Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

Vous voulez simplement parler du communisme?

Alors ce blog est pour vous.

 

Communisme communiste révolution réforme capitalisme libéralisme argent entreprise impôt état France Europe URSS Chine USA Monde PCF NPA LCR LO UMP PS Modem élection Buffet Besancenot Laguiller Bové Marx

Rechercher

Archives

25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 03:36

Vendredi 24 Octobre, Greg Oxley et Jérôme Metellus, les deux leaders de l’association La Riposte, pour laquelle j’avais de la sympathie en une époque lointaine, ont commis une critique fort malhonnête du texte alternatif unitaire. Que ce dernier ne puisse pas être paré de toutes les vertus ne m'empêche pas de "riposter" à mon tour. Et je me contiens. 

Vous pouvez lire l'infamie en texte intégral ici: http://www.lariposte.com/Les-textes-alternatifs-du-Congres-du-PCF-Nos-1094.html(Ouais, je sais, pourquoi tu fais pas plutôt un article sur la crise financière, nom de nom, ça te préoccupe pas ? Même un petit article pour dire que les capitalistes, c’est vraiment des enc…, juste pour le service minimum ? Et bien toujours la même réponse : « Atteeeeeeeeeennnnnds !!!!! »)

Note au 26 Octobre: Alors que, depuis deux jours, j'essaie de poster cette réponse sur le site et le forum de La Riposte, même lorsque je ne faisais que préciser le lien, j'ai été censuré. Peut-être suis-je trop violent? J'aurais donc dû donner du "Chers camarades" à des gens qui, en fin de leur texte, nous décrivent carrément comme des partisans des expulsions, des discriminations raciales, des rafles policières de la France sarkozyste?

Note au 27 Octobre: La réponse a enfin été publiée sur le forum de La Riposte, à cette adresse: http://www.lariposte.com/forum/index.php/topic,835.0.html

Ce billet est fort long, alors entrons dans le vif du sujet.

L’objectif du communisme

« Il est vrai que Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps évoque la nécessité de rompre avec le capitalisme. Mais encore faut-il comprendre ce que ses auteurs entendent par là. Car en fait, le programme qu’ils présentent ne contient aucune mesure susceptible de briser le pouvoir des capitalistes. Il ne se distingue pas clairement de celui que défend la direction actuelle du parti, et lui emprunte même ses formules vagues sur l’« appropriation sociale des moyens de production » et les « nouveaux droits pour les salariés » (sans préciser lesquels). »

Déjà ça commence mal. Les « camarades » de La Riposte confondent manifestement la base commune du PCF avec son programme. Alors que le projet du Conseil National se limite à parler d’une « conception étendue des services publics », le texte unitaire (car c’est ainsi qu’il doit être nommé, et pas le texte Gérin-Paris15-Karman, et par opposition au texte de la Riposte qui lui ne ressort d’aucune démarche d’union) aborde la nécessité de l’appropriation sociale des moyens de production et financiers (donc les banques, assurances, établissements de crédit, s’il faut vraiment tout vous dire) comme moyen de s’opposer au capital et à la grande bourgeoisie. C’est vaste, certes, mais justement, la base commune qui sortira du vote des 29 et 30 Octobre sera un texte à amender, et à partir duquel des choix pourront être faits. A l’inverse de La Riposte pose le choix de l’économie planifiée, gonflée de formules verbeuses et floues sur son caractère « démocratique » à tous les étages. Si le communisme est bien la propriété collective des biens de production, il est illogique d’en déduire l’économie planifiée comme le seul mode d’allocation des ressources admissible dans le communisme. Ce serait même aller à l’encontre de la propriété du peuple que d’imposer ce choix, car le même peuple peut très bien préférer des relations marchandes entre entreprises socialisées !

Par exemple, quand La Riposte écrit :

« C’est une forme de société [la société communiste] dans laquelle toutes les grandes entreprises, l’ensemble du système bancaire et toute l’administration publique – c’est-à-dire la direction de l’Etat – sont soumis au contrôle démocratique des travailleurs, à tous les niveaux. C’est la seule façon d’instaurer une planification rationnelle et démocratique de l’économie nationale, au bénéfice de l’ensemble de la société »

Les gens de La Riposte croient-ils que les tares de feue l’économie soviétique tenaient toutes à sa nature non-démocratique ? C’est en partie le cas, mais pas seulement. Ont-ils lus les nombreux ouvrages, témoignages  et rapports relatant les gaspillages sans nom, dûs à de mauvaises allocations de ressources (denrées agricoles pourrissant dans des hangars, coûteuses machines laissées à l’abandon car livrées à des entreprises qui n’en avaient pas besoin, véhicules de fret et trains dispersés sans lien avec les besoins réels de transport à travers le pays…) ? Croient-ils que simplement parce qu’on aurait mis des conseils ouvriers ou autres assemblées du même genre à divers niveaux de la production, on éviterait ces erreurs d’allocations ? Sur ces domaines, la démocratisation de l’économie planifiée peut réduire des gaspillages, pas les éviter complètement ni même les réduire à un niveau acceptable pour la société.

Car il est une critique fondamentale de la planification, formulée entre autres par des anticommunistes tels qu’Hayek, mais pas seulement (des communistes libertaires, autogestionnaires ont pu la formuler aussi) : jamais un Etat, fut-il démocratique, délégua-t-il ses pouvoirs à de nombreux conseils ouvriers, ne saura rassembler autant d’informations économiques que ne peuvent le faire plusieurs centaines de milliers de chefs d’entreprises, de cadres, de vendeurs (traders aussi), et des millions de particuliers que nous sommes.

Une économie planifiée peut-elle prévoir les conséquences du développement des nanotechnologies ? Il y a trente ans de cela, aurait-elle pu intégrer l’informatique dans toute l’économie sans en connaître les développements futurs ? Que de nombreux grands projets industriels qui ont ouvert les voies du progrès de ces technologies et sciences aient été des projets publics ne signifie pas qu’un état puisse planifier l’expansion de ces progrès dans la société toute entière.

Passons également sur une autre ineptie du texte d’Oxley et Metellus, sur les nationalisations de la période Mitterrand : « Par ailleurs, les travailleurs n’avaient pas le contrôle des entreprises nationalisées, dont le fonctionnement et les objectifs ne se distinguaient en rien de ceux des entreprises du secteur privé.  La corruption des dirigeants du Crédit Lyonnais et d’Elf-Aquitaine en est l’exemple le plus criant. » Le véritable problème à l’origine de l’effondrement du Crédit Lyonnais n’est pas tant la corruption que l’irresponsabilité des dirigeants de la banque publique, qui ont cru qu’ils pouvaient effectuer les placements qu’ils voulaient dans la mesure où l’Etat couvrirait toujours les pertes (au contraire d’une entreprise privée classique, contrairement à ce qui est écrit dans le texte alternatif de La Riposte) ! Comment les ripostiens prétendent-ils remédier à la tentation de l’irresponsabilité chez les dirigeants d’entreprises publiques, qu’ils soient des énarques nommés en haut lieu ou des délégués ouvriers ? En se payant de mots avec des formules passe-partout telles que le « contrôle démocratique des travailleurs » ? Comme quoi, messieurs de La Riposte, ce n’est pas parce que l’on glose plus sur ce que sera le socialisme que l’on est plus clair…

Voilà pourquoi la question du modèle économique communiste reste à poser, que la voie du socialisme de marché n’est pas vide de sens et doit être étudiée, comme d’autres projets (cf. par exemple le site www.pourlecommunisme.com...).

Nous abordons ensuite l’une des principales escroqueries du texte d’Oxley et Metellus : la centralisation du personnage d’André Gérin.

« André Gerin est connu pour ses appels à une « révolution ». Mais dans différents écrits, Gerin présente cette « révolution » comme devant bénéficier du concours des « investisseurs » (les capitalistes) et des PME ! »

On voit clairement la différence qui existe entre un maire d’une commune de taille telle que Vénissieux et des professionnels de l’incantation gauchiste. Si la référence aux « investisseurs » est floue, en revanche la mention des Pme et des patrons par Gérin (à supposer que les propos ne soient pas déformés, ce qui ne serait pas étonnant de la part des ripostiens, comme nous le verrons ensuite) est intéressante. Nos grands marxistes du 10ème arrondissement devraient d’abord savoir que la critique communiste ne se fait pas sur l’opposition entre l’ouvrier et l’administrateur responsable de l’entreprise que l’on appelle ordinairement « patron », et qui peut lui-même être un salarié, mais entre ceux qui ne possèdent pas le capital et sont exploités par lui et ceux qui possèdent le même capital (actionnaires physiques ou moraux). Pour les mêmes raisons que celles qui ont été évoquées au sujet de l’économie planifiée, on sait très bien qu’on ne pourra pas socialiser plusieurs centaines de milliers de Pme qui constituent une fraction importante du tissu économique. On peut ensuite discuter de la stratégie qui consiste soit à considérer les travailleurs de Pme (chefs d’entreprise inclus) comme des alliés, ou simplement comme des travailleurs avec qui un gouvernement communiste devra s’entendre (car il ne pourra pas faire autrement). Quand aux investisseurs, notamment étrangers, alors là évidemment une révolution socialiste ne pourra se permettre de leur fermer ses portes. Déjà, l’URSS des années 20 y avait été amenée. Nous n’avons pas besoin de passer par un contexte de guerre civile et de ruine pour nous rendre compte de la nécessité de ne pas s’isoler de l’économie extérieure. Le maire de Vénissieux sait que ses administrés n’attendent pas de lui qu’il déclare la guerre aux capitalistes depuis son hôtel de ville : il doit avant tout leur assurer la sécurité, et ne pas leur compliquer l’accès à l’emploi. A moins bien sûr que les trotskystes de La Riposte ne considèrent que tout investissement capitaliste étranger deviendra inutile après la Révolution, puisque celle-ci ne pourrait qu’être mondiale – selon eux- ?

L’analyse de l’Union Soviétique

Suivons le plan du texte d’Oxley et Metellus : avant d’aborder cette question de l’Union Européenne et d’une vision bornée de l’internationalisme qui semble être la leur, voyons d’abord une de leurs entourloupes intellectuelles favorites, et classique des trotskystes : la thèse selon laquelle l’isolement de l’URSS et le renoncement à la Révolution mondiale seraient responsables de la « dégénérescence bureaucratique » et dictatoriale de l’Union Soviétique.

Alors certes, il y a un lourd défaut dans le texte alternatif unitaire : c’est qu’il attribue le qualificatif de « socialiste » aux pays du bloc de l’Est. Et les ripostiens d’enchaîner : « Le socialisme, c’est la propriété collective (ou « nationalisée »), mais c’est aussi l’instauration d’un contrôle et d’une direction démocratiques, à tous les niveaux de l’économie et de l’Etat, par les travailleurs eux-mêmes. » Soit. Et il est vrai aussi que : « tant que le parti n’aura pas expliqué cette dégénérescence d’un point de vue marxiste [forcément marxiste ?] , on ne convaincra jamais la jeunesse que le communisme ne porte pas en lui le germe du totalitarisme. »

Et voici « l’analyse » des ripostiens :

« Dans les conditions extrêmement difficiles qui existaient au lendemain de la révolution russe, à l’époque de Lénine et Trotsky, la tentative de maintenir la démocratie soviétique a échoué. Cet échec s’explique par l’isolement de la révolution dans un pays économiquement et culturellement sous-développé, dévasté par la guerre mondiale, la guerre civile, les guerres d’intervention et le blocus économique. La révolution s’est épuisée. Dans ces conditions, une bureaucratie a pu se libérer progressivement du contrôle démocratique des travailleurs. Une caste privilégiée et toute puissante s’est formée, sous la direction de Staline. »

Le problème dans tout cela ? C’est que l’analyse de la mort de la « démocratie soviétique » par nos amis ripostiens est fausse, comme l’est l’analyse trotskyste en général. Et donc qu’ils échoueront à convaincre ainsi que le passage au communisme n’est pas porteur de totalitarisme. L’analyse que je vais donner, qui s’appuie sur des faits, risque de me valoir des foudres de tous côtés par mes camarades, et de me voir qualifié d’anticommuniste. Il n’en est rien, il faut juste assumer les faits, voir ce qui est communiste et ce qui ne l’est pas, et ne pas parler de communisme là où il ne pouvait y en avoir, quelles qu’aient été les intentions des acteurs.

La réalité c’est que l’Union Soviétique (ou du moins l’ex-République de Russie, qui ne deviendra URSS qu’en 1922) n’a pas connu de « dégénérescence » dictatoriale « au milieu des années vingt ». Elle était déjà, de fait, dictatoriale dès 1918. Et elle ne pouvait être autre chose étant donné que le pouvoir des bolcheviks était celui d’une minorité du peuple de l’empire russe. Que les bolcheviks aient eu une moitié des délégués des soviets en Septembre 1917 est une chose, d’autant que les soviets ne représentaient pas égalitairement le peuple de Russie. Lors de la seule élection généraliste qui eut lieu en cette époque, pour la création d’une Assemblée Constituante que les gouvernements de Février à Octobre ne surent faire élire, les bolcheviks se trouvèrent clairement en minorité, avec un quart des voix contre une moitié aux socialistes-révolutionnaires. De doctes marxistes pourront nous expliquer que seule devait être comptée l’adhésion de la classe ouvrière, du prolétariat, tandis que la paysannerie (donc la grande majorité de la population) ne saurait être l’avant-garde de la Révolution. Sauf que même avec cela on n’a pas la preuve que les bolcheviques étaient majoritaires dans la classe ouvrière. Et qu’on eut fort peut de temps pour le savoir, puisque la conjonction des soulèvements et invasions contre-bolcheviques (Allemands en Ukraine, Cosaques au Sud, socialistes-révolutionnaires sur la Volga, légionnaires tchèques revenus de Sibérie) en Mai-Juin 1918 fit qu’il n’y eut bientôt plus que des bolcheviques et des S-R de gauche (alliés temporaires des bolcheviques) à siéger dans les soviets. La « démocratie soviétique » était morte dès le début de la guerre civile. Et il ne pouvait en être autrement, et ce n’est pas forcément une critique des bolcheviques. L’une des principales motivations de ceux-ci à prendre le pouvoir était de mettre fin à la guerre mondiale, au contraire des socialistes-révolutionnaires. Le fait que ces derniers furent majoritaires dans les urnes n’était pas un argument suffisant pour renoncer à mettre un terme à la boucherie internationale. C’est une position aujourd’hui « politiquement incorrecte » que d’affirmer  que l’on peut dénier un résultat démocratique et prendre le pouvoir avec une minorité dans une situation aussi grave que celle d’une guerre mondiale. Cependant, elle est moralement soutenable. Il faut cependant reconnaître que, prenant le pouvoir tel qu’ils l’ont fait et dans le contexte où ils étaient, les bolcheviks ne pouvaient pas prétendre construire le socialisme. Car il ne pouvaient prétendre construire une démocratie, fut-elle prolétarienne. Lorsque l’on prend le pouvoir par la force, ce n’est pas « le peuple » ni même la classe ouvrière qui se retrouvera au pouvoir, mais les commandants des forces révolutionnaires (donc la direction du Parti bolchevik) qui ne remettra jamais en jeu par les urnes ce qu’elle a acquis par les armes. Surtout lorsque l’on songe aux (mé)faits qui auraient pu (et dû) être reprochés aux dirigeants bolcheviks après la guerre civile : ouverture de camps d’internement (îles Solovki), répressions massives contre des personnes désarmées (milliers de meurtres commis en dehors des combats, à Astrakhan, en Crimée, et bien ailleurs tel que le révèlent les archives de la Tchéka) ou des soulèvements populaires (répression du soulèvement paysan de la Volga, en 1921, soit après l’écrasement des armés blanches en Russie d’Europe ; répression de Kronstadt), retard criminel dans la reconnaissance de la famine de 1921 (notamment en Volga, où les réquisitions bolcheviques avaient été bien trop lourdes au cours des années précédentes).

Qu’il y ait eu des expériences d’autogestion ouvrière réelle dans l’URSS des premières années, c’est une chose. Elles ne pouvaient être que des épiphénomènes destinés à être happées dans le contrôle bolchevique pour des raisons militaires évidentes. Née de la guerre et dans la guerre, l’Union Soviétique ne pouvait devenir autre chose qu’une dictature militaro-bureaucratique, Staline ou pas. Ce dernier n’a fait que faire changer de niveau à cette dictature, en systématisant la répression et en l’intensifiant par des purges cycliques telles que celles de 1937-1938 ou en généralisant le système des camps. Staline n’a cependant pas créé la dictature soviétique. Et on ne peut pas en vouloir à ceux qui disent que « la dégénérescence bureaucratique de l’URSS, les marins de Kronstadt n’ont pas eu le temps de la voir ». Les écrits de Trotski, quelle que soit la valeur historique qu’on puisse leur donner, ne sont pas moins un témoignage partisan d’un homme particulièrement impliqué dans la violence bolchevique (notamment la répression des déserteurs de l’Armée Rouge, qui furent fort nombreux), et qui n’a bien sûr pas intérêt à se présenter comme tel, ni à confirmer la nature réelle du régime qu’il a contribué à créer.

            Que conclure de tout cela ? Que si l’on veut vraiment expliquer aux communistes potentiels pourquoi la nature dictatoriale de l’URSS ne condamne pas le communisme en tant que projet démocratique, alors il faut, non pas leur raconter les calembredaines trotskystes sur la « dégénérescence stalinienne » –que n’importe quel historien sérieux mettra à terre en cinq minutes- mais leur expliquer que c’est parce qu’elle est née de la guerre que l’URSS ne pouvait qu’être dictatoriale, et non pas parce que les nationalisations, collectivisations et planification (opérations qui eurent réellement lieu dix ans après le début du régime) y auraient assassiné la démocratie ! Ce dont il faut convaincre les électeurs, c’est que voter pour un communiste n’a jamais mené à une dictature, sauf circonstances exceptionnelles (on pense au cas de Béla Kun en Hongrie, qui instaura un régime violent dans une Hongrie assiégée de toutes parts, et alors que la guerre entre les communistes et leurs ex-alliés sociaux-démocrates était ouverte). C’est aussi comme cela qu’il faut comprendre la campagne de désinformation sur le Venezuela : il est absolument inadmissible pour les anticommunistes qu’un président élu sur des prétentions communistes devienne autre chose qu’un dictateur, sinon leurs thèses s’effondrent.

            Deuxième conclusion, immédiate : la théorie selon laquelle « la construction du socialisme dans un seul pays » serait responsable de la « dégénérescence bureaucratique » de l’URSS est totalement bidon.

Le retrait de l’Union Européenne

Mais les trotskystes, eux, l’entendent ainsi, et enchaînent sur la théorie selon laquelle toute volonté de construction du socialisme qui commencerait dans un seul pays serait vouée à l’échec. On en vient à la question également cruciale du maintien de la France ou de son retrait de l’Union Européenne. Et on commence par une des affirmations les plus classiques du brouillage de cartes des européistes de « gauche » :  « une rupture de la France avec l’UE, sur la base du capitalisme, ne résoudrait strictement rien. »

Sauf que personne ne prétend cela. Ce que disent les partisans du retrait de l’UE, c’est que ce retrait est une des conditions sine qua non du changement de société en France. Passons cependant, car on va ensuite vers une des affirmations favorites du terrorisme intellectuel le plus crasse des européistes :

 « En fait, elle aurait [la rupture de la France avec l’UE] pour conséquence immédiate de plonger l’économie nationale dans une récession encore plus sévère. »

Mais pourquoi ? Parce que nous rétablirions des barrières douanières ? Ce n’est pas obligatoire. Parce que nous cesserions nos échanges extérieurs ? Ce serait insensé. Enfin, félicitons-nous de ne pas avoir entendu de menace sur une prochaine guerre contre l’Allemagne en cas de retrait de l’UE…  Le texte alternatif unitaire est ensuite accusé de mensonge :

 « Mais surtout, Faire vivre et renforcer le PCF présente d’une façon complètement fausse le rapport entre les institutions de l’Union Européenne et les pays membres. Ce sont les Etats membres – à commencer par les plus puissants d’entre eux, dont l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne – qui dictent la politique des instances européennes, et non l’inverse. L’Union Européenne n’est pas une puissance impérialiste « supranationale » – et ne pourra jamais l’être, d’ailleurs. »

La France serait à la tête de l’Union Européenne, et nous ne le saurions pas ! Mazette ! La réalité, c’est qu’il y a bien une tentative de création d’un état supranational, avec des structures de décisions à la majorité telles que le Parlement Européen. Les ripostiens confondent le fait que des élites politiques françaises, allemandes, britanniques, italiennes… travaillent à créer cette puissance européenne, avec l’idée selon laquelle la France, l’Allemagne seraient, en tant que nations, à la tête de l’Union Européenne… La lutte contre l’idéologie européiste est une affaire interne à chaque nation : les antifédéralistes doivent prendre le pouvoir aux eurofédéralistes dans leur pays respectif.

De même, on a droit à ce beau sophisme : «  Il est vrai que les capitalistes ont profité de la mise en place de l’euro pour augmenter les prix. Ce qui n’est pas vrai, par contre, c’est que la restauration du franc changerait quoi que ce soit. En fait, avec un déficit commercial annuel de quelque 50 milliards d’euros et un endettement public de 1250 milliards d’euros, la réintroduction d’une monnaie française entraînerait une dévaluation très importante de celle-ci, réduisant le pouvoir d’achat des travailleurs d’une façon encore plus sévère qu’avec l’euro. »

Hé, camarades, vous ne vous êtes jamais dit que l’ampleur du déficit commercial français pouvait être lié au cours élevé de l’euro, non, et que l’absence du second réduirait l’existence du premier ? Quant aux dévaluations qu’on nous promet si l’on revenait au mark, franc et lire, ne vous dites-vous pas que si les monnaies européennes sont dévaluées ensemble, le pouvoir d’achat du franc vis-à-vis des monnaies des pays voisins (donc nos principaux partenaires) ne s’effondrera pas ?

Et un autre sophisme pour la route :

« Demander, comme le fait le texte, un « référendum populaire » sur la question d’une rupture de la France capitaliste avec l’Union Européenne, c’est demander un référendum dont l’issue serait négative pour les travailleurs, quel qu’en soit le résultat. Voilà où nous mènent l’aveuglement nationaliste et la tentative de résoudre les problèmes du capitalisme sur la base du capitalisme. »

Là encore, sortir de l’UE est assimilé à travailler sur les bases du capitalisme, alors que c’est le seul moyen de construire d’autres bases…Quoi, la construction du socialisme dans un seul pays ? Seigneur Dieu, quelle horreur ! C’est pourtant la seule base possible. Il faudra déjà un travail très important pour arriver à ce qu’un seul pays européen de taille non négligeable décide de tenter le socialisme. Selon les trotskystes, cela ne suffira pas : il faudra construire le socialisme quand la révolution sera devenue mondiale ! Autrement dit : on ne fera jamais le socialisme, car l’extension de la Révolution au niveau mondial est une voie complètement improbable, du moins tant que les peuples du monde n’auront pas vu un exemple de socialisme viable et démocratique sur lequel prendre exemple. Donc il faut bien qu’il y ait au moins un état qui se jette à l’eau avant les autres, et construise un socialisme dans un seul pays !

« Au final, la position du CN – pour une « Europe sociale » – et celle de Faire vivre et renforcer le PCF – pour la « souveraineté nationale » – constituent les deux faces d’une seule et même erreur : celle qui consiste à vouloir émanciper les travailleurs d’Europe sans remettre en cause le capitalisme. »

Mentez encore, il en restera toujours quelque chose (Goebbels).

            Gérinophobie aigue

Passons maintenant à la partie la plus abjecte du texte ripostien, celle du procès d’intention, visant notamment André Gérin.

« Dans Faire vivre et renforcer le PCF, on trouve le passage suivant : « Cette crise politique est une véritable fracture sociale, les milieux populaires étant enfermés dans l’abstention ou le vote plébiscitaire. Les ségrégations urbaines, sociales, économiques renforcées sont le creuset des replis identitaires et intégristes. Des forces antirépublicaines de toutes origines jouent à la guerre des civilisations. » Ces phrases sont, comme bien d’autres, volontairement vagues, et donc sujettes à diverses interprétations. Quelles sont, au juste, les « forces antirépublicaines » visées dans ces lignes ? Et à quel type d’« origines » est-il fait référence : sociales, politiques, ethniques ? Qui est mis en cause ? Le Front National, les policiers, les habitants des quartiers populaires ? »

Vous jouez tellement bien les idiots qu’on croirait que c’est naturel. Vous ignorez l’existence de groupes communautaristes, aussi bien ceux qui jouent sur la culpabilisation de la nation française (Indigènes de la République par exemple) que ceux qui se basent sur le racisme pur et simple (tels les adeptes de Kemi Seba), ou, sur le bord opposé, les croisés de la lutte « anti-racaille » et contre le « racisme anti-blanc » (Jeunesses Identitaires…). Alors de là à affirmer que nous considérerions les habitants des quartiers populaires comme des « forces antirépublicaines », c’est franchement jouer au c…, et même gagner à ce jeu.

Greg Oxley et son comparse vont ensuite nous infliger leur grand jeu de diabolisation d’André Gérin. Enfin, « grand jeu », je relativise : rien de bien sophistiqué, sinon du bouchage de nez devant des citations où rien n’est raciste ni discriminatoire, où il s’agit seulement des faits tels qu’André Gérin les perçoit et les expose dans ses livres.

« Encore une fois, le texte préfère ne pas en dire plus. Mais ceux qui connaissent un peu la prose d’André Gerin auront reconnu sa marque. Dans Le Monde du 7 décembre 2007, Gerin déclarait : « Dans la “merde” sociale, morale et culturelle s’épanouissent des mafieux, des trafiquants, des intégristes qui profitent du malheur des habitants. […] La gangrène se développe dans le mépris des institutions, de l’autorité, des règles de la République. On l’a vu encore à Villiers-le-Bel : des groupes déterminés attaquent les symboles de la République et instrumentalisent une partie – une partie seulement – de la jeunesse. Or, peu de moyens sont investis pour éradiquer cette gangrène, ces groupes barbares qui terrorisent les quartiers, imposent leur loi et constituent les ferments d’une guerre civile. » »

Et alors, messieurs les ripostiens, qu’est-ce qui vous choque ? Ca n’existe pas, les mafieux, trafiquants, intégristes ? C’est une invention de la droite et du FN ? Leur seule évocation est pour vous du racisme anti-banlieusard ? Si c’est cela que vous pensez, alors c’est bien dans la tête d’Oxley et dans celle de Metellus qu’ont lieu les équations banlieusard=mafieux, intégriste, trafiquant…pas dans celle de Gérin.

On passe un niveau dans la malhonnêteté :

« Sur le même registre, dans son livre Les Ghettos de la République, Gerin écrit : « Voilà des années que je pose cette question au préfet et au procureur : faites partir ces familles pour le bien de tous, et si elles sont étrangères, n’hésitez pas à les expulser. Je suis en effet pour des méthodes radicales, fortes, qui donnent l’exemple. » En d’autres termes, Gerin défend la non-individualisation des peines. »

Le minimum, avant de faire cette citation, serait d’abord de préciser de quelles familles parle André Gérin. S’il s’agit de familles où un délinquant avéré et multirécidiviste reçoit le soutien et la couverture du reste de la famille, alors oui, il est juste de considérer les membres adultes de cette famille comme complices, car c’est ce qu’ils sont.

 « Il évoque également l’existence de « nébuleuses que l’on cerne mal mais qui, à l’évidence, sont organisées d’une manière internationale. Beaucoup de choses se tiennent : ici un trafic de choses volées, là un “kebab” douteux, des adultes à l’air louche qui déambulent la nuit ». » 

Mon Dieu ! On suggère l’existence de kebabs louches ? Gérin est donc assurément raciste anti-turc. Ou anti-hellène pour ceux qui ont l’habitude de « se faire un grec ». Décidément, dès que l’on décrit les banlieues autrement que les rêvent Oxley et Metellus, on viole leurs tabous gauchistes…

« Prenons un dernier exemple. Beaucoup de gens connaissent le discours raciste que Chirac a prononcé, le 19 juin 1991, devant 1300 élus. [Je saute, car tout le monde peut retrouver ce discours]. Or, voici ce que Gerin dit de ce discours, dans son livre : « Prenons le débat sur l’immigration. Droite et gauche ont agi de la même façon depuis trente ans en noyant le poisson ou en évitant de dire la réalité. On a refusé de reconnaître que des différences importantes existaient dans les modes de vie, les cultures et les traditions entre le monde musulman et la culture judéo-chrétienne. Tout le monde s’est tu. Après avoir évoqué dans un discours de 1991 les fameuses "odeurs", Jacques Chirac a dû pratiquement se renier et s’excuser d’avoir usé d’un tel terme. Cela lui a valu une campagne de dénigrement incroyable. Pourtant il n’avait dit que la vérité. Mais nous étions incapables de l’entendre. Moi-même j’ai dû dire à l’époque "il parle comme le Front national" ».

La seule chose que l’on peut conclure à propos de Gérin est qu’il pense qu’il y a des problèmes olfactifs dans certains cas de voisinage impliquant des familles immigrées. On pense ce que l’on veut de l’élégance de ce genre de citation, mais : 1) il n’a pas dit, et on ne peut déduire « selon Gérin les immigrés puent en général » ; 2) il ne s’est pas prononcé pour l’immigration zéro ni pour les expulsions massives.

« Ce livre d’André Gerin a été préfacé avec bienveillance par Eric Raoult (UMP), connu pour sa croisade contre la polygamie dans les banlieues, dans laquelle il voit l’une des causes des révoltes de novembre 2005. C’était clairement un appel du pied à l’électorat du Front National. André Gerin est député-maire à Vénissieux. Mais les militants communistes peuvent imaginer quel serait l’impact d’un tel livre – et d’un tel préfacier – si son auteur était le secrétaire national du PCF ! Ce serait un coup terrible contre le parti. »

André Gérin fait préfacer son livre par qui il veut, c’est son problème. Ce qui est soûlant, c’est cet anathème : « il fait du pied aux électeurs du FN ! ». Et alors ? Il ne faut pas récupérer l’électorat FN ? Si Gérin parvenait à détourner une partie de ce vote sans avoir le programme du FN sur l’immigration, alors j’applaudirais ! Mais pour les ripostiens, un électeur du FN doit être privé à vie de ses droits civiques, si l’on comprend bien… C’est votre côté démocrate, non ?

On termine, après les procès d’intentions truqués, sur la résurrection de Torquemada :

«  Quant aux autres « courants » du PCF qui ont participé à la rédaction de ce texte, s’ils ne veulent pas être soupçonnés de complaisance vis-à-vis des idées de Gerin que nous venons d’évoquer, ils doivent dire clairement et publiquement ce qu’ils en pensent. »

Etre obligé de se prononcer sur tout et n’importe quoi, sur des propos qui n’ont rien de fondamentalement scandaleux et qui ne concernent qu’un homme, et même pas dans sa programmatique politique, ça s’appelle l’Inquisition.

Apothéose finale

Je ne commente pas le passage final de la prose ripostienne, tellement il empeste la malhonnêteté au point que, montré à l’air libre, il en dépeuplerait Paris. Voter pour « Faire vivre et renforcer le PCF », c’est carrément voter UMP. Les auteurs de notre texte sont « d’ardents défenseurs » de la politique actuelle de l’Elysée. Que notre République, même si elle a changé de numéro (5ème actuellement), indépendamment du régime économique qui s’y trouve, soit aussi le fruit du combat de nos prédécesseurs, de la Résistance et de nos révolutions, cela passe complètement à côté de ces gauchistes, docteurs ès marxisme qui ont soudainement oublié toute dialectique lorsqu’il s’agit de la nation et de la république, pour préférer l’anathème.

« Si des jeunes et travailleurs « de toutes origines » sont contre la république dont les auteurs de Faire vivre et renforcer le PCF se font les ardents défenseurs, c’est qu’ils ont de bonnes raisons. La république actuelle est une république capitaliste. Elle est réactionnaire et corrompue de fond en comble. C’est elle qui organise les rafles et les brutalités policières dans les quartiers, qui stigmatise les immigrés et pratique une discrimination raciale et sociale flagrante à leur égard. C’est elle qui jette sur le trottoir les gens trop pauvres pour payer un loyer, qui saisit les maigres biens des surendettés, qui emprisonne des familles entières dans des centres de rétention, avant de les expulser. La république actuelle a fait de sa devise une pure hypocrisie. La « liberté » est surtout celle des capitalistes – les fameux « investisseurs et PME » – qui sont libres de licencier, de fermer des entreprises, de les délocaliser, libres de ruiner l’économie, de détruire les services publics, de persécuter les syndicalistes. « L’égalité » est un vain mot. Elle n’existe pas et n’existera jamais sous le capitalisme. Comment peut-il y avoir égalité entre exploiteurs et exploités ? Quant à la « fraternité », elle se réduit, dans cette glorieuse république, à la soumission de l’immense majorité de la population à la volonté et l’avarice d’une poignée de capitalistes et de banquiers.

En tant que communistes, nous sommes, nous aussi, contre cette république. La seule république qui mérite d’être défendue, c’est une république socialiste, dans laquelle il n’y aura ni Bourse, ni capitalistes, ni banquiers, où l’économie ne sera plus soumise aux forces aveugles et destructrices du marché, mais sera organisée consciemment et démocratiquement par la collectivité, et où toutes les manifestations de l’oppression des travailleurs et de la jeunesse seront éradiquées, parce que ceux-ci seront devenus les maîtres de la société. Le socialisme mettra en place une administration saine et démocratique à tous les niveaux, dans laquelle les représentants du peuple, élus et révocables, ne gagneront pas plus que le salaire moyen des travailleurs. Ces principes démocratiques furent inaugurés par les Communards de 1871. Ne valent-ils pas mieux que les « institutions républicaines » actuelles, peuplées comme elles le sont d’arrivistes et trafiquants d’influence, et où les seuls « frais de bouche » pourraient nourrir toute une ville ?

Pour une partie croissante de la base du parti, il est grand temps de rompre avec la dilution réformiste de son programme et de lui donner une orientation révolutionnaire et internationaliste. Le nationalisme, le langage de la « guerre des civilisations » et l’apologie du stalinisme ne répondent pas à cette attente. Le capitalisme est en crise. Il ne peut plus satisfaire les besoins de la société. Au contraire, il est devenu incompatible avec les conquêtes sociales du passé, et impose partout la régression, le déclin. Les communistes doivent proposer une alternative claire aux travailleurs et à la jeunesse. C’est dans ce but que nous leur présentons le texte Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme. »

Je suis jeune, travailleur, et j’ignorerai votre texte.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires