centaines de milliers de victimes très probablement, peut-être plus d’un million. Les services de la Tcheka et de l’Armée Rouge archivaient leurs « exploits » en des milliers de rapports que les historiens étudient depuis 1991. Des centaines de milliers de paysans ont été passés par les armes, soit au cours de réquisitions agricoles, soit dans des opérations de chasse aux déserteurs, ou dans des répressions de révoltes paysannes (comme la révolte de la Volga en 1921).

Pour très largement criminelle qu’ait été cette politique (on ne peut cependant pas totalement exclure le recours à des actes de terreur et d’exécutions pour l’exemple lorsque l’on est une armée assiégée), elle n’est pas assimilable à une politique d’extermination qu’on pourrait comparer aux génocides nazis, par exemple.

Il ne faut pas oublier qu’à l’époque où les détachements de l’Armée Rouge réquisitionnaient les paysans –et en tuaient des milliers-, une famine exceptionnelle frappait les villes russes, qui ne devait retomber qu’en fin de 1919, après avoir généré des taux de mortalité énormes (à Petrograd par exemple). Bien que nous ayons vu que les marchés agricoles tournaient toujours dans les faits, et réalisaient plus de la moitié de l’approvisionnement des villes, les réquisitions furent sans doute nécessaire pour atténuer la faim. Autrement dit, il ne faut surtout pas penser que les bolcheviks tuaient sur la base d'un plan d'extermination purement gratuit: il y avait aussi des vies à sauver au travers des réquisitions. Ca ne justifie pas les meurtres de paysans dans leur grande majorité (la Terreur ayant pour but d'appuyer le pouvoir bolchevik), mais les bolcheviks ne pouvaient pas se passer de réquisitionner (ce que les tsaristes avant eux et les armées blanches firent aussi !). Cela n’est donc pas comparable à une politique d’extermination sur simple critères de race ou même de classe.

Voir aussi : http://www.pourlecommunisme.com/Page1556.htm  )

 

Et la famine de 1921-1923 (5 à 6 millions de morts) ?

 

            Il y a indéniablement une responsabilité bolchevique dans cette famine, par le biais des réquisitions, mais elle n’explique pas tout et ne fait pas de la famine un génocide. Voir : http://www.pourlecommunisme.com/Page1473.htm

 

Lourd bilan que celui de la Révolution Bolchevique, quand même…

 

            Chaque acte commis par des humains doit être jugé en lui-même, et pas rattaché à d’autres actes. Par là, je veux dire qu’on peut être d’accord avec la prise du pouvoir par les bolcheviks (même si non-démocratique dès le départ), leur volonté de mettre fin à la guerre mondiale par le soutien aux révolutions extérieures, tout en dénonçant la pratique de la terreur contre les paysans (mais pas seulement eux), ou la gestion de l’agriculture et de la famine. Je considère qu’une révolution contre la guerre dès 1914 en Allemagne, en Autriche, puis en France aurait été justifiée, même si par définition illégale et menée par une minorité. Ne pas l’avoir fait nous a coûté des millions de morts. Et ouvert la porte d’une autre guerre mondiale.

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2007 5 02 /11 /novembre /2007 15:37
fly-out-of-Europe-copie-1.JPG

Il est revenu par la fenêtre…

 

Il y a un peu plus de deux ans de cela, je répondais à un partisan du Traité Constitutionnel Européen (TCE) en lui donnant ce rendez-vous : si le non l’emportait, on finirait bien par se retrouver dans les urnes, lorsque les gouvernements (PS ou UMP) nous feront revoter.

 

Et bien nous y voilà. Le TCE est de retour, sous la forme d’un « Traité modificatif », qui, de l’aveu même de l’ancien maître d’œuvre du TCE, n’est que cosmétiquement différent du TCE.

(Oui, c’est Giscard d’Estaing qui a parlé de différences d’ordre « cosmétique ». Bien sûr, on va me répondre que la Convention pour l’Avenir de l’Europe qui a pondu le TCE était un groupe très divers, composé de toutes les nationalités de l’Union Européenne, que c’était un magnifique épisode de l’histoire européenne que de voir tant de gens venus d’horizons différents dialoguer pour construire l’Europe de demain…oui mais j’ai voté contre et c’est tout).

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_simplifi%C3%A9

 

Et ce « nouveau » texte est appelé à être voté par loi parlementaire. Le PS ne « s’oppose pas », pas même Fabius. Alors ce sont les formations qui étaient il y a deux ans résolument engagées dans la campagne noniste qui demandent aujourd’hui un référendum sur ce traité.

Etant membre de la fédération du Parti communiste des Deux-Sèvres, j’ai même reçu une lettre de ma fédération écrite aux députés deux-sèvriens, du moins du PS (j’allais dire « de gauche »…) pour qu’ils s’opposent au vote de ce traité, en utilisant la minorité de blocage de 2/5 du Congrès (Assemblée Nationale plus Sénat) suffisante pour bloquer une révision de la constitution.

Voir aussi : http://www.lepeupleadejaditnon.com/

 

Belle initiative, mais en fait…je suis contre.

 

Au nom de la démocratie, je demande à ce qu’on ne vote pas.

 

Je suis contre car, nous le savons, ce texte est le même que celui du TCE. Et ce texte a déjà été rejeté le 29 Mai 2005. Bien sûr, un référendum ne vaut pas pour l’éternité. Mais que ce vote soit enterré au bout d’à peine plus de deux ans est inacceptable.

Il est scandaleux que les parlementaires puissent annuler la décision de millions d’électeurs français, n’en déplaise à certains, comme nous le verrons plus loin.

Mais il est également scandaleux de faire revoter les mêmes électeurs, sur un texte aussi proche de celui qui a été rejeté, au bout d’un laps de temps aussi court. C’est un déni de démocratie, une tactique de guerre d’usure bien connue qui consiste à faire voter et revoter un peuple jusqu’à ce qu’il dise oui, de guerre lasse.

 

C’est pourquoi la seule position admissible consiste à exiger le retrait de ce projet de traité modificatif, qui ne devrait être ni proposé au Parlement, ni au référendum, mais directement proposé à la poubelle.

 

Il est effarant de constater que l’hypothèse qu’on dénonçait déjà avant Mai 2005 (le fait de faire revoter les français), est aujourd’hui acclamée par une partie des anciens nonistes, qui espèrent ainsi éviter un scénario (le vote du texte par le Parlement en déni du vote populaire) qui aurait tout simplement provoqué un tollé il y a deux ans.

 

Mais tout cela passe comme lettre à la poste au sein de « notre gauche » (le parti dit « socialiste »). Et pour certains c’est normal.

On peut trouver sur le Net des argumentaires comme quoi il n’y a pas lieu de se scandaliser d’un vote parlementaire, puisque, juridiquement, c’est « légal ». Bon, d’accord, entre ce qui est juste et ce qui est légal, il y a une petite différence, il y a même des actes légaux parfaitement ignobles (et qui tendent à se multiplier sous l’ère Sarkozy…), mais on ne va pas faire une révolution pour si peu, non ? D’autant que c’est pas grand-chose, juste la souveraineté de votre pays, pas grave, non ?

 

A propos de souveraineté, rappelons aussi le sinistre projet que certains avaient formulé en 2005 : au lieu de faire voter seulement l’Espagne, la France, puis les Pays-Bas, peut-être le Royaume-Uni…on n’avait qu’à faire un référendum simultané paneuropéen, et si une majorité de « oui » se dessine en Europe, le TCE est validé pour 25 pays. Génial, non ?

Non, ignoble. Car cette procédure supposerait que la France serait déjà réduite au rang de province de l’Empire européen, et que son vote devrait déjà s’effacer contre une majorité européenne, faisant acte de la perte de sa souveraineté. Alors que la France est toujours un état souverain. Et doit le rester.

 

Anesthésie Oui-iste…

 

Mais il y a pire. Sur le blog « Horizons », pour nous expliquer qu’il n’est pas dégueulasse que notre souveraineté soit exécutée à huis clos au Palais-Bourbon, on trouvait cette merveille de raisonnement :

(http://horizons.typepad.fr/accueil/2007/10/le-trait-modifi.html )

« Il est vrai qu'en droit administratif, il existe un principe dit "de parrallélisme des compétences" qui aurait voulu que toute révision de la décision du peuple français de 2005 lui soit de nouveau soumis. Cependant ce principe ne s'applique pas en droit constitutionnel car il ne fait pas de distinction, et encore moins de hiérarchie, entre la souveraineté exercée directement par le peuple et celle exercée en son nom par ses représentants. Au contraire, le libellé de l'article 5   laisse plutôt à penser que la voie normale de l'exercice de la souveraineté est celle de type parlementaire, le référendum étant l'exception. "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. 

[en fait il s'agit de l'article 3 de la Constitution de 1958, voir ici:
  
 http://fr.wikipedia.org/wiki/Article_3_de_la_Constitution_de_la_cinqui%C3%A8me_R%C3%A9publique_fran%C3%A7aise ]

Aussi, dès lors qu'ils ont été élus postérieurement au vote des français, les représentants du peuple disposent librement de cette souveraineté.  »

Le peu de droit que j’ai pu faire (en faculté d’économie) m’a appris que la propriété est un concept complexe. Le fait de posséder quelque chose n’empêche pas de placer la gestion de la chose à quelqu’un d’autre, à un représentant, mais ce représentant, s’il gère votre bien, n’a pas pour autant le droit de le sacrifier. L’interprétation que le bloggeur d’  « Horizons » fait de la phrase constitutionnelle est donc douteuse. La souveraineté nationale appartient au peuple, les représentants élus peuvent en exercer les prérogatives, mais pas supprimer la souveraineté nationale. Or c’est justement ce vers quoi menait le TCE.

Mais le plus beau reste à venir :

« L'élection de Sarko et de sa majorité parlementaire n'a pas ni plus ni moins de valeur que le vote des Français de 2005. C'est l'expression de la même souveraineté et, très classiquement, en cas de conflit, c'est la légitimité la plus récente qui prévaut. Le candidat Sarkozy n'avait d'ailleurs pas omis d'afficher ses intentions en la matière [sur le « mini-traité »]. »

Merveilleux. Sarkozy a été élu, sa majorité aussi (mais moins bien que prévu), et comme il avait parlé de faire un nouveau traité européen pendant sa campagne, donc, s’il applique son programme, cela équivaut à une décision populaire du même ordre que le « NON » du 29 Mai 2005.

En rien. La seule signification populaire du vote du 6 Mai 2007 est que –malheureusement-, une majorité de français ont accepté que Nicolas Sarkozy soit leur président. Cela n’entérinait absolument pas son programme, même une fois sa majorité parlementaire élue. Nicolas Sarkozy a tout à fait le droit de ne pas appliquer ce programme (c’est aux électeurs qu’il appartiendra d’en juger). Ou d’en appliquer plus que prévu.

En bref : Non, l’élection de Sarkozy ne constitue en aucun cas une « légitimité » qui peut servir à contredire le vote du 29 Mai 2005. Dans un cas, on votait sur le TCE, dans l’autre, sur la personne du (ou de la) Président( e).

[En revanche, le blog « Horizons » n’est pas loin de la vérité en disant que la signification aboutie du Non est d’appeler au retrait de la France et des Pays-Bas hors de l’Union Européenne, même si c’était pour en fonder une autre.]

En conclusion, que les britanniques exigent un référendum, qu’une majorité d’allemands rêvent d’en avoir un, c’est une juste chose pour des pays qui n’ont pas été consultés. Mais nous, français, avons été consultés et avons dit non. Et ce non vaut pour pas mal d’années (10 ? 20 ans ? Plus ? En tout cas pas deux ans), sauf à ce qu’on nous présente un texte réellement différent.

PAS DE RATIFICATION PARLEMENTAIRE

PAS DE REFERENDUM

RETRAIT PUR ET SIMPLE DU TRAITE MODIFICATIF !!!

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 10:02

Salut à tous...euh enfin aux quelques uns qui passent.

Je ne saurais trop vous conseiller l'excellent blog de Sébastien Fontenelle, Vivelefeu:

http://vivelefeu.blog.20minutes.fr/

Une langue superbe (et de belles dents). Je ne suis pas en accord à 100% avec ses opinions, mais nous nous rejoignons sur la grande majorité de ce que nous avons à défendre.

Ok, je sais, c'est la première fois que je fais un article purement promotionnel, et ça fait longtemps que je n'en ai pas posté d'autres, mais:

-bientôt les vacances de la Toussaint, ça va reviendre;

-et vous ne trouvez pas que la blogosphère est suffisamment en surproduction comme ça? Je ne peux pas assurer un article par jour, sauf à comme d'autres, écrire n'importe quelle réaction, pointer n'importe quel lien.

Partager cet article
Repost0
27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 15:09

 

Un nouveau dépoussiérage.

Cette fois-ci, retour sur l'immigration. Un député du Vaucluse, Thierry Mariani, a proposé un projet de loi sur l'immigration dont l'un des amendements vise à rendre possible, pour les candidats au regroupement familial, le recours à des tests ADN pour appuyer leur candidature, et rendre plus rapide, au cas où les tests confirmeraient bien la filiation biologique entre personnes, les formalités permettant le regroupement.

 

Cette disposition a provoqué un tollé à gauche et des haut-le-cœur chez certaines personnalités de la droite, dont des membres du gouvernement, qui la trouvent déplacées voire choquante (comme Christine Boutin - non, c'est la disposition qui est choquante pour Mme Boutin, pas Mme Boutin qui est choquante, enfin pas sur ce coup-ci).

 

[Note : Cet amendement a été retoqué par la commission des Lois du Sénat la veille de la publication de cet article. Ceci dit, Jean-François Copé maintient que la majorité des parlementaires de droite y sont favorables.

http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20070926/tts-france-immigration-adn-parlement-ca02f96_1.html ]

 

Pourquoi ce projet de tests ?

 

Il faut noter qu’à la base, ces tests seraient facultatifs, et non imposés à tous les candidats au regroupement familial.

Selon Mariani lui-même, ce projet a pour but de répondre à la flambée des fraudes à l’immigration. Dans de nombreux pays de départ, de faux états civils sont produits et d’autres sont contrefaits pour soutenir des candidatures à l’immigration en France, au titre du regroupement familial, dans les consulats français. Ce qui génère, selon le député, des délais d’attente de plus en plus longs pour tous les candidats, aussi bien les sincères que les fraudeurs.

Alors, en permettant des tests ADN (aujourd’hui pour 300 euros, moitié moins d’ici six mois selon Mariani), la loi ferait que des enfants ou parents réels d’un immigré en France pourraient être reconnus comme sincères par les consulats, qui pourraient alors accélérer leur procédure d’émigration.

            L’une des premières objections a été : et que faites-vous des enfants adoptés ? Des familles recomposées ? Des familles sans enfants, où il n’y aurait qu’un conjoint –sans consanguinité- à se porter candidat au regroupement ? Mariani rétorque : et bien pour eux, il y aurait toujours le certificat d’adoption, l’acte de mariage, etc… Bref, des documents qu’il faudra toujours que les consulats vérifient.

            En fait, cette loi créera, pour les enfants biologiques d’immigrés, un avantage par rapport aux enfants adoptés, en matière de rapidité de procédure, du moment que leurs parents paient le prix du test.

            En étant gentil, naïf, « pragmatique »,  « ouvert » on pourrait se dire : qu’y a-t-il de diabolique à permettre une amélioration de la situation d’une partie des candidats (les enfants biologiques), si cela ne détériore pas celle des autres (les enfants adoptifs) ? Ca crée une inégalité ? Vous voudriez donc, que, parce qu’on ne peut pas faciliter les choses pour tout le monde, on ne le fasse pour personne ?

 

Entre les lignes …

 

            En étant moins confiant, ou plutôt en étant un « gauchiste aigri », « sectaire », fermé aux « réalités », on peut trouver à ce projet nettement moins de « bon sens » ou de « bonnes intentions » qu’il n’en a l’air.

            D’abord, dans un contexte d’encombrement des consulats par des demandes de regroupement familial, le test ADN « facultatif » risque de devenir « fortement conseillé ». Une famille qui refuserait d’y procéder, et pas seulement pour raisons d’argent (le test est à la charge du demandeur de rapatriement) comme nous le verrons, verra sa bonne foi mise en doute, et sa demande classée dans le « non-prioritaire » par les consulats.

            Ensuite, ce projet de loi ne devrait « gêner que les fraudeurs », comme le disent ses partisans. J’en doute beaucoup. S’il existe en Afrique une industrie de la contrefaçon de documents officiels (état-civils entre autres), il peut très bien se reporter sur les certificats d’adoption. Des candidats fraudeurs pourront alors toujours produire de faux certificats, et ainsi ne pas avoir à se faire reprocher de refuser des tests ADN. Cependant, me dira-t-on, si les consulats voient apparaître une forte hausse du nombre d’enfants qui se prétendent adoptés et revendiquant le regroupement, alors ils se douteront bien qu’il y a fraude. Et bien justement : cela installera un soupçon supplémentaire contre les enfants adoptifs, soupçon dont les vrais enfants adoptifs feront les frais. Donc, contrairement à ce que nous disions plus haut, ces tests ADN, en plus de ne pas vraiment être « facultatifs », ne vont pas seulement faciliter les procédures des enfants biologiques sans aggraver la situation des enfants adoptifs ; les enfants adoptifs risquent bel et bien d’avoir plus de mal à être regroupés que les autres.

            J’espère me tromper, et que les suppositions que je fais quant au comportement des consulats français seront fausses. Mais si ces consulats ont bien une mission de filtrage des fraudeurs dans le regroupement familial, alors il est normal qu’ils aient des soupçons vis-à-vis de familles qui refusent de donner des preuves comme le test ADN, ou vis-à-vis d’un afflux de certificats d’adoption d’origine douteuse.

            Ensuite, il y a toujours de bonnes raisons pour qu’un parent refuse de faire payer un test ADN à son enfant supposé pour qu’il accède plus facilement au regroupement. Comme en parlait Philippe Val dans Charlie Hebdo (il ne dit pas que des conneries…), il se peut très bien qu’un test révèle, contre toute attente d’un père, que l’enfant en question n’est pas de lui. Alors les autorités françaises pourront conclure à une fraude, même si l’enfant faisait réellement partie de la famille. Et il est vrai qu’un immigré en France peut très bien faire passer un test ADN à un candidat fraudeur au regroupement familial, que le résultat du test infirme –évidemment- la parenté, que les fraudeurs prétendent qu’ils n’en savaient rien, etc… Comment réagiront les consulats ? Faudra-t-il taxer de fraude les enfants adultérins, en plus des enfants adoptifs ? Faudra-t-il tout de même accorder le regroupement, ouvrant une brèche aux fraudeurs ?

            On me dira : « On pratique déjà des tests ADN pour prouver la parenté de deux personnes, dans des cas d’héritage par exemple… ». Sauf que si un test infirme la parenté entre un enfant et son père supposé dans un cas d’héritage, c’est seulement l’héritage qui est remis en cause, pas le fait que l’enfant adultérin soit bel et bien un membre de la famille, famille qui ne se définit pas que par le lien biologique. Dans une affaire de regroupement familial, nier qu’un individu fasse partie d’une famille suite à un test ADN revient à casser la famille, alors que le regroupement familial est justement fait pour garantir le droit à une vie familiale.

 

Les français sont pour ?

 

            Parmi les arguments idiots des « vrais français » qui défendent le projet, outre le fait que les « gauchistes  immigrationnistes » seraient des « irresponsables vivant aux frais de la société » et autres vomissements anti-gauchistes, on trouve des sondages comme quoi 70% des français seraient pour ce projet ! Mais qui a été instruit des termes de ce projet, qui a pris le temps d’y réfléchir ?

            Sur le site de l’INED, on peut trouver les arrivées immigrées par motif d’admission (http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/france/flux_immigration/motif_admission_2003/). Les personnes enregistrées dans le regroupement familial comptent officiellement pour moins de 20.000 cas. Mais on trouve aussi 26.000 autres entrées pour « famille d’étranger » et plus de 54.000  « famille de français ». Ce qui signifie donc que pour plus de la moitié des personnes qui entrent en France pour raisons familiales, il y a au moins une personne de nationalité française dans cette famille (ou ménage).

             

            A lire en plus : « Cinq idées reçues sur l’immigration », François Héran, INED

http://www.ined.fr/fichier/t_telechargement/5209/telechargement_fichier_fr_397.pdf

LA PETITION CONTRE LES TESTS ADN PAR "SAUVONS LA RECHERCHE"
http://tmp.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1625

Partager cet article
Repost0
29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 20:17

Article modifié de 2011 à 2015, sans grand changement du propos.


Résumé : faire financer les facs par des entreprises privées est une curieuse manière de donner leur indépendance aux universités. Et l’augmentation des frais d’inscription, même compensée par des bourses, n’est pas non plus le meilleur moyen de responsabiliser universités et étudiants sur leurs actes. Faire financer les établissements du supérieur par leurs anciens étudiants, comme c’est partiellement le cas aux USA, n’est pas une mauvaise idée, sur le plan de la justice sociale comme de la responsabilité.

 
           Cet article n’a pas pour but de commenter l’ensemble des dispositions de la loi dite « d’autonomie des universités », seulement de la question de l’évaluation et du financement des universités.

L’un des articles du texte de loi prévoit que les universités françaises devront publier des statistiques sur leurs « performances », notamment sur l’insertion professionnelle de leurs anciens élèves. Beaucoup d’établissements le font déjà. Mais une simple distinction sur la situation d’emploi ou de chômage des anciens étudiants n’a pas en soi beaucoup d’intérêt : on voit difficilement pourquoi une université se vante de ce que ses étudiants, un an après leur sortie du cursus, ont au moins le mérite de ne pas être chômeurs… Ce qui compte, c’est davantage la qualité des emplois obtenus, leur lien avec les disciplines étudiées, leur niveau de responsabilité et de rémunération…or le problème qui va se poser est : quel crédit accorder à ce genre de mesures? La situation des étudiants après leurs études ne peut être considérée sans tenir compte de leur niveau avant d’entrée à l’université. Des statistiques brutes ne peuvent donner qu’une image tronquée de la réalité. En même temps, il est très difficile de savoir quel était le niveau réel des étudiants avant d’entrer à l’université, parce que ceux-ci peuvent très bien changer leurs habitudes de travail en bien ou mal- dans leurs études supérieures, et révéler un niveau inférieur ou supérieur à celui dont ils ont fait preuve au lycée.

Des bourses aux frais … d’inscription (bon ok, je sors…ah non c’est mon blog)

              Cela m’amène au sujet des augmentations de droits d’inscriptions et des bourses. Les partisans des hausses de frais d’inscription les justifient par le sous-financement (bien réel) des universités françaises. Et arguent que cette hausse des frais n’aurait que peu d’impact sur la justice sociale puisque chaque étudiant « méritant » pourrait recevoir des bourses, publiques ou privées (comme aux USA) pour financer ses études.  

 Mes réactions sont :

                 -si l’on doit compenser l’augmentation des frais universitaires par une hausse des bourses publiques (même si elles ne couvrent pas totalement cette hausse, en concurrence avec des bourses privées) : cela ne revient-il pas à faire croître le financement des universités provenant directement de l’État ? La question n’est pas de savoir s’il faut augmenter le financement des universités (c’est une nécessité) ni si l’État devra s’y mettre (on peut difficilement s’en passer à court terme), mais plutôt : plutôt que de compenser les hausses de frais par des bourses, ne pourrait-on pas augmenter directement les dotations des universités versées par l’État plutôt que d’augmenter les frais d’inscription ?        

 

-qu’est-ce qu’un lycéen « méritant » ? Selon quels critères doit-on verser une bourse ? Des critères de pauvreté ? Mais si l’on augmente drastiquement les frais d’inscription, le nombre d’étudiants qui auront besoin de bourses s’accroîtra d’autant, il faudra donc revoir ces critères également. De plus, être pauvre ne fait pas de vous quelqu’un de méritant. Les résultats scolaires ? C’est un critère litigieux, puisque le mérite n’a de sens que vu comme comparaison entre les moyens dont on dispose et les performances auxquelles on aboutit. Certains lycéens ont mis beaucoup plus d’efforts à avoir simplement leur bac tandis que d’autres décrochaient des mentions les doigts dans le nez. Et si un lycéen décroche son bac sans gloire avec le minimum d’effort ? A-t-on le droit de lui refuser une bourse ? Pourquoi devrait-t-on pénaliser un lycéen qui aurait choisi le plan de carrière suivant : une scolarité lycéenne tranquille et sans éclat, suivie d’un travail acharné après le bac ?

 Pour être vraiment juste, il faudrait distribuer des bourses d’État à un nombre croissant, voire très rapidement croissant de gens. On en retourne à la première réaction : et pourquoi pas simplement une hausse des financements d’État au lieu des hausses de frais d’inscription ? La réponse n’est pas très difficile : par le système des tarifs élevés et des bourses, les inscriptions d’étudiants font jouer la concurrence entre universités.

Concurrence et financement

La notion de concurrence n’est pas en soi diabolique. Dire qu’elle va faire disparaître toutes les filières « non rentables » (sciences humaines, arts, etc…) n’est pas évident. A titre d’exemples, les universités américaines, dont certaines sont privées, n’en comportent pas moins des chaires prestigieuses d’humanités. Les universités peuvent utiliser une partie des hausses de frais sur des filières prisées (droit, sciences économiques, sciences) pour financer d’autres filières moins courues.

  
                La hausse des frais d’inscription n’est qu’un moyen envisagé par nos « réformateurs » pour améliorer le financement de nos facs faméliques. Vient aussi la création de « fondations », alimentées par des legs, héritages, donations diverses… On peut y voir une privatisation déguisée des universités. Privatisation acclamée par certains parce qu’elle permettra d’intensifier les partenariats université-entreprise.

Question : sans faire de sectarisme, sans nier l’intérêt scientifique de la coopération entre universitaires, étudiants et professionnels, il n’en reste que ces coopérations n’ont de sens et de crédit que tant que les partenaires sont indépendants. Une faculté qui devrait ne serait-ce que quelques centièmes de son budget à une entreprise privée avec laquelle elle travaille peut-elle vraiment décider de rompre son partenariat dès que celui-ci perd de son intérêt scientifique ? Et plus encore s’il y a avait ne serait-ce qu’une fraction du « capital » des universités qui pouvait être détenu par ces mêmes entreprises… A la limite, ce risque peut être évité si l’université a des propriétaires et des financements très diversifiés, si elle est très réputée et peut facilement retrouver d’autres créanciers…ou si elle se trouve elle-même ses revenus hors des frais d’inscription.

Les universités américaines ont, par exemple, des structures de financement et de propriété très diverses. Certaines dépendent des états, d’autres sont des fondations indépendantes. Elles peuvent recevoir des dotations d’états, mais aussi recourent largement :

-aux dons, mécénat ; une partie de ces dons proviennent des anciens étudiants, surtout dans le cas d’universités les plus prestigieuses ;

-mais aussi aux placements de ces mêmes universités, dont elles ne dépensent (normalement) que les intérêts.  

Le système britannique est quant à lui basé sur des prêts, qui ont largement remplacé le financement d’État en 1997/1999.

 
De bonnes solutions ?


           Ces différents moyens (dont certains sont très difficilement transposables en France comme les placements massifs des universités US) sont-ils vraiment les meilleurs pour :

-responsabiliser les étudiants ? (puisqu’il est question de dégraisser les filières « à chômeurs » ou « bouchées ») ;

-stimuler les universités à améliorer la qualité de leur enseignement ?

-les rendre véritablement indépendantes ?

Comme je l’ai déjà dit, faire financer, même en partie, les universités par les entreprises ne les rend pas indépendantes. Jouer sur la popularité d’une université (qui recevra donc plus d’étudiants) pour récompenser ses efforts n’est pas non plus l’idéal. Un étudiant qui s’inscrit dans une université en raison de sa bonne réputation (beaucoup le font aussi par nécessité géographique) le fait parce qu’il a entendu des commentaires sur cette université, parce qu’il a lu des statistiques (qui sont de toute façon un exercice délicat comme je l’ai dit au début de ce texte). Ce n’est que lorsqu’il sera sorti de cette université qu’il pourra constater les effets sur sa scolarité.
                Quant aux étudiants qui auront à rembourser un emprunt, on se retrouvera toujours avec ceux qui auront une famille pour rembourser, ceux qui ne l’auront pas et ceux qui se retrouveront en incapacité de paiement. Et l’effet sur la « responsabilisation » de l’étudiant est aussi discutable : le fils de famille aisée pourra toujours s’offrir des années d’études inutiles dans des filières qui ne lui procureront pas d’emplois, aux frais des parents. Quant à une bourse, bien qu’elle incite l’étudiant à plus de réflexion sur ses choix, elle peut toujours être gâchée suite à une mauvaise information de l’étudiant, et bénéficier à un établissement qui ne le mériterait pas.

L’Université financée par sa progéniture…


            Faire payer aux anciens étudiants les frais de leur scolarité passée est, sous plusieurs angles, une meilleure idée que les bourses ou la hausse des frais :

-parce que les anciens étudiants sont les mieux placés pour connaître l’effet qu’a eu sur eux l’enseignement universitaires, bien mieux que les statistiques ;

-parce qu’elle évite à l’étudiant modeste/qui aurait manqué une bourse de payer de lui-même ses frais au moment de l’inscription : il pourra le faire lorsqu'il se sera construit une situation grâce à ses études;

-parce qu’elle l’invite à réfléchir à son orientation.  

Mais encore faut-il réduire le risque qu’un ancien étudiant traversant une crise financière passagère se retrouve avec un problème insoluble, comme dans le cas d’un emprunt à rembourser. 

Alors comment articuler une alternative ?  

L’idée pourrait être de contraindre le nouvel étudiant à prendre des « parts » du financement futur de l’université, sous forme d’une fraction de votre revenu gagné dans une série d’années futures. Concrètement, si vous êtes l’un des étudiants s’inscrivant en 2007 à l’Université Théodule, vous assumez (basiquement), votre contribution au budget d’une université en 2017, ou 2022 par exemple (mais pas forcément Théodule…) en reversant x% de votre revenu de cette époque. Bien sûr, on simplifie : il y a aura toujours du financement d’État pour réduire cette part, et celle-ci variera en fonction de la filière, selon la situation que vous pouvez espérer de votre cursus – ou sera majorée par solidarité avec les filières « non rentables ».

Cette « part » signifie que l’étudiant devra donc contribuer au financement futur des universités. Mais il y aurait deux étapes de financement. En 2017, tous les anciens étudiants de l’Université Théodule ayant souscrit des engagements pour 2017 lors de leur inscription devront d’abord contribuer librement, avec la possibilité de verser leur argent à une autre université. Passé une certaine date, les contributions non versées devront aller à un fond national qui répartira ses ressources entre toutes les universités de France.

Question : pourquoi cette phase de contribution libre ? Pourquoi ne pas passer directement aux factures ? Parce que la première étape permet aux anciens étudiants d’exprimer ce qu’ils pensent de leur ancienne faculté.

Ainsi, des étudiants globalement mécontents de l’enseignement reçu (désavantagés au travail, ou ayant réalisé la pauvreté du contenu théorique) peuvent décider de ne pas payer volontairement et d’attendre massivement la période où ils y seront obligés. Ou de verser à d’autres universités. Cette situation traduirait une mauvaise réputation de l’université par ceux-là mêmes qui l’ont connue. Elle entraînerait aussi l'obligation pour l'université d'emprunter pour combler ses retards de recettes.

Bien entendu, cette formule peut faire penser à un prêt classique…sauf qu’ici, le versement correspond à un taux fixé dans le revenu. Un ex-étudiant aux finances précaires ne se retrouvera pas avec la charge d’une somme fixe à retourner. Cela indique aussi que l’université doit veiller à la réussite professionnelle de ses étudiants.

Aussi, l’étudiant d’un milieu aisé devra attendre l’âge où il sera normalement indépendant pour payer ses études. A 30 ou 40 ans, il aura moins de chances de disposer du soutien de ses parents pour payer son ancienne faculté – les parents peuvent toujours placer une somme en attendant…Mais un étudiant modeste, et même qui aurait eu une scolarité moyenne au lycée (et donc pas forcément de bourse), est libre de s’inscrire où il veut et de se construire une situation qui lui permettra de faire face aux contributions.

L’Université se retrouverait, elle, à vivre de ce qu’elle a produit, à savoir les situations de ses anciens étudiants. Ce qui la rendrait tout de même plus indépendante que si elle doit vivre des intérêts que portent sur elle des entreprises ou des mécènes privés. Elle devrait affronter la sanction de ses étudiants avec certes du retard, mais au moins s’agirait-t-il d’une sanction réelle, qu’on ne pourrait compenser avec des articles de presse ou des dépliants statistiques favorables.  

 

Le financement d’État ne disparaîtra bien sûr jamais, mais pourrait devenir minoritaire, et avoir pour principal rôle la réduction des disparités régionales et à majorer les financements des filières « en difficulté ». Au moins les principaux contribuables de l’enseignement supérieur seraient ceux qui en auraient bénéficié. Un autre vecteur de justice sociale serait d’étendre ce mode de financement aux classes préparatoires et aux Grandes Écoles… 

Partager cet article
Repost0
25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 13:00

         Après trois mois s'absence (pendant lesquels le nombre de visiteurs sur le site n'est jamais tombé à zéro à mon grand étonnement), petite mise à jour du blog suite à la mise à jour, il y a quelques semaines, du site.

         Ceux qui auront connu le site depuis quelques mois au mois, et notamment la partie programme, auront remarqué sur la nouvelle version (enfin s'ils partent de la page principale), que les deux programmes proposés ont été inversés.

         Le programme de sortie de l'économie de marché (http://www.pourlecommunisme.com/VII%20Un%20programme%20Communiste%20-%20Programme%20alloc.pdf) est désormais mise en avant par rapport à la collectivisation dans le cadre de l'économie de marché ( http://www.pourlecommunisme.com/VII%20Un%20programme%20Communiste%20-%20Programme%20éco%20marché.pdf).

         Les raisons de ce changement sont multiples:

        - il faudrait, pour que ce programme soit applicable, surtout pour ce qui concerne l'épargne, une très forte majorité électorale (comme celle qu'a Chavez au Venezuela). Ce n'est pas impossible, mais ce n'est pas ainsi que nous commencerons en France.

        -sans être aussi bureaucratique qu'une économie planifiée ni qu'une économie privée farcie de lois comme le rêvent les antilibéraux, ce programme me semble encore trop peu souple, et les moyens possibles pour contrecarrer une fuite des capitaux sont trop incertains;

        -ce programme est encore trop dépendant de la "création de richesses" vue par les partisans de l'économie de marché. Obtenir des dividendes d'entreprises collectivisées, surtout si elles ne sont pas gérées par l'Etat, est possible, mais le risque est toujours au final de ne pas trouver les sommes attendues.

          Alors je fait passer en priorité le programme qui semble a priori plus complexe, mais qui ouvre sur une économie plus souple et libre que tout ce qui existe actuellement, plus juste aussi. J'invite les lecteurs qui ont un peu de temps à le lire.

http://www.pourlecommunisme.com/VII%20Un%20programme%20Communiste%20-%20Programme%20alloc.pdf

 

Partager cet article
Repost0
16 mai 2007 3 16 /05 /mai /2007 21:56

Lassé de me faire insulter hebdomadairement par Philippe Val, éditorialiste de Charlie Hebdo, qui ne peut blairer ni les communistes ni les électeurs du Non au TCE du 29 Mai 2005, j'ai décidé d'envoyé cette lettre à redaction@charliehebdo.fr. C'est long, certes, mais pas plus saoulant que les pavés de Val.

Je tiens d'abord à préciser que pour Philippe Val, pour ceux qui ne lisent pas Charlie, la gauche se divise entre les crétins (communistes, alters, bref, tous les partisans du Non au TCE) et les "traîtres", nom qu'il se donne ironiquement à lui-même et aux sociaux-démocrates en général, qualifiés de "sociaux-traîtres" par les communistes d'antan.


valnecro.jpg

(Ce dessin de Faujour provient de cette page : http://www.presselibre.net/article21.html)

A Monsieur Philippe Val;

 

Permettez-moi de vous adresser le bonjour ;

Pour me présenter, laissez-moi seulement vous dire que je suis un « crétin ». Je suis en effet membre du PCF. Non, pas un débris septuagénaire pour qui le goulag est une invention de la CIA, mais un jeune militant de 22 ans qui n’a pas été subjugué par le charme de la sociale-démocratie.

Je vous écris car cela fait bientôt 7 ans que je lis Charlie Hebdo. Et avec cette désagréable impression de me faire de plus en plus insulter en lisant les pages 2 et 3 de votre hebdomadaire. Et plus encore depuis un certain 29 mai 2005, allez savoir pourquoi.

Passons sur votre style. On m’a déjà dit que j’écrivais trop long (et c’est sans doute le cas dans ce message), mais j’ai trouvé en vous un maître en la matière. J’ai rarement vu quelqu’un aligner autant de métaphores et de pavés pour restituer deux ou trois raisonnements tout ce qu’il y a de plus banals, sur deux colonnes voir plus. Ceci dit, vos raisonnements sont parfois bons, parfois pathétiques. En bref, le propre d’un être humain.

 

Venons-en au cœur du sujet. Donc le monde de gauche se partage en deux camps. D’un côté, les « traîtres », c’est-à-dire les éclairés, les sociaux-démocrates, donc ceux qui cherchent à agir dans le domaine du possible, ceux qui ont refusé la barbarie bolchevique au congrès de Tours. Ceux qui ont fait avancer les droits des femmes, des homosexuels, les libertés politiques, la réduction du temps de travail, etc… Et surtout qui sont partisans de l’Europe, cette Sainte Europe qui nous protège de tout, de la guerre, de la dictature, et bientôt du marché mondial «ultra-libéral ».

De l’autre, les sous-doués ou « crétins ». Ceux qui ont applaudi Staline, Lénine, Mao, Pol Pot, Hoxha, et aujourd’hui Chavez (et tant pis si ces régimes sont très différents entre eux, si les supporters des uns n’étaient pas ceux des autres, s’il n’y a pas de Goulag au Venezuela, cela intéresse également peu Agathe André lorsqu’elle mets à égalité le Venezuela et l’URSS). Ceux qui n’ont de projets viables que dans un monde rêvé. Ceux qui n’ont jamais rien fait dans les démocraties, et qui, lorsqu’ils étaient au pouvoir ailleurs, n’ont engendré que des catastrophes totalitaires.

Vous ne cessez de rejeter le « Bien et le Mal », vous refusez la « pureté ». Mais tout compte fait, le clivage que vous dressez dans vos colonnes ressemble furieusement à la dichotomie des bons et des mauvais, de l’intelligence contre la connerie.

Vous simplifiez le présent et le passé à un rythme hallucinant, transformant vos argumentaires en série d’amalgames difficilement supportables, aboutissant quasiment au terrorisme intellectuel. 

 

         Commençons par l’Europe. Ah, que ne lui devons nous pas ! Sans elle, guerres, totalitarismes, ruine économique ! Les suisses, norvégiens et islandais doivent vraiment faire partie d’une branche maudite de l’humanité pour avoir refusé tous ces bienfaits…Et le mythe originel : après 1945, dans une Europe dévastée, les Pères fondateurs auraient décidé la réconciliation franco-allemande, qui aurait créé la paix en Europe. Désolé, mais je n’en crois pas un traître mot. La paix en Europe de l’Ouest depuis 1945 est due à ce que la France comme la RFA, ravalées au niveau de puissances de second rang après la division de l’Allemagne et l’effondrement de l’empire colonial français, n’avaient plus aucun intérêt à entrer en guerre, surtout alors qu’elles étaient intégrées à l’OTAN et que la puissante Armée Rouge veillait à l’Est. Rappelons que la RFA n’était pas indépendante avant 1949, qu’elle a eut des troupes franco-anglo-américaines sur son sol pendant des décennies. Rappelons que la France a dû consacrer ses ressources à ses guerres coloniales –qu’elle pouvait difficilement financer seule, sans aide américaine. Rappelons que l’appartenance à l’OTAN signifiait qu’au cas où un pays attaquait l’autre, tous les autres membres de l’OTAN (dont les USA et le Royaume-Uni) devaient assistance au pays agressé. Et ensuite la France acquit l’arme nucléaire. En bref, la guerre franco-allemande est techniquement impossible depuis cinquante ans, sauf à avoir des dirigeants fous furieux à côté desquels Hitler aurait paru un homme raisonnable. Cela veut aussi dire que la construction de la communauté ni de l’Union Européenne ne sont pour quoi que ce soit dans la paix en Europe depuis cinquante ans. On ne fait pas la paix avec des traités, ni celui de la CECA ni de Rome en 1957. A tous ceux qui le croient, je voudrais rappeler le Pacte Briand-Kellogg, qui en 1927 proclamait la guerre « hors-la-loi » ! Douze ans après…

La paix depuis cinquante ans au niveau européen (sauf en ex-Yougoslavie…) vient du fait qu’il est inintéressant de s’attaquer les uns les autres : on n’a jamais fait la guerre pour le charbon de la Ruhr ou le fer de Lorraine, c’est économiquement stupide car une guerre coûte beaucoup plus que de devoir importer les ressources dont on a besoin. La France et l’Allemagne se sont combattues pour être la première puissance européenne et mondiale, ce qu’elles ne peuvent plus être depuis 1945. Mais aussi, disons-le, nous devons beaucoup à l’équilibre de la terreur.

Quant à la démocratie, c’est encore plus clair : aucune dictature n’est tombée grâce à la CEE ou l’Union Européenne. Les dictatures franquiste, salazariste, des colonels grecs ou du bloc de l’Est sont tombées d’elles-mêmes, et bien avant que les peuples en question sachent s’ils allaient entrer dans la CEE/UE ou pas.

 

Passons sur la protection que « l’Europe » nous garantirait la protection face à la mondialisation « ultra-libérale ». Là encore je n’en crois rien. D’abord car la mondialisation est assez peu « ultra-libérale ». Oui, c’est un communiste qui vous le dit. Les réglementations, impositions, interventions des états sont toujours très élevées dans le monde développé, et s’accroissent en Chine ou en Corée du Sud. On s’imagine aussi que les pays d’Europe de l’Est sont tous devenus « ultralibéraux » après 1989, ce qui est faux : ils sont devenus capitalistes, mais des pays comme la Pologne ou la République Tchèque ont des dépenses publiques qui restent très élevées (43% du PIB en République Tchèque, 43% en Pologne, 49% en Hongrie). Quant aux délocalisations, bien qu’elles restent un problème à traiter, elles ne représentent qu’une minorité des causes du chômage en France.

Le discours contre « l’ultralibéralisme » (dragon imaginaire, même aux USA) sert à gauche, au PS comme au PCF, à masquer que l’on a renoncé à lutter contre ce qui existe vraiment : le capitalisme, l’exploitation, l’absence de démocratie économique, qui coexistent très bien avec un étatisme élevé. Ce discours « antilibéral », qui n’a proposé que de relancer les politiques sociales-démocrates en plus fort (semaine de 30 heures, hausse du SMIC…), le PCF vient encore d’en faire les frais, avec la « Gauche populaire et antilibérale » de Buffet.

 

Pendant la campagne sur le Traité Constitutionnel Européen, si certains dans le camp du Non se sont ridiculisés en dénonçant le plombier polonais ou l’entrée de la Turquie, en revanche, personne n’a parlé du terrorisme intellectuel social-démocrate. Par exemple ce spot du PS qui annonçait que sans le TCE, la France serait bientôt obligée de supprimer tous ses services publics et protections sociales pour survivre dans la compétition économique. C’est ridicule : nous ne pouvons de toute façon concourir en termes de coûts salariaux avec la Chine ou l’Inde, et personne ne voudrait en France travailler pour des salaires sud-asiatiques. Seule la productivité et l’innovation peuvent nous servir, et pour cela la suppression des services publics n’est d’aucune utilité, bien au contraire. Ou plus encore, Jack Lang qui déclarait peu avant le référendum qu’il y avait deux arguments pour voter Oui : Airbus et Auschwitz. Airbus, car ce serait une réussite due à « l’Europe », ce qui est un mensonge : Airbus est une création des états britannique, français, allemand, mais décidée avant même l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE, et sans consulter initialement les italiens, pourtant fondateurs de la CEE, ni le Bénélux. Aujourd’hui, Airbus est un groupe dont l’activité est largement transcontinentale. Mais le pire concerne Auschwitz : il fallait comprendre que refuser la constitution européenne, c’était ramener l’Europe sur la voie des chambres à gaz…Les électeurs du Non étaient donc soit des nazis conscients, soit des idiots utiles du nazisme. Rien que cela valait de voter Non, pour refuser le terrorisme intellectuel déjà ancien (et paraît-il que si nous avions voté Non à Maastricht, nous aurions eu la guerre avec l’Allemagne…).

 

J’ai voté Non, non pas, comme vous l’écrivez, en rêvant d’un monde merveilleux hypersocial qui devait naître de la victoire du Non. J’ai voté Non pour conserver la souveraineté de mon pays. Oui, cette souveraineté qui vous fait vomir, qui va vous permettre de m’assimiler à Le Pen et De Villiers. J’ai aussi plein de points communs avec ces deux personnages : je bois, je mange, je vais aux chiottes, je respire…Je souhaite être gouverné depuis Paris plutôt que Strasbourg. Car cette démocratie européenne qu’on nous a proposé ne pourrait que fatalement être moins démocratique que la France actuelle (ce qui n’est déjà pas fameux). On n’a que deux exemples de démocraties couvrant des centaines de millions d’individus : les USA, où deux partis concourent seuls au pouvoir, avec quasiment les mêmes idées, sauf quelques désaccords en termes de politique extérieure et de mœurs. Et sinon l’Inde, véritable catastrophe, où l’on vit en moyenne 63 ans, nettement moins que dans les dictatures chinoise et vietnamienne, à l’histoire pourtant nettement plus agitée.

 

La démocratie n’est pas indéfiniment élastique. Plus on l’étend à de grandes superficies et populations, plus elle devient l’affaire de professionnels bénéficiant de moyens financiers élevés, et dont les opinions se recoupent. Et si tous ces élus prennent une décision catastrophique, tout le continent en paie le prix. Si la France fait une politique catastrophique ou géniale, les autres pays européens sauront s’ils doivent ou non l’imiter. Et qu’on ne me ressorte pas des problèmes « qui ne peuvent être traités qu’au niveau européen ou mondial » comme le réchauffement climatique : le protocole de Kyoto est de toute façon insuffisant pour stabiliser ce réchauffement, il vaudrait mieux que quelques états décident de prouver qu’on peut vivre correctement en émettant nettement moins de gaz à effet de serre, en sortant de la civilisation de l’automobile individuelle par exemple. L’exemple serait beaucoup plus fort que d’exiger un rabais de 5 à 10% des émissions à tel ou tel pays, USA ou pas.

 

A une Europe fédérale, je préfère une Europe cyclique, où chaque état pourrait souverainement décider, à échéances régulières, s’il s’associe à un gouvernement commun de plusieurs états ou s’il retire ses billes, considérant que la politique commune précédente a été mauvaise. Les européïstes ne voient que le côté progressiste d’une politique menée ensemble par 27 états. A 27 on est plus forts, disent-ils…Ils n’entrevoient jamais la possibilité que les 27 fassent une énorme connerie ensemble, qui serait beaucoup plus forte elle aussi. Le minimum de la liberté et de la raison me semble être de donner à chaque nation le droit de se retirer de la coopération lorsqu’elle lui semble mal menée, et qu’il ne parvient pas à convaincre les autres de changer de cap. Sinon on tombe dans les pires caricatures du marxisme, où l’on fait le bonheur des peuples malgré eux…

 

Et s’il vous plait, pas de nouveau délire sur la « haine des élites »…Je n’ai rien contre nos « élites », je veux au contraire leur faire confiance en France, c’est-à-dire les mettre à l’épreuve en leur retirant l’excuse du « on ne peut rien faire au niveau national ; il faudra en parler à nos partenaires européens, etc… ».

 

A propos de marxisme, passons brièvement sur les autres affirmations que vous avez pu lancer sur les gauches européennes. La « bonne gauche » sociale-démocrate serait responsable du rétablissement de la démocratie et des libertés publiques (en fait rétablies par les communistes, gaullistes, et alliés britanniques et américains en 1945), des progrès en termes de mœurs (alors que comme vous le savez, c’est Giscard qui a validé des avancées comme le droit à l’IVG). Elle a aboli la peine de mort en 1981 (très rarement appliquée dans la décennie précédente…). Elle aurait réduit le temps de travail, alors que beaucoup de pays l’ont fait, y compris les USA jusqu’en 1980, sous l’effet de la hausse de la productivité. Et il faudrait aussi s’apercevoir des aberrations qu’ont parfois pu créer les 35 heures, et chercher un mode plus intelligent de partage du travail. Vous postez cette gauche « progressiste » comme étant la défense des femmes et des « pédés » (il y a aussi beaucoup de femmes et d’homosexuels au PCF, à la LCR aussi, savez-vous…).

 

Vous oubliez aussi que la gauche sociale-démocrate française s’est retrouvée impliquée dans toutes les guerres coloniales françaises, qui loin de leur but « démocratique » (combattre les staliniens du VietMinh ou les terroristes du FLN) n’ont fait que saigner des pays, les diviser avant de dérouler le tapis rouge aux mêmes FLN ou VietMinh. Vous oubliez surtout que les gauches sociales-démocrates d’Europe, en Allemagne surtout, ont refusé de lancer la révolution et les sabotages industriels en 1914, pourtant seule façon de s’opposer réellement à la guerre, surtout en Allemagne, Russie et Autriche, principaux pays provocateurs du conflit.

 

Alors bien sûr vous répondrez « mais si c’était pour se retrouver avec les soviets et le goulag, non ! »…En oubliant qu’une grand partie de la Terreur bolchevique a eu lieu pendant la guerre civile déclenchée par les blancs (et non pas avant, n’en déplaise aux auteurs du Livre Noir du Communisme…). Il ne s’agit pas de pardonner les nombreuses exactions des bolcheviques. Mais, comme tous les anticommunistes, vous mettez à la suite les actes de Lénine et Staline, comme si cela formait une litanie commune et inévitable. Comme si Staline n’avait pas pris des décisions qui ne revenaient qu’à lui seul, sans que cela fasse partie d’un plan élaboré par Lénine.

 

Faire la révolution en 1914 n’aurait pas forcément mené aux horreurs du stalinisme. Personne ne peut le prouver. En revanche, ce qui est sûr, c’est que ne pas la faire a coûté huit à dix millions de vies à l’Europe. Et les sociaux-démocrates y ont une lourde responsabilité.

Alors oui, vous avez raison, la sociale-démocratie rejette la « pureté » que vous détestez tant. Mais elle est plus « impure » que vous ne le pensez.

Et cherchez bien les cadavres dans les placards de votre camp avant de fouiller ceux des autres.

En tout cas, mon placard personnel est vide. J’espère que c’est le cas pour vous aussi.

En vous souhaitant cependant une bonne journée, dans ce malheureux pays qui ne compte que 20-25% de sociaux-démocrates éclairés et trois quarts d'imbéciles de droite ou de mauvaise gauche;

 

 

Post-Scriptum: les scores des partis du Non le 22 avril 2007 ne signifient nullement qu'aujourd'hui les français approuveraient le TCE. Il est ridicule de croire que tous les électeurs de Royal et Sarkozy voteraient Oui si on leur reposait la question aujourd'hui. 

 

 

Partager cet article
Repost0
5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 19:30

Je poste un petit (enfin…) article avant le second tour, pour parler pêle-mêle de ce que j’ai pu entendre dans ces deux semaines…


Le débat Royal-Bayrou


           Je suis peut-être idiot, mais je ne vois pas en quoi l’idée d’organiser un débat Royal-Bayrou après le premier tour (et donc l’élimination de Bayrou) était « immorale », comme l’ont répété les lieutenants de Sarkozy durant les jours qui ont précédé ce débat. Bayrou ne prétendait nullement briguer la présidence, mais simplement s’exprimer comme chaque citoyen a le droit de le faire. Et le débat Royal-Bayrou ne dérangeait en rien le débat Sarkozy-Royal d’hier. Mais la France semble être devenue un pays où il est si difficile de débattre que deux débats en deux semaines semblent une tâche insurmontable.

 

            Ainsi, Rachida Dati, porte-parole de Sarkozy, se plaignait que ce débat Royal-Bayrou allait « prendre les électeurs en otages ». Otages de quoi ? Privés de quoi ? De Robien avançait ce superbe sophisme sur Canal+ : 57% des électeurs du 1er tour auraient voulu un duel Sarko-Royal, donc Bayrou n’a pas à s’exprimer entre les deux tours. C’est doublement idiot : on ne vote pas pour un duel mais pour un candidat, lors du premier comme du second tour d’une élection. Personne, le 22 avril, n’a voté pour Royal-Sarkozy (ou le contraire). Il est donc inepte et sans signification de cumuler les voix de Royal et de Sarkozy du 22 avril pour en déduire quoi que ce soit.

            Ensuite, redisons-le, François Bayrou avait totalement le droit de s’exprimer, même s’il était éliminé. Et cela était même nécessaire, car les électeurs ont besoin de savoir pour quoi ils voteront s’ils élisent Ségolène Royal le 6 mai. Elle ne gouvernerait pas seule mais avec un exécutif et une majorité parlementaire, qui serait peut-être une coalition PS-UDF. Ceux dont le vote peut être affecté par ce genre de nouvelle ont tout à fait le droit d’en être averti.

            Et rappelons qu’il n’y a, au final, même pas eu d’alliance ni de rapprochement entre Royal et Bayrou, seulement une discussion avec des points d’accords et d’achoppements. Qu’il n’y a là aucune « magouille politicienne ». Que personne ne prétend que Bayrou est le propriétaire de ses voix, ni que les électeurs de Bayrou du 22 avril encourraient une quelconque obligation découlant des actes de leur candidat du premier tour. Royal et Bayrou n’ont fait qu’esquisser une offre politique. Je préfère de loin cette manière franche de pratiquer la démocratie aux grands discours sarkozystes sur le « rassemblement des français ». Tiens, pour ceux qui aiment les additions électorales comme De Robien : 68.82% des suffrages ne sont pas allés à Sarkozy le 22 avril ; au nom de quoi prétend-t-il rassembler le peuple français ? Personne ne rassemblera tous les français, ni Sarkozy ni Royal. Le premier, en tout cas, ne sera jamais mon président.


Diabolisation de Sarkozy ?

  
          Que beaucoup, à gauche, aient concentré leurs attaques sur Sarkozy, sa personne, le supposé danger qu’il représenterait, c’est un fait. Qu’il y ait eu un « matraquage » anti-Sarko, c’est risible, d’autant qu’en France la majorité de la presse est de droite, et que ce « matraque antisarkosyste » doit être mis en rapport avec le matraquage pro-Sarkozy et autour de Sarkozy qui est revenu plusieurs fois pendant ces cinq ans. Des journaux à grands tirages comme Le Point ou L’Express lui ont consacré de fréquentes unes ; les médias télévisuels ont très largement relayé son activité, surtout en 2002 (date à partir de laquelle j’ai commencé à cesser de regarder la télévision)…

 

 

           Mais il est vrai qu’à force de centrer le discours sur lui, en lui donnant des superlatifs (« ultralibéral » -qu’il n’est pas, « ultrasécuritaire »…), on a, à gauche, renforcé son image, même par effet de répulsion.


Bientôt Silvio Sarkozy ?


            Il aurait été pourtant plus simple de s’attaquer à son programme, en faisant un rapprochement qui n’a rien de diabolisant : de fait, de par ses idées et ses projets, Nicolas Sarkozy ressemble beaucoup à Silvio Berlusconi. Beaucoup plus qu’à Margaret Thatcher ou Ronald Reagan dont il ne partage pas la ferveur pour le libéralisme théorique. Un candidat qui propose un programme estimé à plus de 50 milliards d’euros par le site debat 2007 (cf. plus bas) tout en promettant de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires (à 44.4% du PIB actuellement) n’est pas un candidat libéral, mais populiste. Et c’est dans un sens ce qui s’est produit avec Berlusconi en Italie, avec des ressemblances fort troublantes entre l’action gouvernementale du Cavaliere et le programme actuel de l’UMP :

 

            -la suppression de la fiscalité sur les héritages et successions ;

            -l’assouplissement des procédures de licenciement (loi Biaggi) ; après le CNE de De Villepin, Sarkozy envisage quant à lui un contrat de travail unique ;

            -le gouvernement Berlusconi a également augmenté l’âge du départ à la retraite (mais davantage compréhensible dans un pays à la démographie catastrophique). Avec Fillon comme l’un de ses principaux lieutenants, Sarkozy ne peut que renforcer la « réforme » des retraites françaises initié en 1993 puis 2003.


           
La défiscalisation des heures supplémentaires ne se retrouve pas chez Berlusconi, mais les italiens n’ont pas, de leur côté, adopté les 35 heures que Sarkozy veut faire disparaître de fait.

Quel fut le bilan de la politique de Berlusconi ? En aucun cas une croissance renforcée, mais systématiquement plus faible que la croissance française. En revanche, le nombre d’emplois a plus fortement progressé en Italie qu’en France (+7.8% en Italie contre +5.2% en France sur la période 2001-2006). Mais en s’accompagnant d’une réduction du produit réel par emploi, puisqu’en Italie l’emploi a progressé plus vite que le PIB réel ! Il ne faut pas non plus oublier que le gouvernement italien a également régularisé des centaines de milliers de personnes (avec un solde migratoire italien subitement très élevé en 2003-2004, à plus de 500.000 personnes, contre 350.000 au plus en 2002 et 2005). Ces régularisations ont également accru les statistiques de l’emploi, en mettant à découvert des postes qui autrefois restaient dans l’économie parallèle, puissante en Italie.

            Et l’un des faits marquant du quinquennat Berlusconi fut qu’à force de proposer baisses d’impôts et hausses de dépenses, la dette publique repartit en 2005 et 2006 à la hausse, alors que les gouvernements italiens consacrèrent leurs efforts à diminuer ce poids colossal pendant des années. Entre 1995 et 2004, la dette publique italienne connut une diminution constante, de 124% du PIB à 103%, avant de revenir à près de 107% en 2006…

           Nicolas Sarkozy propose de baisser les prélèvements obligatoires de 4 points, alors que nos déficits cumulés couvrent déjà 4 points du PIB, et que le coût de son programme est estimé à 61 Mds d’euros et 54 Mds si l’on y inclue les économies auxquelles Sarkozy prétend (non-remplacement de fonctionnaires, franchise médicale…) On pourra bien sûr objecter « la croissance paiera »…sauf que lorsque l’on fixe des mesures comme « 3% du PIB à la recherche » (mesure louable en soi), le coût augmentera d’autant plus que le PIB augmentera, de même qu’il faudra revaloriser les revenus sociaux, que les exonérations fiscales progresseront aussi en valeur avec la croissance.

[Une estimation du coût des principaux programmes est donnée sur www.debat2007.fr; http://www.debat2007.fr/index.php?id=lespropositionsde00 pour Sarkozy, http://www.debat2007.fr/index.php?id=505 pour Royal dont le programme est estimé à 60 Mds d’euros et 45 après les nouvelles recettes prévues par le programme PS]


           
Cela fait des années que l’on sait qu’on ne relance pas la croissance d’un pays de taille moyenne comme la France ou l’Italie en déséquilibrant le budget. La France de Sarkozy ne sera pas fasciste, mais sans doute pas non plus le lieu l’un miracle économique et social.

            J’aurais plutôt tendance à dire qu’avec Sarkozy, le futur de la France sera le passé de l’Italie.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 00:21

         Au cas où je ne l’aurais pas déjà fait dans ce blog, je voudrais répondre à ceux qui demanderont encore et encore : « mais pourquoi n’y a-t-il pas eu d’alliance antilibérale ? ». Tout simplement parce que la plupart de nos « partenaires »  ne le voulaient pas. Les trotskystes n’ont pas du tout cette conception des élections. Pour eux, les élections ne doivent pas être vues comme un moyen de prendre le pouvoir, mais comme une tribune pour « conscientiser » les travailleurs. En cela, ils suivent les préceptes de Lénine. Mais le contexte de la France en 2007 est très différent de la Russie du début du XXème siècle. La prise du pouvoir par les armes est non seulement non souhaitable mais totalement improbable. Quant à une grève géante pour prendre le pouvoir, on n’a pas d’exemples de gouvernement communiste qui ait pris le pouvoir ainsi, sauf temporairement et localement la Commune de Paris (qui n’était pas communiste).


        Mais de tout cela, les trotskystes se moquent. Lorsque vous demandez à un militant LCR ou LO (si vous arrivez à en rencontrer) comment ils comptent gagner les élections, certains vous répondront que ce n’est qu’une vue de l’esprit. Si vous demandez pourquoi LO et LCR n’ont pas fait une seule candidature, ils vous diront : « parce que nous n’avons pas le même électorat ». Argument idiot : le PS et l’UMP ont des électorats bien plus divers et ne font pas trois candidatures pour autant. Mais si l’on quitte la perspective de gagner les élections pour voir les élections comme une simple tribune, alors effectivement l’argument à un sens : plus de candidatures, c’est plus de temps de parole, plus de tracts, de professions de foi, de médiatisation. Cela peut permettre à un mouvement complètement marginal (la LCR avant 2002) de se faire un nom avec son poulain (Besancenot). Le but ? Je l’ignore en vérité. Sans doute est-ce d’accroître l’autorité de chaque parti trotskyste dans le « mouvement social ». Ou simplement de faire carrière dans la dénonciation du capitalisme sans aucun passage à l’acte.


        Cela explique pourquoi LO a présenté la candidature de Laguiller dès 2006, suivie par la LCR qui choisissait en majorité de soutenir Besancenot, n’acceptant le « rassemblement antilibéral » qui si le PCF renonçait à toute alliance avec le PS (bref, à condition que le PCF devienne une LCR bis…et dire que ces gens se disent anti-impérialistes, et donnent des ordres à leurs « camarades »). Quant au Parti des Travailleurs, c’est simplement une LCR ou LO qui n’a jamais trouvé son ou sa bonne candidate, médiatique et charismatique comme Besancenot ou Laguiller. Alors il tente, sur des créneaux qu’il croit libre, comme le « candidat des maires » Schivardi. Avec le résultat connu.

Quant à Bové, c’était à l’évidence une candidature de punition contre le PCF. Mais j’ai déjà trop écrit dessus.

 

         Il est donc temps que les électeurs de la « gauche de la gauche » comprennent qu’il n’y aura jamais d’unité tant que les trotskystes seront trotskystes, et que la gauche qu’est le PCF n’est pas celle de la LCR. En votant LCR, on croit voter rouge, mais on se retrouve à voter blanc au final.

 

 

 

Partager cet article
Repost0