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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 22:19

Situation sanitaire


Présentation du système sanitaire cubain


Je vais passer brièvement sur la présentation qui nous a été faite par le Docteur Rodriguez, spécialiste en santé publique, qui fit aux délégués français une présentation dont une grande partie aurait pu être évitée si nous avions tous pris soins de consulter le site du MINSAP (Ministère de la Santé Publique), tout à fait accessible en France. On peut notamment y lire les principes fondateurs de la santé publique cubaine, à savoir la gratuité, la non-discrimination, et la régionalisation, et que ces bases étaient déjà exprimées par Fidel Castro dès 1953, après l’attaque ratée de La Moncada.


Le médecin nous a ensuite rappelé les bons chiffres revendiqués par Cuba, et confirmés par les instances onusiennes (OMS, Office Panaméricain pour la santé, Fonds Mondial pour l’Enfance, ONUSIDA, Programme de Développement des Nations Unies…) : le passage de l’espérance de vie de 60 à 78 ans en 50 ans, la réduction de la mortalité infantile de 60 à 4.7 pour mille naissances vivantes, et il s’offrit également le luxe –visiblement mérité par la santé cubaine- de citer à l’appui un rapport d’un institut suédois. Avec des causes de mortalité comparables à celles des pays occidentaux (maladies cardiaques en premier lieu, tumeurs malignes ensuite, maladies cardiovasculaires), Cuba est « un pays pauvre où l’on meurt comme les riches ».


Cuba s’est inspiré des autres pays du bloc de l’Est en développant un abondant corps médical, décrié comme une absurdité en termes de ressources humaines par les anticastristes, avec 500.000 personnes occupées dans le secteur de la santé, et 60.000 médecins (un pour 151 habitants). Cuba a envoyé de 1963 à 2008 126.000 coopérants à travers le monde, dans de missions dont certaines ont concerné…le Portugal ! En 2009, ils sont toujours 37.000 en mission extérieure.


L’île consacre pourtant une part relativement faible de son revenu (lui-même bas) à sa santé (4% du PIB, à comparer aux 10% de la France ou aux 17% des USA). Ce qui fait déduire rapidement quel doit être le niveau de rémunération de chacun des nombreux médecins (dont les deux tiers sont des femmes). C’est aussi pour éviter des coûts matériels importants que ce système s’est orienté sur la prévention. Le pays compte, en plus de ses hôpitaux, pas moins de 400 polycliniques (dont je reparlerai plus bas), où les médecins travaillent en équipe. Ainsi, une équipe de généraliste y est entourée par un médecin interne, plusieurs spécialistes (pédiatres, gynécologues, etc…) et une infirmière supervisante. Les polycliniques peuvent gérer des situations d’urgences (comme les infarctus du myocarde).

Malgré le principe de gratuité, il existe à Cuba un système de protection sociale, même si le principe du reste à charge (ou ticket modérateur) employé par la plupart des états n’y semble pas développé. A côté du régime de protection des inactifs et de celui des salariés, devrait voir le jour une couverture des travailleurs indépendants. La gratuité totale des soins est cependant conditionnée à la délivrance d’un certificat, dont la distribution abusive peut entraîner l’interdiction d’exercer pour un médecin.


Parmi les questions posées par les français, il y eut des questions relatives à la psychologie (apparemment l’un des sujets d’importance de la santé à Cuba, tant en matière scolaire – avec des classes limitées à 21 élèves et suivies par des psychopédagogues- que généralement, par une commission de prévention sociale). Ou encore sur le handicap, la délivrance des prothèses et des fauteuils étant censée être gratuite comme le reste.


Puis il y eut mes questions. Plusieurs points me taraudaient : l’état des stocks de médicaments, le risque de démotivation des médecins cubains au constat de revenus faibles, et l’existence de cadeaux offerts aux médecins par les patients. Ces sujets d’inquiétude, qui sont en fait des antiennes récurrentes de la contre-propagande des cubano-américains contre le Cuba socialiste, avaient été renforcés par un témoignage de camarade. En effet, un an auparavant, une famille de camarades de la section de Colombes s’était rendue à Cuba au printemps. Et parmi les récits de voyage, la rencontre avec des médecins et des patients qui avaient reconnu que, de temps à autre, un paysan offrait à son médecin un peu de sa production, parfois un cochon, afin de remotiver ledit praticien, ou de passer plus vite dans les files d’attente.


Les réponses du Docteur Rodriguez furent bien sûr rassurantes : en ce qui concerne la pharmacie, Cuba produit elle-même plus de cinq cent médicaments, essentiellement des génériques. Mais certaines substances très spécifiques font défaut, par exemple pour traiter des cancers chez l’enfant. Cuba doit alors les importer d’outre-Atlantique, l’importation des USA étant interdite ! Et dès qu’un médicament a plus de 10% de composants américains, son importation devient problématique. La réponse fut plus épineuse pour le reste de mes questions. Rodriguez dit d’abord que si cadeau il y avait d’un patient vers un médecin (ce qui n’était pas nié), il ne devait pas s’agir d’une pratique lucrative pour le médecin. Pour ce qui est de la démotivation, il me donna une réponse plutôt pertinente, à condition d’être factuellement vraie : sur 126.000 cubains partis en mission de solidarité sanitaire à l’extérieur, 2% ne seraient pas revenus à Cuba (et seraient restés vivre dans le pays de mission, ou partis pour un pays tiers). La réponse est intéressante, en cela qu’elle reconnaît le phénomène que les gens de Miami appellent les defectors, c’est-à-dire les coopérants cubains qui fuient, pour aller ensuite cracher sur Cuba et notamment son système de santé. Si Rodriguez dit vrai, ils sont une petite minorité, qui peut sans doute s’expliquer par des rancœurs personnelles, des désaccords de fond avec la politique de la santé du gouvernement cubain, voire par la corruption (le site Cuba Solidarity Project a rapporté le cas d’un médecin cubain qui avait refusé des offres sonnantes et trébuchantes pour déserter).

Récits de voyageurs


L’un des regrets que me laissera ce voyage sera de ne pas être entré dans un hôpital cubain. J’ai en effet eu le mauvais goût de ne pas être malade durant ce voyage (tourista comprise), alors que plus d’une dizaine de camarades durent être hospitalisés, dont deux pour des infections bactériennes ou tropicales. J’ai seulement pu, au cours de mes ballades, entrer (seulement entrer) dans une polyclinique située juste à côté du Ministère de l’Industrie Légère. Les polycliniques sont des postes avancés du système de santé cubain. Là où j’étais venu, le patient pouvait soit être accueilli en salles d’observation, soit à un laboratoire biologique. Cependant, pour entrer dans un hôpital, j’ai été prévenu qu’il fallait être accompagné d’un(e) cubain(e). J’aurais pu avoir la présence d’esprit de me porter volontaire pour accompagner les camarades hospitalisés, surtout dans le cas de l’un deux qui dut faire trois établissements avant de trouver satisfaction.


Ce qui me tenait à cœur, c’était de me confronter avec les grands poncifs des cubano-américains à l’encontre du système de santé cubain. Celui-ci est censé être gratuit. Les anticastristes prétendent que le patient doit en réalité verser couramment des dessous de table, offrir des cadeaux aux médecins pour passer les files d’attente. Les hôpitaux cubains, dans la prose de Miami, deviennent de véritables porcheries, les médicaments sont absents, ou alors doivent être achetés à des prix que les cubains ne peuvent souvent pas verser. Les hôpitaux qui font la réputation de l’île sont en fait des hôpitaux pour touristes situés pour la plupart à La Havane.


Même en n’étant pas entré moi-même dans un hôpital, j’ai trouvé bien mieux en recueillant les témoignages de mes camarades hospitalisés. En les abordant, je me souvenais d’une camarade qui avait vu des chiens dans un hôpital cubain en 2006 ; je me remémorais aussi les photographies répugnantes de murs garnis de cafards écrasés, ou de diverses autres crasses, vues sur un blog cubano-américain…

Les anciens patients de notre délégation me répondirent tous qu’ils avaient vu des hôpitaux d’une propreté, non pas parfaite, mais tout à fait convenable par rapport à un hôpital français. Ils n’ont pas vu d’animaux, furent-ils invertébrés et à antennes. Une d’entre elle signala juste que les infirmières lui conseillèrent de ne pas laisser traîner ses mains, puisqu’un cas de gale était présent dans l’hôpital.


Leur satisfaction portait sur plusieurs points : d’abord, la rapidité de prise en charge, notamment pour les radiographies, réalisées en moins d’une heure. Les attentes pour les autres soins duraient d’une à deux heures, soit souvent moins que ce qui avait été expérimenté dans le système français. Seul celui qui fit trois établissements, pour arriver dans un hôpital spécialisé dans les infections tropicales, eut à chercher pendant quelques minutes le personnel qui devait le recevoir. Ensuite, pour ceux qui eurent des prescriptions de médicaments, leur faible coût : un tel n’eut que deux CUC à verser quand il aurait dû payer bien plus en France, les autres ne payèrent rien. Plusieurs, notamment ceux ayant souffert d’infections, se virent prescrire de l’eau salée.


Autre point : la plupart des patients qu’ils ont rencontrés dans ces hôpitaux étaient des cubains. Aucun des différents hôpitaux qu’ils ont fréquentés n’était un hôpital pour touristes.

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commentaires

S
Bah, que les dépenses en santé ne représente pas un gros pourcentage du PNB (ou PIB), c'est pas forcément un mal en soi.L'exemple des Etats Unis que tu donnes est à ce titre une parfaite illustration : si ce pays dépense autant (et plus que la France), ce n'est pas parce qu'on y est mieux soigné, ni parce que les médecins gagnent des fortunes (enfin, peut-être), mais c'est surtout parce qu'un système de santé défectueux, privé et mal organisé coute une fortune à une nation.Selon ta description ça a l'air pas mal à Cuba (j'y mets au niveau du Canada, surtout pour les "cadeaux", pratique courante en ces terres froides)
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D
<br /> Ce que je voulais pointer en précisant les 4% du PIB cubain dévoués à la santé, alors que le personnel médical est imposant (500.000 personnes dans le secteur dont 60.000 médecins), c'est qu'il<br /> amène à la conclusion que les médecins cubains gagnent sans doute peu de choses. D'où mes questions au docteur Rodriguez.<br /> <br /> <br />