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Texte Libre

      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

     www.pourlecommunisme.com est un site qui s'attaque directement aux critiques faites contre le communisme (millions de morts imputés à l'idéal communiste, faillite économique, etc...). Il ne fait la promotion d'aucun régime existant ou ayant existé par le passé, s'efforce de comprendre les faits et de proposer des pistes pour l'avenir.

     Vous êtes anticommuniste et voulez débarasser le monde d'un jeune fou qui, selon vous, risque de faucher à nouveau des millions de vies?

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 10:47

Serov-Lenin-proclaims-Soviet-power.jpg
(Serov, Lénine proclame le pouvoir aux Soviets)

Ah bon ? C’était pas en Octobre 1917? Pourquoi le 90ème anniversaire aurait-il lieu en Novembre ?

Parce qu’en 1917, la Russie tout juste sortie du Tsarisme (depuis Février 1917), appliquait encore le calendrier Julien, qui « retardait » de plus d’une semaine sur le calendrier grégorien appliqué dans le reste de la Chrétienté. La Révolution d’Octobre, dans notre calendrier, commença donc le 7 Novembre 1917.

 

Bien sûr, on ne le commémore pas. Une Hélène Carrère d’Encausse y verrait même le départ d’un régime léniniste dont on préciserait le « terrible bilan : plus de cent millions de morts » (quatrième de couverture de sa biographie de Lénine). Et pourtant non, le régime de Lénine n’est pas responsable de la mort de cent millions de personnes.

 

Plutôt que de faire dans les vivas adressés au bolchévisme, je préfère répondre à quelques questions (au risque de faire redondance avec certaines pages de mon site, comme celle-là http://www.pourlecommunisme.com/Page1556.htm  )

 

La Révolution d’Octobre a-t-elle fait chuter le tsarisme ?

 

Non, le Tsar avait déjà abdiqué lors de la Révolution de Février, qui vit la proclamation de la République de Russie. Mais les forces tsaristes n’en restèrent pas là : notamment le général Kornilov, qui tenta en Juillet 1917 un putsch contre Petrograd (future Leningrad puis Saint-Pétersbourg) qui fut repoussée avec un fort concours des bolcheviks.

 

La prise du pouvoir par les bolcheviks répondait-elle à une demande populaire ? Fut-elle démocratique ?

 

Elle ne fut en aucun cas légale. Mais selon les marxistes, elle était légitimée par le fait que les délégués bolcheviks étaient arrivés majoritaires lors du congrès des délégués des soviets (assemblées locales et démocratiques qui s’étaient répandus dans toute la Russie depuis le début de 1917) en Septembre 1917. Cependant, les soviets n’étaient pas représentatifs de toute la population de la Russie. En Décembre 1917, les bolcheviks au pouvoir firent élire des députés pour une Assemblée Constituante : ils n’obtinrent que le quart des voix, la moitié des suffrages allant aux « Socialistes-Révolutionnairs » (modérés) qui ensuitent combattirent les bolcheviks pendant la guerre civile.

Dans les faits, la révolution bolchevique ne s’appuyait pas sur les souhaits de la majorité de la population de Russie (très largement paysanne). Les bolcheviks étaient peut-être majoritaires au sein de la classe ouvrière, mais je n’en ai pas les preuves. La Constituante fut dissoute en Janvier 1918.

 

Mais comment alors ne pas condamner la Révolution Bolchevique (simple coup d’état selon certains ?)

 

Parce qu’elle répondait aussi à un objectif primordial qui n’allait en aucun cas être défendu par les socialistes-révolutionnaires : mettre fin à la boucherie de la Première Guerre Mondiale. Pour Lénine et les bolcheviks, la solution au carnage qui fit près de dix millions de morts n’était pas de faire gagner le camp des « démocraties » (la France et Royaume-Uni n’étant des démocraties que dans leurs métropoles, et encore, au service des classes dominantes selon la lecture marxiste). Le but était d’enclencher une révolte du prolétariat (la classe ouvrière, celle qui vit de la vente de sa force de travail et non de sa propriété de capital) dans les principaux pays responsables du conflit (Allemagne, Autriche, France…) mais en commençant par un « maillon faible » du « monde impérialiste », la Russie. Seule une victoire révolutionnaire dans plusieurs pays européens aurait pu mettre à terre les autocraties, impérialistes et capitalistes, qui avaient engendré la guerre.

Bien que n’étant pas marxiste, j’approuve cette idée : le seul moyen d’empêcher la guerre aurait été une révolte populaire et prolétaire dans les principaux pays provocateurs du conflit (Allemagne, Autriche, Russie). Pour le cas de la France, étant donné sa faiblesse face au Reich, il aurait été plus dangereux de lancer la Révolution sans que les ouvriers allemands n’aient aussi commencé à le faire. Mais dans l’esprit des bolchéviques, la Révolution, commençant en Russie, n’allait pas tarder à se répandre en Allemagne – ce qui ne fut pas loin de se réaliser après Novembre 1918.

Que les bolcheviks n’aient pas été démocratiquement élus et majoritaires n’est pas le principal problème pour moi. Ils furent du camp de ceux qui pensaient qu’on ne pouvait pas suivre la légalité ni même la volonté majoritaire quand celle-ci a pour conséquence la prolongation d’un massacre européen qui faisait 10.000 morts par jour. Les sociaux-démocrates européens ont pensé le contraire, et se sont donc rendus complices de la Première Guerre Mondiale, ce qui à mes yeux leur retire tout droit de se considérer comme la vertu incarnée. La sociale-démocratie a elle aussi ses placards pleins de cadavres, dans des proportions qui n’ont pas grand-chose à envier au Goulag stalinien. (1)

 

Mais les bolcheviks n’ont-ils pas déclenché la guerre civile qui ravagea la Russie ?

 

Mensonge antisoviétique et anticommuniste (les deux termes n’étant pas synonymes), qu’on peut trouver, entre autres, dans le Livre Noir du Communisme. Dans la réalité, la guerre civile commença en Mai-Juin 1918, suite :

 

-A l’invasion de l’Ukraine par les allemands, en déni du Traité de Brest-Litovsk ;

-A l’insurrection des cosaques du Don, qui seront l’un des premiers relais des armées blanches (Denikine et Wrangel en Ukraine) ;

-Insurrection des « légionnaires tchèques » (prisonniers fait par l’armée tsariste dans les rangs austro-hongrois, qui marchaient vers le Pacifique, et qui se soulevèrent lorsque Trotski exigea leur désarmement), suivie de celle des « socialistes-révolutionnaires », en Volga, qui créent leur propre gouvernement en Volga.

 

          A ceux qui prétendent que ces soulèvements furent « une juste réponse face aux massacres des bolcheviks », précisons qu’au Printemps 1918, l’Armée Rouge n’était qu’un corps de 100.000 hommes, composé de volontaires, soit une force très faible pour un pays comme la Russie. Que la Tcheka, créée en Janvier 1918, n’avait au départ pas de fonctionnement centralisé ; que, selon Nicolas Werth lui-même (dans le Livre Noir du Communisme par exemple), la première véritable vague de terreur bolchevique eut lieu en Septembre 1918, soit nettement après le début de la guerre civile. Non pas qu’il n’y eut aucun meurtre commis par les bolcheviks avant cette date, mais pas de massacres planifiés qui put servir de juste prétexte aux armées blanches.

        Il suffit pour s’en convaincre de constater que la faiblesse de l’appareil militaire et répressif bolchevik était telle en Mai 1918 que, pendant plusieurs mois, les forces léninistes furent refoulées sur tous les fronts. Ensuite, les armées blanches et cosaques eurent largement l’occasion, par leurs pogroms entre autres, de montrer leur fibre « démocratique ».

        Ensuite, pour ceux qui affirment que la politique de réquisitions (et le « Communisme de guerre ») causèrent l’insurrection, rappelons que les premières vagues de réquisitions bolcheviques (qui ne faisaient que reprendre les réquisitions tsaristes) n’eurent lieu qu’à l’été 1917, et ne remplirent qu’une minorité de leurs objectifs, tout en s’accompagnant certes de tueries. Aussi, les bolcheviks n’ont jamais, de fait, interdit les marchés agricoles –c’était de toute façon impossible-, des études récentes (comme celle de Sergueï Adamets, Guerre Civile et Famine en Russie) montrant que les marchés avaient toujours fourni plus de la moitié de l’approvisionnement alimentaire des villes russes.

 

Au total, la guerre civile causa la mort, de 1918 à 1920, de près de dix millions d’habitants de l’ex-Empire russe (selon Adamets ou Andreev), la majorité étant dus aux épidémies répandues par la guerre, plus qu’aux combats (entre un et deux millions de morts), ou aux éxécutions commises par les différents camps : rouges, blancs, verts (paysans révoltés)…

 

Les bolcheviks n’ont-ils pas commis une politique de Terreur massive ?

 

Tout à fait, et elle a fait des centaines de milliers de victimes très probablement, peut-être plus d’un million. Les services de la Tcheka et de l’Armée Rouge archivaient leurs « exploits » en des milliers de rapports que les historiens étudient depuis 1991. Des centaines de milliers de paysans ont été passés par les armes, soit au cours de réquisitions agricoles, soit dans des opérations de chasse aux déserteurs, ou dans des répressions de révoltes paysannes (comme la révolte de la Volga en 1921).

Pour très largement criminelle qu’ait été cette politique (on ne peut cependant pas totalement exclure le recours à des actes de terreur et d’exécutions pour l’exemple lorsque l’on est une armée assiégée), elle n’est pas assimilable à une politique d’extermination qu’on pourrait comparer aux génocides nazis, par exemple.

Il ne faut pas oublier qu’à l’époque où les détachements de l’Armée Rouge réquisitionnaient les paysans –et en tuaient des milliers-, une famine exceptionnelle frappait les villes russes, qui ne devait retomber qu’en fin de 1919, après avoir généré des taux de mortalité énormes (à Petrograd par exemple). Bien que nous ayons vu que les marchés agricoles tournaient toujours dans les faits, et réalisaient plus de la moitié de l’approvisionnement des villes, les réquisitions furent sans doute nécessaire pour atténuer la faim. Autrement dit, il ne faut surtout pas penser que les bolcheviks tuaient sur la base d'un plan d'extermination purement gratuit: il y avait aussi des vies à sauver au travers des réquisitions. Ca ne justifie pas les meurtres de paysans dans leur grande majorité (la Terreur ayant pour but d'appuyer le pouvoir bolchevik), mais les bolcheviks ne pouvaient pas se passer de réquisitionner (ce que les tsaristes avant eux et les armées blanches firent aussi !). Cela n’est donc pas comparable à une politique d’extermination sur simple critères de race ou même de classe.

Voir aussi : http://www.pourlecommunisme.com/Page1556.htm  )

 

Et la famine de 1921-1923 (5 à 6 millions de morts) ?

 

            Il y a indéniablement une responsabilité bolchevique dans cette famine, par le biais des réquisitions, mais elle n’explique pas tout et ne fait pas de la famine un génocide. Voir : http://www.pourlecommunisme.com/Page1473.htm

 

Lourd bilan que celui de la Révolution Bolchevique, quand même…

 

            Chaque acte commis par des humains doit être jugé en lui-même, et pas rattaché à d’autres actes. Par là, je veux dire qu’on peut être d’accord avec la prise du pouvoir par les bolcheviks (même si non-démocratique dès le départ), leur volonté de mettre fin à la guerre mondiale par le soutien aux révolutions extérieures, tout en dénonçant la pratique de la terreur contre les paysans (mais pas seulement eux), ou la gestion de l’agriculture et de la famine. Je considère qu’une révolution contre la guerre dès 1914 en Allemagne, en Autriche, puis en France aurait été justifiée, même si par définition illégale et menée par une minorité. Ne pas l’avoir fait nous a coûté des millions de morts. Et ouvert la porte d’une autre guerre mondiale.

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