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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

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Vous êtes stalino-maoïste (pardon : marxiste-léniniste-pensée-Mao-Zedong) et voulez écraser la vermine révisionniste que je suis?

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 23:39

On commence avec Mai 68, et l'article que Jérôme Métellus a rédigé pour La Riposte:

http://www.lariposte.com/La-revolution-de-Mai-68-1021.html

 

Une petite évocation des maos français, pour la provoc, juste histoire de me faire taxer d'amalgame entre le mouvement de mai 68 et sa composante de fous furieux maoïstes. Car quand on lit l'article de La Riposte, on se dit qu'il n'y a pas qu'avec les maoïstes qu'on aurait pu avoir chaud aux fesses en 1968 (le "on" désignant la grande majorité des français, y compris les ouvriers grévistes, pas seulement les capitalistes)...


      L’article de Jérôme Metellus que je vous ai indique en lien il y a deux semaines a le mêrite de rendre justice à la grande grève ouvrière de l’époque, la plus grande que la France ait connu, passée aujourd’hui sous silence par de nombreux médias qui ne retiennent que le côté baba-cool, estudiantin, festif, sexuel de l’évènement. Bref, comme le dit fort justement Metellus, « apparemment, 10 millions de travailleurs ont fait grève et occupé leurs lieux de travail pour qu’enfin les garçons puissent aller rendre visite aux filles, dans les résidences universitaires ! ». C’est en effet bien tout ce qui arrange, tant les recycleurs commerciaux de mai 68 (on vend difficilement des t-shirts, des émissions, des films, en hommage à une grève ouvrière) que ses détracteurs (un Finkelkraut ou un Luc Ferry vendra davantage de livres contre la « pensée 68 » - la diversité des courants de l’époque fait sans doute de cette expression une chimère- que contre une grève massive de prolétaires).

 

 

Là où Metellus commence à aller dans le vague, c’est lorsqu’il dit que les capitalistes craindraient à nouveau une mobilisation de type mai 68 aujourd’hui. Non pas que cela soit impossible (celles de 1995 et de 2003 montrent qu’une mobilisation de masse est toujours possible). Cependant, les dernières grandes mobilisations furent défensives, contre des projets du gouvernement, pas pour conquérir de nouveaux droits salariaux comme en 68 ou même renverser le pouvoir. De ce point de vue, la fragilité de la croissance par tête et des gains de productivité, en plus de la désunion du salariat ouvrier, rendent peu probable une grève offensive de l’ampleur de celle de 68. S’il y a une chose que des capitalistes ‘intelligents’, comme le dit Metellus, ont à craindre, c’est plutôt que la politique de Sarkozy ne re-déclenche des mouvements de défense massifs. Le dernier grand exemple, celui de la mobilisation anti-CPE, a aussi illustré la tendance à la désunion du mouvement des étudiants et salariés dès lors que l’objectif premier (le rejet du CPE) fut atteint (et que le CNE resta intact).

 

Sans vouloir reprendre dans le détail la chronologie du long article de Metellus, on constate qu’il égrène les évènements « révolutionnaires » dans son article, des mouvements où se mêlent solidarité envers des étudiants victimes, revendications salariales et refus de De Gaulle (grève générale du 13 mai), puis « l’embrayage » entre le 13 et le 21 mai, et toute une série de mouvements traduisant bel et bien une effervescence dans le pays, mais qui ne prouvent certainement pas que la volonté d’une révolution socialiste par tous les moyens ait été présente chez la majorité de la population. Ainsi l’auteur va jusqu’à incorporer dans la « fièvre révolutionnaire » la demande de certains catholiques de voir remplacer les messes par des débats !

 

Et là où Metellus dérive, comme sans doute ont dérivé nombre de « révolutionnaires » de l’époque, c’est lorsqu’il assimile la réaction d’une minorité (ceux qui crient « Adieu De Gaulle ! » à l’annonce du plébiscite proposé par celui-ci) à une supposée volonté populaire de chasser le Général du pouvoir. Est ensuite évoquée, de la façon la plus bonhomme et sans commentaire,  le fait que des ouvriers des imprimeries auraient pu bloquer la consultation en refusant d’imprimer des bulletins de vote (méthode qui n’est pas sans rappeler les velléités de certains postiers qui, en avril 2002, prétendaient refuser de distribuer les professions de foi de Le Pen pour le second tour ; quoique l’on pense de Le Pen, ces prétentions – non réalisées sans doute- restaient scandaleuses).

 

Que le PCF se soit trompé en disant que la situation n’était pas « révolutionnaire », alors qu’elle l’était pour certains, est une chose. Prétendre sans retenue aucune que les dirigeants de la CGT et du PCF n’avaient qu’à ‘ramasser’ le pouvoir est également une erreur. Dans tout l’article, Metellus ignore, ou tient pour quantité négligeable, le fait qu’une large fraction de la population n’ait pas participé aux évènements, qu’une partie des dix millions de grévistes du 21 mai auraient pu se retourner en cas de tentative de prise illégale du pouvoir, que l’on puisse à la fois faire grève pour des revendications salariales et ne pas vouloir le départ de De Gaulle (ou même que l’on puisse être communiste et respecter De Gaulle, ce qui existait pourtant à l’époque). Le barrage de l’armée est évoqué comme un château de cartes, comme dans la suite de l’article, où un parallèle plus que frauduleux est établi avec la révolution russe de 1917 :

 

« Dans toutes les révolutions, des voix s’élèvent pour tenter d’effrayer la classe opprimée avec le spectre de la violence. C’était exactement l’attitude de Kamenev et Zinoviev, à la veille d’Octobre 1917. Mais au premier choc, les forces « considérables » à la disposition des ennemis des bolcheviks se sont littéralement évanouies. Il est clair qu’il en aurait été de même, en Mai 68. »

 

Ceci ignore complètement que l’appareil d’Etat tsariste s’est d’abord incliné sous une révolution ‘républicaine’ qui ne suscitait pas encore de guerre civile car, hors des tsaristes, aucune tendance politique n’était exclue de ce nouveau régime, puis, au fur et à mesure de l’année 1917, l’état russe se disloqua sous le coup de la pression militaire allemande, puis de la décapitation du pouvoir par un mouvement anti-guerre, les bolcheviks, en Octobre-Novembre. En 1968, la France n’était pas en guerre, ni contre l’Allemagne, ni en Indochine ou en Algérie. Et il ne suffira pas d’évoquer les doutes de Massu, ou la publications de quelques tracts révolutionnaires dans l’armée pour prouver la ‘contamination révolutionnaire’ des troupes. De même, que des soldats refusent de tirer sur des grévistes ne signifie pas qu’ils auraient refusé de tirer sur des putschistes. Car une prise du pouvoir par des « coordinations de comité de grève » (qui n’auraient jamais représenté la majorité des français) s’appelleraient bel et bien un putsch.


Et surtout, Metellus
omet complètement, en plus de l’armée et de la police, la possibilité d’engagement de civils de droite, ou même de gauche réformiste, contre cette éventuelle prise du pouvoir. Les combattants des armées blanches de 1918 n’étaient pas tous d’anciens soldats tsaristes ; les combattants vendéens de 1793 étaient tout sauf des combattants formés.

 

Si Metellus dit que la prise du pouvoir par les grévistes était possible en 1968, il ne peut cependant avancer qu’elle n’aurait pas été sanglante. Ni encore tirer une boule de cristal pour dire que « le renversement du capitalisme, en France, ne déboucherait pas sur un régime de type stalinien : les travailleurs français n’accepteraient pas d’étouffer sous une chape de plomb bureaucratique ». Les marins de Kronstadt non plus, n’auraient sans doute pas voulu d’un régime autoritaire.

 

Au final, l’auteur peut bien écrire que : « ce n’est pas l’armée qui a sauvé le capitalisme français, en Mai 68 : ce sont les dirigeants de la gauche et des syndicats » ; mais de quoi la France fut-elle sauvée ? D’une nouvelle expérience désastreuse, sans contrôle démocratique, qui aurait pu générer sur une ruine de la France, et l’opprobre générale portée sur le communisme en France?

 

Le plus amusant reste la fin de l’article, sur le reflux. Metellus y argue que, par la faute des dirigeants de la gauche française, fut perdue « la possibilité – qui a été gâchée – d’en finir définitivement avec le capitalisme français, ce qui aurait complètement bouleversé le cours de l’histoire mondiale. » Comment un marxiste, qui sait très bien – et qui l’écrit à plusieurs reprises – que les conquêtes ouvrières ne sont jamais définitives, peut prétendre qu’un renversement du capitalisme aurait pu être définitif ? Les cas chinois, soviétiques, et tant d’autres, montrent que le capitalisme ne meurt jamais (le communisme non plus ceci dit). Le capitalisme français aurait toujours pu renaître de ses cendres après un éventuel échec d’un socialisme soixante-huitard. Echec qui aurait eu des chances de se produire, non pas parce que le socialisme serait voué à l’échec, mais parce que son instauration en dépit de la volonté majoritaire n’aurait pu mener, tôt ou tard, à un pouvoir coupé du peuple, qui aurait recentré sur lui les prérogatives économiques tel l’état soviétique, et qui aurait dû gouverner contre le peuple pour perdurer. Il n’y a nul anticommunisme dans ce que je viens d’écrire : il reste toujours une voie, la victoire démocratique, majoritaire et sincère du socialisme.

 

Mais l’avis des citoyens exprimé par un vote intéresse peu certains marxistes. Notamment ceux qui, comme Metellus, sont capables d’écrire que, lorsque les ouvriers de Billancourt huaient les propositions du patronat rapportées par Séguy, « même si les travailleurs n’en étaient pas forcément conscients, ils huaient à la fois les directions syndicales et le patronat, qui formaient un seul et même bloc opposé à la conquête du pouvoir par la classe ouvrière». Plus besoin de dire ce que vous pensez, Metellus le traduit pour vous. Peut importe que cela vous paraisse fidèle ou non. Ce traducteur n’est d’ailleurs pas à un illogisme près, en concluant sur les élections législatives anticipées de 1968, largement gagnées par la droite :

« Un élément décisif de l’équation fut la campagne électorale menée par la direction du PCF sous la bannière de « l’ordre » et de « la loi ». Dans ce domaine, de nombreux travailleurs ont préféré l’original – « l’ordre » gaulliste – à la copie communiste. »

Donc les travailleurs ont quand même voté pour l’ordre, qu’il soit gaulliste ou communiste, mais ils voulaient quand même la révolution. Allez comprendre.

 

Certes, on dira que mes arguments n’ont rien de très neufs, ce sont ceux de la direction du PCF depuis 1968. Et bien justement, cette direction du PCF, je la remercie de ne pas avoir voulu le bain de sang il y a quarante ans, comme de  n’avoir pas lancé une révolution violente en 1945. Après tout qui sait ? Si cette ‘révolution’ avait été lancée, peut-être les leaders autoproclamés auraient-ils fait tomber leur massue sur les trotskystes, et n’y aurait-il eu plus aucune liberté pour une association telle que La Riposte dans cette France-là…

 

 

 

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