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      Ce blog est lié au site www.pourlecommunisme.com, rédigé par un militant du PCF, dans le but de publier plus rapidement des positions et informations liées aux sujets du site. Il est également devenu un blog de suivi (discontinu) de l'actualité du PCF, de réactions à divers sujets n'ayant pas leur place sur le site.

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22 avril 2007 7 22 /04 /avril /2007 16:15

La répression de l’immigration clandestine (qui est une immigration comme les autres, les papiers en moins) et « l’immigration choisie » ayant été des chevaux de bataille de Sarkozy, sans parler de Le Pen et Villiers, je ne pouvais manquer d’y consacrer un article.

 

Tout et n’importe quoi

 

Il entre à peu près 135.000 personnes (chiffre de 2003), légalement, sur le sol français annuellement, selon l’Observatoire des migrations, et le nombre des clandestins est estimé à un demi-million. Cela n’empêche pas d’entendre à peu près tout et n’importe quoi sur les plateaux de télévisions. Ainsi, dans un débat sur France Télévision, quand un intervenant de gauche parlait de régulariser tous les sans-papiers, De Villiers gémissait : « Qui paye ? Ca coûte 34 milliards d’euros». Le vicomte ferait bien d’expliquer un peu ses chiffres : 34 Mds d’euros, c’est l’équivalent de la rémunération d’un million de salariés à 1500 euros nets, cotisations sociales incluses. Ensuite, Marine Le Pen a contesté les chiffres de l’immigration illégale en France, annonçant qu’en incluant les DOM-TOM, il fallait rajouter plusieurs centaines de milliers de clandestins supplémentaires annuels. Le département d’outre-mer, qui, par sa géographie, reçoit le plus de clandestins est la Guyane Française, vu que tous les autres DOM sont des territoires insulaires ; ensuite, Mayotte recevrait également beaucoup de clandestins, de par sa proximité des Comores. Sachant que la Guyane Française compte officiellement plus de 200.000 habitants, et Mayotte plus de 100.000, si ces territoires recevaient réellement des dizaines de milliers ou centaines de milliers de clandestins qui y entraient chaque année, combien de centaines de milliers ou millions d’habitants devraient réellement peupler ces territoires ?

Près de la moitié des immigrants légaux viennent au titre du regroupement familial. Il n’en s’agit pas moins d’une immigration économique, puisque si les pays d’origine étaient au moins aussi riches que la France, on verrait sans doute moins de regroupements familiaux et plus de retour des travailleurs immigrés.

 

Est-il besoin de justifier l’immigration ?

 

Certains, à gauche, se croient obligés de préciser que les pays du Tiers-monde ont été pillés par les occidentaux, états coloniaux comme multinationales, donc nous devons accueillir sur le sol national leurs ressortissants. A droite, les anti-immigrationnistes rétorquent que la colonisation n’a pas été si bénéficiaire que cela (ce qui est vrai), que la colonisation a même eu des effets positifs (déjà plus contestables).

Pour ma part, je ne crois pas que la pauvreté du Tiers-monde soit pour l’essentiel dû aux occidentaux (même si certaines matières premières comme le pétrole ont été longtemps sous-payées) mais aussi largement à leurs gouvernements. Mais je ne crois pas pour autant qu’il faille trouver une quelconque justification élaborée à l’immigration. Toute la rhétorique du FN est basée sur l’idée que la France « c’est chez nous » (qui est le nous ? Croient-ils qu’en tant que français, je devrais me sentir plus proche des gens du FN que des étrangers ?), et qu’il est normal de réserver « pour nous » ce qui est à nous (là encore, ils font comme si la question de la propriété des biens et des revenus n’opposait pas les français entre eux). A cela je réponds que la France n’est pas la propriété des français (et oui), mais un territoire où tous ceux qui passent, et qui s’installent en ont la responsabilité. La France n’est qu’une portion du monde, et il serait anormal que 60 millions de personnes, qui sont là par hasard (alors que tant de peuples se sont succédés sur le sol hexagonal), s’octroient un droit de propriété exclusif et pour l’éternité sur ce territoire. A ceux qui diront « Mais ne nous sommes pas battus pour avoir et garder ce pays ? », je réponds qu’il est normal de combattre des agresseurs venu nous asservir. Mais je n’ai pas de respect particulier pour ceux qui, au cours des guerres passées, ont tué du boche au nom de la gloriole de la Gaule, mais j’ai bien plus de respect pour ceux qui ont affronté l’Allemagne parce qu’elle était fasciste, et non parce qu’elle était allemande.

Tout cela pour conclure qu’il n’y a pas de « France éternelle », mais une communauté mouvante, qu’il n’y a pas de « communauté nationale » dont la France serait la propriété. Il se peut qu’un jour, les occupants (au sens d’habitants) de notre pays décident qu’on ne peut plus en accueillir d’autres, car cela serait humainement impossible. Or, c’est très loin d’être le cas, car nous sommes toujours un des pays les plus riches du monde et où la situation humaine est une des moins graves.

L’immigration, c’est simplement le mouvement de ceux qui sont nés au mauvais endroit (que ce soit la faute de l’Occident ou pas), qui ne peuvent changer la situation de leur pays par eux-mêmes, et qui font ce que nous ferions à leur place : bouger pour travailler et vivre mieux ailleurs. Leur refuser ce droit, « pour donner la priorité au français », c’est juger les gens en fonction de la naissance, avec ceux qui sont bien-nés (au bon endroit) et les autres. Pendant l’entre-deux tours de la présidentielle de 2002, Göllnisch s’indignait qu’on verse des aides à des individus « qui se sont simplement donné la peine de venir ici [en France] » plutôt qu’à des français. Sauf qu’on meurt parfois, pour « venir ici ». Traverser une partie de la planète pour venir en France, c’est un mérite. Etre né en France et français, c’est un hasard, et ça ne doit pas procurer de privilège particulier.

 

Le développement des pays d’origine, une alternative à l’immigration ?

 

Je m’attends tout de suite à des réactions du style : « Petit bourgeois gauchiste salonnard, tu ne connais rien aux problèmes réels que pose l’immigration ! Avec des gens comme toi, on accueillerait toute la misère du monde, et la France serait submergée ! ». Je ne crois pas du tout qu’un jour, quoique nous fassions, nous nous retrouvions à «accueillir toute la misère du monde ». Michel Rocard a dû se croire bien malin en disant dans les années 80 qu’on ne pouvait pas l’accueillir, cette « misère du monde ». Or c’était une connerie, un propos de bistrot. Nous allons voir pourquoi.

La conception la plus courante vis-à-vis de l’immigration est que celle-ci se résoudra lorsque les pays d’origine sortiront de la misère. A gauche, cette idée sert à justifier le fait qu’il ne faut pas réprimer l’immigration, mais aider au développement. A droite, et même à l’extrême-droite, cette idée sert aussi à justifier les positions inverses : si, il faudrait réprimer l’immigration et plus encore l’immigration clandestine, car l’émigration n’est pas la solution pour les pays pauvres, il leur faut le développement et la croissance.

Or cette idée, à court et moyen terme, est fausse. Ce ne sont pas les pays les plus pauvres qui émigrent le plus, ni les habitants les plus pauvres des pays pauvres. Prenons pour exemple l’émigration maghrébine vers la France, sachant que deux tiers de l’immigration légale (et pas moins dans l’illégale) en France est africaine, et surtout du maghreb. En 2003, sont entrés en France presque 30.000 marocains et autant d’algériens, et 22.000 tunisiens. Quelques constats :

-si l’Algérie et le Maroc sont des pays de populations comparables (plus de 30 millions d’habitants), la Tunisie, elle, est trois à quatre fois moins peuplée (dix millions de tunisiens), or ses émigrants vers la France ne sont pas 3 à 4 fois moins nombreux que les marocains ou algériens. La Tunisie a donc le plus fort taux d’émigration légale vers la France, relativement à sa population ;

- la Tunisie est le plus riche des trois pays du Maghreb. Elle a certes un contexte politique pas évident (dictature de Ben Ali), mais l’Algérie n’est pas non plus une démocratie, le Maroc relativement. En regardant les chiffres des années précédentes de l’immigration maghrébine en France, on s’aperçoit aussi que l’émigration légale marocaine n’a jamais été très inférieure à celle algérienne, même pendant la décennie 90, pourtant très sanglante en Algérie.

 

Il semble donc que, contrairement aux a priori, ce ne soit pas les pays les plus pauvres qui émigrent le plus.

 

On pourrait dire que je ne prends pas en compte l’émigration clandestine (mais qui peut, sincèrement, avoir des chiffres fiables dessus ?). Mais d’autres régions du monde semblent confirmer ce que nous avons vu. Ainsi, dans la zone Caraïbe-Golfe du Mexique, les pays qui émigrent le plus vers les USA (seul véritable pays d’accueil) ne sont pas les plus pauvres économiquement, comme Haïti ou Cuba (n’en déplaise aux anticastristes), mais la République Dominicaine, la Jamaïque ou le mexique. Et encore faut-il noter que les ressortissants de ces pays ne peuvent bénéficier du statut de réfugié politique comme les cubains.

 

Quelle conclusion pouvons-nous tirer ? Le développement de l’Afrique, noire en particulier, est bien sûr souhaitable, mais il est sans doute totalement erroné de croire qu’une forte croissance/ développement va réduire l’émigration dans ces pays. Bien au contraire, elle va donner des moyens supplémentaires pour quitter le pays alors que les conditions de vie y sont toujours déplorables. Ce n’est que lorsque ces pays auront atteint un niveau de développement élevé que l’émigration baissera.

 

Ensuite, pour répondre à Marine Le Pen et son engeance ainsi qu’à Rocard, nous voyons que « toute la misère du monde » ne viendra jamais en Europe, tout simplement car elle n’en a pas les moyens. Les réfugiés de Sangatte étaient loin d’être des éleveurs de chèvres irakiens ou afghans, mais souvent des diplômés qui ont fui pour des raisons politiques, mais aussi parce qu’ils avaient un tant soit peu le sou pour le faire. On peut aussi comprendre le bide de la mesure de Sarkozy en 2002 visant à offrir 2000 € aux afghans de Sangatte pour « retourner reconstruire leur pays » (que les forces occidentales, dont françaises, n’arrivent pas à sécuriser) : il y a fort à parier que certains de ces afghans avaient payé plus que 2000 € pour venir. Emigrer légalement, par voie aérienne, terrestre ou maritime, n’est pas gratuit. Emigrer illégalement doit l’être encore moins, les passeurs ne faisant pas dans le bénévolat.

 

Donc, n’en déplaise à Sarkozy, Villiers, Le Pen, mais aussi à Royal, l’immigration ne se résoudra pas dans un avenir proche par le développement, et va sans doute s’amplifier. Ce qui signifie que l’immigration ne peut pas se supprimer, ni se « choisir », sauf à employer des moyens toujours plus brutaux qui ne feront qu’engendrer plus de morts. Sarkozy peut bien nous seriner que « tous les autres pays choisissent leur émigration, pourquoi pas la France ? » . Mais ce ne sont pas des pays comme la Suède ou les Pays-Bas qui retrouvent des centaines de corps échoués sur leurs plages. Et à l’inverse, les pays développés comme l’Italie ou l’Espagne, qui sont directement confrontés à ces arrivées, ont procédé à des régularisations massives de clandestins. Ces pays, pourtant dirigés par la droite (jusqu’en 2004 en Espagne et 2006 en Italie, si on peut dire), ont donc bien dû accepter une immigration qu’ils n’ont pas choisie. 

 

L’immigration ne s’interdit pas, ne se choisit pas : elle se gère. Désolé si ça fait « petit-bourgeois-gauchiste-immigrationniste », mais les alternatives sont vaines et criminelles.

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commentaires

N
BonsoirD'abord, un grand merci pour votre réponse fouillée et intellectuellement très stimulante.Pour ce qui est des valeurs communes, je précise: la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (celle de 1789 mais aussi celle de 1793) présente ce qui me semble être les valeurs communes. Oui, la démocratie est une valeur. Si vous avez mieux, dites-le moi. Elle n'est pas parfaite mais je crois qu'en elle se trouvent les potentialités d'un meilleur avenir. Vous parlez d'exploitation. Je vous répondrai que la République devrait être sociale (c'est marqué dans la Constitution). Elle ne l'est pas. Travaillons à lui rendre cette dimension qui a été abandonnée, afin d'accomplir le projet républicain tel qu'il fut porté par Robespierre et Saint-Just. Oui l'égalité, même formelle est une valeur. Tout cela est théorique, me direz-vous. Une valeur est toujours théorique... Considérez le chemin parcouru: la République démocratique a réalisé des choses importantes. Mais il y a encore beaucoup à faire.Et si d'autres nations ont les mêmes valeurs: tant mieux! Les Français ont d'ailleurs emprunté aux Américains avant d'être eux-mêmes source d'inspiration. Je crois que chaque nation interprète ces valeurs à sa façon et se les approprie en les adaptant. Ainsi, la France a ajouté une touche de laïcité. Pour la Belgique, je ne me prononcerai pas. Mais je ne vous suis pas pour dire qu'Anglais et Américains ont la même culture. Si vous réduisez la culture à la langue, vous privez le mot de son épaisseur et de sa richesse.Concernant les grandes migrations, il s'agit pour moi de dénoncer des comparaisons qui n'ont pas lieu d'être. Et si vraiment, on doit comparer, les discours enthousiastes ("s'ouvrir à l'autre, c'est vraiment bien, c'est un enrichissement culturel") vont prendre un coup dans l'aile: villes détruites, villages pillés, régression culturelle (les rois francs sont contraints d'aller chercher leurs lettrés, évêques et chanceliers, au sud de la Loire, c'est-à-dire dans les régions où les migrations ont eu moins d'impact et où il n'y a presque pas de Barbares...).L'Etat territorial français est effectivement une contingence et je ne défends pas une conception providentialiste de la "France éternelle", bien au contraire. Mais je distingue Etat et nation. Lorsque la nation française prend conscience d'elle-même, dans la douleur (un Vendéen ne me contredira pas) lors de la Révolution, on dépasse la simple contingence: les assemblées révolutionnaires ont une volonté politique de construire la nation en uniformisant les lois, les pods et mesures, entre autres. Mais rien n'eût été possible sans le cadre territorial et humain légué par la monarchie (qui a aussi contribué à l'émergence d'une culture nationale).Vous résumez très bien ma conception de la nation (d'ailleurs, je récupère votre phrase!).A ceci près que je dénonce la conception providentialiste de la France qui est le propre des nationalistes d'extrême droite, anti-républicains le plus souvent.De plus, comme pour vous, la nation est pour moi aussi un outil, pour réaliser le projet républicain social, et non bâtir une société communiste (ce qui est votre cas, et une cause louable par ailleurs). Pour ma part, j'entends bien l'importance du progrès matériel et de la liberté mais je souhaite effectivement y associer l'aspect culturel et identitaire. Je ne reconnais pas le primat de l'économique sur le politique et le culturel. Ce faisant, je n'échappe pas à une certaine crispation identitaire, c'est vrai.Pour le discours liant immigration et baisse des salaires, j'avoue m'être avancé imprudemment. Vos arguments sont convaincants. Je vous demanderai simplement si votre analyse globale reste pertinente si on se focalise sur des secteurs économiques précis: n'y a-t-il pas alors, dans certains champs spécifiques, des concurrences et, sinon baisse, du moins frein à la hausse des salaires?Aucun député n'a jamais voté une expulsion... L'arsenal juridique concernant l'immigration clandestine n'a pas été créé de toute pièce par Sarkozy, il lui est pour l'essentiel antérieur. Cette législation existait sous le gouvernement de la gauche plurielle auquel ont participé des communistes (ou bien leur déniez-vous ce titre?). Sarkozy a "durci" la législation alors qu'une stricte application des lois déjà existantes serait sans doute suffisante. Cela relève de la démagogie. Quant au fait qu'un quart de l'électorat seulement soit derrière l'UMP, je vous répondrai que les électeurs communistes n'avaient qu'à être plus nombreux... M. Sarkozy a été élu à la présidentielle à la majorité, les Français l'ont donc choisi, lui et son programme. Je n'approuve pas ce choix, mais l'UMP a la légitimité pour gouverner.<br /> Je ne connais pas la définition de la démocratie que vous donnez: la démocratie, c'est le pouvoir du peuple, et non le respect des droits individuels (cela s'appelle liberté pour moi). Le concept de "lois scélérates" m'est totalement incompréhensible. Car, qui est habilité (et mandaté) pour définir la scélératesse d'une mesure, sinon le peuple souverain? Ou bien dois-je comprendre que certains peuvent s'autoproclamer "super-citoyens", parce qu'ils ont le sentiment d'être les "bons", de penser plus "juste" que les autres au nom de je ne sais quel humanisme? Tant qu'elle est en vigueur, une loi doit être appliquée. Elle peut être abrogée légalement. Mais seule la nation en armes peut signifier, par la révolte de masse, au législateur qu'il n'est plus légitime. Comparez les quelques centaines (voire milliers) de manifestants pro-immigration ou défenseurs des sans-papiers aux 4 à 5 millions d'électeurs que le FN peut mobiliser dans les urnes par hostilité à l'immigration... Quant à votre logique du rapport majorité/minorité, elle justifie tous les séparatismes, régionalismes et communautarismes. Je ne puis y souscrire.Vous avez raison: catégoriser et juger en bloc les gens est une solution de facilité, peu reluisante. Combien de communautaristes et d'islamistes? Je l'ignore, d'ailleurs comment les définir? Mais suffisamment pour qu'il y ait matière à s'inquiéter me semble-t-il. Nous parlions des grandes migrations: la Gaule a mis de nombreux siècles à les "digérer". Vu l'état de l'intégration, il ne serait peut-être pas inutile de stopper l'immigration, d'expulser les indésirables notoires et d'encourager les retours au pays (quand c'est possible) avant de prendre le temps de "digérer" les derniers arrivés. J'avoue d'autre part être hostile à la "société multiculturelle". La France a le droit d'être exigeante avec les gens qu'elle accueille. La loi n'est pas seulement faite pour punir les tueurs et les violeurs. Elle est un instrument nécessaire pour définir le corps civique (qui est citoyen? qui ne l'est pas? quels critères?), et ce depuis l'aube de la démocratie (lois de Périclès).Pour la Corse, votre solution est en effet plus raisonnable que la mienne. Concernant les DOM-TOM, j'observe que les Antillais revendiquent la prise en main de leur destin, une identité spécifique, une histoire spécifique... Cela s'appelle une conscience nationale pour moi. Veulent-ils une quasi-indépendance aux frais de la République? Il leur faudra choisir. Rassurez-vous, le Limousin, la Champagne, la Vendée (dont on vante souvent la prospérité, vous ne semblez pas de cet avis) ont toute leur place en France. Et je suis d'accord pour payer des impôts conséquents afin de maintenir écoles, hôpitaux, postes... dans ces contrées. En venant sur ce blog, je ne souhaitais ni "convertir" qui que ce soit, ni "être converti". Simplement échanger des arguments avec un concitoyen. Merci de m'avoir permis de le faire. Je prends note des divergences tout en saluant les points communs.Cordialement.
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N
D'abord, une précision: les 135 000 immigrés que vous citez pour l'année 2003 constituent seulement les immigrés hors EEE (Espace Economique Européen). C'est un détail mais tout de même.Deuxième chose: je croyais qu'on estimait entre 200 000 et 400 000 le nombre de clandestins en France. Vous dites "un demi-million". Quoi qu'il en soit c'est considérable. N'y a-t-il pas là un problème?Troisième point: je conteste formellement votre définition de la France. "La France n'appartient pas aux Français": la France est le bien collectif de la nation française. Qu'est-ce qu'une nation? Ouvrez un dictionnaire. Je vais vous épargner cette peine: une nation est un groupe d'hommes unis par une culture et des valeurs communes, une histoire commune et la volonté de vivre ensemble. C'est clair et concis, non?Quatrième point: "Tant de peuples sont passés ou se sont installés en France". Ah bon? D'où tenez-vous une telle information? Il faudra m'envoyer votre bibliographie. Ces peuples ne sont pas innombrables, on connaît leur nom et on peut même estimer leurs effectifs. Si vous faites référence aux Wisigoths, aux Francs, aux Burgondes, Vikings..., désolé de vous dire que ça ne concerne pas la France. La France n'émerge guère avant l'an 1000. Les grandes migrations étaient terminés depuis longtemps... Depuis, et jusqu'aux mouvements migratoires importants de la fin du XIX°, je ne trouve nulle trace de "peuples" s'installant en France. Il ne faudrait pas confondre le haut Moyen Âge, où il n'y a pas de frontières ni d'Etat au sens moderne mais seulement des allégeances, avec l'époque contemporaine où nous trouvons des nations historiquement constituées, avec des frontières précisément tracées.Cinquième point: pourquoi le développement de l'Afrique ne réduirait-il pas l'immigration? Lorsque l'Espagne et le Portugal sont entrés dans la CEE, d'aucuns prédisait une "invasion". Elle n'a pas eu lieu, le développement ayant fixé les populations. Il est vrai que la croissance démographique est plus importante en Afrique. Mais elle ralentit, progressivement.En tout cas, l'article apporte des éléments intéressants. Bonne continuation.
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D
<br /> Bonjour, et déjà merci pour vos commentaires construits;<br /> <br /> vous faîtes bien de remarquer ce chiffre de 135.000 entrants en 2003: selon l'INED (http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/france/flux_immigration/depuis_1994/), ce nombre aurait plutôt été de 200.000 en<br /> 2003, dont 20% issus de l'Union Européenne, mais 50% seulement d'africains (et 30.000 asiatiques, 15.000 issus des Amériques).<br /> <br /> Le chiffre d'un demi-million de clandestins, sans ignorer bien sûr le caractère déplorable de cette situation pour les personnes concernées, ne me paraît pas énorme pour un pays cent vingt fois<br /> plus peuplé qu'est la France. Les USA étaient crédités de 8 millions de clandestins au milieu des années 90 (chiffre que j'avais trouvé dans la revue Atlaséco), soit deux à trois fois la<br /> proportion française compte tenu de la différence de population France/USA, et cela n'a pas mené à la ruine des USA pour autant (enfin, excepté la crise actuelle, sans lien avec l'immigration, et<br /> dont je ne m'attends pas à ce qu'elle détruise nos économies comme se sont effondrées celles d'ex-URSS).<br /> <br /> Pour votre définition de la nation: non, elle n'est pas claire. Que sont nos "valeurs communes"? La démocratie (en passant sous silence l'exploitation de classe), les libertés individuelles (y<br /> compris celle d'exploiter le travail d'autrui), l'égalité formelle des droits? Alors ces valeurs sont les mêmes que celles des allemands, des belges ou des italiens, et de nombreux autres pays,<br /> dont les USA. Une culture commune? Alors la Belgique n'est pas une nation (je serais assez d'accord avec ça), mais l'Inde non plus, et les USA et le Royaume-Uni tendraient à n'en former qu'une.<br /> Pour nos différences sur la conception de la nation, je le traiterai plus bas, en même temps que je commenterai (un peu) votre blog.<br /> <br /> Pour les peuples qui ont traversé la France: oui, de fait, je pensais surtout aux peuples des grandes migrations de la fin de l'Empire romain, ainsi qu'aux Celtes, qui n'étaient pas là non plus il<br /> y a trois mille ans. Vous dîtes que ce n'était pas la France: mais justement, la France est une contingence historique résultant de ces invasions, celtes, romaines, "barbares", qui font que l'état<br /> franc puis français s'est trouvé là et a construit la nation française. Dans le contexte de cet article, je voulais surtout mettre en valeur le fait qu'un individu ou même grand nombre d'individus<br /> se considèrent comme seuls propriétaires d'une terre au motif d'une généalogie établie ou au contraire floue. Chaque individu a le droit à sa propriété individuelle (exception faite des moyens de<br /> production utilisant le salariat, on est sur un blog communiste quand même), mais la France n'est pas la somme des propriétés individuelles des français. Et aucun d'entre eux n'a le droit<br /> d'interdire à un étranger respectueux des lois locales d'acquérir sa place sur le territoire national et de la mettre en valeur. D'une part parce qu'il y a des millions de français qui descendant,<br /> au moins par un ancêtre, de l'immigration, et que de leur part, refuser à d'autres le droit d'immigrer serait denier à ces personnes un droit dont ils ont eux-mêmes profité. D'autre part parce que<br /> la terre n'appartient qu'à celui qui la travaille.<br /> <br /> Sur votre blog (blog-nationaliste si je ne me trompe) maintenant.<br /> <br /> Vous et moi avons un certain nombre de points communs.<br /> Nous sommes hostiles à l'Union Européenne.<br /> Nous détestons les factieux régionalistes, les Indigènes de la République et autres colonialistes.<br /> Nous refusons le discours de la repentance et de la culpabilisation nationale.<br /> <br /> Il y a cependant un fossé entre nos deux conceptions de la nation: la vôtre, c'est celle d'une masse transcendant les individus, qui tire sa légitimité de siècles d'existences, de "gloires<br /> nationales", de "héros fondateurs"...La mienne, c'est la conception de la nation-outil. La nation n'a pas de légitimité en soi. Ce qui compte, à la base, c'est la liberté et le progrès matériel de<br /> l'individu (la politique n'est pas responsable du bonheur psychologique des gens, elle doit seulement permettre le progrès matériel qui permet l'émancipation morale et culturelle). La nation<br /> n'existe que pour servir ces individus, en leur procurant notamment la puissance politique, militaire et économique qui sert leurs droits. On a une nation pour nous défendre contre une éventuelle<br /> puissance adverse qui se masserait à nos portes ou tenterait de nous acheter par sa puissance économique. Mais la nation en tant qu'identité culturelle n'a pas grande valeur pour moi. Je n'ai<br /> jamais justifié mon attachement à la souveraineté française au nom de "la France éternelle de 40 rois, de 1789, de Victor Hugo et Balzac...". Quand bien même la France serait née avant-hier,<br /> qu'elle n'aurait pas d'histoire ni de grands noms ou de patrimoine à revendiquer, je continuerais de la défendre contre le fédéralisme européen car j'estime celui-ci comme étant une régression<br /> démocratique. J'ai donc une conception utilitariste de la nation. Si demain quelqu'un vient m'expliquer avec moultes sources et de façon imparable que je me trompe, que la France est une entrave au<br /> progrès matériel des individus, qu'une autre structure territoriale assurerait davantage nos droits et notre sécurité, et bien je renoncerais au patriotisme français. Ce serait malheureux sur le<br /> plan sentimental, mais juste politiquement.<br /> <br /> L'une de nos divergences est entre autres la question des sans-papiers. Outre le fait que je considère le discours "immigration = baisse des salaires et appauvrissement général" comme douteux (le<br /> Royaume-Uni est un fort contre-exemple: il est, depuis 15 ans, le pays qui a connu la plus forte immigration et la plus forte hausse des salaires individuels en Europe), on voit la différence entre<br /> nos deux conceptions de la nation. Pour vous, les représentants de la nation (en fait des députés UMP qui n'ont mobilisé derrière eux qu'un quart de l'électorat inscrit) ont voté des expulsions,<br /> donc s'y opposer, c'est s'opposer à la volonté de la Nation. De mon point de vue, la démocratie (qui n'est sans doute pas le meilleur système imaginable, mais c'est un autre débat) consiste en le<br /> respect des droits individuels avant même l'application du pouvoir majoritaire. Même les 99% d'un peuple n'ont pas le droit d'opprimer le 1% restant. Il y a des lois qui sont scélérates, même<br /> votées dans un parfait respect des procédures parlementaires, et elles ne mêritent aucun respect. Un clandestin dont la seule offense aux lois est sa présence en France ne crée aucune victime. On<br /> ne peut nullement justifier sa répression par l'expulsion au même titre que la répression d'un voleur, d'un assassin ou d'un violeur. Donc vos arguments sur les enseignants gauchistes qui<br /> donneraient un mauvais exemple à leurs élèves en s'engageant dans les mouvements d'aide aux clandestins me laissent de marbre.<br /> <br /> Vos propos montrent ensuite que vous aimez catégoriser les individus et les juger en bloc, là où un vrai républicain devrait juger un individu sur ses actes personnels et rien d'autre. Parce que<br /> nombre d'immigrants (et encore, combien?) sont devenus islamistes et communautaristes, alors il faut refuser globalement les immigrants. Parce que le Kosovo est gouverné par des mafieux, alors<br /> aider des clandestins kosovars, c'est aider des mafieux. Certaines phrases de votre article sur la Corse (malgré notre dégoût commun envers les factieux corses) sont inacceptables: vous allez<br /> jusqu'à suggérer d'affamer l'ensemble des corses s'ils refusent de livrer des terroristes! Quand bien même une guerre civile effroyable sévirait dans l'île, je préférerais évacuer les corses<br /> civiques et laisser l'armée régler le compte des terroristes, que d'employer la méthode que vous décrivez! Ou encore, quand vous parlez des régions qui "nous" coûtent cher (la Corse, les Dom-Tom):<br /> et pendant qu'on n'y est, pourquoi ne pas abandonner la Vendée (mon département natal), le Limousin, la Lozère, la Champagne dépeuplée, le 93, le centre-Bretagne, toutes ces régions plus pauvres<br /> que la moyenne nationale où les services publics sont dépendants de la contribution provenant des autres régions?<br /> <br /> <br />