En lisant le projet du PS, on y trouve bien davantage de vacuité et de conceptions erronées que de propos réactionnaires. Un exemple, concernant les retraites :
« En poursuivant la réforme «Balladur» de 1993, la loi «Fillon» de 2003 a programmé l’abaissement du niveau des retraites et n’en garantit même pas le financement. Elle sera abrogée. Son remplacement fera l’objet d’une large négociation. La retraite à 60 ans doit demeurer un droit.
Sécuriser et rendre plus juste notre système de retraite repose d’abord sur la croissance et l’emploi. Faciliter l’entrée des plus jeunes dans la vie active, ou encore organiser la seconde partie de carrière des plus âges y contribueront. C’est à ces conditions que les arbitrages pour définir les règles de partage de l’allongement de l’espérance de vie entre la durée de la vie professionnelle et celle de la retraite pourront être trouvées. »
[Projet du parti socialiste, partie II]
Selon Royal et ses affidés, la croissance peut nous contribuer à nous tirer du bourbier du financement des retraites au XXIème siècle. C’est sans doute faux. A priori, on peut penser que plus la croissance sera forte, plus les salaires et autres revenus du travail augmenteront, et avec eux les recettes fiscales et le montant des cotisations progresseront aussi. Mais c’est oublier que les dépenses risquent elles aussi de progresser du fait même de cette croissance. Tout dépend de l’option choisie :
1) soit l’on décide de ne pas faire progresser les pensions des retraités actuels au même rythme que les revenus actuels du travail, et donc, plus la croissance sera forte, plus les inégalités de revenu entre retraités et actifs se creuseront ;
2) soit l’on décide d’aligner la progression des pensions sur les salaires et dans ce cas plus la croissance des revenus du travail sera élevée, plus les pensions devront l’être aussi. Et dans ce cas la croissance n’arrange rien du tout, puisque dépenses et recettes progressent ensemble.
Les réformes passées (dont celle de Balladur en 1993) avaient déjà indexé la progression des pensions sur les prix, et non plus sur les salaires. Les propos de Ségolène Royal comme quoi la croissance soulagerait le problème des retraites ne seront crédibles que si elle déclare ne pas vouloir toucher à l’héritage de Balladur (ce qui n’avait déjà pas été fait sous Jospin).
Une réforme juste des retraites, permettant le maintien des pensions sans trop monter l’âge du départ à la retraite, ne peut se faire qu’avec une montée de la part du PIB consacrée aux pensions. Bien sûr, François Hollande avait annoncé cette semaine une « CSG-retraite », mais il n’est pas difficile de savoir que même en s’en tenant au plan Fillon, le financement des retraites exigeraient quand même une hausse des prélèvements. Mais le PS se refuse à annoncer que pour remettre en cause la réforme Fillon, il faudrait bel et bien une montée nette des prélèvements obligatoires de plusieurs points du PIB.
Le programme du PCF n’est bien sûr pas parfait, mais prévoit au moins la réalité que je viens d’évoquer :
« Le financement de ces mesures [relèvement des retraites, abrogation de la loi Fillon] peut être assuré par une nouvelle politique d’emplois et une mise à contribution des revenus financiers du capital, notamment des entreprises, au même taux que les salaires. »
http://www.pcf.fr/spip.php?article227